- Louis Gill
- Janvier 2016
- Endettement et austérité
Endettement et austérité au Québec, fin 2015
Cet article a valu le prix André-Laurendeau du meilleur article de l'année 2016 à son auteur
Le niveau de l’endettement public n’est devenu une préoccupation au Québec qu’en 2005 avec la publication, le 19 octobre, du manifeste Pour un Québec lucide (signé par l’ancien premier ministre Lucien Bouchard, les économistes Pierre Fortin, Robert Lacroix et Claude Montmarquette, l’ancien ministre du Parti québécois Joseph Facal, l’éditorialiste de La Presse André Pratte et six autres personnes). Ce manifeste lançait un cri d’alarme : « notre dette a atteint un niveau prohibitif ; notre avenir, surtout celui de nos enfants, est menacé ; d’ici peu, les huissiers seront à nos portes » ! Confronté simultanément au vieillissement de la population, le Québec serait bientôt « à feu et à sang », avait déclaré Pierre Fortin.
Dix ans plus tôt, on visait l’élimination du déficit budgétaire, mais on ne se préoccupait pas de la dette : la croissance du Produit intérieur brut (PIB) allait en diminuer le poids relatif. Pourtant, à 59 % du PIB, ce poids relatif était significativement plus élevé qu’aujourd’hui.
- Guillaume Rousseau
- Janvier 2016
- Comptes rendus de Janvier 2016
Frédéric Bérard et Stéphane Beaulac. Droit à l’indépendance
Frédéric Bérard et Stéphane Beaulac
Droit à l’indépendance. Québec, Monténégro, Kosovo, Écosse, Catalogne, Les Éditions XYZ, 2015, 271 p.
À l’heure où l’on entend dire que la question nationale intéresse moins qu’auparavant, la parution d’un livre sur le droit à l’indépendance ne pouvait que nous intriguer. Surtout quand il s’agit d’un livre rédigé par deux juristes d’obédience fédéraliste, Frédéric Bérard et Stéphane Beaulac, alors qu’au cours des dernières années les livres portant la question nationale ont plus souvent été l’œuvre de souverainistes.
D’emblée, ce livre provoque toutefois une certaine déception. Alors que son titre, Droit à l’indépendance. Québec, Monténégro, Kosovo, Écosse, Catalogne, annonce une vaste étude puisant abondamment dans des cas étrangers, il s’agit plutôt d’un long commentaire sur le Renvoi relatif à la sécession de la Cour suprême du Canada de 1998 avec quelques références à des cas étrangers visant essentiellement à mettre en valeur ce renvoi.
- Carl Bergeron
- Janvier 2016
- Comptes rendus de Janvier 2016
Steve Gagnon. Je serai un territoire fier et tu déposeras tes meubles
Steve Gagnon
Je serai un territoire fier et tu déposeras tes meubles, Atelier 10, collection Documents, 2015, 78 pages
Steve Gagnon est né en 1985. Actif surtout dans le milieu du théâtre, il signe avec Je serai un territoire fier et tu déposeras tes meubles une courte et passionnée réflexion sur la condition masculine. Comme moi, le lecteur butera peut-être sur le titre d’emblée : comment un territoire, et non un être humain, peut-il être « fier », et pourquoi la proposition « tu déposeras tes meubles », dont l’articulation à « Je serai un territoire fier » n’est déjà pas évidente, ne contient-elle pas de pronom ou de complément circonstanciel de lieu ? Peut-être l’auteur voulait-il dire : « Je serai une maison aux fondations profondes et tu y déposeras tes meubles » ? À la lecture, on se rend rapidement compte, hélas, que ce français bancal n’est pas fortuit et qu’il est la marque de l’auteur.
- Sébastien Bilodeau
- Janvier 2016
- Comptes rendus de Janvier 2016
Aurélie Lanctôt. Les libéraux n’aiment pas les femmes
Aurélie Lanctôt
Les libéraux n’aiment pas les femmes, Montréal, Lux éditeur, 128 pages
Les libéraux n’aiment pas les femmes est le premier livre d’Aurélie Lanctôt, jeune vedette du militantisme féministe québécois. L’auteure est chroniqueuse dans plusieurs tribunes, dont le journal Voir, Urbania, la Gazette des femmes et le site Ricochet. Le livre est une attaque contre la politique économique du gouvernement Couillard, décrite comme étant particulièrement nuisible à la condition féminine québécoise. L’ouvrage parvient à déployer un argumentaire souvent habile et incisif qui présente bien les effets nocifs des politiques d’austérité du gouvernement libéral, mais le propos est toutefois diminué par plusieurs failles dans la forme et le fond du texte.
- Martin Lemay
- Janvier 2016
- Comptes rendus de Janvier 2016
Sylvain Tesson. Berezina
Sylvain Tesson
Berezina, Guérin, 2015, 199 pages
En 2012, Sylvain Tesson, écrivain casse-cou, spécialiste du genre « littérature de voyage extrême », entend souligner à sa façon le 200e anniversaire de la retraite de Russie. Accompagné de quatre de ses amis, deux Français et deux Russes, il enfourche un side-car qui le mènera de Moscou à Paris dans une aventure littéraire et historique de quatre mille kilomètres. Mais pourquoi s’investir dans une telle aventure ? Parle-t-il de lui quand il écrit que « L’homme n’est jamais content de son sort, il aspire à autre chose, cultive l’esprit de contradiction, se propulse hors de l’instant. L’insatisfaction est le moteur de ses actes » (p. 17). Et cette « insatisfaction », n’est-elle pas due à cette constatation : « Il y a deux siècles, des mecs rêvaient d’autre chose que du haut débit. Ils étaient prêts à mourir pour voir scintiller les bulbes de Moscou » (p. 19). Mais ce livre ne saurait se résumer à la mélancolie d’un hyperactif romantique. À sa manière, l’écrivain-bourlingueur (ou le bourlingueur-écrivain, c’est selon) veut répondre à sa propre question : « Quel était aujourd’hui le terrain d’expression de l’héroïsme ? » (p. 193)