Du bon usage de la rhétorique

Alex GagnonLes Déchirures. Essais sur le Québec contemporainDel Busso Éditeur, 2023, 351 pages L’essai d’Alex Gagnon (AG, par la suite) se présente comme une analyse des

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Les coulisses d’un discours

Église Notre-Dame, 10 septembre 1910 «You’ll see a man in front of the King-Edward dock. He will be dressed simply: black pants and a black jacket. He will be singing À la claire fontaine. You’ll give him the money. Eight o’clock precisely. Don’t make him wait !» lui dit le majordome. Il lui parlait toujours anglais, même si leur langue maternelle à tous deux était le français. Avant de partir, il put apercevoir lord Nelson faire les cent pas dans le salon; il avait un petit sourire nerveux. À partir de quelques bribes de conversation qu’il avait entendues, il avait compris qu’il attendait quelque chose, quelque chose d’important. Il était à l’emploi de lord Nelson depuis deux ans déjà, mais ce dernier ne lui avait jamais parlé. Il ne parlait qu’au majordome. De ce qu’il pouvait en déduire, lord Nelson imaginait un plan général et laissait son majordome se débrouiller seul avec les détails, détails dans lesquels il y avait parfois un peu de boue, un peu de saleté. Il y avait bien des ministres, des avocats, des hommes d’affaires qui visitaient lord Nelson. Beaucoup de conversations se déroulaient au vu et au su de tous et même parfois avec une bruyante ostentation. Toutefois, certaines conversations demeuraient en coulisses.Officiellement, il était jardinier, mais officieusement il était un homme à tout faire. Il avait un physique de lutteur et n’avait pas peur de s’occuper de certaines besognes dont le majordome lui parlait discrètement, à demi-mot. C’étaient elles, il le devinait, à qui il devait son salaire […]

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La formation professionnelle au secondaire : un trou béant dans les clauses scolaires de la loi 101

Le diplôme d’études professionnelles (DEP) est une sanction attestant que l’élève a complété, au niveau secondaire, un programme d’études professionnelles menant à un métier ou une profession. La formation professionnelle est intégrée dans l’offre des «centres de services scolaires».Étrangement, les clauses scolaires actuelles de la Charte de la langue française ne s’appliquent ni à la formation professionnelle (FP) ni à la formation aux adultes. La Charte se borne essentiellement à indiquer que «l’enseignement se donne en français dans les classes maternelles, dans les écoles primaires et secondaires sous réserve des exceptions prévues à la présente section». Une commission scolaire francophone peut donc donner de la formation professionnelle en anglais, puisque ce type de service éducatif n’est pas attaché de manière spécifique, dans la Charte de la langue française ou dans la Loi sur l’instruction publique, à la vocation linguistique d’un centre de service scolaire. Et un centre de service anglophone peut admettre tous les adultes, sans suivre les critères d’admissibilité appliqués aux enfants. Ces cours sont «ouverts à tous, indépendamment de la langue d’instruction des parents» comme le publicise la «Table interordres provinciale du secteur anglophone». Les clauses scolaires de la loi 101 ne sont donc pas rattachées à l’obtention du diplôme d’études secondaires (le DES), mais, indirectement, via la Loi sur l’instruction publique (LIP), à l’âge de la «majorité» de l’élève, âge qui est fixé à 16 ans par la LIP. Quelles sont les conséquences de fixer ainsi l’âge de la «majorité» à seize ans dans la LIP? Des données ont été obtenues sur la langue […]

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L’écriture est un système de représentation de la pensée

L’écriture est-elle une «technologie de transcription des sons», comme vient de l’affirmer le chroniqueur Jean-Benoît Nadeau (JBN) dans un article intitulé «L’écriture est une technologie», récemment paru dans le magazine L’Actualité (10 août 2023)? D’emblée, je dois le contredire, car il s’agit d’une désinformation nuisible à l’entendement de l’opinion publique. Je passe outre son emploi du terme «technologie», dont le sens moderne ne s’applique pas à l’écriture, à moins de croire qu’un crayon et une feuille de papier n’ont pour unique usage que de respecter les règles de grammaire. Le propre de l’écriture est d’être une activité mentale (ou un art) qui relève d’une habileté individuelle apprise à l’école. Ce n’est pas une technologie de transcription, fût-elle «algorithmique». Rigoureusement parlant, la transcription des sons de n’importe quelle langue s’accomplit au moyen d’une norme scientifique qu’on désigne par le sigle A.P.I., pour Alphabet Phonétique International. La transcription des 36 sons standards du français s’accomplit avec exactement 36 symboles graphiques. L’écriture n’est donc pas une activité qui consiste à savoir appliquer la formule 36/36 de l’A.P.I. Le code orthographique du français, quant à lui, est consigné dans divers manuels. Il est donc un artéfact culturel dont la complexité s’est construite au cours de l’histoire de la France grâce à la contribution de ses auteurs, imprimeurs, traducteurs, clercs d’officine et de certaines institutions comme l’Académie française, les prix littéraires et l’école républicaine. Cet artéfact tient lieu de patrimoine culturel de la francophonie actuelle. L’invention de l’écriture remonte aux premiers âges de la civilisation, et non seulement au XVe siècle européen. Or les […]

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Le wokisme ou la fin des nations

Le wokisme marque-t-il la fin des identités nationales? La sociologue française Nathalie Heinich soulève indirectement la question dans son essai percutant Le wokisme serait-il un totalitarisme? (Albin Michel, 2023, 180 p.). À tout ce qui a déjà été dit sur le caractère régressif du wokisme, elle pousse l’analyse plus loin en voyant dans l’identitarisme propre à ce mode de pensée une régression de la «solidarité organique» à la «solidarité mécanique». Ces deux concepts, qu’elle emprunte au sociologue Émile Durkheim (De la division du travail social, 1893) sont toutefois insuffisamment explicités dans son volume et l’idée mérite qu’on s’y attarde plus longuement. Dans ce qui est considéré comme son œuvre maitresse produite au tournant du XXe siècle, Durkheim cherche à comprendre ce qui, dans les sociétés traditionnelles, unit les individus entre eux afin que la société puisse prendre forme, et ce qui maintient ces liens dans les sociétés industrielles alors en plein développement. Ce qu’il nomme « solidarité mécanique » (au sens d’automatique ou indépendante du désir de l’individu), est le lien social caractéristique des sociétés tribales traditionnelles ou préindustrielles. Dans ces sociétés, le travail n’est pas spécialisé (outre les rôles traditionnels masculins et féminins) et il y a peu de différences entre le travail assumé par chaque membre du groupe. L’identité et l’appartenance sociales sont formées de liens de proximité tels la famille ou le clan. Ce sont des liens de similitude naturelle ou de filiation. La cohésion sociale est ici très forte du fait que les membres de ces sociétés partagent les mêmes valeurs et […]

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Le RIN sous la loupe de la GRC

Tous les États pleinement constitués disposent d’un service de renseignement qui comprend deux champs d’activités: les renseignements extérieurs qui soutiennent les activités diplomatiques, militaires et économiques sur la scène internationale, et les renseignements intérieurs, qui visent à préserver l’ordre établi en surveillant les organisations qui représentent un risque pour la sécurité nationale. Le gouvernement canadien ne fait pas exception à la règle et s’est doté d’un service de renseignement au milieu de XIXe siècle pour surveiller les indépendantistes irlandais exilés aux États-Unis (les fenians) qui voulaient s’emparer du Canada afin de l’échanger contre l’indépendance de l’Irlande. Mais le Canada en raison de sa position géopolitique n’a pas eu besoin de développer un service d’espionnage à l’étranger, laissant cette tâche à son puissant voisin. Il s’est surtout concentré sur les menaces internes à sa sécurité. Après le cas des Irlandais, le service de renseignement canadien a été utilisé pour combattre la révolte des Métis dans l’Ouest canadien. Le 30 août 1873, le gouvernement canadien créait officiellement un corps de policiers appelé Police à cheval du Nord-Ouest pour faire régner l’ordre dans l’Ouest canadien. Les activités de surveillance sont épisodiques et peu institutionnalisées jusqu’à la Première Guerre mondiale. Le gouvernement canadien craint alors le sabotage des chemins de fer par des agents allemands et engage une agence privée Pinkerton pour découvrir d’éventuels saboteurs. Le service de renseignement canadien trouvera sa véritable raison d’être avec le succès de la révolution bolchevique et aura pour mission de surveiller les mouvements politiques radicaux. La Gendarmerie royale du Canada créée en 1918 […]

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