En couverture du numéro Septembre-Octobre 2015 Henri Julien Le Vieux de ’37
40 x 48 cm, gouache sur papier brun, 1904
Ce tableau maintenant fort connu a été fait pour Georges Aimé Simard, ami et client assidu du peintre à qui il a commandé plusieurs toiles. C’est à l’instigation de Georges-Aimé Simard que fut élevé au Pied-du- Courant le monument aux Patriotes. Le collectionneur utilisait d’ailleurs chez lui (maison bicentenaire démolie pour faire place à l’autoroute de la Rive Sud) la vieille porte de la prison des Patriotes.
Henri Julien est né à Québec le 14 mai 1852. En 1860, à l’âge de 8 ans, il commence à étudier le dessin à Montréal puis la lithographie aux ateliers de Georges-Édouard Desbarats. En 1874, à titre d’artistereporter, il part vers le Nord-Ouest canadien. De ce voyage naissent une série de dessins qui sont publiés dans l’Opinion publique et qui lui valent la reconnaissance publique. Il réalise ensuite de nombreux dessins, caricatures et illustrations.
En 1888, il est nommé directeur artistique du Montreal Daily Star, poste qu’il occupe jusqu’à sa mort. Il devient de ce fait le premier caricaturiste à temps plein au Québec et au Canada. Son oeuvre rayonne outre frontière, notamment à New York (Harper’s), Londres (The Graphic) et Paris (Le Monde illustré). Sa grande facilité d’exécution lui permettait de saisir d’un trait incisif l’essentiel d’un facies ou d’un geste.
Henri Julien est aussi artiste peintre, mais ses toiles sont plutôt rares. En effet, le temps lui manque. Peut-être parce que, outre ses nombreuses occupations, il est père de 18 enfants. Cependant, ses oeuvres marquent l’art québécois de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Il est ainsi le premier à produire des scènes paysannes sur les Canadiens français. Il a, entre autres, illustré La légende d’un peuple de Louis Fréchette et sa célèbre Chasse-galerie est conservée au Musée national des beaux-arts du Québec.
Il est décédé en 1908. On lui a rendu hommage le 29 mai 1911 en nommant une rue en son nom, l’avenue Henri-Julien à Montréal. En octobre 1970, l’oeuvre en couverture, tirée d’une série sur la rébellion de 1837, connaît une notoriété soudaine et plutôt inusitée : il se retrouve sur les messages que le Front de libération du Québec fait parvenir aux médias !