Oeuvre du mois – René Derouin (Juin 2020)

DEROUINRENÉLA FLORE600en couverture du numéro de Juin 2020
René Derouin
LA FLORE LAURENTIENNE ID 2019, papier collé papier troué et dessins,
107 x 76 cm, photo Lucien Lisabelle.

Je suis parti au sud du précambrien avec ma mémoire visuelle de la Flore laurentienne, emportant outils, papier et documents, pour travailler dans le silence à la création de nouvelles graphies pour des bois reliefs s’inspirant de la végétation qui pousse sur les rochers précambriens, un hommage à Marie‑Victorin.

Territoire source de culture et d’identité

À Mexico, en 1955, à l’école des beaux-arts, alors que mes professeurs me demandaient d’où je venais, j’étais bien en peine de décrire mon territoire du Nord. Cela faisait de moi un ignorant sans identité. Je me suis bien promis qu’à mon retour, chez moi, j’investirais mon territoire pour en faire une part de mon identité, de mon œuvre et de ma culture.

Le territoire est une source de richesses et quand j’y intégrerai la nordicité par mes voyages et mes lectures, je découvrirai le sens de notre histoire et comment mes ancêtres y avaient survécus pendant des siècles. Je découvrirai mes méconnaissances de ce pays et le snobisme d’une certaine élite culturelle et son aliénation à ne pas se reconnaître dans cet immense pays nordique.

Lentement, j’intégrerai la nordicité comme identité et je découvrirai la mémoire de mes ancêtres et de leur difficile survivance dans ce pays. Je prenais conscience que ce territoire nous avait métissés et fait de nous des autochtones du Nord. Ce territoire était le mien et je pouvais en parler comme une source de ma culture.

www.renederouin.com