Mémorial des victimes de la Loi des mesures de guerre d’octobre 1970
Maison Ludger-Duvernay, 82 rue Sherbrooke Ouest à Montréal
Le Mémorial des victimes de la Loi des mesures de guerre d’octobre 1970, d’abord érigé en 2010, comptait à l’origine plus de 300 noms de personnes emprisonnées. Il a été agrandi cette année pour en ajouter près d’une centaine à sa haute colonne d’acier. Les noms d’une cinquantaine d’autres victimes sont toujours gardés secrets par Ottawa
L’inauguration de cette mise à jour monumentale a été réalisée grâce à l’appui de Pierre Karl Péladeau et de la Société Saint-Jean Baptiste de Montréal (ici représentée par sa présidente Marie-Anne Alepin) sous la coordination du président de la Ligue d’action nationale, Christian Gagnon, ingénieur.
Discours de Robert Laplante 16 octobre 2021
Nous voilà réunis pour témoigner. Pas pour nous lamenter.
Justin Trudeau ne viendra pas. Il ne pleurera pas. Et nous lui sommes d’ores et déjà reconnaissants de ne pas nous donner son pitoyable spectacle de contrition d’opérette.
Nous ne sommes pas ici pour quémander.
Ce monument n’est pas un rappel des bienfaits de la pleurnicherie, c’est un coin planté dans l’hypocrisie du régime.
Le Canada n’est pas notre pays. Nous y sommes tolérés, sans plus. Et jamais il n’hésite à fixer lui-même les frontières de sa tolérance.
C’est ce que Trudeau père a fait en octobre 70. Il a exercé le droit de conquête. Il a signifié par la force et l’intimidation qu’il se moquait de l’État de droit dès lors que bon lui semblait de nous rappeler que le Canada dispose toujours d’une force d’occupation.
Les hommes et les femmes dont les noms figurent sur ce monument ont payé de leur personne le fait d’être associé par l’État voyou à un certain Québec que les forces de l’ordre se plaisaient à peindre sous les traits de la barbarie.
Les hommes et les femmes ici mentionnés ont payé cher en subissant l’arbitraire de l’occupant qui ne leur reprochait, somme toute, que d’être associés à l’affirmation du nom de leur peuple.
Le Canada ne les aura accusés de rien. Il se sera contenté de les intimider, de chercher à en faire des exemples pour semer la peur. Mais surtout il les aura utilisés pour fabriquer une idée du Québec. Il aura réaffirmé que c’est lui qui décide ce que sont nos droits. Que c’est sa vertu qui prime.
Ce monument vient redire que ce pays n’est pas le nôtre, que les règles de droit dans lesquels il se drape sont de la pure supercherie.
Octobre 70 aura préfiguré le coup de force constitutionnel. Il aura mis en place tout ce qu’il fallait pour imposer une constitution illégitime et une Charte des droits qui donne à Ottawa tous les moyens pour tenir en laisse notre Assemblée nationale.
Nous ne sommes pas maîtres dans notre maison. Les personnes dont ce monument honore la mémoire n’auront eu que le tort d’exister pour servir de symbole. C’est cela, au fond, que le Canada des mesures de guerre leur aura reproché.
Nous savons que le redressement des injustices qu’on leur a fait subir ne dépendra que de nous-mêmes. Seule l’émancipation soulagera l’outrage. Nous n’avons rien à faire de la condescendance et de l’hypocrisie d’Ottawa.
Ce monument est un appel à la liberté. Nous ne serons à l’abri de la fourberie canadian et de ses coups de force que le jour où nous deviendrons indépendants.
Cela viendra en son temps. Nous savons avec Gaston Miron que « cela ne pourra pas toujours ne pas arriver ».