Printemps 2021 - Tenir les livres loin de la prohibition
Chaque époque a ses sensibilités. C’est dire que les pudeurs varient, que ceux et celles qu’elles inspirent ou révulsent ne sont pas toujours les mêmes. C’est aussi dire que les fausses pudeurs meublent tout autant et avec les mêmes variations les arsenaux de la mauvaise foi. En ces matières comme en bien d’autres, le relativisme ne doit pas servir de paravent à l’angélisme.
Les événements qui se précipitent dans le monde universitaire imposent des débats sur la censure qu’il n’est plus possible de minimiser. Quand des universitaires acceptent de mettre au ban des auteurs, qu’ils acceptent de censurer les œuvres et de mettre des livres à l’index, quelque chose pourrit dans la culture. La vertu qui veut faire mourir des livres n’est rien moins que philtre toxique. Peu importe la sensibilité qui l’inspire, l’appel à la prohibition ne peut jamais être tenu pour banal et encore moins être dispensé d’un questionnement sévère de ses justificatifs.