Parce qu’elle tient lieu de « fait social total », cette pandémie n’épargnera aucun secteur de notre vie collective, y compris l’enseignement supérieur. À peine étions-nous entrés dans cette crise de longue haleine que déjà le milieu universitaire faisait face à d’immenses défis, à commencer par celui de permettre, par le recours à des moyens alternatifs, à quelques milliers d’étudiants de sauver leur session d’étude. Alors que la poussière retombe lentement sur ce trimestre d’hiver à demi-avorté, que les collations de grades virtuelles sont derrière nous et que la rentrée d’automne s’annonce elle aussi de plus en plus virtuelle, il sied de prendre un peu de recul pour entrevoir les enjeux et les effets de structures que cette crise sanitaire risque d’encourir sur les universités au Québec.
Institution pluriséculaire, l’université a toujours su naviguer dans les méandres de l’Histoire, même à ses heures les plus sombres, que ce soit lors de révolutions, de crises économiques ou encore, de grands conflits mondiaux. La nature ayant horreur du vide, elle a toujours su se relever, au prix parfois de profondes mutations. Force est de constater que l’université occidentale, et québécoise en particulier, arrive à un nouveau tournant de son histoire avec cette crise dont les implications se font déjà sentir sur les agendas de recherche, les activités scientifiques, les budgets de fonctionnement, la pédagogie, l’accès aux bibliothèques, l’aménagement des campus, le recrutement et les stratégies de placement professionnel des étudiants. Tous les secteurs névralgiques de la vie universitaires sont ébranlés et la crise financière que l’on redoutait se profile déjà à l’horizon.
Ces temps troubles sont inquiétants. L’éducation supérieure telle qu’on se la représentait depuis l’après-guerre est aujourd’hui en jeu. En bouleversant sous la contrainte les usages habituels, l’épreuve de la pandémie est peut-être une occasion à saisir pour réfléchir globalement au devenir de l’enseignement supérieur. L’optique d’une « décroissance » forcée des universités, qui ne pourront manifestement plus s’accommoder aussi aisément d’une économie du savoir axée sur la croissance à tout prix et l’adaptation à un environnement compétitif international, a peut-être ceci de salutaire qu’elle invite à repenser ses finalités propres et son articulation à un système d’éducation national et public.
Repenser le mode de financement des universités
S’il est encore difficile de déterminer comment la crise (et l’éventualité d’une seconde vague épidémique) influencera les budgets de fonctionnement des universités, il est certain qu’une période de grande incertitude financière s’annonce. Déjà, plusieurs universités dans le monde ont multiplié les mesures de rationalisation budgétaire. Aux États-Unis, par exemple, où l’hécatombe risque d’être lourdement ressentie par plusieurs collèges et universités privées1, de nombreuses institutions ont procédé à des mises à pied, des baisses de salaires temporaires, des gels d’embauche, des réductions dans l’offre de cours et des coupes dans les services aux étudiants2. Au Royaume-Uni et en Australie, des plans de « sauvetage » des universités font déjà l’objet de débats publics3. Chez nous, l’Université Laval annonçait récemment qu’elle ne renouvellerait pas les contrats de quelque 750 employés4. Pour sa part, l’Université Laurentienne (Ontario) redoute déjà un manque à gagner de 15 millions de dollars pour l’année 2020-2021 et invite le public à lui soumettre « de nouvelles idées audacieuses » pour faire face à la situation, sans quoi sa viabilité financière pourrait être compromise5. Partout, une hausse significative des dépenses est attendue, ne serait-ce que pour amortir les impacts financiers importants liés à la « pause » de l’hiver et du printemps, adapter les campus aux nouvelles règles de santé publique et préparer la migration en ligne des activités d’enseignement. Quant aux revenus, des pertes importantes sont à anticiper. On peut penser que les campagnes de financement seront moins lucratives ou encore que plusieurs diplômés des cégeps reporteront d’une année, sinon abandonneront, leur inscription à l’université pour la prochaine année scolaire, bien que l’on sait que les crises économiques et sociales peuvent aussi devenir de puissants incitatifs pour entreprendre un retour aux études, en particulier dans les disciplines dites « STIM » (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques)6.
Là où l’impact risque par contre d’être le plus important, c’est au chapitre du recrutement international qui, on le sait, est devenu ces dernières années la source de financement la plus profitable de plusieurs universités nord-américaines. Au Québec, les étudiants internationaux forment au total 16 % de la population étudiante universitaire et payent des frais de scolarité jusqu’à sept fois supérieurs à ceux imposés à la population étudiante native7. Pour de grandes universités urbaines comme McGill, Concordia et l’Université de Montréal, cet apport économique est vital. Il l’est tout autant pour de plus petites universités régionales comme l’Université du Québec à Chicoutimi qui, avec 25 % de population étudiante internationale, mise beaucoup sur le recrutement extérieur (et la délocalisation de ses activités d’enseignement en Chine) pour compenser les reculs démographiques régionaux. Or, force est de constater que plusieurs étudiants internationaux ne pourront envisager un séjour d’étude au Canada ou au Québec l’année prochaine. Un sondage mené par le groupe Academia au début du mois d’avril 2020 auprès de 390 étudiants étrangers potentiels montrait que seulement 26 % d’entre eux étaient certains de maintenir leur inscription dans une université canadienne. Une majorité se disait quant à elle incertaine, tantôt en raison de la perspective de devoir suivre des cours à distance, tantôt en raison du nouveau contexte économique moins favorable8. L’organisme porte-parole des universités canadiennes, Université Canada, estime pour sa part que le fléchissement du recrutement international à prévoir risque d’encourir un manque à gagner d’environ six milliards de dollars au cours de l’année scolaire 2020-2021 seulement9. Reste maintenant à savoir si cette baisse de la mobilité étudiante sera la parenthèse exceptionnelle d’une seule année ou si elle constituera une nouvelle donne, appelée à changer en profondeur les stratégies de recrutements des universités.
Quoi qu’il en soit, la présente crise pointe la vulnérabilité de notre système de financement universitaire qui, au cours des dernières années, a vu la part de son financement public se réduire considérablement pour être compensée par des revenus privés (legs, dons, contrats privés et autres) et l’augmentation des frais payés par les étudiants, en particulier les étudiants internationaux. Avec l’entrée en vigueur, en 2018, de la nouvelle politique québécoise de financement des universités, les frais de scolarité des étudiants étrangers ont d’ailleurs été quasi intégralement déréglementés, sauf quelques exceptions, de manière à permettre à chaque université (en particulier les universités anglophones) d’engranger plus de revenus. Cette mesure visait aussi à nourrir une concurrence encore plus féroce entre les établissements dans la « course » au recrutement international, souvent, d’ailleurs, au détriment des institutions de taille plus modeste, qui ne bénéficient pas forcément de la même réputation ni des moyens équivalents. C’est pour cette même raison qu’une partie du financement public de l’État a été reconverti en prime gouvernementale récompensant l’efficacité du recrutement international francophone des universités québécoises10.
Cette tendance, qui se vérifie à l’échelle de l’Amérique du Nord, est assujettie à une vision résolument néolibérale de l’éducation supérieure, dont la finalité n’est plus tant celle du bien commun que celle de la croissance, de la compétitivité et de la maximisation du rendement et de l’efficacité. Elle se plie aussi à l’injonction d’hypermobilité de la mondialisation économique, qui s’applique autant aux flux de capitaux qu’aux individus. C’est au nom de cette logique que l’on a vu, ces dernières années, croître de façon importante les dépenses des universités dans les services de relations extérieures, souvent, d’ailleurs, au détriment de l’enseignement et de la bonification du corps professoral. Or, on le voit aujourd’hui, cette dépendance accrue à l’égard du recrutement international comportait une part significative de risque. L’un de ses plus ardents promoteurs, le recteur de l’Université de Montréal Guy Breton, estimait d’ailleurs lui-même qu’il y avait un danger à ce que nos universités soient trop dépendantes des étudiants étrangers, car elles s’exposaient ainsi aux aléas de la conjoncture politique et économique internationale. « Si certains pays, comme la Chine, décidaient du jour au lendemain de ne plus envoyer d’étudiants, certaines universités seraient au bord de la faillite ! », faisait-il remarquer dans un reportage du magazine L’Actualité en 201811. Il ne croyait pas si bien dire ! On retrouve peut-être ici la pointe immergée du problème de l’université contemporaine dont parlait Michel Freitag, à savoir que si elle était hier une « institution », autonome et vouée d’abord au bien collectif, elle serait devenue aujourd’hui une « organisation », dépendante de régulations exogènes, notamment celles du champ économique, auxquelles elle cherche constamment à s’adapter12.
L’occasion nous est peut-être donnée, avec cette crise, de revoir en profondeur la structure du mode de financement des universités au Québec et, par là, les principes qui doivent l’orienter. Un éventuel plafonnement du recrutement international, comme le réclament déjà certains groupes13, devra nécessairement s’accompagner d’une nouvelle réflexion sur le financement de l’éducation supérieure. Comme plusieurs l’ont souligné durant le printemps érable de 2012, l’enjeu budgétaire des universités est peut-être moins celui de leur « sous-financement » que celui de leur « mal-financement » dans un jeu concurrentiel qui les pousse à investir massivement dans de grands projets immobiliers, des stratégies marketing déployées à l’échelle internationale et des services de recherche de plus en plus adaptés à des besoins privés. Qu’à cela ne tienne, à plus court terme, les autorités gouvernementales devront agir pour venir en aide aux universités. Bien que tentant, le réflexe austéritaire nous paraît mal avisé dans les circonstances, étant donné que plusieurs universités subissent encore les contrecoups des coupes budgétaires du tournant des années 2010. De même, une hausse subite des frais de scolarité risquerait, en temps de récession, de creuser encore davantage les inégalités dans l’accès à l’éducation supérieure. Le gouvernement devrait plutôt envisager la mise sur pied d’une commission consultative des universités afin de revoir le pacte entre l’État et ces dernières et ajuster les pratiques de financement aux enjeux actuels. Une telle commission pourrait par exemple se pencher sur la mise en place d’un nouveau mécanisme temporaire de redistribution des revenus entre les établissements universitaires du Québec, de manière à compenser les déséquilibres entre les grandes institutions et les plus petites. Elle pourrait aussi inviter les universités à redynamiser leurs stratégies de recrutement nationales et locales, en offrant divers incitatifs aux étudiants et à leur famille pour des retours aux études supérieures, en stimulant la création de passerelles DEC-BAC entre les cégeps et les universités du Québec, en donnant des bourses pour stimuler les séjours d’étude dans les établissements régionaux ou encore en développant davantage la formation continue.
L’enseignement en ligne : la pédagogie avant la technologie
Bien avant la crise de la COVID-19, le passage à l’enseignement en ligne avait acquis un caractère inéluctable. Devenu « incontournable », que ce soit pour satisfaire à une demande croissante, par crainte ou conviction d’être « en retard » ou « à la traîne », ou encore pour desservir des populations et des territoires éloignés, l’enseignement dit non traditionnel s’est imposé sous le couvert d’une révolution technico-pédagogique dont les vertus, réelles ou fantasmées, restent largement à démontrer.
Afin de demeurer concurrentielles dans un prétendu « marché mondial de l’enseignement universitaire14 », les universités québécoises sont entrées dans la danse, certaines, comme l’Université Laval, avec plus d’entrain que d’autres. L’offre de cours à distance, en mode « synchrone » et « asynchrone », s’est bonifiée de toutes parts, s’ajoutant à celle déjà existante de la TÉLUQ. Dans une jolie mise en abyme, des formations à distance sur la formation à distance ont été mises sur pied ; les traditionnels guides des « bonnes pratiques » ont été conçus et diffusés. En réaction à l’engouement pour les TICE (technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement) et au développement désordonné des pratiques, un Plan d’action numérique en éducation supérieure et en enseignement supérieur a été lancé en 201815 et un projet d’eCampus a vu le jour visant à « regrouper dans un campus virtuel l’ensemble de l’offre de formation à distance des cégeps et des universités québécoises et de favoriser les partenariats entre ces établissements16 ».
Déjà invitée par certains à perdre ses murs, l’université s’est trouvée encore plus dépourvue lorsque la crise a frappé. Le confinement a vidé les salles de classe, les bibliothèques, les bars étudiants, les gymnases, etc. Subitement, c’est tout l’espace physique et social de l’université (campus, quartiers étudiants et College Towns) qui s’est trouvé déserté et peut-être même compromis17. Dans l’urgence et la nécessité de permettre l’achèvement du trimestre en cours, l’enseignement en ligne était la solution toute désignée. N’offrait-elle pas l’accessibilité et la flexibilité tant souhaitée ? Elle s’est, du fait même, retrouvée au cœur des plans d’interventions institutionnels bricolés en quelques jours par les universités. Outre certains appels à encadrer les pratiques et à ne pas sous-estimer l’expertise exigée par l’enseignement en ligne18, cette voie s’est imposée spontanément et quasi unanimement.
Mais nous obligera-t-on à conserver la roue de secours une fois la crise résorbée ? Capable de nous mener au garage le plus proche, l’enseignement à distance ne peut s’imposer sans discussion comme le nouveau modèle pédagogique dominant. À l’encontre d’une tradition bien établie, le bilan de fin de crise devra donc aller au-delà des bons et des mauvais coups et offrir la possibilité de mesurer les résultats de l’expérience en fonction des idéaux qui doivent animer l’institution universitaire.
L’enseignement à distance permet à des étudiants ayant des obligations autres que les études (emploi, famille, etc.) de poursuivre une formation. L’avantage se mesure ici en productivité pour les entreprises et en inscriptions pour les universités. Mais le portrait se nuance dès que l’on prend un peu de recul. Un seul exemple : les bandes passantes suffisantes pour accéder à un enseignement synchrone ne sont pas encore disponibles partout. Étant donné cette fuite en avant que constitue le changement technique, prédisons qu’au fur et à mesure que les écarts se combleront, d’autres se creuseront. L’environnement d’apprentissage des étudiants, parmi lesquels certains doivent composer avec des appartements exigus et surpeuplés, contribue lui aussi à accentuer l’iniquité de ce type de dispensation. Et puisque problème de littératie numérique rime souvent avec pauvreté, la marginalisation de certains groupes se poursuit de plus belle.
L’adaptabilité est l’autre maître mot qui préside au tournant vers l’enseignement en ligne. L’université est tenue de s’adapter à l’évolution technologique. Mais comme l’a souvent répété le sociologue Dominique Wolton, l’efficacité des moyens de communication ne doit pas se mesurer seulement par la performance de l’outil, sa vitesse, son accessibilité. Sans remise en question de l’emprise technique, nous assisterons à une forme d’abdication de l’humanité, alors même qu’il appartient à l’école, comme institution, de « construire cette distance indispensable sans laquelle il n’y a pas de pensée critique19 ».
Dans la logique marchande qui a présidé au développement de l’enseignement en ligne, les « grandes » universités ont su jusqu’ici tirer leur épingle du jeu. Elles paraissent effectivement mieux équipées, en termes de budgets et d’infrastructures, que les universités régionales ou les institutions au service de groupes minorisés pour sortir en tête du virage en ligne, ce qui peut laisser craindre une centralisation – et, par conséquent, une uniformisation – prochaine de l’enseignement supérieur. Mais ne risquent-elles pas de se faire doubler à leur tour par les grands joueurs du marché technologique, les GAFAM, qui ont vite flairé le haut potentiel économique du monde de l’éducation20 ? Que ce soit pour les logiciels, les environnements de classes virtuelles ou même les contenus des programmes, les géants du numérique s’immiscent dans toutes les facettes du monde de l’éducation. Pareille dynamique n’est pas sans soulever de nombreuses inquiétudes sur les types de formation qui seront privilégiées, sur l’individualisation de l’enseignement alors que le rôle de l’école serait au contraire de « créer du lien, du commun21 ». Voilà des inquiétudes qui ne doivent pas être balayées du revers de la main pour mieux faire place à une solution à court terme à la crise.
La qualité pédagogique reste le paramètre qui devra présider à toute décision sur la place que l’enseignement à distance occupera dans l’offre de formation. À ce jour, la question de l’interactivité, du sentiment de groupe, du sentiment d’appartenance, de ce « petit plus » qui fait en sorte qu’un professeur peut ajuster son enseignement aux incompréhensions perçues lorsqu’il a les étudiants devant lui, demeure entière. Gardons en tête que le mandat de l’université ne s’épuise pas dans la formation de travailleurs et de « personnel hautement qualifié » : il lui revient également de former des citoyens, de contribuer à développer l’esprit critique chez les étudiants, autant de finalités qui ne peuvent se passer d’un milieu de vie significatif en soutien à la socialisation tant professionnelle qu’intellectuelle. Ce mandat généraliste de l’université est actuellement mis à mal par la formation à distance qui renforce les dimensions strictement professionnelle et individualiste de l’institution. Au surplus, la formule en ligne exclusive peut se révéler démotivante pour les étudiants, qui sont d’ailleurs nombreux à abandonner leurs études en cours de route22.
Alors que l’enseignement en ligne constitue assurément une voie d’avenir pour l’éducation à travers le monde, et au Québec, et certainement une nécessaire alternative pour les mois à venir, il n’est pas pour autant une fin en soi ou la solution unique à une course effrénée à l’étudiant/client en période de sous-financement chronique ou de concurrence internationale. Solution parmi d’autres, il devra se conjuguer à différentes propositions comme de « revenir à un format de groupes à échelle humaine (avec un financement adéquat), financer les programmes à petites cohortes en région, soutenir la mobilité étudiante pour vitaliser les régions et y garder l’expertise développée23 ». Ni panacée ni poison, témoin du combat séculaire entre l’individu et la société, entre le privé et le public, l’enseignement en ligne devra être repensé à la faveur de la crise afin de circonscrire l’espace qu’il devrait occuper dans notre modèle universitaire.
Conjuguer savoir utilitaire et savoir culturel
La recherche est un autre secteur du monde universitaire fortement affecté par la crise. La fermeture temporaire des laboratoires, des centres d’archives et des bibliothèques, l’annulation de centaines d’activités scientifiques prévues au cours des prochains mois, l’environnement peu idéal du télétravail et les modifications apportées aux programmes de subvention ont chamboulé le calendrier de travail d’un grand nombre de chercheurs. Comme pour plusieurs secteurs d’activités, un ralentissement et plusieurs ajustements sont à prévoir. Il nous paraît néanmoins important, sinon vital que le financement public de la recherche universitaire, appliquée aussi bien que fondamentale, soit maintenu et qu’il demeure, en dépit des grands défis financiers qui nous attendent, une priorité gouvernementale dans les mois et années à venir.
Comme le rappelait récemment la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU), plusieurs raisons militent en faveur d’un maintien des investissements publics en recherche. Tout d’abord, la qualité de notre système scientifique est un facteur essentiel à la relance de la société. La période que nous vivons présentement est un laboratoire vivant qui nous permet de recueillir et d’analyser de précieuses données, que ce soit sur les comportements économiques en temps de crise, la réorganisation de la santé publique, l’adaptation au télétravail, les enjeux psychosociaux liés au confinement, etc. Ces données seront indispensables pour éclairer les prises de décision à venir des gouvernements. Mais encore, une société du savoir aux fondations solides augmente la capacité d’adaptation et de résilience des collectivités confrontées aux grandes transformations24. Le savoir et la recherche doivent être vus comme des vecteurs d’émancipation, comme des leviers que l’on doit se donner collectivement pour échapper non seulement aux nouveaux déterminismes socio-économiques qui pèsent sur nous, mais également pour se prémunir contre toutes les formes de désinformation dont les réseaux sociaux, entre autres, se sont avérés être de puissants vecteurs ces dernières semaines. À ce titre, comme le soulignait récemment Vincent Larivière, les gouvernements devraient agir plus promptement, par l’émission de décrets temporaires, pour garantir un accès rapide, immédiat et ouvert à l’ensemble des résultats et données de recherche sur les coronavirus, données qui demeurent encore trop souvent en accès fermé ou sous embargo dans des revues savantes prestigieuses25.
Il nous paraît important que, face à l’urgence du moment, le gouvernement et les organismes subventionnaires gardent à l’esprit l’importance de soutenir une recherche diversifiée, d’autant que les grandes crises sont souvent propices à l’effervescence intellectuelle qui accompagne les nouveaux commencements théoriques. S’il faut saluer des initiatives comme l’attribution de subventions d’engagement partenarial COVID-19 par le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada26 ou encore l’appel récent du Fonds de recherche société et culture du Québec pour constituer une banque d’expertises dans les domaines des sciences sociales et humaines, des arts et des lettres en lien avec la pandémie, la reprise graduelle de la recherche universitaire au Québec s’est, jusqu’à présent, limitée « aux domaines de la santé, des sciences naturelles, de l’agriculture, de la foresterie, du génie et des activités extérieures saisonnières27 ». Et pourtant, la crise que nous vivons est systémique et appelle une réponse scientifique multiple, qui ne saurait se limiter aux sciences formelles et expérimentales, aussi indispensables soient-elles. La science n’est pas l’omniscience et les débats d’experts entourant par exemple le port du masque en public, l’immunité naturelle, la validité de tel ou tel médicament ou encore la contagiosité, avérée ou non, des enfants nous montrent qu’elle demeure toujours réfutable et sujette à controverse. « La science n’est pas la vérité, mais une méthode pour chercher la vérité28 », rappelait à juste titre Henri Guaino. On citera aussi Edgar Morin qui, récemment, soulignait combien l’épisode que nous vivons actuellement offrait un sévère démenti à l’absolutisme des théories scientifiques : « La science est une réalité humaine qui, comme la démocratie, repose sur les débats d’idées, bien que ses modes de vérification soient plus rigoureux29. » Cette épidémie sonne comme un rappel à l’ordre à la société technicienne et thérapeutique qui, malgré ses prétentions à vouloir expliquer et embrasser toutes choses, n’a manifestement pas su appréhender ni prévenir la tragédie qui nous frappe. Face aux nouvelles incertitudes, autant les recherches de sciences « dures » que celles des sciences humaines et sociales seront vitales. C’est d’ailleurs le pari qu’a fait l’Allemagne, État modèle jusqu’à présent dans la lutte contre la COVID-19, qui, fidèle à une longue tradition, a mis sur pied un comité d’éthique composé de philosophes, d’historiens, de théologiens et de juristes pour accompagner le gouvernement dans les préparatifs au déconfinement30. Après tout, ce sont ces spécialistes qui, au-delà des contingences et des besoins immédiats en matière de santé, se soucieront des autres attributions tout aussi fragiles de la vie, celles de la liberté, de la sociabilité, de la culture et de la démocratie, mais qui font qu’elle vaut bien la peine d’être vécue.
Pressées qu’elles seront de répondre à la demande sociale, nos universités devront se garder d’accélérer le virage « professionnalisant » déjà bien entamé de leurs programmes d’enseignement et de recherche. S’il va de soi qu’elles doivent appuyer massivement la réponse de la santé publique à la crise sanitaire, ceci ne devrait pas pour autant être un sauf-conduit pour en faire des écoles pratiques de « problem-solving ». Il s’agira plutôt, pour ces dernières, de se montrer capables d’habiter la tension qui les a toujours animées entre une finalité nécessairement utilitaire – celle d’une connaissance pratique ajustée aux besoins des communautés – et une finalité culturelle – celle de se faire à la fois dépositaire et passeuses d’un savoir général, sinon civilisationnel31. La comparaison a certainement ses limites, mais c’est à des questions relativement similaires qu’avait été confrontée l’élite intellectuelle et savante américaine durant la Seconde Guerre. Les grandes fondations philanthropiques (Carnegie, Rockefeller, etc.) qui ont massivement financé et appuyé les milieux universitaires américains et canadiens – et en particulier les sciences humaines et sociales – avaient bien compris que le rôle des universités était alors, certes, de se mettre au service de l’effort de guerre, mais qu’au-delà des nécessités du moment, il fallait aussi impérativement qu’elles continuent de contribuer à l’édification et à la permanence des cultures et des sociétés32. Nécessité autrement vitale, à l’heure où justement le monde vacillait et le temps s’accélérait dangereusement. Au-delà des savoirs particuliers et techniques, les universités ne doivent pas perdre de vue la valeur d’une initiation au savoir général et culturel. Car c’est précisément ce savoir qui permet à l’individu-citoyen de s’adapter à des contextes variés, en rapide mutation. D’ailleurs, la grande incertitude qui accompagne cette pandémie se répercutera nécessairement dans la sphère professionnelle, où les « parcours tracés d’avance » se feront de plus en plus rares. Bien malin celui qui, dans un monde chamboulé, pourra prédire de quelles connaissances pratiques et techniques l’étudiant de demain aura besoin. Ainsi, est-ce peut-être moins d’une adaptation précipitée au changement dont l’université a besoin que de réapprivoiser ses finalités critique et culturelle pour mieux entrevoir les modalités et les limites de ce changement.
Le pari de la « décroissance »
L’urgence n’est pas toujours bonne conseillère et les révolutions, concrètes ou rêvées, se révèlent souvent décevantes33. Il y a fort à parier que la réponse des États et des administrations universitaires, conditionnés au cours des dernières années à poursuivre inlassablement des objectifs de croissance, se limitera à imposer une nouvelle forme d’austérité : réduction des budgets, suppression de programmes, abandon des régions, etc. Considérant les problèmes de l’université avant la crise, ceux que la crise a engendrés et ceux qui pointent à l’horizon, le regard doit pourtant porter plus loin et dans de nouvelles directions. Autrement dit : le lendemain de crise sera aussi une crise du lendemain.
À l’heure actuelle, l’idée de décroissance ressemble à une imagerie lenticulaire : elle apparaît subversive ou clairvoyante selon l’angle où on la considère. Mais comment, à moins de sombrer dans le déni, ne pas reconnaitre que certains phénomènes, comme l’extinction massive des espèces végétales et animales, la persistance des inégalités sociales et économiques, les changements climatiques, l’accumulation des dettes publiques, le racisme systémique, n’appellent pas un véritable changement de paradigme porté par un projet collectif et mobilisateur ?
Depuis une quarantaine d’années, sans complètement perdre de vue sa visée première, l’université québécoise s’est laissé gagner, comme bien d’autres, par l’économisme et la gestion managériale. En encourageant la frénésie de la publication scientifique, la globalisation et la commercialisation de la recherche sous les pressions des États et des organismes subventionnaires, en espérant transformer l’enseignement supérieur en un marché d’exportation rendu nécessaire par une course aux effectifs étudiants, elle a été partie prenante d’une mondialisation et d’une logique consumériste et individualiste qui, au regard notamment des événements récents, apparaît plus incertaine et contestable que jamais. À force de vouloir rester « on top of change », l’université ne confond-elle pas son mandat avec les idéaux de la modernité économique et technique, au danger de se faire damer le pion par les puissances qui, tels Google et Microsoft, règnent sans partage sur les espaces transnationaux ? Ne risque-t-elle pas de perdre ainsi toute capacité à servir la Cité ?
Au cœur de la montée – et de la sortie – de la chrétienté, du projet des Lumières, des révolutions scientifiques, démocratiques et industrielles, des guerres et, plus près de nous au Québec, de la Révolution tranquille, l’université a été maintes fois contestée dans sa légitimité, son utilité sociale et ses privilèges. À quelques reprises, elle a même failli disparaître :
Cependant, d’ordinaire, l’université ne meurt pas, car la « réforme », moteur essentiel de la dramaturgie universitaire, vient lui redonner vie en lui procurant les moyens d’un nouvel essor. Il y a bien sûr des réformes qui avortent ou qui échouent, mais il est rare que […] le mal soit assez profond pour que la réforme s’avère « impossible ». Il faut alors un remède héroïque […]34
Quel sera ce « remède héroïque » qui permettra à l’université québécoise de non plus seulement s’adapter à la société ambiante, mais de la questionner, de l’orienter ? Comment faire pour qu’elle se recentre sur son mandat premier qui est de former des citoyens à la hauteur des défis qui attendent le Québec et le monde plutôt que s’acharner dans la mise en marché des formations numériques individualisées qui ont toutes les chances d’être contrôlées par les algorithmes sophistiqués des GAFAM ? Comment lui donner la sérénité financière pour qu’elle ne s’épuise plus dans le recrutement, le marketing et le développement tous azimuts ? Comment ralentir la recherche universitaire (slow science) pour qu’elle retrouve la sensation de la qualité et ne serve pas qu’à engraisser des indicateurs comptables ? Bref, comment permettre à l’université de retrouver la plénitude de ses finalités collectives ?
La présente crise sanitaire a fait surgir l’extrême fragilité d’un système mondialisé et le rôle fondamental des sciences au sein des sociétés. Sans sortir la boule de cristal, on peut penser que les prochaines décennies seront marquées par une grande instabilité sur le plan environnemental et, par extension, économique, social et culturel. Forte de l’expérience de la pandémie de la COVID-19, l’université québécoise devra apprendre à fonctionner dans ce contexte inédit. Depuis toujours au centre d’un dialogue entre l’universel et le particulier, elle est en mesure de réfléchir aux implications d’une situation globale en tenant compte des réalités spécifiques à son milieu. Grâce aux différentes branches du savoir qui la compose, à son réseau bien établi, elle est l’une des seules institutions, avec le politique, à pouvoir penser la totalité, tout en tenant compte des particularités nationales et locales. À condition de revenir à sa vocation originelle et de se repenser ouvertement (financement, pédagogie, internationalisation, diversité, etc.), elle peut s’imposer comme une actrice incontournable de la grande transition qui s’annonce.
1 Jeffrey Aaron Snyder, « Higher Education in the Age of Coronavirus », Boston Review, 30 avril 2020. URL : http://bostonreview.net/forum/jeffrey-aaron-snyder-higher-education-age-coronavirus.
2 Colleen Flaherty, « Frozen Searches. Scores of institutions announces faculty hiring freezes in response to the coronavirus », Inside Higher Ed, 1er avril 2020. URL: https://www.insidehighered.com/news/2020/04/01/scores-colleges-announce-faculty-hiring-freezes-response-coronavirus; Emma Whitford, « “Juste No Comparison” for Pandemic’s Financial Shock », Inside Higher Ed, 27 avril 2020. URL: https://www.insidehighered.com/news/2020/04/27/colleges-rev-cuts-pandemic-related-costs-keep-mounting.
3 Anne Davies and Paul Karp, « “A downward spiral”: coronavirus spins Australian universities into economic crisis », The Guardian, 15 avril 2020. URL: https://www.theguardian.com/australia-news/2020/apr/14/a-downward-spiral-coronavirus-spins-australian-universities-into-economic-crisis?fbclid=IwAR2J–Ft56Dfru9LUryPkEyrVu_L3ZSayobm7DdoX9HBz_m4u43hl7UXupI; James Ashford, « Will UK universities survive the lockdown? », The Week, 24 avril 2020. URL: https://www.theweek.co.uk/106779/will-uk-universities-survive-the-lockdown.
4 Louise Leduc, « Les universités et les cégeps s’inquiètent pour leurs finances », La Presse, 11 mai 2020. URL: https://www.lapresse.ca/actualites/education/202005/10/01-5273028-les-universites-et-les-cegeps-sinquietent-pour-leurs-finances.php.
5 Mathieu Grégoire, « L’Université Laurentienne prévoit un déficit de 15M$ », Radio-Canada, 29 avril 2020. URL: https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1698420/luniversite-laurentienne-prevoit-un-deficit-de-15-m.
6 Nick Hillman, « COVID-19 coud be a cure for graduates but a boon for universities », The World University Ranking, 2 avril 2020. URL: https://www.timeshighereducation.com/opinion/covid-19-could-be-curse-graduates-boon-universities?fbclid=IwAR2v88iJ9cIh2Vz1gh5uTFRGt6ndG7r4qOrCDyuBRUyx3dPhYWmV5s4uvAE#survey-answer.
7 Marco Fortier, « Les universités face à l’incertitude », Le Devoir, 27 avril 2020.
8 Academia Group, « Hoping for Normal : Prospectives Students talk COVID-19 », Academia Forum. URL: https://forum.academica.ca/forum/hoping-for-normal-prospective-students-talk-covid-19
9 https://www.theglobeandmail.com/canada/article-universities-colleges-face-potential-budget-crunch-as-they-assess/.
10 Sur la déréglementation des frais de scolarité au Québec, voir Samuel-Élie Lesage et Guillaume Hébert, « La déréglementation des frais de scolarité : à la conquête du marché des étudiants internationaux », Note socioéconomique de l’IRIS, octobre ٢٠١٨.
11 Julie Barlow, « La course aux étudiants étrangers », L’actualité, février 2018.
12 Michel Freitag, Le naufrage de l’université et autres essais d’épistémologie politique, Québec et Paris, Nuit blanche éditeur et Éditions la Découverte, 1995, 299p.
13 Julie Barlow, « La course aux étudiants étrangers », loc. cit.
14 Dominique Froment, « “La concurrence internationale des universités, c’est une blague” – Yves Gingras, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en histoire et sociologie des sciences de l’UQAM », Les Affaires, 9 février 2013, URL : https://www.lesaffaires.com/archives/generale/la-concurrence-internationale-des-universites-c-est-une-blague—-yves-gingras-titulaire-de-la-chaire-de-recherche-du-canada-en-histoire-et-sociologie-des-sciences-de-l-uqam/554014.
15 Plan d’action numérique en éducation supérieur, Québec, ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur du Québec, 2018. URL : http://www.education.gouv.qc.ca/fileadmin/site_web/documents/ministere/PAN_Plan_action_VF.pdf.
16 Jean-François Venne, « Le projet d’eCamus au Quévec avance », University Affairs/Affaires universitaires, 20 septembre 2018. URL: https://www.affairesuniversitaires.ca/actualites/actualites-article/le-projet-decampus-au-quebec-avance/.
17 Sheila Liming, « Town-Gown, Gone. The pandemic will hasten the decline of the college town », in How Will the Pandemic Change Higher Education?, The Chronicle Review, p. 5-6.
18 Syndicat des professeures et des professeurs de la Télé-université, « L’enseignement à distance en période de pandémie », 20 mars 2020. URL: https://spptu.teluq.ca/lenseignement-a-distance-periode-de-pandemie/?fbclid=IwAR1amaqOg6OtY2lPW2FexXUCJqs73mTHKedjo9TXaNSYryWJtDkLrRp7xn4.
19 Dominique Wolton, « La technique ne fait pas un projet d’éducation », Hermès, La Revue, 2, no78, 2017, p. 211.
20 Ibid., p. 208.
21 Olivier Doubre, « Philippe Meirieu : “Arrêtons de totémiser le numérique !” », Politis, no1601, 29 avril 2020. URL: https://www.politis.fr/articles/2020/04/philippe-meirieu-arretons-de-totemiser-le-numerique-41796/?fbclid=IwAR1jVgxl3xO4S0yFgfCNjdkN5knNulJsENvEGgmAtUyYYM4NDKYzpLrg5TA.
22 Jean-François Lapierre, « Le défi de la formation à distance : la persévérance ou la réussite ? », FAD. Pratiques en mouvement, 3 mars 2017. URL: https://pratiquesfad.ca/le-defi-de-la-formation-a-distance-la-perseverance-ou-la-reussite/.
23 Comité école et société, Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec – CSN, L’enseignement à distance : Enjeux pédagogiques, syndicaux et sociétaux. Rapport présenté au conseil fédéral, mai 2019, p. 33. URL : https://fneeq.qc.ca/wp-content/uploads/190424EnseignementADistance-FINAL_CES_CF3_mai-2019.pdf.
24 FQPPU, « Conditions et contraintes de la recherche académique en période de pandémie de la COVID-19 », 10 avril 2020. URL: https://fqppu.org/wp-content/uploads/2020/04/Conditions-et-contraintes-de-la-recherche-académique-en-période-de-pandémie-de-la-covid-19-1.pdf.
25 Vincent Larivière, Fei Shu et Cassidy R. Sugimoto, « Coronavirus et édition savante : une question de transmission », ACFAS Magazine, ١٣ février ٢٠٢٠. URL: https://www.acfas.ca/publications/magazine/2020/02/coronavirus-edition-savante-question-transmission.
26 URL: https://www.sshrc-crsh.gc.ca/funding-financement/programs-programmes/partnership_engage_grants-subventions_d_engagement_partenarial-fra.aspx.
27 Marco Fortier, « Québec redémarre la recherche universitaire », Le Devoir, 27 avril 2020.
28 Alexandre Devecchio, « Henri Guaino : “Comme en 2008, la peur et la panique sont aussi un risque épidémique” », Le Figaro, 20 mars 2020. URL: https://www.lefigaro.fr/vox/societe/henri-guaino-comme-en-2008-la-peur-et-la-panique-sont-aussi-un-risque-epidemique-20200320.
29 Francis Lecompte, « Edgar Morin : “Nous devons vivre avec l’incertitude” », CNRS Le Journal, 6 avril 2020. URL: https://lejournal.cnrs.fr/articles/edgar-morin-nous-devons-vivre-avec-lincertitude.
30 https://www.timeshighereducation.com/news/german-humanities-scholars-enlisted-end-coronavirus-lockdown?fbclid=IwAR0Jze0q7vbqd_OOpees8gjGJKTvW30yAobs8Zu9TB-UeHf8x0DULjzL14U.
31 Joseph Yvon Thériault, « L’université et la société en Acadie », dans Faire société. Société civile et espaces francophones, Sudbury, Prise de parole, 2007, p.211-228.
32 Anne Millar, « L’éducation pendant la Seconde Guerre mondiale », URL : https://wartimecanada.ca/fr/essay/learning/l%C3%A9ducation-pendant-la-seconde-guerre-mondiale#footnoteref20_jt6z8pl.
33 Joseph Yvon Thériault, « Et si la révolution était derrière nous ? », Le Devoir, 21 avril 2020.
34 Jacques Verger, « Introduction. L’université entre modernisation et tradition : une problématique permanente ? », dans François Cadilhon, Jean Mondot et Jacques verger (dir.), Universités et institutions universitaires européennes au XVIIIe siècle, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 1999, p. 10.
François-Olivier Dorais, Université du Québec à Chicoutimi ;
Julien Goyette, Université du Québec à Rimouski ;
Karine Hébert, Université du Québec à Rimouski.