- François L’Italien
- Numéros publiés en 2014
- Février 2014
Du Québec inc. au Quebec Capital
L’échec du référendum de 1995 a constitué un tournant important dans l’histoire des rapports entre la société québécoise et son élite économique. Cet échec a sonné le glas d’un compromis social qui durait depuis près de trente ans au Québec, un compromis qui visait à faire sortir l’économie québécoise des ornières de la dépendance à l’égard des métropoles étrangères. Pensée au début du XXe siècle par l’école des HEC, cette critique de la dépendance avait en effet constitué le ciment d’une économie politique proprement nationale, élaborée dès les années 1960, par laquelle le projet d’une prise en charge collective du destin économique du Québec devait se concrétiser. Ce projet ralliait aussi bien les nationalistes, qui dénonçaient les effets délétères de la sujétion politique du Québec au Canada, que les milieux libéraux, dont les intérêts étaient contrariés par des mécanismes maintenant durablement les Québécois dans une situation d’infériorité économique. Ce type de coalition, on le sait, était typique des communautés politiques cherchant à se défaire des structures de domination impériale au XXe siècle, structures qui étaient reconduites dans cette forme diminuée d’empire qu’a constitué le «Commonwealth» canadien depuis son origine.