Novembre-Décembre 2011

Vol. CI, no 9-10

Histoire politique et histoire nationale au Québec

Professeur, département d'histoire, UQAM

Ce qu’on appelle l'« histoire nationale » n’implique de soi aucune opposition à ce à quoi on a donné le nom d'« histoire sociale ». Sur le même plan, c’est plutôt par rapport au local et au mondial qu’elle peut être située dans sa spécificité  [1].

La Fondation Lionel-Groulx a récemment commandé et entériné une analyse de l’état de l’enseignement et de la recherche en « histoire nationale » dans les départements d’histoire des universités québécoises [2]. Comme l’affirme son directeur général, « pour la Fondation Lionel-Groulx, son conseil d’administration et son comité d’historiens, le débat sur la place réservée à notre histoire nationale dans nos institutions d’enseignement est un débat important et sérieux, qui mérite d’être mené avec rigueur et respect [3] ». Ce texte a suscité un débat virulent dans la presse écrite, débat auquel mes collègues professeurs dans les départements visés par ce document, ont pris une part relativement discrète et limitée [4]. Le format de la presse écrite se prête de toute façon très mal à une critique approfondie. Pourtant, ce document me semble révélateur d’une certaine attitude et d’un certain rapport à l’histoire qui se fait dans nos départements, attitude et rapport qui concernent au plus haut point la place de l’histoire nationale et de l’histoire politique dans le destin de la collectivité québécoise, et qui à mon sens méritent d’être dénoncés.

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Un monde qui se défait, un monde à reconstruire

Professeur émérite, UQAM.

Les raisons d’être déprimé aujourd’hui sont nombreuses et sérieuses. Sans être exhaustif, mentionnons le fossé qui s’élargit entre les plus riches et les plus pauvres, y compris dans les pays de l’OCDE[1], le réchauffement climatique et la dégradation de l’environnement combinée à l’épuisement des ressources naturelles, les politiques aveugles qui conduisent au désastre, sans oublier des pratiques politiques relevant d’une intégrité trop souvent douteuse, les réductions dans les services publics alors que la redistribution a été amendée en faveur des plus riches depuis trois décennies : réductions d’impôt, progressivité réduite, exemptions avantages fiscaux et autres cadeaux fiscaux qui expliquent en partie la croissance de l’endettement public. À ces facteurs plus structurels, il faut ajouter la cupidité et l’arrogance d’une grande partie de l’élite financière, l’impuissance et souvent le silence des dirigeants politiques à l’égard des dérives financières, l’absence de vision des partis politiques dont les programmes ne suscitent guère d’enthousiasme, une société civile de plus en plus active et même imaginative, mais de plus en plus fragmentée et faiblement organisée.

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Penser la politique spectrale I

Résumé – Cet article pose l’urgence d’une politique attentive aux fantômes qui affolent le peuple québécois dans l’écriture de son histoire. Il situe le retour de certains revenants pour montrer que les fantômes, sous différentes formes, sont parmi nous. Loin de la paranoïa, attentif aux faits, il montre que le Canada est une Haunted House coresponsable de politiques d’horreur et de peur qui nous oblige à envisager une spectropolitique à la hauteur de notre destin historique. Il est écrit en deux parties. S’il présente tout d’abord notre histoire à travers le prisme des revenants, cet article s’achève sur un point positif : le Québec doit former une jeune élite capable de rencontrer les fantômes, interpréter leur message afin de les affoler dans le but ultime de persuader le peuple de l’importance de sa liberté.

Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es.
—Don Quichotte, Cervantès

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La gratuité universitaire est possible et socialement productive

Le débat sur l’augmentation des frais de scolarité est toujours d’actualité puisque les étudiants ont annoncé la poursuite de la contestation de la hausse décrétée par le gouvernement libéral. Depuis des années, dans une belle unanimité, le gouvernement, le milieu des affaires et les dirigeants universitaires soutiennent que cette hausse est une condition sine qua non pour assurer la compétitivité des universités québécoises et donner une formation de qualité aux étudiants. Ces hérauts de la loi du marché et de l’individualisme forcené fondent leur argumentation sur des comparaisons avec les frais de scolarité dans le reste du Canada et leur but avoué est de rejoindre la moyenne canadienne. Après tout, comme nous sommes au Canada, il faut s’ajuster aux normes canadiennes. Être Canadiens n’a pas que des avantages et en matière d’éducation, il n’y a pas de raison, semble-t-il, de préserver la spécificité québécoise.

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Éditorial - Regarder loin, viser haut, trimer dur

2011novdec250L’ordre du monde vacille. Les puissances de l’argent se crispent avec la détermination du désespoir. Voilà longtemps que les choses n’étaient pas apparues aussi crûment : les nations se rebiffent, les peuples refusent de se soumettre à un ordre de paupérisation. Cela se préparait depuis longtemps, mais les convulsions désormais se font plus intenses, les secousses plus fortes. Les trois décennies de néolibéralisme débridé sont derrière nous. La bête n’est pas morte, mais elle est mortellement atteinte. Il ne faut pas se laisser abuser par la véhémence de ses réactions, un ordre s’épuise.

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Collections numériques (1917-2013)

action couv 1933Bibliothèque et Archives nationales du Québec a numérisé tous les numéros de L'Action française et de L'Action nationale depuis 1917.

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