Été 2014 - Oikophobie et déportation de soi
C’est Antoine Robitaille qui a lancé le mot dans le paysage médiatique dans un éditorial paru le 15 mai dans Le Devoir. Il cite le concept utilisé par Alain Finkielkraut dans L’identité malheureuse – concept que lui-même emprunte au philosophe anglais Roger Scruton – pour s’interroger sur la décision de l’ineffable ministre Bolduc d’annuler l’appel d’offres pour la création de chaires de recherche en matière de langue et d’identité au nom des « vraies affaires ».
L’oikophobie, c’est la « haine de la maison natale » ou si l’on veut, le rejet de l’héritage, le mépris de tout ce qui peut rappeler que notre présent ne s’auto-engendre pas, qu’il n’est fait, somme toute, que des bilans des générations antérieures, bilans repris, bilans rejetés ou ignorés selon divers « procès de mémoire » qui font la trame de la vie culturelle et témoignent de la volonté ou de l’incapacité de transmettre, c’est-à-dire de se projeter. Robitaille se demande si le nouveau ministre ne se fait pas l’agent actif de cette espèce de consentement à s’effacer qui se manifeste dans ses décisions de rejeter le projet de cours d’histoire au cégep, de reporter la révision du cours d’histoire au secondaire et de lancer à bride abattue l’enseignement de l’anglais intensif en sixième année du primaire.