La revendication citoyenne et la crise sociale

Au fond, le héros éponyme, le héro mythique de la théorie, pourrait être Orphée, parce que précisément c’est celui qui se retourne sur ce qu’il aime, quitte à détruire ; en se retournant sur Eurydice, il la fait évanouir, il la tue une deuxième fois.

– Roland Barthes

L’année 2012 a été mouvementée sur le plan politique au Québec : la crise sociale, les élections, la commission d’enquête… et tout ça sur une échelle de temps assez courte pour retenir l’attention d’un public souvent accaparé par les affaires privées. Cette intensité politique a pu transfigurer un moment notre quotidien en nous projetant dans l’horizon d’obligations bien abstraites. Comment penser notre rôle à grande échelle dans l’équilibre social, notre rapport aux institutions publiques et politiques, l’impératif de prendre sur soi, de renoncer au confort et à l’indifférence, et d’agir pour le bien, tout en constatant dans le même vertige que Pascal, peut-être, notre relative insignifiance devant l’ampleur des choses ? Peut-être aussi que la cadence accélérée des événements a produit l’image d’une concordance intenable ? Chose certaine, un malaise profond atteint nos institutions démocratiques, et ce malaise est aussi le nôtre parce qu’il met en relief notre responsabilité, passive et active, passée et future, en tant que nous appartenons, de quelque manière (mais laquelle ?), à la société québécoise.

Avant de chercher d’éventuelles leçons à retenir de ces événements majeurs, une réflexion s’impose sur les idées qu’ils ont mobilisées et, à ce chapitre, c’est la crise étudiante (devenue sociale) qui nous interpelle particulièrement. Durant celle-ci, il a largement été question d’engagement « citoyen »[1], pour reprendre une adjectivation à la mode, d’appels à la solidarité et au bien commun. L’idée revient continuellement comme un raccourci, comme un sous-entendu accessible aux initiés : « C’est mon rôle de citoyen ! » Il y a derrière l’utilisation consciente du mot (à moins que sa diffusion prolifique le banalise) des présupposés idéologiques qu’on pourrait à tout le moins chercher à comprendre, d’autant plus que l’usage n’est pas exclusif au Québec.

Le terme lui-même renvoie aux origines de la culture occidentale : cive, celui qui appartient à la cité (civitas). Le mot est latin, mais la réalité de l’appartenance première à la cité est d’abord un phénomène grec. Par delà l’étymologie, c’est toute une tradition de pensée qui connote le mot, mais aussi le geste « citoyen ». Pour Michael Walzer, philosophe politique bien connu, l’idéologie de la citoyenneté correspond à une interprétation moderne du républicanisme grec et romain. Moderne, parce qu’elle tire ses sources philosophiques auprès de Rousseau et de ses premiers héritiers politiques, les jacobins. Évidemment, il y a une question de degré et de réalisme, de nuances et de dissensions, mais avant d’entamer un dialogue, assurément productif, avec Michael Walzer, il importerait de revenir brièvement sur l’envers de l’engagement citoyen, à savoir l’argument du premier ministre Charest pour appuyer le projet de loi 78.

Quelques jours après la rupture des négociations entre le gouvernement et les représentants des associations étudiantes le 31 mai 2012, le premier ministre livrait sa conception du problème lors d’une entrevue télévisée au journaliste Paul Laroque. Il y a d’abord été question d’économie. Il ne faut pas négliger le rang qu’occupe cette « valeur » dans les priorités du Parti libéral. Le premier ministre a dit et redit, par exemple, que s’attaquer au Grand prix de Montréal, c’était s’attaquer aux Québécois[2]. Néanmoins, c’est un autre argument qui retiendra davantage notre attention, celui qui a servi de justification philosophique au projet de loi 78 (Loi permettant aux étudiants de recevoir l’enseignement dispensé par les établissements de niveau postsecondaire qu’ils fréquentent). Au sujet de cette dernière, le premier ministre affirma ceci en entrevue : « […] la loi est juste […] elle dit une chose très intéressante qui est au cœur du débat […], si vous êtes 25 étudiants dans une classe et qu’il y en a 20 qui décident de boycotter leur cours, les 5 autres étudiants […] ont le droit d’étudier, les 20 autres n’ont pas le droit de bloquer l’accès aux salles de cours aux 5 autres. C’est ça qu’on défend, c’est cette liberté fondamentale que chaque citoyen du Québec a d’avoir droit à son éducation ». Cette conception qui fait du citoyen essentiellement un titulaire de droits dont la protection est garantie par l’État est l’alternative au républicanisme en Occident, elle a pris naissance au cours de l’Antiquité tardive, selon Walzer.

Nous dirons avec ce dernier que la conception du gouvernement est de type « libérale » tandis que le principe d’engagement citoyen répond de la forme « communautarienne » ou républicaine. Pour l’idéologie communautarienne, il n’est pas de communauté sans qu’on prenne part à son fonctionnement. Et pour que l’ensemble des citoyens participent activement à la chose publique (res publica), ces derniers doivent être convaincus que remplir leurs responsabilités civiques les rendra heureux. Cette logique[3], le projet jacobin l’aura poussé à terme. Les lendemains dramatiques de la Révolution française laissaient entrevoir un problème important : le décalage entre l’idéal spartiate ou athénien de la république et la réalité moderne, entre l’époque romaine et le kitsch révolutionnaire, montrait que, contrairement à ce qui avait cours dans l’Antiquité, la participation dès lors relevait du devoir-être plutôt que de la nécessité immédiate.

L’idéologie citoyenne rappelle davantage une forme modérée de l’idéal néoclassique qu’une nostalgie de la réalité gréco-latine. Pour Walzer, « il n’y a pas d’autre route pour revenir à la citoyenneté grecque ou romaine que la route de la coercition et de la terreur, parce que la société civile moderne n’engendre pas des citoyens mais plutôt, dans le jargon philosophique de Marx, « une individualité naturelle et spirituelle auto-aliénée » – des hommes et des femmes qui ont besoin de se représenter occasionnellement comme des citoyens mais dont l’activité quotidienne est régie par les impératifs du marché »[4]. Si le monde antique connaissait les tensions entre les sphères publique et privée, le modèle de la cité-État, moins complexe et différencié que la nation moderne, aurait néanmoins assuré le primat de la citoyenneté (pour ceux que ça incluait) sur l’économie[5] dans la vie concrète des gens. Cependant, le rapport de ces sphères d’existence, et la notion de citoyenneté avec, étaient déjà en réaménagement à l’époque romaine.

Pour le comprendre, Walzer nous invite à relire l’épisode de la Bible où saint Paul est transféré à Césarée, plus précisément la lettre du tribun Lysias à son sujet :

À son Excellence le gouverneur Félix, salut !

Les Juifs s’étaient emparés de l’homme que je t’envoie et ils allaient le supprimer, quand je suis intervenu avec la troupe pour le leur soustraire, car je venais d’apprendre qu’il était citoyen romain. Comme j’étais décidé à savoir de quoi ils l’accusaient, je l’ai fait comparaître devant leur Sanhédrin. J’ai constaté que l’accusation portait sur des discussions relatives à leur Loi, mais sans aucune charge qui méritât la mort ou les chaînes. Informé qu’on préparait un attentat contre cet homme, je te l’envoie tout en signifiant aux accusateurs d’avoir à porter plainte contre lui devant toi[6].

La conception de la citoyenneté telle qu’elle est exposée dans cet extrait n’est pas étrangère au public de l’époque, et « quand saint Paul se déclarait citoyen romain, il ne s’imaginait pas comme un membre actif et impliqué dans la communauté politique, certainement pas non plus comme un magistrat, mais plutôt comme le détenteur passif de titres et de droits spécifiques »[7]. Comme l’indique la réaction du tribun, le point de vue de saint Paul était non seulement légitimé, mais il se voyait consacré par les autorités impériales qui, pour des raisons d’administration et de défense du territoire, avait procédé à une redistribution de la citoyenneté. Ce système de protection légale a toujours existé depuis, rappelle Walzer[8]. Les États-nations modernes, contraints de rassembler des populations diverses dans un même ensemble, l’aurait renforcé par la pratique constitutionnelle[9]. De ce point de vue, on peut affirmer du « radicalisme jacobin [qu’il] représentait une révolte totale contre la version moderne primitive de cette citoyenneté passive[10] ».

Si l’interprétation que fait Michael Walzer au sujet de l’idéologie de la citoyenneté et de son évolution nous apparait convaincante, son analyse de l’état actuel des lieux suggère certaines critiques, notamment à la lumière de la crise sociale qui a marqué la fin du régime Charest au Québec. Selon lui, il faudrait prendre acte de l’échec relatif de nos sociétés modernes et occidentales à susciter la participation politique : le nombre de citoyens impliqués dans les organisations politiques est très faible et, de façon générale, la volonté de participer au débat public est une chose rare. Les citoyens comprennent qu’il y a quelque chose d’important à perdre, mais c’est comme si « la citoyenneté démocratique sous sa forme contemporaine ne sembl(ait) pas encourager un haut degré d’implication et de dévouement[11] ». On trouverait tout de même chez les poètes, les théoriciens, mais surtout parmi les militants des mouvements sociaux, une volonté d’action, le désir d’une citoyenneté solidaire.

Au fil de son implication, le militant découvre un certain « sentiment de puissance », que Walzer associe à la citoyenneté républicaine. Ce sentiment serait peu durable, comme les luttes sporadiques en marque la limite, ou enfin leur conclusion : dans les faits, l’extension toujours plus grande des droits et des titres (ou « droits acquis »). Il s’agirait aujourd’hui de la seule manière de faire « […] l’expérience de la passion du débat public et de l’agitation politique[12] ». Il reste que Walzer entrevoit une solution institutionnelle pour préserver et favoriser l’esprit civique. Les réformes qui vont dans le sens d’une décentralisation des structures lui semblent particulièrement appropriées. Dans le cadre d’assemblées locales, les citoyens feraient l’expérience heureuse de la participation, apprenant du même coup la façon dont on travaille aux intérêts communs.

Ce qui pose problème dans cette analyse, c’est l’interprétation au premier degré du sentiment de perte qu’éprouvent les citoyens quant à la participation politique. Plutôt que d’offrir une réflexion de nature anthropologique ou psychologique, biologique, philosophique, que sais-je, Walzer identifie un malaise et propose d’ajuster directement la dose du pharmakon politique. Comme le militant tire un sentiment de puissance à militer et qu’il y apprend dans la joie l’action commune, il faudrait multiplier les forums et les lieux de décision pour que chaque citoyen éprouve ce même bonheur. Si on sort l’argument de la logique thérapeutique, on y trouve implicite l’idée que plus il y a de participation, plus le résultat politique est souhaitable. C’est un lieu commun de la philosophie politique des dernières décennies. Mais il faut également réfléchir à la façon dont on rend la participation accessible, ses limites et ses impacts prévisibles.

Au Québec, il n’y a présentement aucune entrave à la participation politique. C’est-à-dire que toute personne peut devenir membre de l’un ou l’autre des partis existants, assister aux assemblées générales, se faire élire sur un exécutif. Évidemment, ça demande du temps, de la patience et un peu d’investissement personnel. Il faut aimer être en groupe et avoir une certaine aptitude à la parole. À défaut d’adhérer à quelconque parti, il y a possibilité d’en créer un. Si on préfère les politiques à la politique, le chemin académique peut être plus approprié… enfin, l’idée est que la participation n’est pas entravée, mais, comme le laisse penser Walzer, peut-être que la voie traditionnelle offre un moindre sentiment de puissance que la contestation. D’ailleurs, il n’est pas clair que l’excitation ou la vertueuse indignation qu’éprouve le manifestant soient assimilables à la satisfaction que peut connaître celui qui débat en assemblée municipale sur une question d’aménagement urbain. Peut-être que cette dernière est plus sélective. À chacun son plaisir.

Incidemment, peut-on penser qu’une majorité de citoyens seraient plus heureux si on ajoutait à leur horaire un plus grand nombre d’assemblées délibératives ? Sur bien des questions, on cède à d’autres le leadership. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il est sain et intelligent de se soustraire à la politique, mais c’est autre chose d’affirmer qu’il est impératif de décider quand et comment on gère les ordures, par exemple. Confronter ses idées à celles de gens d’horizons différents, accepter des compromis, contribuer de son temps et de ses ressources, faire avancer patiemment quelques dossiers… la voie institutionnelle offre moins d’émotions fortes que la lutte des regroupements identitaires ou affinitaires, mais si on est sérieux dans son engagement elle demeure disponible. Qu’est-ce qui explique le silence, ou la froide indifférence au sein du mouvement étudiant pour la démarche du député Bureau-Blouin ? Le Parti québécois a pourtant aboli la hausse des frais de scolarité et abrogé la loi 12.

Une réflexion sur la crise sociale du printemps dernier pourrait laisser croire que le sentiment de puissance limité aux luttes sporadiques est fondamentalement insatisfaisant pour le militant moyen, contrairement à ce que soutient Walzer. Ce dernier avoue dans son texte un préjugé socialiste, c’est sans doute pourquoi il lui convient de constater que les luttes menées par les mouvements sociaux s’inscrivent dans le cadre plus large du progrès et de l’égalisation des conditions juridiques et économiques. Mais il se peut que ce genre d’implication soit incompatible avec un véritable engagement républicain. Dans une lettre au Devoir intitulée éloquemment « Tout ça pour ça ? », le comédien et rappeur Sébastien Ricard traduisait sans doute fidèlement le sentiment de plusieurs grévistes lorsqu’il écrivait :

Le printemps québécois est fini. L’annulation de la hausse des droits de scolarité et l’abrogation de la loi 12 par le Parti québécois minoritaire marquent le terme de sept mois d’effervescence politique, d’un réveil populaire aussi soudain qu’inespéré, étonnant par sa vitalité et son endurance, fascinant par sa créativité proliférante, généreux, émouvant : libre. Mais, c’est fini. Vraiment ? Tout ça pour ça ?

« Nous avons obtenu ce que nous voulions », disent les leaders étudiants, bien obligés de reprendre leur discours de groupe de pression, maintenant que s’émiette une solidarité exemplaire, établie par-delà les classes, les âges et les allégeances, contre un ennemi commun.

Sur le portail de l’École de la Montagne rouge, ce collectif génial d’étudiants en design graphique de l’UQAM, Valérie Darveau, une étudiante, exprime bien le désarroi qui est le mien et que je devine être celui de beaucoup d’entre nous, au lendemain des dernières élections : « On ne s’est pas battu pour ça. On s’est battu en s’unissant, en s’organisant, en créant ensemble. On se réveille ce matin devant un Québec divisé, apeuré, perplexe, profondément mal à l’aise »[13].

Ricard se consterne que le Parti québécois n’ait pas su utiliser le mouvement pour promouvoir son option, mais termine paradoxalement sa lettre en affirmant que « c’est la souveraineté populaire qui précède la souveraineté politique, pas le contraire[14] ». Est-ce qu’une expérience authentique des responsabilités civiques n’exigerait pas qu’on prenne sur soi le relais de ses idées ? Cette séparation du social et du politique n’est-elle pas précisément au cœur de la citoyenneté passive que dénoncent les communautariens ? Relisons Walzer : « […] la société devenait une menace pour la République, car elle tirait ses membres hors de la politique : désormais, ils volaient vers leur foyer plutôt que vers les assemblées. Il s’ensuivait que la citoyenneté et la vertu requérait soit la répression de la société civile, soit la réduction de son étendue et de son attrait[15] ». Il se pourrait alors que la politique comme pharmakon, dans ses excès et ses lendemains de veille, soit le meilleur allié du repli individuel.

 

 


 

[1] Il faut lire les nombreux articles, lettres d’opinion, chroniques et éditoriaux pour s’en convaincre. Cf. Payette, Lise. « La semaine des citoyen ». Le Devoir (Montréal), 20 avril 2012, adresse URL : http ://www.ledevoir.com/politique/quebec/347990/la-semaine-des-citoyens ou Cornellier, Manon. « Des pas qui parlent ». Le Devoir (Montréal), 25 avril 2012, adresse URL : http ://www.ledevoir.com/politique/canada/348397/des-pas-qui-parlent ou Carbonneau, Claudette. « Étudiants, allez voter ». La Presse (Montréal), 10 août 2012, adresse URL : http ://www.lapresse.ca/debats/votre-opinion/201208/09/01-4563771-etudiants-allez-voter.php, etc.

[2] On peut mieux comprendre d’où vient l’emphase de son successeur, quelques jours après les élections, quand il s’exclamait : « On ne restera pas muets devant les atteintes au développement économique » cité in Journet, Paul. « Marois s’inspire de Stephen Harper, accusent les libéraux ». La Presse (Montréal), 21 septembre 2012, adresse URL : http ://www.lapresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-quebecoise/201209/21/01-4576388-marois-sinspire-de-stephen-harper-accusent-les-liberaux.php

[3] Il faut relire certains passages du Contrat social de Jean-Jacques Rousseau pour comprendre l’état d’esprit des révolutionnaires : « De lui-même le peuple veut toujours le bien, mais de lui-même il ne le voit pas toujours […]. Il faut obliger les uns à conformer leurs volontés à leur raison ; il faut apprendre à l’autre à connaître ce qu’il veut » (livre II, chapitre VI) ; « C’est précisément parce que la force des choses tend toujours à détruire l’égalité, que la force de la législation doit toujours tendre à la maintenir » (idem) ; « il ne dépend pas des hommes de prolonger leur vie, il dépend d’eux de prolonger celle de l’État aussi loin qu’il est possible, en lui donnant la meilleure constitution qu’il puisse voir. Le mieux constitué finira, mais plus tard qu’un autre, si nul accident imprévu n’amène sa perte avant » (livre III, chapitre XI), etc.

[4] Les citations sont tirées d’une conférence donnée par Michael Walzer dans le cadre des rencontres de Sintra au Portugal. La traduction est de Jean-Claude Monod et le texte fut publié dans la revue Esprit, pour le numéro de mars-avril 1997, sous le titre « Communauté, citoyenneté et jouissance des droits », p. 122-131.

[5] En grec, oikos nomos qui signifie « les lois de la maison », le domaine privé. Pour une analyse toujours fort pertinente sur le l’importance progressive de l’économie dans la sphère publique, Cf. Arendt, H. (1983). Condition de l’homme moderne, Calmann-Lévy : Paris, 406 p. (particulièrement le deuxième chapitre).

[6]Actes 23, 23-30.

[7] WALZER (1997), p. 126.

[8] Bien que de façon formelle durant le Moyen-âge. Cf. Couillard, Simon (2012). « Une approche constitutionnelle », L’Action nationale, novembre 2012, no.9, ISSN-0001-7469.

[9] Cf. ibid.

[10] WALZER (1997), p. 128.

[11] ibid. p. 130.

[12] WALZER (1997), p. 131.

[13] Ricard, Sébastien. « Tout ça pour ça ? ». Le Devoir, 12 octobre 2012

http ://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/361189/tout-ca-pour-ca

[14] ibid.

[15] Walzer (1997), p. 124.