Oeuvre du mois – Jean-Paul Jérôme

jerome600En couverture du numéro de Novembre-Décembre 2019
Jean-Paul Jérôme
Sans titre, 1970, encre sur papier japon, 101,6 x 66 cm
Collection Robert Jérôme

Jean-Paul Jérôme. Les abstractions lyriques
Du 5 octobre 2019 au 5 janvier 2020
Musée d’art de Joliette

Mot de la commissaire Constance Naubert-Riser

Jean-Paul Jérôme est cosignataire en 1955 du premier Manifeste des Plasticiens avec Louis Belzile, Fernand Toupin et Rodolphe de Repentigny (Jauran). Les Plasticiens avaient fait une entrée remarquée sur la scène artistique montréalaise en se dissociant nettement des Automatistes, toujours prédominants. Les Plasticiens préconisent une peinture non figurative aux formes planes agencées de manière décentrée dans l’espace du tableau : une apologie de la rigueur qui favorise l’autonomie des moyens picturaux.

Produites entre 1969 et 1970 et jamais exposées durant sa longue carrière, les encres sur papier de Jean-Paul Jérôme apparaissent aujourd’hui comme une sorte de parenthèse dans une production essentiellement consacrée à l’abstraction géométrique.

Marqué par la peinture française des années 1950 lors d’un séjour à Paris de 1956 à 1958, Jérôme poursuit son exploration des nombreuses possibilités offertes par la peinture abstraite. Durant les années 1960, il entreprend un véritable dialogue avec l’œuvre plus gestuelle de Hans Hartung, puis explore de manière personnelle les ressources de l’art optique, nouvelle tendance internationale. Dans le contexte de son évolution, la production soudaine de ces encres en 1969 constitue donc une rupture, un saut dans l’inconnu.

Dans un premier temps, de petits carnets de dessin lui servent à se faire la main. Quelques coups de pinceau rythmés animent l’espace de chacune des pages. Jérôme adopte un nouveau médium plus fluide : l’encre de Chine Palen’s, qui se vend maintenant en flacons de différentes couleurs, vives et très lumineuses. Son rapport à l’espace de l’œuvre se transforme alors radicalement.

Séduit par la texture du papier japon, il pose les feuilles sur le sol de son atelier. Muni d’un pinceau large et d’un manche à rallonge, l’artiste travaille debout, ce qui lui permet d’augmenter l’amplitude du geste et la largeur des traces enchevêtrées. Des gouttes de couleurs sans doute projetées au hasard rappellent la technique du « dripping » mise au point par Jackson Pollock en 1947 pour exprimer son ardeur de peindre, une ferveur que l’on retrouve dans la personnalité forte et singulière de Jérôme.

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450 756-0311

145, rue du Père-Wilfrid-Corbeil
Joliette (Québec) J6E 4T4