Octobre 2017

Vol. CVII, no 8

Éditorial - Coupables d'exister

2017octobre250

Les voix ne cessent de se multiplier, au moment d’écrire ces lignes, pour demander au gouvernement d’annuler la Commission sur le racisme et la discrimination systémiques. Rien, apparemment, ne paraît ébranler la volonté de Philippe Couillard d’en découdre avec les spectres qu’il dit vouloir débusquer dans les manifestations d’une identité qu’il ne se représente que repliée sur elle-même. Dérapages à la Commission des droits de la personne, cafouillage sur les modalités de déroulement des audiences, inquiétudes sur la sous-traitance à l’industrie de la repentance, soupçons d’électoralisme aussi malsain que cynique, rien n’y fait. La supériorité morale qu’il s’octroie et qu’il ne se gêne jamais d’infliger au bon peuple reste sa posture et dicte sa position.

Lire la suite : ...

Bilinguisation: la brèche collégiale

Prix André-Laurendeau 2017

Le « libre-choix » et la « prédominance » :
des bombes à fragmentation lancées au cœur des cégeps de langue française

C’est donc officiel.

Un court texte paru le 21 août sur le site web du Syndicat des professeur(e)s du Cégep de Sainte-Foy1 annonce que la direction a modifié en juin dernier la Politique sur l’emploi et la valorisation de la langue française. Spécifiquement, l’article 3.1 qui faisait du français la « langue d’enseignement » au collège a été abrogé et remplacé par un article qui fait du français la « langue prépondérante d’enseignement ».

Il est difficile d’exagérer l’importance de ce changement mineur en apparence.

Pour la première fois, un cégep public (le plus gros à Québec) abandonne – en partie pour le moment, mais le meilleur est sans doute à venir – le français comme langue d’enseignement à l’intérieur de ses murs. C’est un recul qu’il n’est pas exagéré de qualifier d’historique. On s’interroge à savoir si la direction actuelle du cégep mesure bien la gravité du geste qu’elle vient de poser.

Lire la suite : ...

La leçon d’Hubert Aquin

À l’occasion du quarantième anniversaire de la disparition d’Hubert Aquin, j’ai pensé lui rendre hommage en rappelant aux nouvelles générations l’existence d’un corpus d’analyses éclairantes sur les raisons fondamentales qui expliquent les hauts et les bas du mouvement indépendantiste. On a intérêt, en ces temps de désarroi, à revisiter l’histoire intellectuelle de l’indépendantisme et à remettre au jour ce qui a été oublié ou perdu de vue. Ces contributions intellectuelles peuvent nous permettre de comprendre pourquoi les Québécois refusent toujours leur liberté et comment fonctionnent les mécanismes qui entravent la prise de conscience de l’intérêt national.

De Gaulle et l’esprit de résistance

Écrivain. Administrateur de la Fondation Charles de Gaulle
Allocution d’ouverture du colloque « Vive le Québec libre »

Il existe un lien indissoluble entre résistance et vie, la vie étant ce qui résiste à la mort. La mort d’une cellule, d’un ensemble, d’une culture, d’une civilisation, d’une langue, d’un sentiment… surgit quand s’effondre toute forme de résistance. C’est dire si évoquer « l’esprit de résistance » engage loin, particulièrement au Québec. Que seriez-vous devenus sans votre acharnement à résister à la disparition de votre identité, de votre être, alors que de l’autre côté de l’Atlantique nous faisions preuve d’une lamentable légèreté ?

La dictature de l’investisseur-roi

Le libre-échange est une idéologie qui prétend ne pas en être une, une politique qui se camoufle sous un apparat apolitique. Plus que le seul pouvoir hégémonique des grandes entreprises, le libre-échange est aussi le règne de l’expert. L’espace de décision politique se retrouve confiné à un périmètre de moins en moins étendu, les gouvernants étant alors tenus de gérer et d’administrer à l’intérieur d’un cadre prédéfini, et pouvant aller dans une seule direction1. Le culte de l’expertise fait appel à une prétention scientifique en guise d’argument d’autorité, justifiant son congé d’une participation au débat démocratique. Nous assistons là au divorce, et même à l’affrontement, entre le savant et le politique2. Nos sociétés seraient à diriger par le calcul rationnel, comme si la gouvernance pouvait être une science exacte, et comme si l’avenir des collectivités pouvait être déterminé par des robots et des algorithmes. La culture du secret le plus total dans laquelle se déroulent les négociations autour des traités de libre-échange est un syndrome éloquent de cette expertocratie cherchant au maximum à ce que les experts discutent entre eux et que le débat politique n’interfère pas avec la cour des grandes certitudes. Les discussions sur le libre-échange ne traitent plus du « pourquoi », l’affaire étant classée, mais uniquement du « comment ». La classe politique est si unanime – les déclarations intempestives contre ceux qui affichent leur scepticisme nous l’indiquent – qu’elle est toute vouée à remettre, clés en main, une partie de ses responsabilités à des techniciens sans mandat démocratique.

Sous-catégories

Collections numériques (1917-2013)

action couv 1933Bibliothèque et Archives nationales du Québec a numérisé tous les numéros de L'Action française et de L'Action nationale depuis 1917.

Vous pouvez utilisez cet outil de recherche qui vous permettra — si vous cliquez sur « préciser la rechercher » — de ne chercher que dans L'Action nationale ou dans L'Action française.

Mémoires présentés récemment