Été 2012 - De meilleurs liens entre la pensée et les possibles
L’embâcle a cédé. On ne parvient pas encore à bien identifier tout ce que les eaux tumultueuses du fleuve Québec vont continuer de charrier. Le dégel subit aura fait paraître encore plus long, plus froid ce long silence d’une société congelée dans son doute. Il faut avoir l’esprit chagrin pour ne pas faire la part des choses : la crise n’aura pas eu que du bon, autrement cela ne porterait pas le nom de crise. Mais elle aura eu au moins un effet bénéfique insoupçonné en déclenchant le formidable procès de la médiocrité ambiante.
Car c’est d’abord d’elle dont il s’est agi : médiocrité libérale répugnante d’un gouvernement qui a voulu jouer au plus fin et qui s’est enlisé dans sa propre gangue. Médiocrité médiatique à peu près généralisée où les cohortes de bonimenteurs ont fini par faire réaliser jusqu’à quel point le métier d’analyste et de commentateur est devenu rare et mal toléré. Médiocrité spectaculaire d’une élite économique incapable de s’élever au-dessus des lieux communs de la littérature d’aéroport, déconnectée et méprisante, grise de son statut de parvenue.