Numéros publiés en 2004

Revoir le cadre stratégique

2004janvierCouv

Texte majeur publié en 2004, «Revoir le cadre stratégique» continue de stimuler la réflexion sur la démarche indépendantiste québécoise.

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Le cycle politique ouvert avec la Révolution tranquille n’est pas mort avec la défaite du Parti québécois en avril dernier. C’est le Clarity Bill qui marque à la fois la conclusion du débat politique amorcé avec la commission Laurendeau-Dunton et l’éclatement du cadre et de la logique politiques qui structuraient les rapports Québec-Canada. La réponse de l’État canadian au référendum de 1995 vient clore la relation dialogique qui s’était imposée au fil des décennies et qui avait fini par donner sa forme et son cadre au « débat » constitutionnel. Il n’y a plus désormais une telle chose que ce débat. Le Canada a fait ses choix, la question du Québec est réglée. Non seulement n’est-il plus disposé à envisager quelque révision que ce soit, mais encore et surtout s’est-il octroyé le droit de définir lui-même la légitimité des demandes recevables de la part des souverainistes. L’État canadian a dit clairement que les souverainistes-partenairistes n’ont plus d’interlocuteur. La démission de Lucien Bouchard a consacré la mort du cycle : il n’y aura pas de conditions gagnantes à prétendre dialoguer avec le Canada.

En dépit de ses protestations, le Parti québécois n’a pas saisi la portée politique de C-20. Lucien Bouchard a eu beau dire son étonnement devant la réaction populaire à ce coup de force, il n’a rien trouvé d’autres à dire qu’à l’en blâmer. Bernard Landry et son gouvernement n’ont pas été en mesure de rajuster le tir par une riposte politique systématique. Ils sont restés enlisés dans la gestion provinciale où les avait conduits un Lucien Bouchard velléitaire et bonne-ententiste. Pis encore, le gouvernement du PQ a été tenté de renoncer à assumer sa responsabilité de leader du mouvement historique en se lançant dans une apologie de la société civile qui semblait porter toutes les vertus, y compris celle d’avoir les idées plus claires et la volonté mieux trempée que les élus responsables du seul instrument utile à la réalisation de l’objectif : l’État du Québec. La création du Conseil de la souveraineté est certes une initiative louable qui saura sans doute prouver son utilité, mais elle n’épargnera pas au Parti québécois la tâche douloureuse, ardue et périlleuse de revoir son cadre stratégique. Certes la souveraineté appartient au peuple, c’est un combat qui doit mobiliser toute la société, mais c’est un combat qui ne se peut gagner que par l’action rigoureuse d’un parti politique qui accèdera à la gouverne pour traduire l’idéal en réalité.

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Roméo Dallaire: le Canada fait de lui un héro, le Québec saura-t-il y voir clair?

Le Canada voudrait faire du général Roméo Dallaire un héros d'envergure internationale. Méfions-nous! Le Québec n'a aucun intérêt à suivre le Canada sur ce chemin. Le livre que Roméo Dallaire a récemment signé (J'ai serré la main du diable, La faillite de l'humanité au Rwanda Libre Expression 2003) fournit beaucoup de raisons pour ne pas le faire. De même, un croisement simple d'informations sur la tragédie rwandaise devrait permettre à tout observateur attentif de voir qu'il y anguille sous le socle du monument qu'on est en train d'ériger en l'honneur de cet ancien chef de la Mission des Nations unies au Rwanda.

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Gil Courtemanche ou Le progressisme de droite

Trop loin à l’est, c’est l’ouest.
Lao-Tseu

Une tentation antinationale guette la social-démocratie de gauche au Québec. Elle jette dans les bras des ennemis extérieurs du Québec certains éléments gravitant autour par exemple de l’Union des forces progressistes (UFP), des collectifs d’abord solidaires ou autres groupes progressistes.

À la base de cette tentation – outre bien sûr l’hégémonie canadienne et sa propagande, qui exercent un effet déréalisant sur la politique « provinciale » – il y a une préoccupation mal comprise, ou à moitié comprise, du bien commun, d’où la dimension politique disparaît au profit de la seule dimension socioéconomique. Certains poussent cette logique jusqu’à dénigrer ouvertement la lutte des Québécois contre leur dépendance politique, alignant leur discours sur celui des contempteurs traditionnels du Québec. Sur la question nationale, se vantant de faire de la politique « autrement », ils rattrapent simplement la meute criante des politiciens d’outre-Outaouais tout ce qu’il y a de plus traditionnels. C’est le cas de Gil Courtemanche. Son plaidoyer de chemise déchirée pour une Seconde Révolution tranquille illustre bien le tropisme réactionnaire en question1. Ce tropisme, faut-il dire, est très loin d’emporter toute la gauche, mais il la travaille ; assez pour que l’analyse du « programme » courtemanchien présente un intérêt, par-delà son caractère assommant et verbeux.

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La grande noirceur serait-elle devant nous ?

Il paraît acquis aujourd’hui pour beaucoup des nôtres que notre société est sortie à partir des années soixante, grâce à la « révolution tranquille », d’un long isolement, d’une longue période de grisaille, d’ignorance, voire d’oppression intellectuelle et morale, situation résumée dans l’expression « la grande noirceur ». Et l’on parle sur un mode apitoyé des nombreuses générations de nos malheureux ancêtres, victimes de cette tyrannie multiforme, privées des lumières, de l’ouverture au monde, du progrès économique et scientifique, dont nous sommes les bénéficiaires enchantés !

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La grande méprise

Jadis et même hier, la guerre et les conquêtes n’engendraient que des effets relatifs, bien que terribles. Elles chambardaient la carte politique, les rapports de force entre les nations, la puissance matérielle des unes et des autres, et entraînaient des dommages de tous ordres. Mais c’était toujours comme de l’histoire ancienne. Les bouleversements se refermaient à la fin sur des situations changées certes mais rétablies sous d’autres formes. L’histoire classique reprenait, les guerres aussi, mais dans des limites similaires bien que sans cesse agrandies : Napoléon par rapport à Louis XIV, puis les deux grandes guerres par rapport à Napoléon. Différences seulement quantitatives jusque-là, bien qu’immenses. Le sort physique du monde ne se jouait pas encore. Mais voici que ce sort est devenu le premier en cause, ce qui est d’une nouveauté formidable.

 

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