La chute de la maison UQAM

2023mars2501,0 Introduction

La Commission royale d’enquête sur l’enseignement dans la province de Québec, aussi appelée la commission Parent (« Commission ») prévoyait, dans le deuxième volume de son rapport publié en 1964, que les effectifs universitaires dans les universités de langue française augmenteraient grandement au cours des vingt années suivantes :« Ce sont surtout les universités de langue française qui feront face à une augmentation considérable de population […] les études démographiques effectuées pour notre Commission ont prévu que le nombre d’élèves catholiques du cours secondaire passera de quelque 238 900 en 1960-1961 à 411 000 en 1966-1967 et à 598 300 en 1971-1972. La même poussée se fera sentir dans les universités, dans des proportions plus fortes encore1 ».

La Commission projetait une explosion de la fréquentation universitaire dans les universités de langue française, explosion due principalement à la poussée démographique, mais résultant également de l’élévation du niveau de scolarisation moyen des générations montantes : « Alors qu’en 1960-61, la proportion des garçons2 de langue française de 18 à 21 ans inscrits à l’université était inférieure à 10 %, nous prévoyons qu’elle augmentera très rapidement, comme elle a commencé à le faire, pour toucher son taux maximum de 17 % vers 1970. Le résultat en est que, dans les universités de langue française, le nombre d’étudiants aura presque triplé en moins de dix ans (de 1960 à 1968), quintuplé en quinze ans (de 1960 à 1976), et plus que sextuplé en vingt ans (de 1960 à 1981)3 ».

Pour mettre cela en contexte, rappelons qu’en 1960, la fréquentation des universités françaises et des universités anglaises au Québec était à quasi-égalité, chacune accueillant 11 439 et 11 313 inscrits, respectivement4. Le taux de fréquentation universitaire des anglophones, pour les garçons, était supérieur d’un facteur cinq à celui des francophones alors que ce facteur atteignait un ratio de quarante-deux (!) chez les filles5. À l’époque, 81,2 % de la population du Québec était pourtant de langue maternelle française, les anglophones ne constituant que 13,3 % du total6.

Pour accommoder ces nouvelles cohortes, la Commission recommandait donc qu’une « nouvelle université de langue française soit immédiatement créée à Montréal » ; cependant, cette université devrait être à charte dite « limitée7 », c’est-à-dire qu’elle serait dotée « du pouvoir de décerner le premier diplôme universitaire, mais celui-là seulement8 ». La fondation de nouvelles universités « complètes », offrant tous les cycles universitaires, était exclue d’emblée par la Commission9.

Afin de comprendre pourquoi il importe de savoir que l’association des professeurs de l’Université de Montréal s’était opposée à la création d’une nouvelle université de langue française à Montréal lorsqu’un tel projet avait été évoqué pour la première fois en 1960, celle-ci écrivait : qu’« un peuple qui possède déjà trois universités françaises, une quatrième, bilingue (l’université d’Ottawa), à 100 milles de sa métropole, qui possède plus de 90 collèges classiques, a-t-il besoin d’une nouvelle institution universitaire émargeant au budget d’un gouvernement qui doit aussi subventionner trois universités de langue anglaise10 ? ». La « nécessité » pour le gouvernement du Québec de financer trois universités anglaises était présentée, non sans raison, comme une contrainte budgétaire restreignant l’essor du système universitaire de langue française. Sans qu’il soit envisagé, comme cela se faisait pourtant en Belgique à la même époque, de simplement franciser une de ces universités de langue anglaise afin de répondre aux besoins d’une population de langue française beaucoup plus nombreuse que celle de langue anglaise11.

La Commission faisait également état d’une demande de création d’une université de langue anglaise émanant du Loyola College. Elle estimait qu’il « est indéniable qu’on trouve à Loyola College le noyau nécessaire à la fondation d’une université à charte limitée12 ». Symétriquement, selon la Commission, une nouvelle université de langue anglaise à charte limitée également devait donc être créée « comme nous le proposons du côté français13 ». La création d’une nouvelle université de langue française à Montréal et d’une nouvelle université de langue anglaise constitue les recommandations 125 et 126 du tome II du rapport Parent14.

Par suite de ces recommandations, l’Université du Québec à Montréal (UQAM) fut fondée au centre-ville de Montréal en 1969. Symétriquement, une université anglaise, Concordia, était aussi créée un peu plus à l’ouest en 1974. Alors que l’UQAM donnerait accès aux études universitaires aux classes populaires francophones, Concordia allait permettre d’augmenter encore plus l’accès aux études universitaires pour les anglophones.

La Commission plaidait « l’urgence » de donner accès aux études universitaires afin de justifier sa recommandation de limiter l’UQAM et Concordia aux programmes de premier cycle15. Si ces deux universités ne furent pas à « charte limitée » comme le recommandait la Commission16, c’est-à-dire que des diplômes de deuxième et troisième cycle furent bien offerts dès le départ, cependant, la prépondérance des programmes et des inscriptions fut tout de même accordée au premier cycle universitaire.

Et, surtout, ces deux universités se concentreraient sur des créneaux plus « légers », moins « lucratifs », que l’UdeM et McGill : lettres, pédagogie, sciences humaines, économie, droit, commerce et comptabilité17. L’UQAM et Concordia peuvent donc être chacune vues, comme étant le pendant « minore » d’une université « majore », soit l’Université de Montréal (UdeM) et McGill University, respectivement18.

L’UQAM et Concordia étaient aussi dénuées d’un atout maitre, soit d’une faculté de médecine. La médecine constituait, et constitue toujours aujourd’hui, une faculté « lourde » et lucrative, la recherche biomédicale constituant une source majeure d’entrée de fonds pour les universités et générant une grande activité de recherche19. L’opposition sourde de l’UdeM et de McGill explique sans doute la volonté de la commission Parent de recommander exclusivement la création d’universités à charte limitée à Montréal. Les facultés « lourdes », lucratives, resteraient l’apanage des universités majores. Cela a des conséquences structurantes majeures jusqu’à nos jours.

Deux observations sont de mise. Premièrement, toutes les prévisions de fréquentation universitaire de la Commission étaient basées sur des projections démographiques fondées sur la langue maternelle. Il était attendu que les francophones allaient fréquenter les universités françaises et que les anglophones allaient fréquenter les universités anglaises. Nul ne pouvait imaginer dans les années soixante, apparemment, que la tendance à la fréquentation de l’éducation supérieure allait se développer asymétriquement, avec un nombre et une proportion croissante de jeunes francophones s’inscrivant dans les cégeps et dans les universités anglaises, sans que le contraire ne soit vrai. Les prévisions de fréquentation de la Commission négligent également les allophones, qui constituent une proportion croissante de la population au Québec, et qui dépassent aujourd’hui en proportion la taille de la communauté anglophone. L’intégration des allophones aux études supérieures en anglais ou en français constitue une des questions clés qui déterminera l’avenir du Québec français.

Alors que le portrait démographique du Québec a radicalement changé depuis la commission Parent : fin du baby-boom et baisse de la natalité en dessous du seuil de remplacement des générations à partir du début des années soixante-dix, montée de l’immigration et de la proportion d’allophones dans la population du Québec, etc., qu’en est-il de la dynamique respective de ces deux universités aujourd’hui alors que le français recule comme jamais dans toute la grande région de Montréal20 ?

Le dynamisme d’une université peut se quantifier de diverses façons, par exemple à travers son attractivité pour les étudiants (ce qui se reflète dans les statistiques d’inscription), son taux de diplomation (qui englobe plusieurs facteurs, dont, par exemple, le niveau académique des étudiants à l’entrée), le montant des subventions de recherche obtenues par le corps professoral, etc. À l’aide de ces données, il est possible d’esquisser le portrait objectif du dynamisme d’une institution et de comparer deux institutions l’une par rapport à l’autre.

2,0 Effectifs globaux

Voyons d’abord la dynamique d’effectifs étudiants globale, c’est-à-dire les effectifs inscrits à l’université à tous les cycles. Ces effectifs incluent les trois catégories d’étudiants universitaires recensés par le ministère de l’Enseignement supérieur (MES) : les étudiants résidents du Québec, les étudiants canadiens non résidents et les étudiants internationaux21.

La figure 1 présente l’effectif global, temps plein et temps partiel, pour tous les cycles pour Concordia et l’UQAM sur la période 1995-2022.

Figure1

Figure 1 : Effectif global pour l’UQAM et Concordia sur la période 1995-2022

On constate à la figure 1 que l’effectif global de l’UQAM est passé de 38 800 étudiants en 1995 à 35 250 en 2022, soit un déclin de 3 550 étudiants ou 9,15 %. Sur la même période, l’effectif de Concordia est passé de 24 844 à 38 744, soit une augmentation de 13 900 étudiants ou 55,95 %.

On peut distinguer trois périodes distinctes sur le graphique 1 :

Rattrapage : de 1995 à 2014, il y a eu un rattrapage graduel de Concordia sur l’UQAM. Alors que l’UQAM avait 13 956 étudiants de plus que Concordia en 1995, la différence entre les deux en 2014 n’était plus que de 6 835 étudiants.

Déclin : À partir de 2014, l’effectif de l’UQAM entra en déclin rapide. La chute atteignit 18,2 % sur la période 2014-2022, soit 2,3 % de son effectif chaque année. Pendant ce temps, Concordia poursuivit sa montée de façon quasi constante jusqu’à 2020, sommet qui fut suivi d’une légère baisse de 2020 à 2022. Cette baisse de Concordia de 2020 à 2022 représente 868 étudiants, soit 2,2 % de l’effectif global. L’ampleur de cette baisse est similaire à celle de 1995-1997 et pourrait n’être qu’une fluctuation des effectifs résultant de la pandémie de COVID-19.

Déclassement : À partir de 2018, les effectifs à Concordia dépassèrent ceux de l’UQAM. La différence entre les deux universités, en faveur de Concordia, atteignit ٣ ٤٩٤ étudiants en ٢٠٢٢.

La figure 1 démontre donc qu’au cours des vingt-sept dernières années, Concordia a déclassé l’UQAM en termes d’effectif global.

2,1 Effectifs au premier cycle

L’effectif inscrit au premier cycle (pour tous les types de diplômes ; baccalauréats, certificats, etc.) fournit une idée de l’attractivité d’une université pour les étudiants entamant leur parcours universitaire.

La figure 2 présente l’effectif étudiant au premier cycle, temps plein et temps partiel, pour Concordia et l’UQAM sur la période 1995-2022.

Figure2

Figure 2 : Effectif au premier cycle pour Concordia et l’UQAM sur la période 1995-2022

À la figure 2, l’on peut voir que l’effectif au premier cycle à l’UQAM était de 34 621 étudiants en 1995 et de 26 509 en 2022, soit un déclin de 8 112 étudiants ou 23,4 % durant cette période.

Pour Concordia, l’effectif était de 21 418 étudiants en 1995 et de 29 860 en 2022, une augmentation de 8 442 étudiants ou 39,4 %. L’effectif au premier cycle de l’UQAM dépassait celui de Concordia de 13 203 étudiants en début de période en 1995, mais celui-ci était inférieur de 3 351 étudiants en fin de course en 2022. Il y a donc eu un renversement de place entre les deux institutions au premier cycle.

Depuis le sommet d’inscriptions atteint en 2014, l’UQAM a perdu 9 096 étudiants, soit 29,8 % de l’effectif au premier cycle, ce qui équivaut, la descente étant quasi linéaire, à une érosion de 1 137 étudiants au premier cycle chaque année depuis cette date.

La figure 2 montre qu’il y a également un déclin de l’effectif au premier cycle de 3 713 étudiants (ou 12,3 %) pour Concordia de 2020 à 2022. Est-ce là un reflet des perturbations liées à l’épidémie de COVID-19 qui aurait empêché la venue de nombre d’étudiants internationaux ?

Voyons maintenant ce qui en est pour l’effectif étudiant à temps plein seulement.

La figure 3 présente les effectifs à temps plein seulement au premier cycle pour Concordia et l’UQAM.

Figure3

Figure 3 : Effectif au premier cycle temps plein pour Concordia et l’UQAM sur la période 1995-2022

En 1995, l’effectif temps plein au premier cycle de l’UQAM était de 17 319 étudiants, soit 6 242 de plus (ou 35,9 %) que celui de Concordia qui était alors de 11 137 étudiants. En 2022, l’effectif temps plein au premier cycle de Concordia atteignait 20 096 étudiants, soit 3 601 étudiants de plus que celui de l’UQAM qui était alors de 16 495.

Depuis 2014, l’UQAM a perdu 5 418 étudiants à temps plein au premier cycle, soit 24,7 % de son effectif. En comparaison, de 2020 à 2022, Concordia a perdu 1 831 étudiants, soit 8,4 % de son effectif à temps plein au premier cycle.

On peut constater, à la figure 3, que Concordia a connu une augmentation très importante de l’effectif étudiant à temps plein entre 2001 et 2003, qui passa alors de 11 241 en 2000 à 16 611 en 2003, soit une augmentation de 5 370 étudiants ou 47,8 %.

Ces augmentations majeures de l’effectif étudiant à temps plein sont corrélées à des augmentations de la capacité d’accueil de l’université. Par exemple, à Concordia, le « Richard J. Renaud Science Complex » a ouvert ses portes en 2003 et le « Engineering, Computer Science and Visual Arts Integrated Complex » a été inauguré en 200522. La deuxième vague d’augmentation de l’effectif étudiant, entre 2007 et 2011, est liée à l’ouverture du « PERFORM Center », du « Center for Structural and Fonctional Genomics » en 2011 et du « John Molson Building » en 2009.

Les investissements en fonds d’immobilisation, de la part du gouvernement du Québec et du Canada, permettent de rehausser la capacité d’accueil d’une institution, ce qui lui permet en retour de recueillir plus d’argent des étudiants en frais d’inscription et de scolarité et plus de fonds du gouvernement du Québec en subventions par étudiant (pour les étudiants résidents du Québec et les étudiants canadiens non résidents). Ce qui enclenche ce qu’on pourrait nommer un « cercle vertueux » ; plus une université hausse ses inscriptions, plus, par un effet de mimétisme, elle devient « attractive », plus elle peut alors sélectionner les meilleurs étudiants, ceux qui sont les plus à même de terminer leurs études et d’obtenir des diplômes et, également, aux cycles supérieurs, de conduire des projets de recherche permettant à l’université de recueillir des subventions de recherche.

La figure 4 présente l’effectif inscrit au premier cycle à temps partiel à Concordia et l’UQAM sur la période 1995-2022.

Figure4

Figure 4 : Effectif au premier cycle à temps partiel pour Concordia et l’UQAM sur la période 1995-2022

L’effectif à temps partiel est en décroissance constante à l’UQAM de 1995 à 2022, passant de 17 242 en 1995 à 10 014 en 2022 (7 228 étudiants ou 41,9 %). En comparaison, l’effectif à temps partiel à Concordia est quasi constant au cours de la même période. À la fin de la période, l’effectif à temps partiel à l’UQAM est devenu quasi égal à celui de Concordia.

De l’effectif global perdu au premier cycle par l’UQAM sur la période 1995-2022 (8 112), la majeure partie (7 228) sont des étudiants à temps partiel et le reste (884) sont des étudiants à temps plein.

2,2 Effectifs au deuxième cycle

La figure 5 présente les données d’effectifs pour les étudiants à temps plein et temps partiel inscrits au deuxième cycle. Ces étudiants incluent tous ceux inscrits à des maitrises, des attestations ou certificats de deuxième cycle.

Figure5

Figure 5 : Effectif au premier cycle temps plein pour Concordia et l’UQAM sur la période 1995-2022

L’on peut remarquer à la figure 5 que le nombre d’inscrits au deuxième cycle à Concordia et à l’UQAM a connu une croissance assez similaire de 1995 à 2022 en passant, respectivement, de 2 954 et 3 233 en 1995 à 5 920 et 6 556 en 2022 dans chaque université, respectivement.

Malheureusement, les données du BCI ne fournissent pas la répartition des inscriptions des étudiants au deuxième cycle pour chaque catégorie de diplôme (maitrises avec mémoire, attestations, certificats, etc.). Il serait intéressant de connaitre, par exemple, la proportion d’étudiants inscrits à la maitrise avec mémoire dans chaque université afin de vérifier si, par exemple, la proportion d’étudiants inscrits à des attestations ou des diplômes courts de deuxième cycle que l’UQAM accueille correspond à celle de Concordia.

Une façon de jeter un certain éclairage, sans toutefois trancher cette question, consiste à calculer l’effectif à temps plein seulement, les étudiants à temps plein étant plus fréquemment inscrits à des diplômes exigeant des investissements de temps importants (comme des maitrises avec mémoire) que ceux inscrits à des certificats, qui sont plus souvent des étudiants à temps partiel.

La figure 6 présente les effectifs inscrits au deuxième cycle à temps plein pour Concordia et l’UQAM.

Figure6

Figure 6 : Effectif au deuxième cycle temps plein pour Concordia et l’UQAM sur la période 1995-2022

À la figure 6, l’on peut constater que, dès 1995, l’effectif temps plein à Concordia était de 1 808 étudiants, soit 570 étudiants de plus (46 %) que les 1 238 inscrits à l’UQAM. En 2022, l’effectif à Concordia était rendu à 5 353 et celui à l’UQAM était de 2 679, soit 2 674 de plus ou 99,8 % de plus.

On remarque à la figure 6 que la croissance du nombre d’étudiants à temps plein à Concordia est particulièrement marquée de 2016 à 2022, l’augmentation atteignant 1 480 étudiants en six ans seulement. En comparaison, durant ce temps, l’UQAM a perdu 130 étudiants.

En comparant les figures 5 et 6, l’on peut calculer que 60 % des étudiants, en moyenne, étaient inscrits à temps partiel au deuxième cycle à l’UQAM au cours de la période 1995-2022. Pour Concordia, cette proportion, qui était de 39 % en 1995, chutait à 9,6 % en 2022. Concordia a donc réussi à augmenter très substantiellement son nombre d’étudiants à temps plein au deuxième cycle au cours des années. Cela est bénéfique pour ce qui est des activités de recherche exercées par ces étudiants, ceux-ci pouvant s’y dédier à temps plein.

2,3 Effectifs au troisième cycle

La figure 7 présente les effectifs inscrits au troisième cycle, temps plein et temps partiel, pour Concordia et l’UQAM.

Figure7

Figure 7 : Effectif au troisième cycle temps plein et temps partiel pour Concordia et l’UQAM sur la période 1995-2022

On peut constater à la figure 7 qu’en 1995, l’effectif inscrit au troisième cycle à Concordia était de 472 étudiants et de 946 à l’UQAM, soit 100,4 % de plus en faveur de l’UQAM. En 2022, l’effectif à Concordia était rendu à 1 964 et celui à l’UQAM était de 2 095, donc légèrement supérieur à l’UQAM.

La figure 8 présente les effectifs inscrits au troisième cycle à temps plein seulement.

Figure8

Figure 8 : Effectif au troisième cycle temps plein pour Concordia et l’UQAM sur la période 1995-2022

On peut constater que, en 1995, l’effectif inscrit au troisième cycle à Concordia était de 414 étudiants et de 657 à l’UQAM, soit 58,7 % de plus en faveur de l’UQAM. En 2022, l’effectif à Concordia était rendu à 1 885 et celui à l’UQAM était de 1 842.

Le rattrapage effectué par Concordia au troisième cycle sur la période 1995-2022 est impressionnant. Ceci signifie que « l’intensité de recherche » de Concordia, soit le nombre de personnes impliquées à temps plein dans des activités de recherche dans cette université, a connu une amélioration substantielle depuis 1995.

3,0 Diplomation

Si la dynamique des effectifs étudiants nous renseigne sur l’attractivité des universités, leur capacité à recruter des étudiants, les effectifs ne nous informent guère du nombre de diplômes effectivement remis. Un étudiant peut fort bien s’inscrire à l’université et ne jamais obtenir une sanction d’études.

Ainsi, si les effectifs expriment une certaine attractivité de l’université en « amont », la diplomation peut être vue comme l’expression d’une forme de dynamisme en « aval », les diplômés d’une institution formant dans la société, dans le monde du travail, un réseau d’influence et de réseautage. Le nombre de diplômés d’une institution est donc un facteur important pour son rayonnement et son « poids » dans la société. Voyons donc maintenant la dynamique de diplomation23.

3,1 Diplômes remis au premier cycle

La figure 9 présente le nombre de baccalauréats remis annuellement par Concordia et l’UQAM au cours de la période 1995-2021.

Figure9

Figure 9 : Nombre de baccalauréats remis par Concordia et l’UQAM sur la période 1995-2021

On peut constater à la figure 9 qu’en 1995, l’UQAM remettait 4 567 baccalauréats annuellement tandis que Concordia en accordait 3 303, soit 1 264 ou 27,7 % de moins. En 2021, l’UQAM remettait 5 556 baccalauréats, soit 989 de plus qu’en 1995 (ou 21,7 %) et, la même année, Concordia en remettait 6 083, soit 2 780 de plus qu’en 1995 (ou 84,2 %). En 2021, Concordia a remis 9,5 % de plus de diplômes de baccalauréats que l’UQAM.

En vingt-six ans, Concordia a grandement augmenté le nombre de baccalauréats qu’elle remet et déclasse l’UQAM depuis 2008 (excepté en 2017). Ces données sont cohérentes avec celles de la figure 2 qui montrent un renversement de la fréquentation au premier cycle en faveur de Concordia au cours de la période 1995-2022.

La figure 10 présente le nombre de certificats (diplômes courts de premier cycle) remis annuellement par Concordia et l’UQAM24.

Figure10

Figure 10 : Nombre de certificats remis par Concordia et l’UQAM sur la période 2001-2021

Le décalage entre le nombre de certificats de premier cycle remis annuellement par l’UQAM et Concordia est tout à fait saisissant ; alors que l’UQAM en remettait 3 132 en 2001, Concordia en accordait seulement 67, soit 47 fois moins. En termes de certificats, la diplomation est en hausse au cours de la période 2001-2021 à l’UQAM, passant de 3 132 à 4366 et est stable à Concordia étant de 67 en 2001 et 59 en 2021.

3,2 Diplômes remis au deuxième cycle

La figure 11 présente le nombre de diplômes de maitrises remis annuellement au cours de la période 1995-2021.

Figure11

Figure 11 : Nombre de maitrises décernées par Concordia et l’UQAM sur la période 1995-2021

En 1995, Concordia remettait 485 diplômes de maitrise et l’UQAM 629 diplômes, soit 144 de plus ou 29,7 %. En 2021, il y avait eu un important renversement de tendance alors que Concordia en remettait 2 135 et l’UQAM 1 653, soit 482 de moins ou 22,6 %. À la maitrise, Concordia domine la diplomation depuis 2017.

3,3 Diplômes remis au troisième cycle

La figure 12 présente le nombre de doctorats décernés annuellement par Concordia et l’UQAM au cours de la période 1995-2021.

Figure12

Figure 12 : Nombre de doctorats décernés par Concordia et l’UQAM sur la période 1995-2021

Le nombre de doctorats remis annuellement est en croissance à Concordia comme à l’UQAM, passant de 66 et 56, en 1995, à 215 à 260, respectivement, en 2021. Au cours de cette période, cependant, l’UQAM remet généralement plus de doctorats que Concordia25.

4,0 Effectifs étudiants : résidents du Québec, internationaux et Canadiens non résidents

Le ministère de l’Enseignement supérieur compile les données de fréquentation universitaire en fonction des trois statuts d’étudiants au Québec, chaque statut offrant l’accès à une tarification spécifique des crédits universitaires. Pour l’année 2022-2023, par exemple, les étudiants résidents du Québec paient 93,23 $ par crédit tandis que les étudiants canadiens non résidents déboursent 291,0 $ par crédit26.

En ce qui concerne les étudiants internationaux, la grille de tarification est complexe et varie selon le cycle, les programmes et la nationalité. Les étudiants internationaux inscrits au deuxième et troisième cycle dans un programme de grade avec recherche paient 588,88 $ au deuxième cycle (soit 17 666 $ pour 30 crédits) et 529,46 $ au troisième cycle (soit 15 884 $ pour 30 crédits)27. Quant aux étudiants de premier ou deuxième cycle inscrits dans des programmes non liés à la recherche, les frais de scolarité ont été totalement dérèglementés en 2019. Ce qui signifie que les universités peuvent maintenant facturer le montant qu’elles désirent. Ces étudiants constituent une importante source d’entrée de fonds pour les universités, ce qui a enclenché une véritable course aux étudiants internationaux dans les universités québécoises. Ceci a modifié profondément la mission des universités ; alors qu’elles étaient tournées vers « l’interne » auparavant, c’est-à-dire qu’elles étaient au service, surtout, des Québécois et Canadiens, les universités s’orientent maintenant de plus en plus vers « l’externe », c’est-à-dire qu’elles se mettent de plus en plus au service des étudiants internationaux. En témoigne, par exemple, la multiplication des programmes en anglais dans les universités de langue française28.

Cependant, en vertu d’ententes administratives, les Français et les Belges francophones bénéficient d’exemptions aux frais mentionnés plus haut et paient les frais des étudiants résidents du Québec ou bien des étudiants canadiens non résidents (au premier cycle seulement, s’ils ne remplissent pas une des conditions d’exemption)29. Et ceci tient, même si ces derniers choisissent de venir étudier en anglais au Québec.

4,1 Résidents du Québec

La figure 13 présente l’effectif (pour tous les cycles) pour les étudiants résidents du Québec pour Concordia et l’UQAM pour la période 2001-202130.

Figure13

Figure 13 : Effectifs étudiants résidents du Québec inscrits aux trois cycles, Concordia et UQAM, 2001-2021

En 2001, il y avait 22 306 étudiants résidents du Québec à Concordia et 34 000 à l’UQAM, soit 11 694 ou 52,4 % de plus à l’UQAM. En 2021, il y avait 27 626 étudiants à Concordia et 31 524 à l’UQAM.

En vingt ans, Concordia a augmenté ses effectifs étudiants résidents du Québec de 5 320 tandis que l’UQAM en a perdu 2 476. Il y avait toujours plus d’étudiants résidents du Québec inscrits à l’UQAM qu’à Concordia en 2021, cependant, le déclin étant majeur à l’UQAM depuis 2014, il est possible, si celui-ci se poursuit, que l’effectif étudiant résident du Québec de Concordia dépasse celui de l’UQAM d’ici peu (en 2025 ou 2026 environ si la tendance se maintient).

4,1,1 Résidents du Québec inscrits au premier cycle

Voyons ce qui en est pour les étudiants résidents du Québec inscrits au premier cycle. La figure 14 présente le nombre d’étudiants résidents du Québec, temps plein et temps partiel, inscrit au premier cycle.

Figure14

Figure 14 : Effectifs étudiants résidents du Québec inscrits au premier cycle, temps plein et temps partiel, Concordia et UQAM, 2001-2021

En 2001, il y avait 19 272 étudiants résidents du Québec inscrits à Concordia et 29 472 à l’UQAM, soit 10 200 de plus. Mais en bout de course, en 2021, il y avait 24 922 résidents au Québec inscrits à Concordia et 24 778 inscrits à l’UQAM. En vingt ans, Concordia a augmenté son effectif de 5 650 étudiants et l’UQAM a réduit le sien de 4 694.

La dynamique en action au premier cycle est particulièrement intéressante : alors que Concordia a fait des gains de façon quasi ininterrompue depuis 20 ans, l’effectif de l’UQAM stagne, évolue en dents de scie, et chute de façon marquée après 2014 au point où, en 2021, l’effectif de Concordia, en termes d’étudiants résidents du Québec au premier cycle, a dépassé pour la première fois celui de l’UQAM.

Il est intéressant de comparer l’effectif des étudiants résidents du Québec au premier cycle pour les étudiants à temps plein seulement. C’est ce que présente la figure 15.

Figure15

Figure 15 : Effectifs étudiants résidents du Québec inscrits au premier cycle, temps plein, Concordia et UQAM, 2001-2021

Alors qu’en début de course, en 2001, l’UQAM dépassait Concordia en termes d’effectifs (15 103 vs 11 979, soit 3 124 ou 26,1 % de plus), la situation s’était renversée en 2021 ; Concordia avait alors 16 562 étudiants et l’UQAM 14 463, un gain de 4 583 (ou 38 %) relativement à 1995 pour Concordia et, une perte de 640 pour l’UQAM (ou 4 %), respectivement. Pour ce qui est des étudiants à temps plein, Concordia domine l’UQAM depuis 2018.

4,1,2 Résidents du Québec inscrits au deuxième cycle

La figure 16 présente l’effectif étudiant résident du Québec inscrit au deuxième cycle.

Figure16

Figure 16 : Effectifs étudiants résidents du Québec inscrits au deuxième cycle, temps plein, Concordia et UQAM, 2001-2021

La dynamique au deuxième cycle tranche avec celle présente au premier cycle ; au deuxième cycle, l’UQAM a augmenté son effectif sur la période 2001-2021, passant de 3 629 étudiants en 2001 à 5 250 étudiants en 2021 (1 621). Au cours de la même période, Concordia est passé de 2 756 à 2 186 étudiants, soit une perte de 570 étudiants résidents du Québec.

Il serait étonnant, cependant, que la chute du nombre d’étudiants résidents au Québec observable à l’UQAM depuis 2014 ne se répercute pas éventuellement aux cycles supérieurs.

4,1,3 Résidents du Québec inscrits au troisième cycle

La figure 17 présente les données d’inscription pour le troisième cycle.

Figure17

Figure 17 : Effectifs étudiants résidents du Québec inscrits au troisième cycle, temps plein et temps partiel, Concordia et UQAM, 2001-2021

Au troisième cycle, l’UQAM accueillait 899 et 1 496 étudiants en 2001 et 2021, respectivement, soit une augmentation de 597 ou 66,4 % en vingt ans. Il y avait 278 étudiants inscrits au doctorat en 2001 à Concordia et 518 en 2021, soit une augmentation de 240 ou 88,3 %.

En vingt ans, l’UQAM a donc accru son avance sur Concordia pour ce qui est des inscriptions au deuxième et troisième cycle en ce qui concerne les résidents du Québec. Les données ne permettent pas de savoir quelle proportion de ces étudiants est inscrite à des programmes de doctorat avec thèse ou à d’autres diplômes plus courts. Aux figures 11 et 12, cependant, l’on peut constater que Concordia remet plus de maitrises et de doctorats annuellement que l’UQAM, ce qui laisse supposer qu’il y a une nette prépondérance d’étudiants inscrits à des diplômes courts (et non des diplômes de grades) à l’UQAM. Il faudrait disposer des données pour connaitre les taux d’abandon des études dans les deux universités et, surtout, les filières d’inscription respectives afin de pouvoir brosser un portrait plus exact de la situation.

4,2 Canadiens non résidents

La figure 18 présente les effectifs pour les Canadiens non résidents pour l’ensemble des trois cycles. Les données ne sont pas fournies pour chaque cycle indépendamment étant donné que la tendance est similaire pour chaque cycle31.

Figure18b

Figure 18 : Effectifs étudiants canadiens non-résidents du Québec inscrits aux trois cycles, temps plein et temps partiel, Concordia et UQAM, 2001-2021

On peut constater que le nombre d’étudiants canadiens non résidents à Concordia et à l’UQAM est relativement constant au cours de la période 2001-2021. Ce qui est remarquable, c’est le ratio entre le nombre d’étudiants à Concordia et à l’UQAM ; en 2021, il y avait 21 fois plus d’étudiants canadiens non résidents à Concordia qu’à l’UQAM (3 269 comparativement à 155). Ce qui signifie que 9,1 % de l’effectif étudiant global de Concordia était constitué de Canadiens non résidents en 2021 comparativement à seulement 0,4 % à l’UQAM.

4,3 Étudiants internationaux

La figure 19 présente les données d’effectifs pour les étudiants internationaux pour les trois cycles pour Concordia et l’UQAM pour la période 2001-2021.

Figure19

Figure 19 : Effectifs étudiants internationaux inscrits aux trois cycles, temps plein et temps partiel, Concordia et UQAM, 2001-2021

En 2001, il y avait 2 724 étudiants internationaux à l’UQAM et 1 923 à Concordia (801 de moins ou 29,2 %). En 2021, il y avait eu un renversement de tendance et il y avait 4 168 étudiants internationaux à l’UQAM et 7 817 à Concordia. Le croisement entre les courbes d’effectifs des deux universités se situe en 2003.

De 2001 à 2021, Concordia a augmenté son effectif d’étudiants internationaux de 5 894 (ou 306,5 %) tandis que l’UQAM a augmenté le sien de 1 444 (ou 53 %).

4,4 Synthèse des trois classes d’effectifs

Au premier cycle, en 2021, 78,8 %, 8,1 % et 13,1 % des étudiants à Concordia étaient des résidents du Québec, des étudiants canadiens non résidents et des étudiants internationaux, respectivement. À l’UQAM, la même année, 92 %, 0,3 % et 7,7 % des étudiants étaient répartis dans ces trois catégories, respectivement. L’effectif étudiant au premier cycle, à Concordia et l’UQAM, est largement constitué d’étudiants résidents du Québec.

Le portrait change radicalement aux cycles supérieurs, cependant. À Concordia, au deuxième cycle, les proportions des effectifs étaient les suivantes en 2021 : 40,8 %, 7,9 % et 51,3 %, respectivement, pour les catégories des étudiants résidents du Québec, des étudiants canadiens non-résidents et des étudiants internationaux. La catégorie dominante à Concordia au deuxième cycle est celle des étudiants internationaux.

Pour l’UQAM, cette répartition au deuxième cycle est de 76,5 %, 0,4 % et 23,1 %, respectivement, pour les mêmes catégories. Bien que la proportion d’étudiants internationaux soit en croissance à l’UQAM, la catégorie dominante au deuxième cycle est toujours celle des étudiants résidents du Québec.

La figure 20 présente la proportion des effectifs pour les trois catégories d’étudiants au troisième cycle pour Concordia.

Figure20

Figure 20 : Proportion de l’effectif au troisième cycle, temps plein et temps partiel, Concordia, 2001-2021

À la figure 20, l’on constate que la croissance au fil du temps de la proportion des effectifs pour la catégorie des étudiants internationaux est proprement spectaculaire à Concordia : ainsi, en vingt ans, l’on passe d’une proportion de 14,4 % à 52,9 % d’étudiants internationaux au troisième cycle, catégorie qui devient dominante dès 2014.

Pour l’UQAM, cette répartition au troisième cycle en 2021 est de 73,4 %, 2,0 % et 24,6 %, respectivement, pour les catégories des étudiants résidents du Québec, des étudiants canadiens non résidents et des étudiants internationaux.

En résumé, si, à Concordia, les étudiants résidents du Québec dominent au premier cycle, la situation est toute autre aux cycles supérieurs ; les étudiants internationaux y sont nettement majoritaires. A contrario, à l’UQAM, les étudiants résidents du Québec dominent dans l’ensemble des trois cycles.

5,0 La langue des étudiants

Lors de leur inscription, les étudiants déclarent leur langue maternelle à l’université32.

La figure 21 présente la proportion de francophones, d’anglophones et d’allophones inscrits à Concordia (tous les cycles) parmi les étudiants internationaux.

Figure21

Figure 21 : Proportion de francophones, anglophones et allophones (tous les cycles), temps plein et temps partiel, Concordia, 2001-2021

À la figure 21, l’on peut constater que la proportion d’allophones est en croissance parmi les étudiants internationaux sur la période 2001-2021 au point où, en 2021, il y avait, parmi les étudiants internationaux, 68,1 % d’allophones, 19,5 % d’anglophones et 12,4 % de francophones inscrits à Concordia.

Les universités sont devenues une importante porte d’entrée pour l’immigration au Canada et au Québec. Les allophones qui étudient à Concordia étudient et sont socialisés, à Montréal, en anglais. Après leurs études, une proportion importante (50 % pour les étudiants à la maitrise et 60 % pour les étudiants au doctorat) obtient la résidence permanente33. Même s’ils arrivent à démontrer une certaine connaissance du français pour obtenir un certificat de sélection du Québec, ils continueront probablement, une fois résidents permanents ou citoyens, à suivre le sillon creusé par leur socialisation en anglais à Concordia et iront vraisemblablement grossir les rangs de la communauté anglaise de Montréal.

Le contexte est tout autre à l’UQAM, qui attire une nette majorité de francophones (76,5 %) parmi ses étudiants internationaux, comme le démontre la figure 22.

Figure22

Figure 22 : Proportion de francophones, anglophones et allophones au troisième cycle, temps plein et temps partiel, UQAM, 2001-2021

Alors que l’UQAM constitue une porte d’entrée d’une immigration francophone à Montréal, Concordia constitue un tremplin pour une immigration allophone socialisée et intégrée en anglais à Montréal.

6,0 La transition cégep-université

La section 4.1 a présenté des données concernant l’inscription d’étudiants résidents du Québec. En particulier, les figures 14 et 15 démontrent que le flux d’inscription d’étudiants résidents du Québec au premier cycle a progressivement diminué de façon importante à l’UQAM tandis qu’il s’est consolidé à Concordia au fil des années.

Des données liant le cégep d’origine, l’université d’inscription ainsi que la cote R de l’étudiant ont été obtenues du MES. Ces données permettent d’analyser le flux d’étudiants s’inscrivant à Concordia et l’UQAM en provenance des cégeps du Québec. Les données couvrent la période 2009-201734.

La figure 23 présente le nombre d’étudiants diplômés des cégeps du Québec35 s’inscrivant à Concordia ou l’UQAM.

Figure23

Figure 23 : Nombre de finissants du cégep s’inscrivant à Concordia ou l’UQAM, 2009-2017

En 2017, il y avait 2 820 finissants du cégep inscrits à Concordia et 1 926 inscrits à l’UQAM, soit 31,7 % de moins. Le nombre de finissants de cégep s’inscrivant à Concordia est supérieur à celui s’inscrivant à l’UQAM sur toute la période 2009-2017. On peut en conclure que Concordia exerce une attractivité supérieure à l’UQAM chez ceux-ci. Ceci vaut pour l’ensemble des cégeps de façon globale, cégeps anglais comme cégeps français.

Il est connu que le choix du cégep anglais est souvent un choix de vie définitif qui mène d’abord au choix d’une université anglaise pour les études universitaires, et ensuite à travailler en anglais36. Ainsi, les finissants des cégeps anglais de Montréal s’inscrivent soit à McGill, soit à Concordia, à hauteur de 90 %37. Mais qu’en est-il de l’inverse, c’est-à-dire de l’attractivité de Concordia envers les étudiants des cégeps français et, aussi, de l’attractivité de l’UQAM envers les étudiants des cégeps anglais ? C’est ce qu’illustre la figure 24.

Figure24

Figure 24 : Nombre de finissants de cégeps s’inscrivant à Concordia ou l’UQAM en provenance des cégeps anglais ou français, 2009-2017

La figure 24 démontre qu’il existe une forte asymétrie d’attractivité en fonction de la langue ; alors que Concordia recrute en moyenne 668 étudiants provenant des cégeps français chaque année sur la période 2009-2017 (avec une légère tendance à la hausse), l’UQAM ne recrute que 51 étudiants provenant des cégeps anglais, soit treize fois moins (avec une légère tendance à la baisse).

Une analyse peut également être faite en fonction des cotes R des étudiants sortant des cégeps afin de déterminer si les étudiants s’inscrivant à Concordia et l’UQAM sont aussi « performants », académiquement parlant, les uns que les autres. Ceci est présenté à la figure 25 sous forme d’histogramme normalisé, c’est-à-dire que les finissants s’inscrivant à Concordia ou l’UQAM sont d’abord classés en fonction de leur cote R, ce qui forme un histogramme (fréquence d’inscription en fonction de la cote R), et ensuite, comme les inscriptions sont plus nombreuses à Concordia qu’à l’UQAM, l’histogramme résultant est normalisé à une valeur unitaire afin de pouvoir comparer sur un pied d’égalité le flux relatif d’inscription pour chaque cote R.

Figure25

Figure 25 : Histogramme normalisé des cotes R des finissants du cégep s’inscrivant à Concordia ou l’UQAM, 2009-2017

À la figure 25, on peut observer que la fréquence normalisée d’inscription des cotes R 28 à 32 pour Concordia dépasse celle de l’UQAM alors que l’inverse se produit pour les cotes R de 27 en descendant (à part pour la cote R de 23). Ceci signifie que, si on égalise le flux d’inscriptions pour chaque université, Concordia recrute proportionnellement plus d’étudiants plus forts académiquement que l’UQAM. Pour la cote R de 28, par exemple, le surcroit d’inscriptions à Concordia relativement à l’UQAM est de 11 %38. À l’inverse, pour la cote R de 24, le déficit d’inscription à Concordia à l’UQAM est de 18 %.

Ceci établit que Concordia attire globalement une plus grande proportion d’étudiants ayant de meilleures cotes R que l’UQAM en provenance des cégeps du Québec.

L’UQAM est donc déclassée quantitativement, en termes de nombre d’étudiants provenant des cégeps et, aussi, qualitativement, en termes de « performance académique » de ces mêmes étudiants.

7,0 L’argent

La dynamique des flux monétaires est un autre moyen de quantifier la position qu’une université occupe relativement à une autre. La figure 26 présente les revenus totaux pour toutes les catégories de fonds (fonds de fonctionnement, fonds avec restrictions et fonds des immobilisations) pour Concordia et l’UQAM pour la période 2010-201739.

Figure26

Figure 26 : Revenus totaux pour Concordia et l’UQAM, 2010-2017

On constate que tout au long de la période étudiée, les revenus globaux de Concordia dépassaient ceux de l’UQAM. En 2017, par exemple, Concordia disposait de 65,2 millions de dollars de plus que l’UQAM annuellement, soit 12,3 % de plus. L’effectif étudiant global de l’UQAM était pourtant supérieur à celui de Concordia tout au long de cette période. Par exemple, en 2017, Concordia disposait d’une somme de 15 347 $ par étudiant tandis que l’UQAM avait à sa disposition 13 090 $, soit 2 256 $ de moins (17,2 %).

Voyons maintenant ce qui en est pour les subventions versées à ces universités par le gouvernement fédéral (figure 27). Le fédéral verse surtout des subventions de recherche aux universités québécoises tandis que Québec verse surtout des fonds de fonctionnement et d’immobilisation.

Figure27

Figure 27 : Subventions de recherche versées par Ottawa, Concordia et l’UQAM, 2010-2017

L’on constate à la figure 27 qu’Ottawa verse systématiquement plus d’argent à Concordia qu’à l’UQAM tout au long de la période 2010-2017. La somme versée à Concordia atteint 27,2 millions de dollars en 2017, contre 25,2 millions à l’UQAM, une différence de 2 millions de dollars ou 8 %.

La prépondérance d’Ottawa dans les subventions de recherche permet à celui-ci d’orienter idéologiquement la programmation de recherche dans les universités québécoises40. Pendant ce temps, à l’aide des fonds de fonctionnement et d’immobilisation, Québec s’occupe surtout de payer les salaires, chauffer les locaux et entretenir les bâtiments. À travers son « pouvoir de dépenser », Ottawa a réussi à établir une hiérarchisation entre les responsabilités des deux ordres de gouvernement dans le domaine universitaire. En schématisant, on pourrait affirmer qu’alors qu’Ottawa s’occupe de la tête, Québec s’occupe du corps. Ceci, alors que selon la constitution canadienne, les universités relèvent strictement de la juridiction « provinciale ».

La figure 28 présente les subventions d’immobilisations totales (toutes sources) dont disposent ces universités.

Figure28

Figure 28 : Fonds d’immobilisation totaux, Concordia et l’UQAM, 2010-2017

Concordia avait à sa disposition plus de fonds d’immobilisation que l’UQAM au cours de la période 2010-2017. Cumulativement, l’écart entre les deux universités est de 254,7 millions de dollars sur la période de 8 ans, soit 31,8 millions de dollars par année.

Rappelons que les fonds d’immobilisation par étudiant équivalent temps plein pondéré (EETP) étaient de 327 $ à Concordia et de 259 $ à l’UQAM en 201841.

La figure 29 illustre les fonds d’immobilisation versés par le gouvernement du Québec au cours de la période 2010-2017.

Figure29

Figure 29 : Subventions versées par Québec, Concordia et l’UQAM, 2010-2017

La figure 29 démontre que les fonds d’immobilisation versés par Québec à Concordia sont supérieurs à ceux versés à l’UQAM. La différence atteint 84,7 millions en 8 ans, soit 10,6 millions de dollars par année. Le Québec, comme Ottawa pour les subventions de recherche, favorise lui aussi Concordia aux dépens de l’UQAM.

Finalement, la figure 30 présente les fonds provenant des étudiants inscrits à Concordia et l’UQAM.

Figure30

Figure 30 : Fonds provenant des étudiants, Concordia et l’UQAM, 2010-2017

En 8 ans, Concordia a récolté 569,7 millions de dollars de plus que l’UQAM, soit 71,2 millions de dollars de plus par année. Ce surcroit de fonds est assuré en bonne partie par le nombre important d’étudiants canadiens non résidents ainsi que par les étudiants internationaux, deux catégories d’étudiants qui paient des frais de scolarité élevés, qui s’inscrivent à Concordia.

Notons enfin que Concordia disposait de fonds de 360 millions de dollars dans sa fondation42 en 2021 tandis que l’UQAM n’avait que 49,5 millions de dollars43, soit sept fois moins que Concordia.

8,0 Le personnel

Pour l’année scolaire 2021, Concordia embauchait 1 056 professeurs à temps plein tandis que l’UQAM en employait 1 12244. Un léger avantage de 66 professeurs en faveur de l’UQAM.

Si l’on inclut les autres membres du personnel (professeurs à temps partiel, cadres, personnel de soutien), Concordia embauche environ 7 000 personnes45 tandis que l’UQAM en emploie 5 30146, un avantage de 1 699 personnes en faveur de Concordia.

La différence en faveur de Concordia doit provenir de l’embauche de beaucoup plus de chargés de cours et de professeurs à temps partiel à Concordia que l’UQAM, mais malheureusement, le détail des corps d’emploi des 7000 membres du personnel pour Concordia n’est pas public et cela reste donc une simple supposition.

À l’impact anglicisant sur le centre-ville de Montréal de quelques 38 744 étudiants à Concordia, il faut donc rajouter ces 7 000 membres du personnel qui travaillent tous la grande majorité du temps en anglais. Concordia, c’est donc un bloc de plus de 45 000 personnes, au cœur de Montréal, qui pèsent lourdement, en faveur de l’anglais, sur la dynamique linguistique de la ville.

9,0 Discussion et conclusion

Les recommandations de la commission Parent ont mené, au tournant des années soixante-dix, à la fondation de deux universités nouvelles à Montréal. Cette création de deux institutions quasi jumelles, l’une francophone et l’autre anglophone, presque au même moment, est l’illustration saisissante de l’empire de l’idéologie du « libre-choix » de la langue d’enseignement au postsecondaire, idéologie qui détermine et contraint depuis des décennies l’action du gouvernement québécois en ce domaine.

Le gouvernement du Québec, en effet, donnait son aval à la fondation de Concordia malgré le fait que le Québec était alors en pleine crise linguistique47, et alors que c’était d’abord et avant tout d’une université française dont Montréal avait urgemment besoin, les travaux mêmes de la Commission et les projections de fréquentation universitaire effectués par celle-ci en faisant foi. Comme si le gouvernement du Québec se sentait obligé de donner aux anglophones la même chose qu’il accordait aux francophones, malgré la disproportion dans la taille démographique des deux communautés linguistiques (un ratio de six en 1961). On touche là à un angle mort très important de la Révolution tranquille.

Avec cette double fondation, la concurrence entre les langues d’enseignement, qui avait déjà cours au niveau « majore » entre McGill et l’UdeM, allait pouvoir également se développer à l’étage « minore » entre Concordia et l’UQAM. Mais le contexte démographique d’alors, avec l’arrivée de cohortes nombreuses de jeunes francophones, allait masquer cette dynamique de concurrence des langues et soutenir le développement de l’UQAM pendant plusieurs décennies.

Mais la marée montante du baby-boom est aujourd’hui en reflux accéléré. Le poids démographique des francophones au Québec est en voie d’effondrement. Le recensement 2021 a montré que les francophones, langue maternelle, ne constituent plus que 46,5 % de la population de l’île de Montréal (51,5 % selon la langue parlée le plus souvent à la maison), soit un déclin de 9,4 points en 30 ans (et 5,9 points pour la langue parlée à la maison). Et ce déclin de la proportion de francophones sur l’île de Montréal, dans la région métropolitaine de Montréal et dans tout le Québec va se poursuivre pour tout l’avenir prévisible48.

Le groupe qui croît le plus rapidement au Québec (après les anglophones) est les allophones. Ceux-ci (langue maternelle) constituent maintenant 35,1 % de la population de l’île de Montréal, soit une croissance de 10,4 points en 30 ans. D’ici une génération tout au plus, les allophones seront le « groupe » dominant à Montréal. Le statut « d’allophone » étant transitoire, toute la question est de savoir de quel côté de la barrière linguistique ils tomberont en effectuant un transfert linguistique ; du côté anglais ou bien français ?

Les allophones sont cependant loin de constituer un groupe monolithique. Par exemple, il est connu qu’environ 70 % des allophones francotropes s’inscrivent au cégep français à Montréal et continuent ensuite majoritairement leur parcours universitaire en français tandis que moins de 5 % des allophones anglotropes font de même49. Ces chiffres ne sont pas fixés une fois pour toutes et constituent plutôt un instantané de la composition ethnolinguistique du groupe allophone ainsi que du rapport de force entre l’anglais et le français à Montréal. Le déclin du poids démographique des francophones à Montréal dans les dernières décennies entraine un déclin du rapport de force du français face à l’anglais, ce qui conduit à une hausse des inscriptions des francophones et des allophones au cégep et à l’université en anglais.

Ainsi, la proportion de francophones s’inscrivant au cégep anglais à Montréal est en augmentation constante depuis 1995 (8 % en 1995 à 15,3 % en 2018)50. On observe également, dans les dernières données provenant de l’Office québécois de la langue française, une érosion de la fréquentation des universités de langue française (moins 2,1 % en 1986 à 2014) et à une augmentation de la fréquentation de celles de langue anglaise (gain de 2,1 % sur la même période)51.

Comme 90 % des étudiants s’inscrivant au cégep anglais à Montréal poursuivent leurs études universitaires en anglais, ce que l’on observe à l’étage du cégep se répercute à l’université. Le « libre-choix » ou la concurrence entre les langues d’enseignement, dans un contexte de déclin du français, mène et mènera de plus en plus, progressivement, au déclassement des universités ayant le français comme langue d’enseignement. Il n’est guère surprenant que ce phénomène atteigne en premier lieu les institutions « minore », plus fragiles, telles que l’UQAM. Celle-ci est donc le canari dans la mine linguistique.

Les données présentées indiquent qu’au cours des vingt dernières années, Concordia a déclassé l’UQAM sur de nombreux plans : au chapitre de l’effectif étudiant global, de l’effectif au premier cycle, de l’effectif au premier cycle pour les étudiants résidents du Québec, de la cote R des étudiants du Québec, de la diplomation au baccalauréat et à la maitrise, du nombre d’étudiants internationaux, des fonds globaux, des subventions versées par Ottawa, des fonds d’immobilisation et des sommes d’argent recueillies chez les étudiants. Les étudiants s’inscrivant à l’UQAM sont moins nombreux et plus faibles académiquement, en moyenne, que ceux s’inscrivant à Concordia. Et comme ceux qui s’inscrivent à l’UQAM sont surtout des étudiants résidents du Québec, ils font rentrer moins d’argent dans cette université que les étudiants internationaux. Moins d’argent signifie moins de fonds à investir, moins de possibilités de développement, etc. C’est une roue qui tourne. Dans le mauvais sens pour l’UQAM et dans le bon sens pour Concordia. Tout ce système est mis en place, supervisé, et coordonné par le gouvernement du Québec.

Et si Concordia n’a pas encore dépassé l’UQAM sur certains plans, comme sur celui des effectifs inscrits au troisième cycle et de la diplomation au doctorat, les données indiquent que, même là, la première a comblé une bonne partie du retard et est en train de fermer la marche sur la deuxième. Le doctorat étant un cycle d’études long qui arrive à la fin du parcours universitaire et l’érosion des effectifs au premier cycle de l’UQAM étant très important depuis 2014, on peut prédire, sans trop de risques de se tromper, que Concordia va dominer ce créneau également prochainement.

Les certificats

Un domaine, cependant, où l’UQAM domine sans conteste Concordia est celui des certificats de premier cycle. L’UQAM a même haussé sa performance sur ce point au cours des vingt dernières années, remettant 4 366 certificats en 2021, soit 47 fois plus que Concordia. La disproportion est telle qu’elle fait sourciller.

On touche là à un petit secret pas si bien gardé du système universitaire mis sur pied lors de la Révolution tranquille : alors que les universités anglaises diplôment surtout avec des sanctions de grades (des diplômes longs) dans des domaines plus « lourds » (et lucratifs pour les universités et les étudiants), les universités françaises se sont plus cantonnées, sous prétexte de favoriser « l’accessibilité » dans des diplômes courts (des certificats) et dans des domaines « légers » (plus de sciences humaines que de recherche biomédicale, par exemple). Dans leur rapport du chantier sur une loi-cadre des universités, publié en 201352, Lise Bissonnette et John R. Porter indiquaient que l’écart persistant de diplomation au Québec avec la moyenne canadienne ne provenait pas d’un déficit « de fréquentation des institutions », mais de « persévérance et d’obtention de diplômes de grades (baccalauréats, maitrises et doctorats) ».

Il vaut la peine de citer un passage très éclairant du rapport in extenso :

Mais les données du Ministère déclenchent littéralement une alarme aggravante. Quand on oublie les données agrégées de l’ensemble de nos universités, quand la comparaison est menée à l’intérieur du Québec même, entre universités francophones et anglophones, on constate que les écarts selon la langue sont déterminants. Le taux d’atteinte des diplômes de grade se situe et souvent dépasse la moyenne canadienne et ontarienne pour nos universités de langue anglaise (soit environ 90 %) et certaines de nos plus importantes universités de langue française (l’Université de Montréal, l’UQAM, l’Université de Sherbrooke) se situent sous la barre du 60 %. Le temps est certes venu de faire le point sur cet aspect de notre société distincte et surtout d’éviter le raccourci qui tend à en faire une qualité, à mettre au compte de la vertu d’accessibilité. Si l’on souhaitait mettre en lumière la différence entre la notion d’accessibilité et celle de l’égalité des chances, nos données de diplomation seraient probantes entre toutes. L’université se rend certes accessible en accueillant des inscrits dont le nombre est plus élevé que jamais et dont la provenance sociale est plus diversifiée que jamais. Mais ces nouveaux venus sont-ils trop souvent dirigés vers des études dont la valeur est moindre pour l’avenir ? Obtiendront-ils à l’université des chances égales à celles qu’offrait et qu’offre toujours la diplomation traditionnelle ? Leur « autre diplôme » aura-t-il quelque valeur utilisable sur le marché des « vrais » diplômes que sont les diplômes de grade ? Depuis une décennie, le nombre des « autres diplômes » décernés annuellement au Québec est passé de quelque 14 000 à plus de 24 000, une progression fulgurante de 73 %, tandis que les diplômes de grade augmentaient de 30 % (tableau 15). L’effort et les investissements des institutions semblent ainsi avoir été canalisés vers des formations abrégées alors que le marché du travail, partout dans le monde, exige des études de plus en plus longues, et de haut niveau. Rien ne sert de camoufler la réalité : les universités de langue française sont les responsables de cette flambée de diplômes qui n’en sont pas vraiment. Le phénomène n’est sans doute pas étranger à l’essaim des points de services sur le territoire, lieux qui se prêtent bien à la prestation de programmes courts. Ni au taux de fréquentation universitaire à temps partiel, qui est de 35 % chez les clientèles de premier cycle dans les universités de langue française, et de 25 % dans les universités de langue anglaise.

Dans ce paragraphe bien tassé, publié il y a dix ans et passé quasi inaperçu, les auteurs dressent un bilan très critique d’une partie importante du système universitaire de langue française hérité de la Révolution tranquille. Au nom de « l’accessibilité », on a canalisé une partie importante de ceux qui choisissaient d’étudier en français dans des formations « abrégées » et peu lucratives. Et notons que malgré cela, aujourd’hui, les anglophones (langue maternelle) sont 16,5 % plus nombreux, proportionnellement, que les francophones à détenir un diplôme d’études collégiales (DEC) et 39 % plus nombreux à détenir un diplôme universitaire53. Et ces statistiques incluent les certificats et diplômes courts. La canalisation des francophones vers des diplômes courts par les universités de langue française constitue une façon de « gonfler » les statistiques, une sorte de diplomation « à rabais », une iniquité linguistique qui perdure aujourd’hui.

On pourrait argumenter que l’idéologie du libre-choix de la langue d’enseignement, qui a guidé, « inconsciemment » pourrait-on dire, la refonte du système d’éducation québécois durant les années soixante, contenait en germe le semi-échec de cette même Révolution tranquille. Car, avec les réformes proposées, la Commission refusait, au niveau universitaire, de remettre en question à la fois la domination des universités « majores » et celle des universités anglaises. Le but avoué par les réformes enclenchées par la commission Parent était de rehausser le niveau d’éducation des Québécois francophones. Mais la voie préconisée pour ce faire était la fondation d’une université à « charte limitée » (et non d’une université « majore ») à Montréal. C’était là, rétrospectivement, une politique à courte vue et un manque d’audace qui a des effets structurants encore aujourd’hui. Si les réformes ont bien permis d’augmenter le taux de diplomation des francophones, elles n’ont pas permis, en revanche, à ceux-ci d’égaliser le taux de diplomation universitaire des anglophones.

La multiplication partout sur le territoire de points de service universitaires offrant des formations courtes, censées favoriser « l’accessibilité », s’inscrit aussi dans la logique des réformes (les universités à « charte limitée ») de la commission Parent. Cette multiplication de points de service n’a pas permis aux francophones de rattraper la diplomation universitaire des anglophones pour ce qui est des diplômes de grade54. Chez les 35-44 ans, par exemple, le taux de détention d’un doctorat est toujours deux fois plus élevé chez les anglophones (langue maternelle) que chez les francophones55. Soixante ans après la commission Parent, l’écart de diplomation entre francophones et anglophones au Québec n’est toujours pas fermé. Et encore pire ; ce que l’on constate, en observant la dynamique différentielle entre l’UQAM et Concordia, c’est le déclassement graduel, du point de vue quantitatif et qualitatif, d’une institution emblématique de la Révolution tranquille.

La commission Parent écrivait pourtant : « nous ne saurions trop insister pour qu’on suive de très près la dynamique du développement [des universités] qui se produira. En particulier, on devra être attentif à donner à la jeunesse canadienne-française, qui se trouve répartie sur toute l’étendue de la province, les mêmes chances d’accès aux études supérieures qu’à la jeunesse d’expression anglaise, plus concentrée dans la région métropolitaine de Montréal56 ».

Mais cela n’a pas été fait.

L’impulsion donnée au développement du système universitaire au tournant des années soixante-dix n’a jamais été corrigé par la suite pour l’adapter à l’évolution des conditions. Ce qui fait que l’UQAM, fondée dans « l’urgence » d’accueillir les cohortes du baby-boom, n’a jamais pu évoluer clairement au-delà de ce rôle et, par exemple, se doter d’une faculté de génie ou de médecine, ce qui lui aurait permis de devenir une université « majore », d’améliorer sa position financière et son attractivité, et, finalement, de pérenniser son rôle dans la société.

Les universités et l’immigration

La commission Parent évoque la présence « d’étudiants étrangers » dans les universités québécoises dès les années soixante, en particulier à McGill et à Laval. Cependant, la présence de ces étudiants étrangers est vue comme une « importante mission à remplir auprès des nouvelles nations en voie de développement57 ». Ces étudiants, pour la plupart, venaient étudier chez nous et repartaient ensuite faire bénéficier leurs pays d’origine des leurs connaissances et expertises fraichement acquises. C’était là le cadre usuel et attendu de l’accueil d’étudiants étrangers à l’époque.

Mais la Commission n’a jamais, à l’époque, envisagé la possibilité que les universités deviennent la première étape dans un processus d’immigration au Canada et au Québec. La substitution de clientèle aux cycles supérieurs à Concordia, où les étudiants résidents du Québec ont été remplacés par des étudiants internationaux depuis vingt ans, met en lumière un phénomène inédit, soit celui de l’intégration des universités québécoises, et, au premier chef, des universités québécoises de langue anglaise, dans le nouveau système d’immigration canadien. Depuis 201458 en effet, le gouvernement canadien a refondu le système d’immigration, passant d’un système à « une étape » à un système à « deux étapes59 ». Aujourd’hui, les futurs résidents permanents et citoyens du Canada arrivent le plus souvent au pays en tant qu’immigrants « temporaires », étudiants ou travailleurs et, après quelques années, convertissent leur statut de « temporaire » à « permanent » et obtiennent leur résidence permanente.

Aux cycles supérieurs, Concordia est devenu ainsi un conduit pour l’immigration d’allophones à Montréal. Allophones qui s’anglicisent et sont socialisés en anglais dans cette institution avant de s’installer chez nous (souvent) de façon permanente. Il est maintenant établi hors de tout doute, qu’étudier en anglais conduit à travailler en anglais. Ainsi, la probabilité pour un allophone de travailler en anglais au Québec est 6,5 fois plus élevée s’il a fait ses études postsecondaires en anglais comparativement à ceux qui les ont faites en français60. Les allophones qui ont étudié à Concordia vont donc majoritairement grossir les rangs de la communauté anglophone à Montréal. À l’inverse, l’UQAM sert de tremplin (de moindre ampleur) pour l’immigration francophone. La disproportion des flux effectifs d’étudiants internationaux en cause signifie qu’à ce jeu, l’effet net pour Montréal est anglicisant.

Concordia est donc un vecteur majeur d’anglicisation pour toute la région de Montréal. Le « libre-choix » pour les étudiants internationaux (mais futurs immigrants) contribue donc directement au déclin du français au Québec. La solution à ceci est, entre autres, est l’exclusion de l’admissibilité des programmes d’immigration des étudiants internationaux qui ont fait leurs études en anglais au Québec.

Il faut souligner que si Concordia déclasse l’UQAM en termes d’effectif global seulement depuis 2018, cette montée de Concordia a été facilitée par les conditions financières qui lui ont été faites à la fois par le gouvernement du Québec et par celui du Canada. Soulignons que sur toute la période 2009-2017, Concordia disposait de plus d’argent, en termes de fonds totaux par étudiant, que l’UQAM. Ainsi, en 2017, Concordia disposait d’une somme de 15 347 $ par étudiant en 2017 tandis que l’UQAM avait à sa disposition 13 090 $, soit 2 256 $ de moins (17,2 %). Et même au chapitre des fonds totaux par étudiant équivalent temps plein pondéré (EETP), une métrique utilisée dans l’attribution des fonds de fonctionnement par le gouvernement du Québec, Concordia disposait de 11 349 $ en 2017 comparativement à 10 220 $ pour l’UQAM61. Il est difficile d’échapper à la conclusion que le déclassement de l’UQAM par Concordia, poussé par des changements démographiques importants et par une modification des programmes d’immigration canadiens, a été également facilité par des règles d’attribution de fonds qui, même en faisant fi de la variable « langue » tendent à favoriser, « systémiquement », les universités anglaises62.

Ceux qui étudient à Concordia, en anglais, ont accès à plus de ressources que ceux qui choisissent d’étudier à l’UQAM, en français. De ce point de vue, choisir d’étudier en anglais est un choix rationnel, justifié non seulement par des considérations économiques futures (espoir d’occuper un futur emploi en anglais, considéré comme étant plus rémunérateur), mais par des considérations économiques immédiates (meilleures conditions d’études dans un milieu disposant de plus de ressources). Il est tout de même renversant de constater que, plus de cinquante ans après la commission Parent, « l’attractivité » des études universitaires soit encore asymétrique en fonction de la langue d’enseignement. Et que la situation empire année après année dans l’indifférence totale du gouvernement du Québec.

Si Concordia a été fondée comme université « minore » (avec un atout important relativement à l’UQAM cependant, soit une faculté de génie), celle-ci est cependant en train de gravir les échelons pour devenir une université « majore ». Concordia s’est donc libérée (et se libère de plus en plus) du rôle auquel la commission Parent a tenté de la circonscrire. Ainsi, elle a lancé récemment une « School of Health », soit une faculté intégrant la santé communautaire, la recherche clinique et la recherche biomédicale plus fondamentale63. Cette « School of Health » permettra d’aller chercher de lucratives subventions de recherche dans le domaine biomédical et de hausser encore plus l’intensité de recherche à l’université. Ce désir de hausser l’intensité de recherche fait partie d’un plan à long terme de la part de Concordia64. Il n’y a plus qu’un pas à faire pour que Concordia se dote d’une faculté de médecine et devienne une université « majore » à part entière65.

Il faut voir qu’avec cette « School of Health », Concordia se dote des moyens pour concurrencer l’institution qui occupe la position en dessous de McGill (qui est de loin l’université dominante à Montréal et au Québec) dans la hiérarchie universitaire montréalaise, soit l’Université de Montréal.

Il est intéressant de calculer qu’alors qu’en 1995, l’UdeM (et ses écoles affiliées) accueillait deux fois plus d’étudiants que Concordia (tous cycles), ce ratio était réduit à 1,78 en 2022. Si on exclut les écoles affiliées à l’UdeM du calcul, ce ratio était alors de 1,5 en 1995 et de 1,2 en 2022. L’écart se referme donc graduellement.

La figure 31 présente l’effectif au premier cycle pour Concordia et l’UdeM (sans ses écoles affiliées) sur la période 1995-2022.

Figure31

Figure 31 : Effectif au premier cycle, étudiants temps plein et temps partiel, Concordia et l’UdeM, 1995-2022

La figure 31 montre qu’il y a un net déclin (5 279 étudiants) de l’effectif au premier cycle à l’UdeM depuis 201566. Si l’on calcule le ratio entre les effectifs de l’UdeM (sans ses écoles affiliées) et de Concordia, l’on obtient un facteur de 1,4 en 1995 et 1,06 en 2022. Au premier cycle, Concordia est donc maintenant à quasi-égalité avec l’UdeM en termes d’effectif étudiant. Poussé par les changements démographiques majeurs qui ont cours à Montréal, dopée par la venue de milliers d’étudiants internationaux et de canadiens non résident (et immigrants), il y a fort à parier que Concordia, sur un horizon de 10 ou 20 ans, déclassera l’UdeM.

Mais il y a plus encore. Avec cette « School of Health » destinée à former, en anglais, des travailleurs de la santé, les anglophones se dotent d’une autre institution qui viendra alimenter en ressources humaines le McGill University Health Center (le MUHC), qui est devenu, grâce aux fonds du gouvernement du Québec et d’Ottawa, le plus gros centre hospitalier au Québec. Ce qui signifie que le MUHC est très largement surdimensionné (au moins d’un facteur trois) relativement à la taille de la communauté anglophone du Québec. J’ai nommé cet effet « la surcomplétude institutionnelle67 » et démontré en quoi cette surcomplétude institutionnelle était l’atout maître qui permettait à la communauté anglophone, malgré sa petite taille (8,8 %) d’assimiler presque la moitié des allophones au Québec et, également, un nombre grandissant de francophones68. Concordia, McGill, Dawson, John Abbott et le MUHC, tous reliés par le Réseau Express Métropolitain (REM) sont en train de devenir une puissante « Cité État » (anglaise) dans un demi-État pourtant officiellement de langue française.

L’UQAM ne s’est jamais relevée de l’échec du projet de l’Ilot Voyageur. Il faut dire que, contrairement à McGill ou Concordia, qui multiplient de tels projets de développement, elle n’avait tout simplement pas les poches assez profondes pour réussir le montage financier d’un projet aussi ambitieux. Aujourd’hui, tout le quartier autour de l’UQAM est en état de décrépitude avancée. Il n’y a qu’à comparer avec le dynamisme qui règne dans le nouveau « Golden Square Mile » postsecondaire constitué des deux campus de Concordia, de celui, gigantesque, de McGill69 et de Dawson pour constater qu’avec le déclin de l’UQAM, c’est tout le Montréal français qui est en train d’être déclassé.

La commission Parent recommandait « fortement aux universités notamment celles de langue française et au ministère de l’Éducation de prendre tous les moyens nécessaires pour assurer le développement et le progrès des études avancées au Québec70 ». Cela n’a pas été fait.

Les données présentées dans ce texte ne constituent qu’une vue impressionniste, partielle vu la pauvreté des données publiques, de la dynamique régnant dans le réseau universitaire. Mais le portrait factuel présenté ici est suffisamment inquiétant pour que l’on puisse affirmer que le Québec est dû, hors de tout doute, afin d’aller au fond des choses, pour une nouvelle commission Parent portant sur les universités et, spécifiquement, sur les moyens à prendre afin d’assurer l’épanouissement des études supérieures en français au Québec. Le mandat de cette commission devrait être le suivant :

1) examiner les conséquences actuelles et à venir du maintien de l’idéologie du libre-choix au postsecondaire ;

2) examiner les conséquences de l’actuel modèle de financement des universités ;

3) examiner les conséquences du financement fédéral dans les universités (orientation idéologique, imposition des critères « Équité Diversité Inclusion », surfinancement des universités anglaises) ;

4) examiner les conséquences actuelles et futures de la canalisation des allophones et francophones vers les études en anglais au cégep et à l’université et 5) Déterminer si le Québec a encore les moyens de financer un système dual au postsecondaire.

Une commission Parent 2.0 qui, cette fois ci, mettra de côté les œillères de l’idéologie du « libre-choix » et prendra vraiment les moyens afin que le taux de diplomation des francophones au Québec rejoigne celui des anglophones.

 


1 Commission royale d’enquête sur l’enseignement dans la province de Québec, Tome II, 1964, 238. En ligne : https://www.bibliotheque.assnat.qc.ca/DepotNumerique_v2/AffichageFichier.aspx?idf=10718

2 Plus loin, la Commission prévoit également une « montée en flèche du nombre des jeunes filles faisant des études supérieures », op. cit., p. 241.

3 Commission…, op. cit., p.238-239.

4 Le taux de scolarisation universitaire des garçons francophones était alors de 6,81 % et celui des anglophones, de 33,8 %. Chez les filles, 0,79 % vs 33,5 %. Voir tableaux 2,17 et 2.18, Commission royale d’enquête sur l’enseignement dans la province de Québec, Tome III, 1966. En ligne : https://www.bibliotheque.assnat.qc.ca/DepotNumerique_v2/AffichageFichier.aspx?idf=242020

5 Op. cit.

6 « L’évolution des populations de langue maternelle au Canada, de 1901 à 2016 », No 11-630-X, 2018. En ligne : https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/11-630-x/11-630-x2018001-fra.htm

7 Commission…, op. cit. p. 243.

8 Ibid., p. 251.

9 Voir la recommandation 118, p. 281.

10 Claude Corbo et Marie Ouellon, L’idée d’université : Anthologie des débats sur l’enseignement supérieur au Québec de 1770 à 1970, Les Presses de l’Université de Montréal, 2002, p. 259. En ligne : https://www.pum.umontreal.ca/catalogue/idee-duniversite-l/fichiers/39f32243-e13a-4c46-85a1-43c983023bb8/9782760623651-corbo.pdf

11 Voir par exemple, pour le cas de l’université de Louvain, « Affaire de Louvain : prélude d’un mai 68 aux revendications flamandes », VRT NWS, 15 janvier 2018.

En ligne : https://www.vrt.be/vrtnws/fr/2018/01/15/affaire_de_louvainpreludedunmai68auxrevendicationsflamandes-1-3126817/

12 Commission…, op. cit., p. 252.

13 Ibid., p. 252.

14 Ibid., p. 283.

15 « Dans les prochaines années, on devra offrir l’enseignement du premier diplôme universitaire à un nombre beaucoup plus grand d’étudiants et renforcer en même temps les études avancées du diplôme d’études supérieures et du doctorat. Pour répondre à cette double exigence, il faudra ouvrir de nouveaux établissements d’enseignement supérieur du premier niveau, mais concentrer l’enseignement plus avancé dans quelques universités déjà suffisamment équipées. L’enseignement du diplôme d’études supérieures et du doctorat est coûteux en investissements immobiliers, en équipement et surtout en personnel enseignant : il est nécessaire d’éviter l’éparpillement et la multiplication de ces universités complètes » Ibid., p. 249.

16 Voir p. 62, Carolyne Hébert, « La genèse de l’Université du Québec, 1960-1969 », Université du Québec à Montréal, 2007. En ligne : https://archipel.uqam.ca/4805/1/M9842.pdf

17 À noter, cependant, différence notable, que Concordia allait bénéficier d’une faculté de génie.

18 Pour plus de détails sur cette éclairante typologie minor/major, voir : Marc Chevrier, « La petite politique d’un naufrage annoncé », L’Action nationale, octobre 2008

19 Voir par exemple ce classement des universités canadiennes en fonction des revenus de recherche qui indique que les revenus de recherche les plus élevés se trouvent dans les universités dotées d’une faculté de médecine : « Canada’s top 50 research universities 2022 », Research Infosource. En ligne : https://researchinfosource.com/top-50-research-universities/2022/top-research-universities-by-tier

20 Frédéric Lacroix, « La fin de l’éternité » 2022. En ligne : https://fredericlacroix.quebec/2022/08/27/la-fin-de-leternite/

21 Ces données proviennent du Bureau de coopération universitaire (BCI), https://www.bci-qc.ca/publications/

22 Voir le « timeline » du développement immobilier sur le site de Concordia : https://www.concordia.ca/about/history/timeline.html

23 Les données proviennent du ministère de l’Enseignement supérieur et ne recoupent pas les mêmes années exactement (1995-2021) que celle du BCI (1995-2022).

24 À noter que les données pour ce type de diplôme ne sont disponibles qu’à partir de 2001.

25 A noter cependant que la tendance est obscurcie par une très grande variabilité des données pour l’UQAM pour les années 2020-2021. A suivre, donc.

26 « Frais de scolarité de la population étudiante universitaire 2022-2023 », Comité consultatif sur l’accessibilité financière aux études, mai 2022, p. 7. En ligne : https://cdn-contenu.quebec.ca/cdn-contenu/adm/min/education/publications-adm/enseignement-superieur/organismes-lies/CCAFE/CCAFE_Avis-frais-uni-mai-2022.pdf?1661353211

27 Ibid., p. 8.

28 Voir la liste des programmes offerts en anglais à l’École des hautes études commerciales, par exemple : https://www.hec.ca/en/programs/

29 « Frais de scolarité de la population étudiante universitaire 2022-2023 », Comité consultatif sur l’accessibilité financière aux études, mai 2022, p. 10.

30 Données provenant du MES, données antérieures non disponibles.

31 Non montré.

32 Première langue apprise et encore comprise. Données obtenues du MES.

33 Youjin Choi, Eden Crossman, Feng Hou, « Les étudiants étrangers comme source de main-d’œuvre : transition vers le résidence permanente », Statistique Canada, juin 2021. En ligne : https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/36-28-0001/2021006/article/00002-fra.htm

34 Des données sur une période plus longue ne sont malheureusement pas disponibles.

35 Ceci inclut les cégeps publics, les cégeps privés subventionnés et les collèges privés.

36 Voir par exemple, Frédéric Lacroix, « Étudier en anglais conduit à travailler en anglais », avril 2022. En ligne : https://fredericlacroix.quebec/2022/04/14/etudier-en-anglais-conduit-a-travailler-en-anglais-2/

37 Frédéric Lacroix, Pourquoi la loi 101 est un échec, Boréal, 2020, p. 125.

38 C’est-à-dire que pour 100 étudiants ayant une cote R de 28 s’inscrivant à l’UQAM, 111 ayant la même cote R s’inscrivent à Concordia.

39 Ces données ont été obtenues du MES.

40 Ottawa verse deux fois plus d’argent aux universités québécoises en subventions de recherche que le Québec. Voir Frédéric Lacroix, Pourquoi la loi…, op. cit., p. 160.

41 Frédéric Lacroix, « Québec préfère les universités anglaises », L’Action nationale, avril 2021.

42 Concordia University Foundation annual report 2020-2021. En ligne : https://www.concordia.ca/content/dam/concordia/aar/docs/foundation/2020-21-Concordia-University-Foundation-Annual-Report.pdf.pdf

43 Fondation de l’université du Québec à Montréal. En ligne : https://fondation.uqam.ca/uqam/organisation_1/data/files/resultats_financiers/etat_financier_2021-2022.pdf

44 « Nombre et salaires du personnel enseignant à temps plein dans les universités canadiennes », Statistique Canada, Tableau 37-10-0108-01, 2023. En ligne : https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=3710010801&pickMembers%5B0%5D=1.1&pickMembers%5B1%5D=4.1&cubeTimeFrame.startYear=2011+-+2012&cubeTimeFrame.endYear=2021+-+2022&referencePeriods=20110101%2C20210101

45 André Lavoie, « A Concordia, la générosité est contagieuse », Le Devoir, 13 novembre 2021.

46 L’UQAM en chiffres, voir en ligne : https://uqam.ca/information/chiffres/

47 Guy Rocher, « Il faut repenser la politique linguistique québécoise », Le Devoir, 19 août 2017.

48 Pour une analyse détaillée de ce phénomène, voir le chapitre 7 de Frédéric Lacroix, Un libre-choix ? Cégeps anglais et étudiants internationaux : détournement, anglicisation et fraude , MQF Éditeur, 2021.

49 Ibid., p. 116.

50 Ibid., p. 120

51 Malheureusement, des données plus récentes ne sont pas disponibles. Voir tableau 1, p. 5. https://www.oqlf.gouv.qc.ca/ressources/sociolinguistique/2017/20170706_tableaux.pdf.

52 Lise Bissonnette et John R. Porter, L’Université québécoise : Préserver les fondements, engager des refondations, Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie, 2013.

53 30,2 % des francophones de 20-24 ans ont un DEC et 23,8 % possèdent un diplôme universitaire comparativement à 35,2 % et 33,1 % des anglophones des mêmes classes d’âge. Tiré de Pourquoi la loi 101 est un échec (p. 135) et « Un libre-choix » (p. 48).

54 Frédéric Lacroix, Pourquoi la loi 101 est un échec, op. cit., p. 125.

55 Ibid., p.138.

56 Commission…, op. cit., p. 255.

57 Ibid. p. 241.

58 Le décrochage de l’UQAM relativement à Concordia date de 2014, soit la même année où le gouvernement canadien modifiait le système d’immigration pour que les universités servent de première étape dans un parcours d’immigration.

59 Voir le chapitre V, Frédéric Lacroix, Un libre-choix ?…, op. cit.

60 Voir graphique 1, Étienne Lemyre, « La langue de travail des diplômés d’établissements postsecondaires de langue française, de langue anglaise ou bilingues », Statistique Canada, 5 avril 2022. En ligne : https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/75-006-x/2022001/article/00003-fra.m?fbclid=IwAR0TCFoGSODWfeAYqLJNJawY5IL8V7lxVLAbAG5THyZPaFpzhseof3KcCY8

61 Frédéric Lacroix, « Au Québec, les universités anglaises sont favorisées », L’Action nationale, septembre 2021.

62 Frédéric Lacroix, « Québec préfère les universités anglaises », L’Action nationale, avril 2021.

63 Voir « School of Health ». En ligne : https://www.concordia.ca/research/health-initiative.html

64 Déposition de Claude Lajeunesse, recteur de Concordia en 2007 : « Il faut aussi noter qu’en 2000-2001 Concordia comptait environ 11 % de ses étudiants temps-plein équivalent aux études supérieures, alors qu’aujourd’hui cette proportion atteint 13,6 %. Et, dans notre plan, vous verrez, nous voulons monter cette proportion à 20 % », Journal des débats of the Committee on Education, 23 janvier 2007. En ligne : https://www.assnat.qc.ca/en/travaux-parlementaires/commissions/ce-37-2/journal-debats/CE-070123.html?appelant=MC#_Toc159053546

65 Ce qui constituerait une deuxième faculté de médecine anglaise au Québec.

66 À noter que le déclin de l’UQAM date de 2014. Il y a un phénomène de synchronisme à l’œuvre, qui dépasse les effets du « Printemps érable » et qui tient aux conditions démographiques et sociologiques.

67 Frédéric Lacroix, Pourquoi la loi 101…, op. cit., p. 43

68 Charles Castonguay, « L’anglicisation des francophones au Québec », l’Aut’Journal, 7 septembre 2022. En ligne : https://lautjournal.info/20220907/langlicisation-des-francophones-au-quebec

69 Qui s’enrichira d’une bonne partie du Royal Victoria grâce à un projet de loi privé voté par la CAQ.

70 Commission…, op. cit., p. 226.

* Ph. D., auteur de Pourquoi la loi 101 est un échec (Boréal, 2020) et de nombreux articles sur la langue française au Québec. Site : (fredericlacroix.quebec)