La Conquête dans l’oeil du conquérant

Remembering 1759 et Revisiting 1759, sous la direction de Philip Buckner et John G. Reid, Toronto, University of Toronto Press, 2012, 317 et 280 p.

En 2009-2010, au moment de commémorer le 250e anniversaire de la Conquête, peu de nouveaux ouvrages étaient parus au Québec – outre de nombreuses rééditions et de nouvelles traductions. 2012 a vu paraître trois recueils consacrés à la question qui émanent d’une initiative française[1], d’une part, et canado-britannique de l’autre. Deux recueils publiés sous la direction de Philip Buckner et John Reid rassemblent en effet des contributions de chercheurs de plusieurs pays occidentaux, fruit d’un colloque tenu à Londres en 2009 à l’occasion du 250e anniversaire de la bataille des plaines d’Abraham. On y retrouve des contributions de chercheurs des pays anglophones – Canada, Grande-Bretagne et États-Unis –, mais aussi du monde francophone, France, Québec et Ontario français. Les deux recueils rassemblent deux types de contributions, des essais et des études. Il est une contribution au recueil Revisiting toutefois qui étonne dans le lot et dans le cadre d’une publication universitaire, qui rend tout simplement les Canadiens responsables des exactions subies par eux aux mains des forces britanniques. Autrement dit, la sauvagerie canadienne serait responsable des barbaries britanniques.

Présentons d’abord les deux recueils. Les directeurs des deux volumes sont deux historiens canadiens-anglais reconnus. L’historien Philip Buckner est professeur à l’Université du Nouveau-Brunswick ainsi qu’à l’Université de Londres, où il est fellow de l’Institute of Commonwealth Studies. L’historien John Reid est professeur à l’Université de Saint-Mary’s à Halifax. Remembering est consacré à la Conquête sur le plan de la mémoire historique. Il comporte notamment les contributions de Michel Ducharme, Michel Bock et Jocelyn Létourneau. Revisiting à de nouvelles analyses des événements.

Comme l’indiquent les titres, l’approche retenue par l’organisation du colloque tend à résumer la Conquête à la bataille des plaines ou à la campagne de 1759. Cela est sujet à discussion et constitue un petit travers. C’est à la fois réducteur et trompeur. C’est un cliché trop répandu qu’il conviendrait précisément à l’historiographie savante de ne pas encourager. Certes, l’année 1759, l’annus mirabilis des forces britanniques sur tous les continents, est incontestablement un tournant dans le conflit, avec en particulier la destruction de la flotte française à Quiberon (dite bataille des Cardinaux en France et de Quiberon en Angleterre) et à Lagos. Mais les combats en Nouvelle-France n’ont cessé qu’un an après la bataille des plaines et le conflit s’est poursuivi à l’échelle internationale jusqu’à ce que la paix soit signée avec le traité de Paris en février 1763. Il n’empêche qu’il faut avant tout saluer l’intérêt de revisiter la question en rassemblant des spécialistes du monde entier, en vue, peut-on espérer, de relancer l’intérêt savant pour la question dans le monde anglo-saxon.

Revisiting 1759 contient une contribution de Donald Fyson en lien avec son champ de spécialité, l’adaptation des Canadiens dans les décennies qui suivent immédiatement la Conquête, en particulier du point de vue juridique. Il se consacre en fait à « l’adaptation mutuelle » des conquérants et des conquis dans la période qui sépare la prise de Québec en 1759 de l’entrée en vigueur de l’Acte de Québec en 1775. Fait intéressant, il aborde de front, dans ses propos liminaires, le désintérêt relatif des historiens académiques pour la période et le sujet depuis les années 1980, qu’il attribue en partie à l’intense politisation des débats entre spécialistes de la période aux beaux jours de la querelle des écoles de Québec et de Montréal.

Ce recueil (Revisiting) est donc à plusieurs égards le plus original des deux et contient en effet plusieurs contributions intéressantes. Outre celle de Fyson déjà mentionnée, on peut citer par exemple celle de François-Joseph Ruggiu sur l’oubli graduel des colonies de Nouvelle-France, en tout cas du Canada, en France jusqu’à la fin du siècle, et ce malgré quelques sursauts.

Autre exemple, l’étude de Matthew Dziennic, « The Conquest of Canada in Gaelic Thought » porte sur la relation des Écossais avec la guerre de la Conquête en relation avec l’affirmation de leur place dans l’empire, peu après les réactions anti-écossaises qui avaient accompagné les crimes de la répression de la rébellion jacobite de 1745. Rappelons que la répression brutale subie par la population des Highlands à cette occasion s’était notamment accompagnée de l’Act of Proscription, en vigueur de 1746 à 1782, qui interdisait de porter l’habit traditionnel de ces régions. (L’interdiction valait pour les civils, pas pour les unités militaires.) La transformation des Highlanders en symbole de l’Empire est rapide, radicale et étonnante. Elle ne plaisait pas à tous les Écossais (des Lowlands anglophones) et Anglais du moment. Mais dans la volumineuse iconographie commémorant la victoire et la mort de Wolfe produite en Grande-Bretagne dans les années subséquentes, les Highlanders retiendront une place. Leur intervention dans les combats fera même partie de la légende de la bataille, l’accent étant mis sur leur usage, plus ou moins avéré en fait, de l’épée dans les combats. La transformation sera complétée au début du XIXe siècle lorsque le folklore des Highlands sera accaparé par la majorité écossaise et ses élites afin de mieux affirmer symboliquement et visuellement le maintien d’une identité nationale distincte au sein de l’Empire britannique. La Conquête du Canada aurait joué un rôle important dans cette évolution vers une intégration de l’identité impériale, d’une participation militaire et économique à son expansion, dépassant l’ancien antagonisme entre cultures celte et anglo-saxonne.

Notons aussi la contribution de Stephen Brumwell qui discute des évaluations de la stratégie de Wolfe, les 12 et 13 septembre. Depuis les études de C. P. Stacey dans les années 1950, ces jugements furent généralement négatifs, considérant que Wolfe avait triomphé par chance essentiellement du fait que Montcalm et Bougainville avaient pris d’encore plus mauvaises décisions que lui. Brumwell tente de lui redonner un certain mérite dans la préparation et la stratégie qui menèrent à la victoire.

Mais il y a une note discordante. Je dois exprimer l’étonnement que suscite, en effet, l’essai de Matthew C. Ward, « Crossing the line ? The British Army and the Application of European ‘Rules of War’ in the Quebec Campaign » (titre qu’on pourrait traduire ainsi : « Franchir la ligne ? L’armée britannique et l’application des règles de guerre européennes dans la campagne de Québec »). L’historien est maintenant rattaché à l’Université écossaise de Dundee après avoir enseigné dans des universités américaines. C’est un spécialiste de l’histoire militaire de la période qui a publié un livre sur la guerre de Sept Ans en Virginie et en Pennsylvanie, intitulé Breaking the Backcountry[2].

Ward oppose les manières américaines et européennes de faire la guerre, pour affirmer que les abus commis au Canada, mais aussi en Acadie, par les troupes britanniques en 1759 et au cours de la guerre, n’ont violé les nouvelles règles de la guerre que les Européens cherchaient à faire respecter au cours du siècle, qu’à cause de la sauvagerie des pratiques de guerre à l’américaine, en l’occurrence à la canadienne. Les destructions et déportations subies par les Acadiens non plus ; Ward passant sous silence les massacres également commis sur ces populations civiles dans certains cas, dans les territoires sous contrôle français au déclenchement de la guerre (comme l’actuel Nouveau-Brunswick).

Ainsi, la destruction délibérée de toutes les paroisses à la portée des troupes de Wolfe, avec les conséquences désastreuses que cela impliquait pour les populations civiles, à la veille de l’hiver de surcroît, les massacres et diverses molestations des habitants qui accompagnèrent ces opérations, tout cela n’émanait pas d’une corruption des règles d’engagement des forces britanniques au premier chef. Cela découlait en fait, avance Ward, des façons dont les Canadiens avaient l’habitude de guerroyer et du système de défense de la colonie, comme des pratiques de leurs alliés amérindiens : ce sont « the nature of warfare as practised by the Canadiens and their aboriginal allies that incited British troops to respond in kind[3] » (p. 62).

Les Britanniques n’auraient fait que répondre « œil pour œil, dent pour dent » aux pratiques cruelles des forces défendant la Nouvelle-France aux dépens des habitants des treize colonies. Il est bien connu que les raids à l’amérindienne, ou d’alliés amérindiens, frappaient régulièrement les habitants des frontières depuis le XVIIe siècle. Toutefois, Ward fait référence non seulement aux abus commis par les forces françaises et leurs alliés amérindiens au sud de la frontière au cours du conflit, mais aussi au simple fait que les Canadiens étaient enrôlés dans une milice qui ne se distinguait pas aussi clairement que les forces régulières par un uniforme.

On décèle d’abord un raccourci facile pour mieux exonérer le commandement britannique en Acadie et au Canada de tout blâme et de toute responsabilité dans les importants abus commis aux dépens des populations civiles de ces colonies. Ward prétend que les Canadiens ne se comportaient pas comme des civils européens civilisés, qui eux seraient demeurés extérieurs au conflit, puisqu’en Europe on laissait cela aux troupes régulières. Autrement dit, les Britanniques ne pouvaient bien distinguer les civils des combattants ennemis et n’étaient donc pas condamnables pour ces opérations contre les civils. C’est oublier, d’une part, que les miliciens n’étaient pas présents dans ces paroisses, mais mobilisés et que, plutôt que d’être surpris de l’existence de la milice, Wolfe voulait au contraire soit la désarmer par la terreur, soit l’inciter à déserter les postes pour défendre ses foyers, après les avoir dans un premier temps sommé de rendre les armes et de se comporter en neutres, sous risque de souffrir sinon tous les malheurs de la guerre. Il suffit de consulter le premier message de Wolfe aux Canadiens, à son arrivée à l’île d’Orléans, placardé sur les portes d’église le 27 juin 1759, qui les invite à se faire neutres dans le conflit entre le roi de France et le monarque britannique, en explicitant les risques auxquels leurs villages et les villageois seront sinon exposés.

Ward y voit pourtant une preuve que l’intention initiale de Wolfe était de respecter les règles européennes de guerre (p. 48), et que ce sont les actions des Canadiens qui provoquèrent la réaction britannique. Ward est aveugle au fait que Wolfe somme les miliciens de désarmer sous la menace en les confondant, justement, avec toute la population civile. Certes, il y avait, dans les treize colonies, une volonté de répliquer à des massacres commis sur des sujets anglais, comme au fort William-Henry en 1757. Mais le commandement britannique – on le verra l’année suivante avec Amherst, par exemple – se fait surtout fort de le faire en humiliant les troupes françaises et en cherchant à se montrer comme les vrais civilisés devant des Français ayant failli à tenir le rang.

L’argument du châtiment que se seraient mérités les Canadiens est évoqué il est vrai par une historienne de renom, Louise Dechêne, dans son ouvrage posthume sur la Conquête[4]. Ward fait bon marché au passage des abus commis du côté britannique. Force est de constater pourtant que Ward néglige totalement le fait que ces tactiques ont été utilisées de part et d’autre. Certes, les Français ont davantage bénéficié de raids amérindiens : ils avaient un bien plus grand nombre d’alliés amérindiens. Mais les Anglais ne s’en privaient pas si la possibilité s’offrait à eux. Le massacre de Lachine en 1689 est bien le résultat d’une attaque sur la Nouvelle-France de la part d’alliés anglais, les Iroquois, qui s’insère dans une guerre franco-anglaise.

Plus encore, au début du conflit en Amérique du Nord, avant même la déclaration de guerre officielle entre les deux métropoles, les forces britanniques vont perpétrer ce genre de massacres sur les populations de l’Acadie française, dans un conflit où les deux parties s’en prennent aux civils et n’hésitent pas à soit attaquer à l’amérindienne soit recourir à des alliés amérindiens. Et que dire de l’affrontement de Jumonville Glen, qui marque le début des hostilités en Amérique du Nord, où l’officier canadien de Jumonville, fait prisonnier, a été massacré par l’allié de George Washington dont les troupes commirent plusieurs fautes dans cet engagement ? Ironiquement, Ward est spécialiste du conflit dans cette région du continent.

Il faut aussi et peut-être surtout voir que le ravage d’une multitude de paroisses du Canada, en aval de Québec, est un acte de dépit, une décision prise par un commandant qui voyait la prise de Québec lui échapper après plusieurs semaines de siège, de bombardement et la défaite de Montmorency. Wolfe voulait dans ce cas infliger le maximum de dommages avant de repartir au cas où la grande victoire, l’objectif de la gigantesque mission, la prise de Québec, leur échapperait. Il n’y a guère de preuves que ces décisions aient été prises en rétorsion pour l’action de miliciens ou de civils, mais bien plutôt qu’il s’agit de ce dernier type de raisonnement tactique d’infliger un maximum de blessures à une colonie ennemie.

Lorsque Ward affirme que les Canadiens se battaient comme des Sauvages et non comme des Européens civilisés (p. 61), il ne rattache aucune action spécifique des Canadiens dans la défense de leur patrie 1759 à cette affirmation. On voit mal comment cela pourrait réellement excuser la prétendue confusion entre Canadiens et Sauvages au point de justifier les abus commis par les Britanniques sur les populations civiles, notamment lorsque certaines de ces troupes se déguisèrent elles-mêmes en Sauvages pour mieux scalper des fermiers, des curés et tuer des enfants devant leurs parents faits prisonniers.

De toute manière, comment est-ce que des combats de milice ou de la résistance civile pourraient excuser ces abus commis par les forces britanniques ? Après tout, il est assez naturel pour les habitants d’un pays de le défendre lorsqu’il est attaqué. J’ajouterai qu’il est pour le moins discutable que la déportation des Acadiens de Nouvelle-Écosse respectait les règles de guerre européennes, comme Ward l’affirme (p. 47). Il faudrait que Ward mentionne également les déportations des Acadiens des territoires restés français depuis 1713, le Nouveau-Brunswick, le Cap-Breton et l’île du Prince-Édouard, voire la Gaspésie moderne, ce qui était de toute évidence en parfaite violation de ces règles.

Au surplus, le contraste entre façons de guerroyer américaine et européenne, quoique réel, surtout en termes de tactiques de guerre, ne doit pas servir de voile aux abus généralisés contre des populations civiles en manquement complet à ces règles de guerre en Europe même, où les massacres furent effroyables durant cette guerre. C’est en particulier en Europe centrale et en terre d’Empire que les populations civiles ont subi les pires atrocités. Violences déchaînées qui ont notamment fait l’objet des critiques acerbes de Voltaire dans son célèbre Candide, dont le point de départ est la fuite qu’imposent à Candide les massacres dans son Allemagne natale.

À cet égard, Ward avance d’étonnantes banalités pour fonder des arguments plus que bizarres. Par exemple, il rappelle que l’Europe ne connaissait pas le scalp, même, dit-il, et c’est le comble de l’ironie, durant des épisodes de massacres brutaux comme ceux de la répression de l’insurrection Jacobite en Écosse au milieu du siècle – à laquelle Wolfe participa, du reste (« even during the horrors of the brutal repression of the Jacobite rebellion in Scotland, British regulars had not resorted to scalping » [p. 53]). En tout cas selon Ward la pratique du scalp par les troupes britanniques au Canada en 1759 serait une preuve de la sauvagerie de l’Amérique et… des Canadiens. Le raisonnement s’effondre de lui-même tant il est aberrant. Voudrait-on nous faire croire que la boucherie indiscriminée (combinée aux autres abus) des populations civiles des Highlands au moment de repousser les prétendants Stuart avait une qualité morale supérieure au scalpage amérindien ?

Le propos paraît grossier. Il dégage aussi des relents d’anachronisme énorme par son analogie avec les discours sur les conflits au Moyen-Orient du siècle présent… Bien sûr on parle à juste titre de différences dans les façons de guerroyer en Amérique et on évoque même un ensauvagement des Canadiens en Nouvelle-France du fait du métissage culturel, principalement dans les pays d’en haut. Mais il ne faut pas tout confondre. Avant tout, la différence entre guerre à l’américaine et guerre à l’européenne tient aux façons de combattre et aux tactiques.

Il est vrai, néanmoins, que les Amérindiens ont l’habitude, en temps de guerre, de commettre des exactions sur les civils. À cet égard, ils se comparent aisément aux pratiques de guerre courantes durant l’Antiquité, gréco-romaine ou du monde méditerranéen. En Europe, depuis le Moyen Âge, avec les mouvements en faveur de la paix de Dieu, puis du droit des gens d’abord, et de nouvelles pressions aux XVIIe et XVIIIe siècles pour chercher à imposer des règles de guerre après les traumatisantes guerres de religion notamment, les pratiques n’ont pas changé rapidement. Les politesses entre officiers ou commandants nobles adverses ne les empêchaient pas de laisser fréquemment des villages entiers se faire massacrer, sans que ces effets secondaires de la guerre ne retiennent l’attention des puissances. On a commencé, bien davantage, à mettre de l’avant l’idée que c’était mal avant de pouvoir restreindre les exactions commises sur les civils en temps de guerre.

Ainsi, les pratiques de guerre amérindiennes peuvent bien paraître cruelles, barbares. Elles l’étaient. Mais il faut prendre bien garde de présenter du même souffle celles de l’Europe sous un jour positif. En Europe, la guerre de Sept Ans fit plus d’un million de victimes, dont plus de la moitié des civils, estime-t-on généralement. Bien sûr, les pertes civiles ne sont pas toutes dues, tant s’en faut, à des brutalités. Ces morts n’ont pas tous été trucidés, étripés ou égorgés par la soldatesque. Mais un grand nombre de civils ont bel et bien été tués, blessés ou violés dans le cadre de nombreux pillages, surtout dans les contrées du Saint-Empire romain germanique et d’Europe centrale. Il est présomptueux, voire absurde, d’y voir de grands signes de supériorité morale. C’est vrai même à l’intérieur d’un État, comme l’État britannique. C’est le cas des exactions commises par les forces anglaises en Écosse au XVIIIe siècle que nous avons évoquées et de celles, pire encore, en Irlande aux XVIIe et XVIIIe siècles, sous Cromwell comme lors de la rébellion de 1798.

En outre, ce type de raisonnement étonne par les relents d’un colonialisme qu’on y recèle et qu’on croyait désuet. Il n’y aurait plus qu’un pas à franchir à pareille argumentation d’ailleurs pour ensuite affirmer, sur la base de telles prémisses, que les Canadiens ont été civilisés par la Conquête et que les exactions britanniques n’en furent pas, n’étant que des réponses à la sauvagerie des pratiques canadiennes. C’est une banalisation des victimes qui tendrait à présenter le conflit comme une guerre civilisatrice. Elle repose sur des prémisses erronées dans l’évaluation du côté civilisé de la guerre en Europe au XVIIIe siècle comme je l’ai souligné et une analyse escamotée des actions et décisions des forces britanniques en Acadie française et au Canada.

Le moins que l’on puisse dire est que de pareilles énormités déparent un recueil qui se veut de haute tenue et publié par des éditions universitaires pour lesquelles, en principe, on suppose un processus de révision par les pairs. Dire que l’histoire est écrite par les vainqueurs paraît bien cliché, mais il est impossible de ne pas en voir une application grossière dans l’argumentation de cet essai.

Charles-Philippe Courtois
Département des humanités
Collège militaire royal de Saint-Jean