Art public et guerre de propagande

Cet article a reçu une mention d’honneur pour le prix André-Laurendeau

Le 12 juillet 1963, dans un parc de Québec, une bombe fait voler en éclats la tête de la statue de la reine Victoria. Le corps et les morceaux de la tête sont conservés précieusement. À l’approche du 400e anniversaire de la fondation de la ville, en 2008, un ancien conseiller municipal suggère aux responsables de la fête de faire restaurer la statue et de la remettre en place. Il justifie sa démarche en ces termes : « Le régime britannique fait partie de notre histoire et je pense que nous sommes suffisamment matures pour le reconnaître et le commémorer » (Le Devoir, 13 décembre 2004).

Actions isolées d’obscurs citoyens ? En 2008, après une année de recherches et de consultations sur les « accommodements raisonnables » en matière religieuse, la très médiatisée commission Bouchard-Taylor remet son rapport au gouvernement du Québec. Parmi les nombreuses recommandations, celle de retirer le crucifix de la salle de l’Assemblée nationale entraîne une réaction immédiate des dirigeants politiques réunis : le crucifix restera là, décident à l’unanimité la centaine d’élus présents ! (Le Devoir, 23 mai 2008)

Ces conflits à propos de sculptures – le crucifix aussi est une sculpture – ont-ils une réelle importance aux yeux de nos contemporains préoccupés de problèmes politiques, économiques et culturels jugés autrement plus graves ? Pour notre part, nous estimons qu’il s’agit d’escarmouches dans une guerre psychologique complexe et d’une très grande ampleur menée depuis longtemps au Québec.

Nous n’entreprendrons pas ici de décrire cette guerre psychologique, seulement de montrer comment elle se joue dans le domaine très circonscrit de l’art public de l’agglomération de Québec. Premièrement, nous formulerons quelques définitions et propositions sur lesquelles nous appuierons notre analyse. Deuxièmement, nous indiquerons les critères et les sources ayant servi à constituer notre corpus de sculptures publiques en hommage à des personnalités ou à des groupes qui ont marqué l’histoire du Québec et du Canada. Troisièmement, nous identifierons certaines caractéristiques des récits que produisent les sculptures publiques sélectionnées. Quatrièmement, nous tenterons d’expliquer deux paradoxes que nous avons relevés à propos de ces récits.

1. Définitions et propositions préalables

Récit

Dans un récit courant, l’émetteur nous présente des faits sur lesquels il peut porter deux types de jugements : d’une part, des jugements de réalité et, d’autre part, des jugements de valeur. La vérité des énoncés émis est toujours sous-entendue, à moins que l’auteur du récit, ou narrateur, ne dise au préalable que son récit est une fiction ou une hypothèse. Le narrateur peut aussi se tromper ou mentir, mais cela, il ne le dira pas. En plus des énoncés sur la réalité des faits, le narrateur émet des énoncés sur la valeur positive ou négative des faits pour lui-même, pour les personnes qui les ont vécus et pour les personnes qui l’écoutent. Pour les destinataires du récit, il est alors clair que tel acte est un méfait ou un bienfait et tel autre qui suit, une punition ou une récompense. Toutefois, de la même façon que le narrateur peut se tromper ou mentir à propos de la réalité des faits, il peut se tromper ou mentir quant à leur valeur.

La production et la transformation d’un récit par un narrateur font intervenir deux opérations de base, l’introduction et le retrait, et trois opérations dérivées, le remplacement, le déplacement et la permutation. Les éléments d’un récit sont introduits selon un certain ordre, dit « ordre narratif », distinct de l’ordre chronologique, ou ordre des événements racontés. Ils sont introduits aussi selon une certaine vitesse, dite « vitesse d’émission », distincte de la vitesse du récit. Par « vitesse d’émission », il faut entendre le nombre variable d’éléments du récit émis par le narrateur dans une unité de durée (par exemple, nombre de mots émis par un locuteur dans une minute ou nombre de sculptures installées dans une année), tandis que par « vitesse du récit », il faut entendre le nombre variable d’éléments d’un récit portant sur une unité de durée de l’histoire racontée (par exemple, nombre de sculptures portant sur tel siècle ou tel ensemble d’événements de l’histoire d’un pays par rapport à tel autre siècle ou tel autre ensemble d’événements de cette même histoire).

Le support d’un récit peut être à dominante verbale (un roman, un article de presse racontant un fait divers, un manuel d’histoire) ou iconique (une bande dessinée, un film, un ensemble de sculptures publiques installées par une entité politique en hommage à de grands personnages de l’histoire d’un pays).

Le narrateur d’un récit peut être un sujet individuel ou un sujet collectif. Selon N. Wiener (1971 [1950, 1954]), tout comme un sujet individuel, un sujet collectif est constitué de trois types d’organes : des organes de commande, des organes d’exécution et des organes d’information (dits aussi « organes de contrôle », qui visent à vérifier qu’une tâche commandée a été exécutée). Une société commerciale, une association religieuse, un parti politique, un État sont des sujets collectifs. Les messages émis par les organes de commande et d’information sont conservés dans une mémoire. Toutefois, si personne ne doute de l’existence d’une mémoire chez un sujet individuel, il n’en va pas de même quand on parle d’un sujet collectif.

Mémoire d’un sujet collectif

L’expression « mémoire collective » est très répandue, mais personne ne s’accorde sur sa définition. Citons un historien québécois connu : « Il n’y a pas une mais des mémoires collectives, tellement innombrables d’ailleurs qu’il vaudrait mieux parler d’un enchevêtrement de mémoires individuelles, singulières, potentiellement articulées les unes aux autres, et constituant le fondement instable d’une infinité de mémoires communautaires, groupusculaires, etc. » (Létourneau, dans Mathieu 1986 : 99) Un peu plus loin (p. 107), l’auteur résume sa pensée en disant que « la notion de mémoire collective est peu opérationnelle ».

Fernand Dumont, sociologue québécois de grande réputation, se montre un peu plus positif, mais n’arrive tout de même pas à distinguer vraiment la mémoire d’un sujet collectif de celle d’un sujet individuel : « La mémoire collective n’existe pas que dans les livres d’histoire. Elle se trouve aussi plus au ras du sol, dans les traditions des familles et des mouvements sociaux, dans les discussions politiques » (Dumont 1997 [1995] : 106).

Tournons-nous vers Maurice Halbwachs, sociologue français le plus connu parmi ceux qui ont abordé la question de la mémoire collective :

Tel est le point de vue de l’histoire, parce qu’elle examine les groupes du dehors, et qu’elle embrasse une durée assez longue. La mémoire collective, au contraire, c’est le groupe vu du dedans, et pendant une période qui ne dépasse pas la durée moyenne d’une vie humaine. (Halbwachs 1997 [1950] : 140)

Il ressort de la citation précédente que la mémoire collective repose sur des mémoires individuelles, que chaque mémoire individuelle conserve un fragment de l’ensemble des souvenirs d’une génération d’êtres humains sur sa propre histoire et que cet ensemble de souvenirs ne survivra pas à cette génération, à moins que les historiens ne s’en emparent et ne les écrivent pour la postérité. Cependant, dans ce cas, on ne peut plus parler de « mémoire collective », selon Halbwachs.

Outre la définition ci-dessus, Halbwachs nous fournit un exemple que nous pourrons exploiter à notre tour. Selon le sociologue, les quatre documents appelés « Évangiles » chez les chrétiens forment « un ensemble de souvenirs communs à un groupe » (Halbwachs 1971 [1941] : 118). Ces documents ont servi de base à la localisation des lieux saints du christianisme et à l’instauration d’un culte pour les pèlerins. Ainsi, dès le IVe siècle de notre ère, à Jérusalem et dans les environs, des empereurs, des évêques, des notables ont fait édifier des basiliques, des églises, des chapelles, des oratoires consacrés au culte des grands personnages de l’histoire du christianisme (Halbwachs 1971 [1941] : 150).

Une autre source nous apprend que les quatre Évangiles ont été écrits entre l’an 70 de notre ère et le début du deuxième siècle et que l’Église catholique ne les adoptés qu’au concile de Laodicée en 360 (Quéré 1983 : 11-12). Jusqu’à ce concile, les quatre récits n’avaient pour auteurs que des sujets individuels. Après le concile, en tant que récits officiels des origines du christianisme, ils entrent dans la mémoire du sujet collectif appelé « Église catholique ». Quant aux lieux de culte en Palestine, hormis les entreprises officielles des empereurs, chefs de l’État romain, tous résultent d’initiatives individuelles jusqu’au début du XIIIe siècle, moment où l’Église donne le mandat officiel aux Franciscains de s’occuper des lieux de pèlerinage en Terre sainte (voir la bibliographie à « Ordre des Franciscains »).

Or Halbwachs ne tient pas compte de ces faits, allant même jusqu’à citer les évangiles apocryphes, textes exclus de la liste officielle de 360. Nous devons donc reconnaître, avec Halbwachs lui-même d’ailleurs, que, par « mémoire collective », celui-ci entend simplement une collection de souvenirs de sujets individuels sur l’histoire d’un groupe.

Vu les limites actuelles de l’expression « mémoire collective », il vaut mieux abandonner celle-ci à l’usage courant et, dans le présent travail, parler de « mémoire d’un sujet collectif », expression qui prendra un sens très précis dans le cas d’un État, par exemple. Outre les lois et règlements conservés sous forme écrite dans une partie de sa mémoire, le sujet collectif « État » conserve une trace de son histoire sous deux formes : d’abord, dans le récit verbal que constitue le manuel d’histoire nationale adopté officiellement pour l’enseignement dans les écoles publiques ; ensuite, dans le récit iconique le plus coûteux et le plus visible que constitue l’ensemble des sculptures publiques en hommage à des personnalités ayant joué un rôle particulièrement positif dans l’histoire du pays. Dans le cas d’un récit iconique officiel constitué de sculptures, celles-ci sont distribuées en concentrations variables et dans des endroits centraux sur le territoire qu’occupe le siège du gouvernement ou sur le territoire d’une ville.

Nation et État

Une nation est un groupe humain constitué en partie des descendants d’ancêtres communs vivant sur un territoire donné et en partie d’étrangers qui se sont installés chez les premiers, parlent leur langue, adoptent dans une large mesure leurs coutumes, marient souvent leurs fils ou leurs filles, participent à diverses associations culturelles ou économiques et exercent ou revendiquent avec eux le droit de se gouverner selon ses propres lois. Selon cette définition, il existe deux types de nations : la nation autonome, c’est-à-dire « qui se régit par ses propres lois », selon le sens du mot grec originel, et la nation non autonome.

On sait que l’Organisation des Nations unies réserve le nom d’« État » à la nation autonome (Brossard (1995 [1976] : 84-86). En outre, certains qualifient de nations sans État les nations écossaise, catalane et québécoise (Guibernau 1999), ce qui respecte la définition de l’ONU. Or ces nations dites « sans État » ont pourtant plusieurs des caractéristiques des États reconnus officiellement par l’organisme international : un parlement, une administration et un pouvoir d’agir dans certains domaines.

Si nous adoptons une définition moins stricte que celle de l’ONU, il est possible de parler d’État dans le cas d’une nation qui a un parlement, une administration et un pouvoir d’agir dans certains domaines. Nous pouvons alors parler d’États associés, dans le cas de nations qui ont accepté librement de confier certaines compétences à des organes communs (État fédéral ou confédéral) et d’États assujettis, dans le cas de nations qui n’ont pas adhéré librement à une association avec un autre État, dit alors « État dominateur ».

Prenons le cas de la Province de Québec. Dirigée par un gouverneur sous mandat du roi de France, cette ancienne colonie française a été dans une situation de dépendance par rapport à une mère patrie pourvoyeuse jusqu’à la conquête et à l’assujettissement par la Grande-Bretagne en 1760. Au cours des siècles qui ont suivi, à travers diverses vicissitudes, l’ancienne colonie française sous régime monarchique a pu acquérir toutes les caractéristiques d’un État assujetti : un parlement, une administration et un pouvoir d’agir limité par un État dominateur. Après le British North America Act voté par le Parlement de Londres en 1867, le nom officiel de cet État assujetti devient « Province of Quebec ». Le nom de « province » sert également à désigner toutes les autres subdivisions politiques du Canada depuis cette date. Cependant, une telle désignation masque la différence de nature entre ces subdivisions politiques et la Province de Québec. Les provinces canadiennes peuplées en majorité de descendants de Britanniques et de leurs alliés sont des États associés au sein de l’État canadien, tandis que la Province de Québec est un État assujetti à l’État canadien.

Comportements politiques individuels et collectifs

Après une analyse du comportement des sujets individuels et collectifs dans les pays conquis par l’Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale, Werner Rings (1981) distingue les résistances polémique, symbolique, défensive et offensive et les collaborations inconditionnelle, conditionnelle, neutre et tactique (voir un examen détaillé de ces notions dans Gaudreault 2010a). Pour qualifier les comportements des sujets collectifs (État ou Ville) qui ont produit des récits iconiques constitués de sculptures publiques en hommage à de grands personnages de l’histoire du Québec et du Canada, dite « histoire nationale », nous aurons recours à la notion de résistance symbolique, de laquelle nous faisons dériver immédiatement celle de collaboration symbolique.

Identification des sujets collectifs politiques à Québec

Le territoire de la ville de Québec est situé au confluent du fleuve Saint-Laurent et de la rivière Saint-Charles. Il comprend une partie haute, le Cap-aux-Diamants (près de 100 mètres d’altitude), qui se prolonge en un plateau, ainsi qu’une partie basse formée de la vallée de la rivière Saint-Charles et d’une étroite bande de terre entre le cap et le fleuve. La vieille ville historique comprend le sommet du cap, séparé du plateau par des remparts, et le pied du cap, c’est-à-dire les quartiers Champlain, en haut, et Petit-Champlain, en bas (Blais et coll. 2008 : 476). Le boulevard Charest, une artère importante de la basse ville, s’étire parallèlement à la falaise qui longe le plateau de la haute ville et peut donc servir à repérer sur une carte les deux subdivisions territoriales de la ville (voir la carte plus loin). Nous appellerons « agglomération de Québec » l’ensemble des quelque 500 000 habitants et de leurs résidences dans la haute ville et la basse ville. Essentiellement de langue française, cette population participe au fonctionnement de trois sujets collectifs politiques : l’État canadien, l’État québécois et la Ville de Québec (avec un « v » majuscule).

Créé en 1867 par l’État britannique, l’État canadien est présent de plusieurs façons sur le territoire de l’agglomération de Québec. En premier lieu, dans la haute ville, Patrimoine Canada et la Commission des champs de bataille nationaux gèrent le parc des ChampsdeBataille, qui comprend les plaines d’Abraham et le parc des Braves. En deuxième lieu, des effectifs de l’armée canadienne résident en permanence à la Citadelle, à l’entrée des plaines d’Abraham et à faible distance du Parlement, toujours dans la haute ville. En troisième lieu, Transports Canada gère le port de Québec par l’intermédiaire de l’Administration portuaire de Québec. Enfin, en quatrième lieu, dans la basse ville, Parcs Canada gère le parc Cartier-Brébeuf (cédé en 1957 par la Ville de Québec) et, dans la haute ville, le parc de l’Artillerie. Tous ces organismes de l’État canadien possèdent des terrains de dimensions variables : le plus grand, les plaines d’Abraham, a une superficie d’environ 100 acres, soit l’équivalent de 600 patinoires ou de 200 terrains de football (Mathieu et Kedl 1993 : 216). Le gouvernement fédéral possède aussi une bonne partie du parterre à l’avant du Parlement (Malack 2003 : 81-82).

L’État québécois possède une petite portion du territoire de l’agglomération de Québec depuis sa création en 1867, à faible distance des plaines d’Abraham et de la Citadelle. Sur ce terrain, outre quelques édifices secondaires, l’architecte Eugène Taché a fait construire l’Hôtel du Parlement, dont la conception rappelle celle du palais du Louvre à Paris (Noppen et Deschênes 1996 : 56).

La Ville de Québec a été créée en 1833 par les autorités britanniques et possède tous les espaces publics qui n’appartiennent ni à l’État canadien ni à l’État québécois, notamment la vieille ville, sur le Cap-aux-Diamants, où se trouve l’Hôtel de Ville.

2. Constitution du corpus d’art public et classement des personnages et groupes représentés

Nous avons sélectionné les œuvres d’art public selon trois critères. Premier critère : le corpus comprend uniquement des sculptures (statues, têtes, bustes, objets symboliques sculptés). Par conséquent, certaines œuvres d’art public sont exclues, notamment la pierre façonnée (obélisque de lord Dalhousie) installée près de la terrasse Dufferin et l’assemblage de pierres appelé « Inuksuk » installé devant le Parlement. Deuxième critère : les sculptures sont installées dans des lieux accessibles au public et appartiennent à l’un des trois sujets collectifs nommés plus haut. Troisième critère : les sculptures sont des hommages à des personnalités de l’histoire du Québec et du Canada.

La plupart des renseignements sur les sculptures et les personnages ou groupes représentés proviennent de sites Web appartenant aux trois sujets collectifs. Des agents de ces sujets collectifs ont confirmé ces renseignements (voir remerciements au début de cet article). Une partie des éléments biographiques provient du Dictionnaire biographique du Canada (Université Laval et Université de Toronto) et de l’Inventaire des lieux de mémoire de la Nouvelle-France (Centre interuniversitaire en études québécoises, Université Laval). Nous nous sommes aussi appuyé sur deux autres recherches d’importance, celles de Mathieu et Kedl (1993) et de Noppen et Deschênes (1996). Les annexes A, B et C contiennent l’ensemble des données recueillies.

Une fois vérifiés tous les éléments biographiques, les personnages représentés ont d’abord été classés en deux groupes, selon qu’ils appartenaient aux descendants de Français et à leurs alliés, dits aussi membres de la nation québécoise, ou aux descendants de Britanniques et à leurs alliés, dits aussi membres de la nation canadienne (abrégé en « DFA » et en « DBA », respectivement, dans les tableaux et ailleurs dans le texte). Précisons, s’il faut à tout prix le préciser, qu’un descendant de Français peut être un membre de la nation canadienne tout comme un descendant de Britanniques, de Chiliens, de Vietnamiens, d’Haïtiens, etc. peut être un membre de la nation québécoise.

Ce premier classement achevé, à l’intérieur du groupe DFA, nous avons isolé les sculptures en hommage à des personnalités qui ont joué un grand rôle dans la diffusion du christianisme et dans l’organisation de l’Église catholique au Québec. Nous avons alors ajouté un astérisque à l’abréviation DFA. Par exemple, en tant que premier cardinal, Elzéar-Alexandre Taschereau est classé comme DFA*, tandis que l’hommage aux communautés religieuses enseignantes est classé comme DFA, sans astérisque, du fait que ces communautés sont honorées pour leur apport à l’enseignement et non pour leur rôle dans l’Église. Précisons que le monument Cartier-Brébeuf (tableau 1, no 5) est classé comme DFA* en raison de l’hommage aux Jésuites et non en raison de l’hommage à Jacques Cartier.

3. Résultats

Cette troisième partie comprend six sections. Dans la première, nous montrons comment les trois sujets collectifs politiques de l’agglomération de Québec ont acquis leur collection de sculptures publiques liées à l’histoire nationale ou, autrement dit, ont produit les éléments de leur version du récit de l’histoire nationale. Nous présentons ensuite les récits de l’histoire nationale selon l’État canadien, l’État québécois et la Ville de Québec. Enfin, dans les deux dernières sections, nous étudions les diverses concentrations d’éléments de récit (ou de sculptures) sur le territoire de l’agglomération de Québec ainsi que les transformations des trois récits au fil des années.

Production des éléments des trois récits de l’histoire nationale

L’État canadien a financé 16 des 21 sculptures de sa collection, tandis que 5 lui ont été données : en 1910, la Société Saint-Jean-Baptiste de Québec lui a cédé le monument des Braves de 1760 ; en 1957, la Ville de Québec lui a cédé le parc Cartier-Brébeuf ainsi que la croix de Jacques Cartier et le monument Cartier-Brébeuf ; la statue équestre de Jeanne d’Arc est un don de la sculptrice elle-même, une résidente de New York ; une souscription publique a permis de financer la dernière, la Croix du sacrifice.

L’État du Québec semble avoir financé la totalité de sa collection de sculptures, sauf une, celle en hommage à François-Xavier Garneau, don de Georges-Élie Amyot, industriel et conseiller législatif.

Quant à la Ville de Québec, pour le financement ou la mise en place de sa collection, elle a travaillé en collaboration avec la Commission de la capitale nationale du Québec ou d’autres partenaires (dans 14 cas). Mentionnons une collaboration particulière avec l’État canadien, qui a fourni le terrain pour l’installation de la sculpture en hommage à Dugua de Mons.

Dans les trois sections suivantes, nous présentons des tableaux qui indiquent l’ordre d’émission des éléments des trois récits iconiques à l’étude. Pour chaque sculpture, nous montrons aussi le groupe national favorisé (descendants de Français et alliés, ou DFA, ou descendants de Britanniques et alliés, ou DBA), les hommages à l’Église catholique et à ses membres (DFA*), la date d’installation et la date des faits commémorés. Pour chacun des trois récits produits par les narrateurs collectifs définis au début, nous allons déterminer la vitesse d’émission des éléments du récit, la vitesse du récit lui-même, les domaines d’activité des personnages représentés, les hommages à l’Église catholique et à ses membres et les groupes nationaux favorisés.

Le récit de l’histoire nationale selon l’État canadien

Environ les trois quarts des sculptures appartenant à l’État canadien (15 sur 21) ont été mises en place au cours de la période 1849-2007, sans variation particulière de l’activité d’installation pendant ces 159 ans. Soudain, entre 2008 et 2012, l’activité s’intensifie : 6 sculptures sont installées en seulement 5 ans. Le récit insiste sur les batailles de 1759 et de 1760 qui ont eu lieu durant la guerre de Sept Ans en Amérique (6 sculptures sur 21), mais passe rapidement sur tout le reste. Les domaines d’activité des personnages représentés sont d’abord la guerre (11) et la politique (8, si nous incluons la sculpture Cartier-Brébeuf), puis la santé et le bien-être (2). L’État canadien possède une seule sculpture en hommage à des membres de l’Église catholique (sculpture Cartier-Brébeuf), et c’est parce que la Ville de Québec la lui a donnée avec le parc Cartier-Brébeuf en 1957. Enfin, les descendants de Britanniques et leurs alliés sont nettement favorisés par rapport aux descendants de Français et à leurs alliés (15 DBA contre 6 DFA). Parmi les 15 sculptures qui favorisent les DBA, 4 sont des hommages simultanés à des militaires britanniques et français de la guerre de Sept Ans en Amérique (sculptures nos 3, 9, 19 et 21). Si ces hommages apaisent les vaincus, leur but principal est de célébrer les vainqueurs : une victoire n’est grande que si les vaincus sont eux aussi des héros. Le modèle de tous ces hommages simultanés aux vainqueurs et aux vaincus a été établi en 1828 par lord Dalhousie, gouverneur général du Canada, qui a fait ériger un obélisque en hommage à Wolfe et à Montcalm près de l’actuelle terrasse Dufferin à Québec.

Tableau 1. Sculptures publiques liées à l’histoire nationale – Agglomération de Québec, État canadien

No

Sculpture

Groupe

Date d’installation

Date des faits commémorés

1

Wolfe

DBA

1849

1759

2

Wolfe

DBA

1850 ?

1759

3

Braves de 1760

DBA

1863

1760

4

Cartier, J.

DFA

1889

1536

5

Cartier, J.

et Jésuites

(« Cartier-Brébeuf »)

DFA*

1889

1535-1536

1625

6

Short et Wallick

DBA

1891

1889

7

Martin

DFA

1923

1589-1664

8

Croix du sacrifice

DBA

1924

1914-1918

1939-1945

1950-1953

9

Arc, Jeanne d’

DBA

1938

1759-1760

10

Garneau, J.-G.

DBA

1957

1908-1939

11

Rencontre de deux cultures

DFA

1987

1534

12

Royal 22e Régiment

DBA

1989

1914-1918

1939-1945

1950-1953

13

Voltigeurs

DBA

1990

1862

14

Marins québécois

DBA

2000

1939-1945

15

Croix celtique

DFA

2000

1847-1848

16

Grey

DBA

2008

1904-1911

17

Martin

DFA

2008

1589-1664

18

Todd

DBA

2008

1909-1913

19

Combattants de 1759-1760

DBA

2009

1759-1760

20

Bravoure

DBA

2010

2010

21

Lévis-Murray

DBA

2010

1760

Remarque : DFA + un astérique signifie à la fois un hommage aux descendants de Français et à leurs alliés et un hommage à l’Église catholique.

Le récit de l’histoire nationale selon l’État québécois

La vitesse d’installation de sculptures par l’État québécois varie beaucoup plus que dans le cas précédent. Entre 1889 et 2012, nous distinguons quatre périodes de grande activité d’installation de sculptures : 1889-1895 (8 en 7 ans) ; 1912-1928 (12 en 17 ans) ; 1969 (7 en 1 an) ; 1999-2012 (11 en 14 ans).

Le récit accorde beaucoup d’importance à la Nouvelle-France au XVIIe siècle (14 sculptures sur 43), passe rapidement sur le XVIIIe siècle (6 sculptures sur 43) et accorde au XIXe siècle une importance quasi égale à celle qu’il accorde au XVIIe siècle (12 sculptures sur 43). Par rapport à l’État canadien qui consacre 6 sculptures sur 21 aux faits de la guerre de Sept Ans en Amérique, l’État québécois en consacre moins en chiffres absolus (4) et encore beaucoup moins en chiffres relatifs (4 sur 43, soit 1/10 des sculptures). Pour le XIXe siècle, l’État québécois accorde beaucoup moins d’attention à la rébellion de 1837-1838 (hommage à Papineau) qu’aux faits annonciateurs de la création du Canada en 1867 (hommages à Elgin, à Baldwin et à La Fontaine). Pour le XXe siècle, depuis 1999, l’État québécois porte un intérêt particulier aux premiers ministres du Québec Godbout, Lesage, Johnson et Lévesque, chevilles ouvrières de ce qu’on a appelé la « Révolution tranquille ».

Peu remarquées jusque-là par les autorités, quatre femmes en politique sont honorées d’un seul coup en 2012 : Idola Saint-Jean, Marie Lacoste-Gérin-Lajoie, Thérèse Casgrain et Marie-Claire Kirkland. Elles s’ajoutent à Marguerite Bourgeoys et à Marie Guyart, enseignantes du XVIIe siècle, elles-mêmes honorées tardivement en 1969. Peu remarquées également : les nations amérindiennes traditionnellement alliées des Français. Deux hommages leur ont tout de même été rendus à la fin du XIXe siècle (Famille de chasseurs amérindiens, 1889 ; Pêcheur amérindien, 1891).

Sans surprise, le domaine d’activité principal des personnages représentés est la politique (29 sculptures sur 43). Viennent loin derrière la guerre (5) et la religion (4). Les domaines de l’éducation, des sciences, des arts et des lettres sont faiblement représentés (5 en tout).

Un petit nombre de sculptures de l’État québécois sont des hommages aux descendants de Britanniques et à leurs alliés (8 sur 43). Ces hommages ont été rendus surtout pendant les deux premières vagues d’installation (6 au cours des périodes 1889-1895 et 1912-1928). Nous classons l’hommage à Robert Bourassa (2006) parmi les hommages qui favorisent le groupe des DBA parce que ce premier ministre s’est allié au gouvernement canadien pour faire arrêter des centaines de militants indépendantistes lors de la crise d’Octobre 1970. Nous classons aussi parmi les hommages pro-DBA la sculpture installée en 2001 dans le cimetière de l’Hôpital général pour rendre hommage aux victimes françaises et britanniques de la guerre de Sept Ans en Amérique. Cela ne nous rappelle-t-il pas l’État canadien qui mêle vainqueurs et vaincus dans un même hommage ? Là, tous héros ; ici, tous victimes.

Dans le procès-verbal d’une réunion tenue le 16 août 2000 sous les auspices de la Commission de la capitale nationale du Québec, les promoteurs de l’hommage aux victimes de la guerre de Sept Ans en Amérique ont clairement exprimé leur désir de bonne entente avec les vainqueurs : « Le but du projet est de respecter les lieux tout en faisant connaître le cimetière du grand public comme lieu de mémoire et de réconciliation. » (Malack 2003 : 195) Nous voyons ici à l’œuvre, en pleine lumière, ce que nous appelons plus loin le « mensonge des deux peuples fondateurs ». Sait-on que le terme « réconciliation » ne peut s’appliquer qu’à des personnes libres – amis, membres d’une famille, voisins, collègues de travail, pays indépendants –, jamais entre un captif et son actuel ravisseur, entre une nation assujettie et une nation qui maintient cet assujettissement ?

Tableau 2. Sculptures publiques liées à l’histoire nationale – Agglomération de Québec, État québécois

No

Sculpture

Groupe

Date d’installation

Date des faits commémorés

1

Famille de chasseurs amérindiens

DFA

1889

1534

2

Frontenac

DFA

1890

1672-1682

1690-1698

3

Pêcheur amérindien

DFA

1891

1534

4

Elgin

DBA

1892

1847-1854

5

Salaberry

DBA

1894

1813

6

Wolfe

DBA

1894

1759

7

Montcalm

DFA

1894

1759

8

Lévis

DFA

1895

1760

9

Garneau, F.-X.

DFA

1912

1845-1849

10

Mercier

DFA

1912

1887-1891

11

Brébeuf

DFA*

1916

1649

12

Dorchester

DBA

1916

1768-1778

1786-1791

13

Talon

DFA

1916

1665-1672

14

Baldwin

DBA

1921

1842-1843

1848-1851

15

Marquette

DFA

1921

1673

16

La Fontaine, L.-H.

DBA

1921

1842-1843

1848-1851

17

Boucher

DFA

1922

1654-1667

18

La Vérendrye

DFA

1922

1731-1741

19

Iberville

DFA

1923

1686-1706

20

Jolliet

DFA

1928

1673

21

Crucifix

DFA*

1936

1936

22

Fréchette

DFA

1940 ?

1839-1908

23

Francœur

DFA

1942

1895-1941

24

Bourgeoys

DFA

1969

1658-1693

25

Champlain

DFA

1969

1608

26

Laval

DFA*

1969

1674-1688

27

Maisonneuve

DFA

1969

1642

28

Guyart

DFA

1969

1639-1672

29

Olier

DFA

1969

1642

30

Viel

DFA*

1969

1625

31

Duplessis

DFA

1977

1936-1939

1944-1959

32

Lemay

DFA

1980 ?

1867-1892

33

Johnson

DFA

1999

1966-1968

34

Lévesque

DFA

1999

1976-1985

35

Godbout

DFA

2000

1940-1944

36

Lesage

DFA

2000

1960-1966

37

Guerre de Sept Ans

DBA

2001

1756-1763

38

Papineau

DFA

2002

1825-1838

39

Bourassa

DBA

2006

1970-1976

1985-1994

40

Chauveau

DFA

2006

1867-1873

41

Letellier de Saint-Just

DFA

2006

1876-1879

42

Bédard

DFA

2010

1792-1812

43

Femmes en politique

DFA

2012

XXe siècle

Remarque : DFA + un astérique signifie à la fois un hommage aux descendants de Français et à leurs alliés et un hommage à l’Église catholique.

Le récit de l’histoire nationale selon la Ville de Québec

La Ville de Québec possède 36 sculptures liées à l’histoire du Québec et du Canada, c’est-à-dire un peu moins que l’État québécois (43), mais beaucoup plus que l’État canadien (21). Elle a installé la plupart en deux vagues d’inégale intensité : 1898-1931 (11 en 34 ans) ; 1994-2012 (22 en 19 ans). Le début de la première vague (1898) est relativement proche de celui de la première vague de l’État québécois (1889). Le début de la deuxième (1994) précède de peu celui de la plus récente vague de l’État québécois (1999). L’État canadien s’est aussi mis de la partie ces dernières années (6 sculptures installées durant la période 2008-2012).

Pour mesurer la vitesse du récit iconique mis en place par la Ville de Québec, nous devons d’abord exclure de la collection de 36 sculptures les 6 installées en hommage à des groupes dont l’activité s’est étalée sur plus d’un siècle et supposer ensuite que la carrière de certains personnages honorés s’est déroulée surtout au XXe siècle (des artistes, notamment). Cela fait, nous constatons que la Ville de Québec s’intéresse surtout au XXe siècle (12 sculptures sur 30), un peu moins au XVIIe siècle et au XIXe siècle (8 pour chaque siècle) et passe rapidement sur le XVIIIe siècle (hommage unique à Montcalm). La rapidité avec laquelle le récit passe sur la guerre de Sept Ans en Amérique (1 sculpture sur 30) contraste fortement avec l’insistance de l’État canadien sur cette même période (6 sculptures sur 21). Par contre, le récit de la Ville de Québec accorde proportionnellement presque autant d’importance à la Nouvelle-France du XVIIe siècle (8 sculptures sur 30) que l’État québécois (14 sculptures sur 43).

Comme dans le cas de l’État québécois, la politique est le plus important domaine d’activité des personnages honorés (14 sculptures sur 36). En deuxième position viennent les arts et les lettres (10), fait étonnant par rapport à l’ensemble du corpus de l’agglomération. Ces hommages ont tous été rendus sous l’administration du maire JeanPaul L’Allier, au cours de la période 1994-2004, et concernent surtout des personnalités du XXe siècle. Viennent ensuite la religion (4) et des domaines représentés chacun par 2 sculptures (santé et bien-être, économie, éducation, guerre). Aucun hommage n’est rendu à des personnalités du domaine des sciences et des techniques. Des personnages féminins sont honorés, mais toujours associés à des hommes : Communautés religieuses enseignantes, La Compassion, Dorimène et Alphonse Desjardins.

Le groupe national des descendants de Britanniques et de leurs alliés est proportionnellement presque autant favorisé dans le récit de la Ville de Québec (5 sculptures sur 36) que dans celui de l’État québécois (8 sculptures sur 43), mais nettement moins que dans le récit de l’État canadien (15 sculptures sur 21). Ces hommages pro-DBA ne sont pas concentrés au cours d’une période particulière (1905, 1920, 1954, 1961 et 1998). Par contre, la Ville a manifesté une certaine audace en rendant hommage au général de Gaulle, ce qui a suscité la colère des vétérans de l’armée canadienne (Malack 2003 : 84), ainsi qu’aux anti-conscriptionnistes de Québec mitraillés par les soldats de l’armée canadienne en avril 1918. Ces deux derniers hommages ont aussi été rendus sous l’administration L’Allier (1997 et 1998, respectivement).

Tableau 3. Sculptures publiques liées à l’histoire nationale – Agglomération de Québec, Ville de Québec

No

Sculpture

Groupe

Date d’installation

Date des faits commémorés

1

Champlain

DFA

1898

1608

2

Braves de la guerre des Boers

DBA

1905

1899-1902

3

Laval

DFA*

1908

1674-1688

4

Montcalm

DFA

1911

1759

5

Durocher

DFA*

1912

1867-1876

6

Foi

DFA*

1916

1615

7

Hébert

DFA

1918

1617

8

Cartier, G.-É.

DBA

1920

1867

9

Taschereau, E.-A.

DFA*

1923

1886

10

Cartier, J.

DFA

1926

1534

11

Louis XIV

DFA

1931

1643-1715

12

Laurier

DBA

1954

1896-1911

13

Perrault, J.-F.

DBA

1961

1796-1804

1808-1810

14

Muses

DFA

1983

1608

15

Lemelin

DFA

1994

1919-1992

16

Communautés religieuses enseignantes

DFA

1997

XVIIe-XXe siècles

17

Gaulle (de)

DFA

1997

1958-1969

18

Conférences de Québec

DBA

1998

1943-1944

19

Québec, printemps 1918

DFA

1998

1918

20

Richard

DFA

1998

1895-1982

21

Lemieux

DFA

1999

1904-1990

22

Pellan

DFA

1999

1906-1988

23

Envol (Frères éducateurs)

DFA

2000

XVIIe-XXe siècles

24

Krieghoff

DFA

2001

1815-1872

25

Légaré

DFA

2001

1795-1855

26

Acadiens

DFA

2002

XVIIe-XXe siècles

27

Gagnon

DFA

2002

1881-1942

28

Baillargé (famille)

DFA

2004

1726-1906

29

Nelligan

DFA

2004

1879-1941

30

Walker

DFA

2004

1858-1938

31

Chauveau

DFA

2005

1867-1873

32

Pompiers de Québec morts en service

DFA

2005

XIXe-XXe siècles

33

Compassion (religieux, hôpitaux)

DFA

2006

XVIIe-XXe siècles

34

Dugua de Mons

DFA

2007

1608

35

Desjardins, A. et D.

DFA

2008

1900

36

Embarquement (Ville de Québec)

DFA

2008

1608

Remarque : DFA + un astérique signifie à la fois un hommage aux descendants de Français et à leurs alliés et un hommage à l’Église catholique.

Distribution spatiale

Les éléments des trois récits de l’histoire nationale sont répartis dans certaines zones privilégiées de l’agglomération québécoise. Nous définissons ces zones comme des surfaces carrées de 250 mètres de côté contenant au moins trois sculptures.

La carte simplifiée jointe à notre étude (figure 1) montre que cinq zones privilégiées sur sept se trouvent dans la haute ville et deux seulement dans la basse ville, l’une près du boulevard Charest et l’autre près de la rivière Saint-Charles, à environ deux kilomètres dans la direction indiquée par la flèche sur la carte. Les sept zones privilégiées par les trois récits contiennent près de la moitié des sculptures de l’ensemble du corpus (63 sculptures sur 142).

Centre-de-lagglomeration-de-Quebec

L’État canadien possède deux zones privilégiées, celle de la place George-V (EC1), à proximité de la Citadelle – La Bravoure, Short et Wallick, Voltigeurs et Royal 22e Régiment –, et celle du parc Cartier-Brébeuf (EC2) – J. Cartier, Cartier-Brébeuf, Rencontre de deux cultures au XVIe siècle –, cédé par la Ville de Québec en 1957.

L’unique zone privilégiée par l’État québécois (EQ) est celle du Parlement et de son parterre, qui contient 41 sculptures. Seules échappent à cette concentration les sculptures en hommage à Daniel Johnson (édifice Marie-Guyart) et aux victimes de la guerre de Sept Ans en Amérique (cimetière de l’Hôpital général). Cette zone forme un contraste absolu avec les deux zones privilégiées par l’État canadien non seulement en raison de sa forte densité, mais aussi en raison de la distribution originale de la moitié des sculptures sur un plan vertical, celui de la façade du Parlement : 10 sculptures au rez-de-chaussée, 4 au premier étage, autant au deuxième étage, 2 au troisième étage et 2 dans la partie de la tour qui dépasse le toit du Parlement.

Selon les plans originaux de l’architecte Taché, une statue de Jacques Cartier devait être installée sur la corniche, au faîte de la tour (Noppen et Deschênes 1996 :153). Cela n’a jamais été fait, pas même en 1969, quand un comité spécial a installé sept sculptures dans les niches vides au-dessus du premier étage. La statue de Jacques Cartier aurait fait pendant aux statues en hommage aux nations amérindiennes qu’on peut voir actuellement juste en avant de l’entrée principale du Parlement, sur le plan horizontal, mais dans l’axe de la tour. Les mandataires de l’État québécois ont par contre réalisé d’autres symétries, notamment en posant les statues de Wolfe et de Montcalm côte à côte au premier étage, dans l’axe de la tour du Parlement.

En ce qui concerne la Ville de Québec (VQ), comme il fallait s’y attendre, trois de ses quatre zones se trouvent à proximité de l’Hôtel de Ville : VQ1 – Champlain, Laval, Hébert, G.-É. Cartier, Lemieux, Louis XIV ; VQ2 – L’Envol, Légaré, Taschereau ; VQ3 – Conférence de Québec, Braves de la guerre des Boers, Nelligan. L’unique zone privilégiée à la basse ville (VQ4) contient trois hommages récents à des peintres (Pellan, Walker, Richard).

Transformation des récits iconiques de l’histoire nationale

Les récits comme ceux que nous étudions actuellement se transforment à chaque installation d’une nouvelle sculpture. D’autres transformations touchent les sculptures déjà installées : déplacements, retraits, réintroductions.

Le récit de l’histoire nationale selon l’État canadien n’a subi qu’une transformation passagère. En 1963, la sculpture en hommage à Wolfe a été renversée et détruite par un ou des inconnus. Elle a été remplacée par une réplique deux ans plus tard.

Du côté du récit mis en place par l’État québécois, les transformations sont dues à l’État lui-même et non à des protestataires individuels. En 1913, des statues de Victoria et d’Edward VII ont été installées dans la salle de l’Assemblée législative, puis retirées discrètement à une date indéterminée, mais non postérieure à 1945, selon une photo de l’époque (Noppen et Deschênes 1996 : 158 et 176). En outre, en 1982, on a déménagé la statue de Louis-Hippolyte La Fontaine à Boucherville, lieu de naissance du personnage, puis ramené celle-ci au Parlement en 2003. Enfin, l’usure du temps a eu raison de deux autres sculptures situées sur le parterre du Parlement : celle en hommage aux arpenteursgéomètres canadiens, installée en 1967 et remisée en 2002, et celle qui célébrait le centenaire de l’entrée de la ColombieBritannique dans la confédération canadienne, installée en 1971 et remisée en 2003 ou en 2004 (Lemieux 2012).

Le récit iconique déjà mis en place par la Ville de Québec a subi deux transformations importantes à quelques années d’intervalle. Première transformation : en 1957, la Ville cède le parc Cartier-Brébeuf à l’État canadien ainsi que les deux sculptures en hommage à Jacques Cartier (Cartier et Cartier-Brébeuf, à l’annexe A). La Ville ne possède maintenant plus qu’une sculpture en hommage à Jacques Cartier, et elle est remisée durant les travaux exécutés sur le terrain de stationnement de la bibliothèque Gabrielle-Roy (Châlon-Corsiez 2013). Comme l’État québécois ne possède aucune statue de ce personnage fondamental dans l’histoire du Québec, l’État canadien est maintenant le seul – temporairement, en principe – à rappeler l’action de Jacques Cartier et à lui rendre hommage. Ironie de l’histoire ! Deuxième transformation : en 1963, comme nous le disions au début, la statue de Victoria est retirée à la suite d’un attentat. Depuis ce temps-là, la Ville n’a pas jugé bon d’installer une réplique, comme l’État canadien l’a fait pour la sculpture en hommage à Wolfe, détruite également en 1963. Cependant, la statue de Victoria continue sa carrière d’une façon inattendue. Le Musée de la civilisation de Québec l’a en effet restaurée et prêtée jusqu’en 2014 au Musée québécois de la culture populaire de Trois-Rivières pour une exposition intitulée « Québec en crimes ». Revanche de Victoria ?

4. Mise en perspective des résultats

Nous avons cherché ci-dessus à décrire de la façon la plus complète possible les trois récits iconiques mis en place par l’État canadien, l’État québécois et la Ville de Québec sur le territoire de l’agglomération de Québec. Pour prendre un peu de recul, peut-on comparer ces résultats à ceux d’autres études similaires au Québec ? Peut-on ensuite fournir quelques explications en ce qui concerne, d’une part, tous ces hommages rendus par les vaincus aux vainqueurs de la guerre de Sept Ans en Amérique et, d’autre part, cette quantité non négligeable d’hommages rendus à des personnalités religieuses uniquement préoccupées des intérêts de l’Église catholique ?

Il y a une dizaine d’années, D.V. Malack a publié une étude sur 249 objets symboliques (plaques, statues, monuments) installés dans l’agglomération de Québec (Malack 2003). Toutefois, il est impossible de comparer les résultats obtenus par l’auteure avec les nôtres, étant donné que cette étude embrasse des objets trop divers et ne tient pas compte des différents domaines de responsabilité des trois sujets collectifs politiques en présence. Nous nous rabattrons donc sur une étude similaire que nous avons menée dans une autre ville du Québec sur la période 1809-2005 (Gaudreault 2010b).

Comparaison avec la Ville de Montréal

À Montréal, sauf le buste de René Lévesque installé sur le terrain d’Hydro-Québec, société commerciale appartenant à l’État québécois, et quelques sculptures prêtées par des sociétés privées, la totalité des sculptures installées dans l’espace public relèvent d’un seul narrateur collectif, la Ville de Montréal.

Sur les 42 sculptures liées à l’histoire du Québec et du Canada, la grande majorité (35) ont été installées au cours des périodes 1895-1935 et 1986-2005. Ces données sont presque les mêmes que celles recueillies pour la Ville de Québec, c’est-à-dire 33 sculptures sur 36 installées au cours des périodes 1898-1931 et 1994-2012. La vitesse des deux récits diffère peu. Sur les 30 sculptures de la Ville de Québec qui ne font pas référence à des événements étalés sur plusieurs siècles (par exemple, l’hommage aux communautés religieuses enseignantes), 8 concernent le XVIIe siècle, 8 le XIXe siècle et 12 le XXe siècle (total de 28 sur 30). À Montréal, si nous tenons compte de la faible taille des deux corpus, il n’y a pas d’écarts significatifs. Sur 42 sculptures, 6 sont consacrées au XVIIe siècle, 13 au XIXe siècle et 18 au XXe siècle (total de 37 sur 42). Il est remarquable qu’à Montréal comme à Québec, on n’insiste pas sur le XVIIIe siècle (celui de la Conquête).

Entre la Ville de Québec et la Ville de Montréal, la similitude n’est pas complète, loin de là. D’abord, la Ville de Québec consacre seulement 2 sculptures sur 36 à des personnages liés à la guerre, tandis qu’à Montréal, la proportion est de 10 sur 42. Il faut dire qu’à Québec, l’État canadien s’est chargé de rappeler cette réalité (11 sculptures sur 21 sont liées à la guerre). Ensuite, sur 36 sculptures, la Ville de Québec en a installé uniquement 5 qui favorisent les descendants de Britanniques et leurs alliés, alors que la Ville de Montréal en a installé 17 sur 42. Enfin, la Ville de Québec montre un net parti-pris en faveur de la religion en installant 4 sculptures en hommage à des membres de l’Église catholique. Par comparaison, la Ville de Montréal se montre peu intéressée : un seul hommage dans ce domaine, celui rendu en 1986 à André, frère de Sainte-Croix, thaumaturge.

Le mensonge des deux peuples fondateurs

Selon une opinion très répandue, et qu’a bien étudiée S. Paquin (1999), la création de l’État canadien en 1867 résulterait d’un pacte entre deux peuples fondateurs, les descendants de Français et les descendants de Britanniques habitant au nord des ÉtatsUnis. Un pacte suppose une égalité entre les partenaires et l’existence de relations amicales. C’est justement ce que prétendent les partisans d’une « interprétation bon-ententiste » de l’histoire nationale, selon l’expression utilisée par l’historien M. Allard (2012 : 61). Les bon-ententistes ne se contentent pas d’interpréter l’histoire à leur façon : ils combattent les partisans de l’interprétation indépendantiste de l’histoire nationale. Ils justifient leur position en décrivant tous les bienfaits accordés par les Britanniques et leurs héritiers canadiens et en passant sous silence ou en minimisant le méfait initial, jamais réparé, l’assujettissement de la nation québécoise à la fin de la guerre de Sept Ans en Amérique. Les historiens bon-ententistes sont des collaborateurs de l’État canadien dominateur.

Les récits iconiques de l’histoire nationale que nous avons étudiés illustrent un phénomène connu sous le nom de « syndrome de Stockholm ». Selon les spécialistes qui ont analysé une prise d’otages survenue à Stockholm en 1973 et dont nous avons déjà parlé (Gaudreault 2006), certains ravisseurs réussissent à établir des liens d’amitié avec leurs captifs en les séduisant au moyen de belles paroles et de petits bienfaits. Les captifs développent alors une « gratitude paradoxale » qui les amène même à prendre la défense de leurs ravisseurs contre une menace extérieure (la police à Stockholm).

En rendant hommage aux vainqueurs dans des récits sous forme de sculptures, versions 3D du mensonge des deux peuples fondateurs, les vaincus de 1760 ont aussi manifesté une gratitude paradoxale et se sont engagés dans une collaboration symbolique avec l’État dominateur. De plus, tout comme les captifs de Stockholm, ils se sont engagés dans une collaboration réelle avec leurs ravisseurs en les aidant à se défendre contre des menaces extérieures. Tout ennemi désigné par l’État britannique ou l’État canadien, héritier du conquérant britannique, devenait ainsi l’ennemi du peuple vaincu : les Américains en 1775 et en 1812, les Boers en 1900 et tous les autres qui ont surgi jusqu’à aujourd’hui. Cette intoxication par le mensonge des deux peuples fondateurs n’a pas atteint tous les vaincus, qu’on songe par exemple à ceux qui ont lutté contre la conscription au cours de la Première et de la Seconde Guerre mondiale, mais elle en a atteint un grand nombre, notamment les historiens bon-ententistes mentionnés plus haut (à moins que ceux-ci ne soient parfaitement conscients du mensonge).

L’ingérence politique de l’Église

Le monopole religieux exercé par l’Église catholique en Nouvelle-France s’effondre au moment de la conquête britannique en 1760. L’Église mise alors sur une alliance avec les nouvelles autorités. Elle prêche la collaboration avec le Conquérant pour repousser les envahisseurs américains en 1775 et en 1812, puis pour lutter contre les rebelles québécois de 1837-1838 (Thério 1998).

Pour les services rendus, l’Église obtient en 1841 le monopole de l’enseignement dans les écoles de langue française. Puis elle consolide son emprise dans ce milieu jusqu’en 1875 : droit exclusif de choisir le personnel enseignant et les manuels scolaires, création d’écoles de formation d’enseignantes, nomination d’un « surintendant » payé par l’État québécois, mais relevant en fait de l’Église (Milot 2002). Cette même année 1875, les évêques de la province ecclésiastique de Québec publient une lettre dans laquelle ils affirment : « La société civile se trouve indirectement, mais véritablement, subordonnée ; car non seulement elle doit s’abstenir de tout ce qui peut mettre obstacle à la fin dernière et suprême de l’homme, mais encore, elle doit aider l’Église dans sa mission divine et au besoin la protéger et la défendre. » (Lacoursière 1996 : 300)

L’apogée du pouvoir politique de l’Église survient en 1936, au moment où l’État québécois manifeste l’alliance conclue avec elle par un geste symbolique, l’installation d’un crucifix dans la salle de réunion de l’Assemblée nationale (sculpture incluse dans le corpus à l’étude). Quelques années plus tard, en 1941, l’Église pose un nouveau jalon dans sa collaboration avec l’État canadien, héritier du conquérant britannique depuis 1867 : le cardinal Rodrigue Villeneuve se prononce en faveur du soutien à l’effort de guerre du Canada (Lacoursière 1997 : 276).

Comme nous l’avons vu au début, les commissaires Bouchard et Taylor ont réclamé en 2008 le retrait du crucifix installé dans la salle de réunion de l’Assemblée nationale, symbole de l’alliance entre l’Église et l’État québécois. Cependant, ils n’ont pas dit un mot des autres symboles de cette alliance présents dans l’espace public. Incohérence de leur part ? Non, car les commissaires voulaient simplement remplacer le pouvoir d’un monopole religieux par un pouvoir religieux multiple :

Les Québécois canadiens-français gardent un mauvais souvenir de l’époque où le clergé exerçait un pouvoir excessif sur les institutions et les personnes. Or il serait injuste que cela les amène à retourner contre l’ensemble des religions le sentiment douloureux hérité du passé catholique. » (Bouchard et Taylor 2008 : 21)

L’Assemblée nationale au grand complet s’est empressée d’affirmer solennellement qu’elle maintiendrait le crucifix à l’Assemblée nationale. Si la démocratie est un régime fondé sur le pouvoir exclusif du peuple, sans ingérence de quelque pouvoir étranger, naturel ou surnaturel, comment les démocrates québécois qui ont déconfessionnalisé le système d’enseignement public en 1998 ont-ils pu adopter une telle position ? Sans compter que ces mêmes démocrates avaient une autre raison de se débarrasser d’un symbole de l’ingérence politique de l’Église : la collusion de celle-ci avec le conquérant britannique et son successeur canadien. Après le paradoxe déjà mentionné de la gratitude des vaincus envers les vainqueurs, voilà le second paradoxe, la gratitude des démocrates envers l’Église.

Conclusion

Dans l’art public de Québec se joue un drame paradoxal où un peuple vaincu continue de rendre hommage aux responsables de son malheur et à un clergé catholique qui, pour remplir une prétendue « mission divine », n’a jamais perdu une occasion de s’allier aux vainqueurs ou aux plus forts parmi les vaincus. Les habitants de l’agglomération de Québec participent au fonctionnement de trois sujets collectifs politiques sur leur territoire : l’État canadien, l’État québécois et la Ville de Québec. Ces trois sujets collectifs ont chacun dans leur mémoire un récit de l’histoire du Québec et du Canada sous la forme d’un ensemble de sculptures publiques en hommage à des personnalités dont ils jugent l’action exemplaire.

La mise en place des éléments des récits iconiques ne s’est pas faite à la même vitesse chez chacun des narrateurs collectifs. L’État québécois et la Ville de Québec se sont activés surtout au cours de deux périodes : la première commence à la toute fin du XIXe siècle et s’arrête vers 1930 ; la seconde commence à la toute fin du XXe siècle et dure toujours. Par contre, du côté de l’État canadien, la mise en place du récit s’est faite sans enthousiasme particulier, sauf à partir de 2008.

Comme cela est naturel de la part d’un État dominateur, l’État canadien s’intéresse beaucoup plus que les deux autres narrateurs collectifs aux événements de la guerre de Sept Ans en Amérique qui sont à l’origine de son pouvoir actuel. S’il est difficile de diagnostiquer un rejet du traumatisme de la Conquête hors de la mémoire de l’État québécois et de la Ville de Québec, nous pouvons sans nous tromper parler d’une occultation de l’œuvre de Jacques Cartier, « découvreur du Canada », dans la mémoire de l’État québécois.

Les domaines d’activité des personnages représentés sont surtout la guerre, pour l’État canadien, et la politique, pour l’État québécois. La Ville de Québec se singularise toutefois en manifestant un intérêt remarquable pour les personnalités des arts et des lettres. Hormis l’hommage rendu à l’historien François-Xavier Garneau par l’État québécois, les trois narrateurs collectifs ne s’intéressent pas à la science ni aux techniques. Quant à la religion, elle occupe une place assez importante dans les hommages de l’État québécois et de la Ville de Québec, ce qui ne manquera pas d’étonner les démocrates québécois qui cherchent à séparer la religion et l’État.

Non contents de maintenir des hommages paradoxaux à une Église imbue de la supériorité de ses lois divines et opposée à la démocratie et à ses lois civiles, l’État québécois et la Ville de Québec maintiennent des hommages tout aussi paradoxaux aux vainqueurs britanniques de 1760, à leurs successeurs canadiens et à leurs collaborateurs québécois, notamment Robert Bourassa, un « bâtisseur tranquille » selon certains, un « tricheur » selon d’autres, en tout cas un fédéraliste avéré qui s’est rendu complice de la répression canadienne durant la crise d’Octobre 1970.

Les trois narrateurs collectifs ont concentré beaucoup d’éléments de leurs récits dans la petite partie de la haute ville où le pouvoir se rend visible. En premier, la Citadelle, bras armé de l’État canadien et menace perpétuelle. En deuxième, le Parlement québécois, où s’agitent des politiciens intoxiqués par le mensonge des deux peuples fondateurs et pétrifiés par la peur de l’Église. En troisième, l’Hôtel de Ville, où se manifeste parfois un maire qui honore un jour le général de Gaulle, auteur d’un retentissant « Vive le Québec libre ! » à Montréal en 1967, et, l’autre jour, les anticonscriptionnistes mitraillés par l’armée canadienne en avril 1918. Si le Québec pouvait compter sur un plus grand nombre de citoyens de la trempe de Jean-Paul L’Allier, il aurait des chances d’en finir avec le mensonge des deux peuples fondateurs, et peut-être même avec la collusion entre l’Église et l’État.

 

 


 

Bibliographie

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Annexe A

Personnages et groupes représentés dans les sculptures publiques liées à l’histoire du Québec et du Canada
Agglomération de Québec, État canadien

ARC, Jeanne d’ (v.1412-1431). « Comme emblème du patriotisme et de la vaillance des héros de 1759-1760 » (inscription sur le socle). Statue. Avenue Laurier (1938).

BRAVES DE 1760. Statue de Bellone, déesse romaine de la guerre. Deux plaques au nom de François-Gaston de Lévis (1719-1787) et de James Murray (17211794), généraux qui se sont affrontés à Sainte Foy en 1760. Parc des Braves (1863).

BRAVOURE (LA). Soldats canadiens en mission dans le monde. Couronne surmontant deux épées croisées, une ancre de marine et deux ailes superposées. Place GeorgeV (2010).

CARTIER, Jacques (1494-v.1554). Érection d’une croix à Québec en signe de prise de possession du territoire au nom du roi de France (1536). Croix. Parc Cartier-Brébeuf (1889).

CARTIER-BRÉBEUF. Premier hiver de Jacques Cartier et de ses compagnons à Québec (1535-1536) ; mission des Jésuites (1625). Sculpture qui représente des parties de navires. Parc Cartier-Brébeuf (1889).

COMBATTANTS DE 1759 ET DE 1760. Combattants militaires et civils qui ont pris part aux batailles de 1759 et de 1760. Stèle surmontée d’un parchemin en aluminium gravé, symbolisant une page de l’histoire du Québec. Plaines d’Abraham (2009).

CROIX CELTIQUE. Familles de Québec et des environs qui ont adopté une soixantaine de jeunes Irlandais (1847-1848). Parc de l’Artillerie (2000).

CROIX DU SACRIFICE (LA). Soldats canadiens morts durant la Première Guerre mondiale (1914-1918), la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) et la guerre de Corée (1950-1953). Croix recouverte d’un glaive. Entrée principale des plaines d’Abraham, Grande Allée (1924).

GARNEAU, sir Jean-George (1864-1944). Maire de Québec (1906-1910). Premier président de la Commission des champs de bataille nationaux (19081939). Buste. Avenues GeorgeVI et Garneau (1957).

GREY, Albert Henry George, lord (1851-1917). Gouverneur général du Canada (19041911). Promoteur de la transformation des plaines d’Abraham en parc. Buste. Terrasse Grey (2008).

LÉVIS-MURRAY. François-Gaston de Lévis (1719-1787) et James Murray (17211794), généraux qui se sont affrontés à Sainte-Foy en 1760. Bustes. Parc des Braves (2010).

MARINS QUÉBÉCOIS DE LA MARINE MARCHANDE CANADIENNE PERDUS EN MER PENDANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE (19391945). Statue d’un jeune marin. PointeàCarcy, port de Québec (2000).

MARTIN, Abraham (1589-1664). Pilote du roi. S’établit en Nouvelle-France en 1620. Fait paître ses troupeaux sur des terres qui ont été désignées sous le nom de « plaines d’Abraham ». 1) Globe terrestre. Rues AbrahamMartin et Dalhousie (1923). 2) Basrelief. Kiosque des Gouverneurs, secteur du Cap-aux-Diamants (2008).

RENCONTRE DE DEUX CULTURES AU XVIe SIÈCLE. Deux stèles comportant gravures et découpes, dont l’une représente des Amérindiens et l’autre, Jacques Cartier et ses navires. Parc Cartier-Brébeuf (1987).

ROYAL 22e RÉGIMENT. Soldats québécois morts pour le Canada durant les guerres de 1914-1918, de 1939-1945 et de 1950-1953. Bas-relief. Place George-V (1989).

SHORT, major Charles John et WALLICK, sergent George. Soldats britanniques morts en combattant l’incendie qui a ravagé le quartier Saint-Sauveur (1889). Bustes. Place George-V (1891).

TODD, Frederick-Gage (1876-1948). Architecte-paysagiste responsable du plan d’aménagement des plaines d’Abraham (1909-1913). Buste. Avenue GeorgeVI (2008).

VOLTIGEURS. Régiment créé à Québec en 1862. Statue d’un soldat. Place George-V (1990).

WOLFE, James (1727-1759). Général britannique. Vainqueur de la bataille des plaines d’Abraham (1759). 1) Casque d’officier romain et glaive. Avenues Wolfe et GeorgeVI (1849). Remplacée par une réplique (1913). Renversée et détruite (1963). Remplacée par une réplique (1965). 2) Représentation du puits dans lequel on aurait puisé de l’eau pour désaltérer le général Wolfe mourant. Avenues Wolfe et GeorgeVI (milieu du XIXe siècle).

Annexe B
Personnages et groupes représentés dans les sculptures publiques liées à l’histoire du Québec et du Canada
Agglomération de Québec, État québécois

BALDWIN, Robert (1804-1858). Premier ministre de la province Ouest [aujourd’hui l’Ontario] du Canada-Uni (1842-1843 ; 1848-1851). Statue. Façade (1921).

BÉDARD, Pierre-Stanislas (1762-1829). Député (1792-1812). Chef du parti canadien (1804-1812). Fondateur du journal Le Canadien (1806). Buste. À l’intérieur du Parlement (2010).

BOUCHER, Pierre (1622-1717). Gouverneur de Trois-Rivières (1654-1667). Statue. Façade (1922).

BOURASSA, Robert (1933-1996). Premier ministre du Québec (1970-1976 ; 1985-1994). Statue. Parterre (2006).

BOURGEOYS, Marguerite (1620-1700). Première enseignante de Ville-Marie [aujourd’hui Montréal] (1658-1693). Statue. Façade (1969).

BRÉBEUF, Jean de (1617-1649). Missionnaire tué par des Iroquois. Statue. Façade (1916).

CHAMPLAIN, Samuel de (v.1567-1635). Fondateur de Québec (1608). Statue. Façade (1969).

CHAUVEAU, Pierre-Joseph-Olivier (1820-1890). Premier ministre du Québec (18671873). Buste. Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec (2006).

CRUCIFIX. Fondateur du christianisme et de l’Église catholique. Statue fixée sur une croix latine. Salle de réunion de l’Assemblée nationale du Québec (1936).

DORCHESTER, Guy Carleton, lord de (1724-1808). Gouverneur de la Province de Québec au nom de la monarchie britannique (1768-1778 ; 1786-1791). Statue. Façade (1916).

DUPLESSIS, Maurice Le Noblet (1890-1959). Premier ministre du Québec (1936-1939 ; 1944-1959). Statue. Parterre (1977).

ELGIN, James Bruce, lord (1811-1863). Gouverneur du Canada-Uni [aujourd’hui le Québec et l’Ontario] (1847-1854). Statue. Façade (1892).

FAMILLE DE CHASSEURS AMÉRINDIENS. En hommage aux nations amérindiennes. Statues. Parterre (1889).

FEMMES EN POLITIQUE. Idola Saint Jean (1880-1945), Marie LacosteGérinLajoie (1867-1945) et Thérèse Casgrain (1896-1981), militantes féministes engagées notamment dans la lutte pour le droit de vote des femmes. Marie-Claire Kirkland, première femme élue comme députée à l’Assemblée nationale (19611973), ministre dans plusieurs cabinets. Statues. Parterre (2012).

FRANCOEUR, Louis (1895-1941). Journaliste. Bas-relief. À l’intérieur du Parlement (1942).

FRÉCHETTE, Louis (1839-1908). Écrivain. Buste. Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec (1940 ?).

FRONTENAC, Louis de Buade, comte de (1622-1698). Gouverneur de la NouvelleFrance (1672-1682 ; 1690-1698). Statue. Façade (1890).

GARNEAU, François-Xavier (1809-1866). Historien. Auteur d’une Histoire du Canada célèbre en son temps (1845-1849). Statue. Parterre (1912).

GODBOUT, Adélard (1892-1956). Premier ministre du Québec (1940-1944). Statue. Parterre (2000).

GUERRE DE SEPT ANS (Mémorial de la). Victimes de la guerre de Sept Ans (17561763). Bustes de deux hommes émergeant de deux murs de pierre brisés et se soutenant mutuellement. Boulevard Langelier, à l’intérieur du cimetière de l’Hôpital général (2001).

GUYART, Marie, autrement appelée Marie de l’Incarnation (15991672). Religieuse et enseignante de Québec (1639-1672). Statue. Façade (1969).

JOHNSON, Daniel (1915-1968). Premier ministre du Québec (1966-1968). Buste. Édifice Marie-Guyart (1999).

IBERVILLE, Pierre Lemoyne d’ (1661-1706). Marin et soldat du roi (1686-1706). Fondateur de la Louisiane (1701). Statue. Façade (1923).

JOLLIET, Louis (1645-1700). Découvre le Mississipi avec le père Jacques Marquette (1673). Statue. Façade (1928).

LA FONTAINE, Louis-Hyppolyte (1807-1864). Premier ministre de la province Est [aujourd’hui le Québec] du Canada-Uni (1842-1843 ; 1848-1851). Statue. Façade (1921). Déplacée à Boucherville (1982). Ramenée à Québec. Parterre (2003).

LAVAL, François Montmorency, monseigneur de (1623-1708). Premier évêque de Québec (1674-1688). Statue. Façade (1969).

LA VÉRENDRYE, Pierre Gaultier de Varennes, sieur de (1685-1749). Explorateur de la partie ouest de l’Amérique du Nord jusqu’aux Montagnes Rocheuses (17311741). Statue. Façade (1922).

LEMAY, Pamphile (1837-1918). Écrivain. Premier directeur de la Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec (1867-1892). Buste. Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec (1980 ?).

LESAGE, Jean (1912-1980). Premier ministre du Québec (1960-1966). Statue. Parterre (2000).

LETELLIER DE SAINT-JUST, Luc (1820-1881). Lieutenant-gouverneur du Québec (1876-1879). Buste. Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec (2006).

LÉVESQUE, René (1922-1987). Premier ministre du Québec (1976-1985). Statue. Parterre (1999).

LÉVIS, François-Gaston de (1719-1787). Général français. Vainqueur de l’armée britannique à la bataille de Sainte-Foy (1760). Statue. Façade (1895).

MAISONNEUVE, Paul Chomedey, sieur de (1612-1676). Fondateur de VilleMarie [aujourd’hui Montréal] (1642). Statue. Façade (1969).

MARQUETTE, Jacques (1637-1675). Participe à la découverte du Mississipi avec Louis Jolliet (1673). Statue. Façade (1921).

MERCIER, Honoré (1840-1894). Premier ministre du Québec (1887-1891). Statue. Parterre (1912).

MONTCALM, Louis-Joseph, marquis de (1712-1759). Général français. Commandant de l’armée en Nouvelle-France (1756-1759). Mort à la bataille des plaines d’Abraham (1759). Statue. Façade (1894).

OLIER, Jean-Jacques (1608-1657). Participe à la fondation de Montréal (1642). Statue. Façade (1969).

PAPINEAU, Louis-Joseph (1786-1871). Chef du Parti patriote. Président de l’Assemblée législative du Bas-Canada (1825-1838). Statue. Parterre (2002).

PÊCHEUR AMÉRINDIEN. En hommage aux nations amérindiennes. Statue. Parterre (1891).

SALABERRY, Charles-Michel d’Irumberry de (1778-1829). Commandant de la troupe des Voltigeurs canadiens, au service de l’armée britannique. Vainqueur de l’armée américaine à la bataille de la rivière Châteauguay (1813). Statue. Façade (1894).

TALON, Jean (1625-1694). Premier intendant de la Nouvelle-France (1665-1672). Statue. Façade (1916).

VIEL, Nicolas ( ?-1625). Missionnaire tué par des Amérindiens. Statue. Façade (1969).

WOLFE, James (1727-1759). Général britannique. Vainqueur de la bataille des plaines d’Abraham (1759). Statue. Façade (1894).

Annexe C
Personnages et groupes représentés dans les sculptures publiques liées à l’histoire du Québec et du Canada
Agglomération de Québec, Ville de Québec

ACADIENS (XVIIe-XXe siècles). Étoile posée sur un phare aux couleurs du drapeau acadien. Rues Prévost et De Claire-Fontaine (2002).

BAILLARGÉ. Famille d’artistes et d’artisans qui ont contribué pendant quatre générations à façonner le visage de Québec. Jean (1726-1805), François (17591830), Thomas (1791-1859), Charles-Philippe-François (1826-1906). Sculpture non figurative. Chaussée des Écossais, devant le Morrin College (2004).

BRAVES DE LA GUERRE DES BOERS. Soldats québécois morts durant cette guerre menée par la Grande-Bretagne en Afrique du Sud (1899-1902). Statue d’un soldat. Parc de l’Esplanade, rues Saint-Louis et d’Auteuil (1905).

CARTIER, George-Étienne (1814-1873). Député du Bas-Canada (1848). Participe à la création du Canada (1867). Statue. Parc Montmorency, dans la côte de la Montagne (1920).

CARTIER, Jacques (1494-v.1554). Prend possession du Canada au nom du roi de France (1534). Statue. Place Jacques-Cartier (1926).

CHAMPLAIN, Samuel de (v.1567-1635). Fondateur de Québec (1608). Statue. Terrasse Dufferin (1898).

CHAUVEAU, Pierre-Joseph-Olivier (1820-1890). Premier ministre de la Province de Québec (1867-1873). Buste. Avenue Chauveau (2005).

COMMUNAUTÉS RELIGIEUSES ENSEIGNANTES (XVIIe-XXe siècles). Main tenant une plume. Place des Tourangelles (1997).

COMPASSION (LA). Communautés religieuses qui ont œuvré dans les hôpitaux du Québec (XVIIe-XXe siècles). Statues représentant une religieuse et un religieux qui soutiennent un vieillard. Extrémité nord du boulevard Langelier, devant l’entrée de l’Hôpital général (2006).

CONFÉRENCES DE QUÉBEC. Conférences de W. Churchill et de F. Roosevelt tenues à Québec (1943-1944). Bustes. Rue Saint-Louis et côte de la Citadelle (1998).

DESJARDINS, Alphonse (1854-1920) et Dorimène (1858-1932). Couple fondateur des caisses populaires Desjardins (1900). Statues. Promenade Desjardins (2008).

DUGUA DE MONS, Pierre (1558-1628). Lieutenant-général d’Henri IV pour la Nouvelle-France. Fait de Champlain son lieutenant et rend possible la fondation de Québec en 1608. Buste. Terrasse Pierre-Dugua-de-Mons (2007).

DUROCHER, Flavien (1800-1876). Premier curé de Saint-Sauveur (1867-1876) à Québec. Statue. Place Durocher (1912).

EMBARQUEMENT (L’). Fondation la ville de Québec (1608). Barque. Marché du Vieux-Port (2008)

ENVOL (L’). Frères éducateurs (XVIIe-XXe siècles). Visage et flamme. Rues PierreOlivierChauveau et Sainte-Anne (2000).

FOI (LA). Arrivée des premiers missionnaires Récollets (1615). Statue d’une femme qui symbolise la Foi. Place d’Armes (1916).

GAGNON, Clarence (1881-1942). Peintre. Buste. Rues du Marché-Champlain et Dalhousie (2002)

GAULLE, Charles de (1890-1970). Président de la République française (1958-1969). Établissement de liens fructueux entre la France et le Québec. Statue. Cours du GénéraldeMontcalm (1997).

HÉBERT, Louis (1575-1627). Premier colon de Québec (1617). Accompagné de Marie Rollet, son épouse, et de Guillaume Couillard, son gendre. Statues. Parc de l’HôteldeVille (1918). Monument déplacé au parc Montmorency (1977).

KRIEGHOFF, Cornélius (1815-1872). Peintre. Buste. Grande Allée (2001).

LAURIER, sir Wilfrid (1841-1919). Premier ministre du Canada (1896-1911). Statue. Boulevard Langelier (1954).

LAVAL, monseigneur François Montmorency de (1623-1708). Premier évêque de Québec (1674-1688). Statue. Côte de la Montagne (1908).

LÉGARÉ, Joseph (1795-1855). Peintre. Buste. Côte de la Fabrique (2001).

LEMELIN, Roger (1919-1992). Écrivain. Buste. Rue Christophe-Colomb (1994).

LEMIEUX, Jean-Paul (1904-1990). Peintre. Buste. Côte de la Montagne (1999).

LOUIS XIV (1638-1715). Roi de France (1643-1715). Ses politiques ont permis l’expansion de la Nouvelle-France. Buste. Place Royale (1931).

MONTCALM, Louis-Joseph, marquis de (1712-1759). Général français. Commandant de l’armée en Nouvelle-France (1756-1759). Mort à la bataille des plaines d’Abraham (1759). Statue. Cours du Général-de-Montcalm (1911).

MUSES. Fondation de la ville de Québec (1608). Statues. Place d’Youville (1983).

NELLIGAN, Émile (1879-1941). Poète. Buste. Rue d’Auteuil (2004).

PELLAN, Alfred (1906-1988). Peintre. Buste. Jardin de Saint-Roch (1999).

PERRAULT, Joseph-François (1753-1844). Député du Bas-Canada (1796-1804 ; 18081810). Buste. Chemin Sainte-Foy (1961).

POMPIERS DE QUÉBEC MORTS EN SERVICE (XIXe-XXe siècles). Bustes d’un pompier et de deux enfants. Boulevard Henri-Bourassa et 18e Rue (2005).

QUÉBEC, PRINTEMPS 1918. Citoyens et citoyennes opposés à la conscription décidée par le gouvernement canadien. Fleur. Rues SaintVallier, Saint-Joseph et Bagot (1998).

RICHARD, René (1895-1982). Peintre. Buste. Jardin de Saint-Roch (1998).

TASCHEREAU, monseigneur Elzéar-Alexandre (1820-1898). Premier cardinal canadien (1886). Statue. Place de la Basilique (1923).

WALKER, Horatio (1858-1938). Peintre. Buste. Jardin de Saint-Roch (2004).