Rosaire Morin, tel que je l’ai connu

Rosaire Morin nous a quittés le 14 avril 1999. Il y a précisément dix ans de ce triste jour en ce printemps 2009. Celui qui fut, entre autres, Chancelier de l’Ordre Jacques-Cartier, fut aussi sans nul doute possible, l’un des plus grands Patriotes de sa génération. Seule la publication d’une biographie substantielle rendra vraiment justice à l’exceptionnelle œuvre d’éducation nationale qui fut celle de ce fils de Saint-Honoré dans le Témiscouata, né en 1922. D’ici là, voici quelques fragments des impressions que j’ai ressenties au fil des années en côtoyant au quotidien ce géant du mouvement québécois.

J’ai entendu parler de Rosaire Morin bien avant que de l’avoir rencontré. Dès mon arrivée dans les années 1970, dans les murs de la Maison Ludger-Duvernay, au 82, rue Sherbrooke Ouest, cet ancien Club de réforme du Parti libéral que la SSJB venait d’acquérir, souvent son ombre se profilait dans les conversations et les réunions. Tout le monde évoquait Rosaire Morin, cette force un peu occulte et fort originale qui répondait irrémédiablement au téléphone, peu importe l’heure, avec un tonitruant « BONSOIR » qui lui servait aussi d’introduction avec toutes les personnes qui le rencontraient. Rosaire Morin gardait son « BONJOUR » en réserve jusqu’à l’indépendance nationale. « Il fait noir au Québec », disait-il avec sa voix de stentor.

Il me faudra une bonne dizaine d’années avant d’être formellement convoqué devant celui qui, disait-on, avait fait éclater l’Ordre de Jacques Cartier, alors que L’Action nationale était à l’époque aussi le bulletin de liaison des membres québécois de La Patente. Dans cette perspective, une relecture des numéros de la revue des années 1960 pourrait en surprendre plusieurs…

Quiconque songe à Rosaire Morin voit alors se succéder dans son esprit les différents lieux de son engagement national qui s’est déployé sur plus d’un demi-siècle. La nomenclature des groupes et des instances qui bénéficièrent de son militantisme, illustre à elle seule toute l’évolution du mouvement nationaliste canadien français puis de l’indépendantisme québécois : les Jeunes Laurentiens, les Commandeurs de l’Ordre de Jacques-Cartier, le Conseil d’expansion économique, les États généraux du Canada français, L’Action nationale et aussi Hydro-Québec, la Fondation Lionel-Groulx, le Conseil supérieur de l’éducation, le hockey mineur etc. Toute une vie consacrée au service des intérêts supérieurs de la Nation dans toutes les sphères de l’activité québécoise.

Les Jeunes Laurentiens

Il fit ses débuts nationalistes chez les Jeunes Laurentiens, dont il deviendra organisateur national et secrétaire avant d’accéder à la présidence de ce regroupement de jeunes Patriotes, de 1943 jusqu’à la dissolution du groupe en 1950. Sur ce groupe singulièrement présent durant les années 1940 et sur l’importance de son action, il faut lire le mémoire de maîtrise en histoire de David Rajotte intitulé « Les Jeunes Laurentiens. Jeunesse, militantisme et nationalisme dans le Canada français des années 1940 ». Ceux qui croient encore que la Révolution tranquille n’a débuté qu’avec la prise du pouvoir des Libéraux de Jean Lesage en 1960 avec les René Lévesque, Paul Gérin-Lajoie et Éric Kierans auraient intérêt à découvrir l’action hautement patriotique et dynamique de cette jeunesse parmi laquelle se retrouvaient aussi le Dr Alcide Martel et Paul-Émile Robert, qui deviendront respectivement les 58e (1950) et 63e (1962-1965) présidents généraux de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, ainsi que les Léon Patenaude, Jean Saint-Amour et Jean-Paul Auclair, etc. Les JL constituaient le club ferme de La Patente (désignation populaire de l’Ordre de Jacques-Cartier). Dès le début des années 1940, Rosaire Morin, déjà partisan de l’égalité des sexes, prit fait et cause pour que les femmes puissent aussi s’impliquer activement dans le combat nationaliste. Ainsi furent lancées, en 1943, les Jeunes Laurentiennes, qui s’éteignirent comme leurs collègues masculins en 1950. L’église Saint-Eusèbe de Montréal, sur la rue Fullum, près de l’École Meilleur (du nom du Dr Jean-Baptiste Meilleur, surintendant de l’Instruction publique et 10e Président général de la SSJB-M (1857), fut durant toutes ces décennies un des hauts lieux de l’organisation nationaliste de la métropole… Il faudrait faire de ce temple du Centre Sud de Montréal, un centre d’interprétation sur la défense de la langue et de la culture françaises. Rosaire Morin, plus de 40 ans plus tard, estimait au plus haut point le rôle des Laurentiens en tant que « propagandistes » du drapeau canadien français qui deviendra en 1948, le drapeau du Québec. L’ancien président de ces jeunes Patriotes rappelait alors que le groupe, dont il veillait aux destinées, se finançait avec la vente de ce drapeau…

Maurice Duplessis avait fait redresser les fleurs de lys qui, dans la version traditionnelle du drapeau, pointaient vers le centre de la croix blanche qui émaille de son immaculée couleur le bleu azur du fleurdelisé. Or, les Jeunes Laurentiens possédaient encore, le 21 janvier 1948, des milliers de spécimens de la bannière avec les fleurs de lys pointant vers le centre. Toute une cargaison de drapeaux périmés ! Toutefois, l’objectif était atteint, le Québec avait enfin son drapeau alors que le Canada devait se contenter des emblèmes britanniques.

L’Ordre de Jacques-Cartier

Après la disparition des JL, il avait alors 22 ans, Rosaire Morin s’investira dans l’Ordre de Jacques-Cartier, connu aussi sous le vocable de La Patente. Qu’est donc cet Ordre dont des milliers et des milliers de Canadiens français, partout au Canada furent membres, le tout dans une discrétion absolue ? Une société centralisée à Ottawa avec des ramifications dans des centaines de paroisses avec des dizaines et aussi parfois des centaines de Frères ayant été initiés et participant à une action nationale et patriotique de tous les jours pour faire avancer le fait français et les droits des Canadiens français. Pendant quarante ans, les Commandeurs de l’Ordre de Jacques-Cartier, qui regroupera plus de 40 000 membres, agiront discrètement sur la vie de toutes les institutions canadiennes françaises comme les commissions scolaires, les conseils municipaux, les caisses populaires Desjardins, les syndicats ouvriers, les sociétés Saint-Jean-Baptiste et leurs fédérations, la Chambre des Communes et le Sénat canadien, les assemblées législatives et aussi sur la vie des collèges, séminaires et universités. La Patente influencera grandement la vie du mouvement nationaliste canadien-français et formera, à son insu peut-être, une génération de futurs partisans du Québec libre qui enrichiront de leur expérience les groupes indépendantistes qui apparaîtront vers 1960. Plusieurs seraient surpris d’apprendre, par exemple, que Paul-Émile Léger fut l’agent de liaison entre l’Ordre de Jacques-Cartier et l’assemblée des évêques du Québec… Avec son journal L’Émérillon, longtemps rédigé par le journaliste d’Ottawa Fulgence Charpentier (mort plus que centenaire), l’Ordre mena des combats épiques contre les loges anglo-canadiennes qui entravaient le parcours normal des Canadiens français dans la fonction publique québécoise et qui ne négligeaient aucun effort ni ne reculaient devant aucune bassesse pour contrer la langue française dans toutes les institutions. Avec ses mots d’ordre et ses mots de passe, ses campagnes multiples en faveur du français sur les timbres, la monnaie et aussi dans la capitale fédérale, La Patente fit avancer la cause française. Ainsi des lieutenants-gouverneurs, des évêques, des juges aux cours supérieures, d’appel et même à la Cour suprême furent liés à l’Ordre…

En tant que membre de la Chancellerie, conseil d’administration de l’Ordre composé de quelques représentants pour chacune des dix provinces canadiennes, Morin se distinguera rapidement par un dynamisme inépuisable doublé d’une force de travail et d’une sagacité hors du commun. Les Québécois étaient minoritaires à la Chancellerie. Cette chambre de la Nation, ce sénat national, fondait son pouvoir, sur une représentation provinciale nullement proportionnelle au nombre de membres par province. L’ancien étudiant au Séminaire de Rimouski qui avait quitté sa région pour venir s’établir dans la métropole, aguerri par ses années d’expérience à la direction des Jeunes Laurentiens, devint l’enfant terrible de la Chancellerie et des Chanceliers que, par dérision, Rosaire désignera de « chandeliers ». Il entreprit un long combat qui finalement fera disparaître La Patente en 1965. Durant ces années de débats internes, François-Albert Angers, le professeur des HÉC, maître de Jacques Parizeau, lui aussi membre de la Chancellerie, appuiera constamment Rosaire Morin. Le Québec demandait plus de droits, plus de libertés et voulait réfléchir rigoureusement sur l’option de l’Indépendance des Canadiens français du Québec. À cette époque, tout tournait autour des États associés, le Québec et le Canada, du statut particulier pour le Québec dans le Canada puis de la souveraineté association de René Lévesque.

Vers les États généraux du Canada français

Les membres de l’OJC au Québec étaient souvent des médecins, des notaires, des voyageurs de commerce, des représentants, des courtiers d’assurances, des gérants de caisses ou de banques, des comptables, des ouvriers, des barbiers, des professeurs, des frères enseignants, etc. Plusieurs de ces commandeurs voulaient que le Québec devienne le fameux « État français » du Groulx de 1936. Certains croyaient en la Laurentie, ce pays français souhaité jadis par L’Action française et qu’avait repris le Père Gustave Lamarche CSV dans « Le problème national des Canadiens français » et l’équipe des Cahiers de la Nouvelle-France, dont Rina Lasnier et Pierre Dagenais. Depuis 1957, Raymond Barbeau diffuse les avantages d’une république pour les Canadiens français du Québec. Le Frère Marcel Chaput de Hull avait fondé le RIN, en 1959, puis le PRQ, le premier parti politique indépendantiste du Québec, en 1962. Un vent nouveau soufflait sur le Québec qui en demandait encore plus… Rosaire Morin fut un puissant animateur de toutes ces énergies.

René Lévesque, le 24 juin 1984, lors d’un banquet champêtre, soulignant les 150 ans de la Saint-Jean-Baptiste, me rappela dans un aparté combien le soutien des SSJB et de La Patente lui avait été utile lorsqu’il a convaincu Jean Lesage de la nécessité pour l’avenir du Québec de nationaliser nos ressources hydro-électriques. Le premier ministre Lesage était davantage sensible aux pressions négatives issues du milieu anglophone des affaires qui ne voulaient rien entendre des intentions de Lévesque qui se promettait d’achever enfin le projet des nationalistes qui, depuis près de quarante ans, réclamaient cette nationalisation. Un beau matin, monsieur Lesage a reçu des milliers de lettres de partout au Québec sur l’urgence de nationaliser l’électricité. Pendant des semaines, le même afflux de correspondances inondera le bureau du chef du gouvernement qui changera finalement son fusil d’épaules et fit du projet de René Lévesque le programme du Parti libéral qui remporta une victoire éclatante sur ce thème en 1962. René Lévesque venait de mettre les pieds dans le bureau du premier ministre du Québec… Voilà une des œuvres de La Patente et de ses alliés. Rosaire Morin et ses frères de l’Ordre seront en quelque sorte à la source de l’engagement politique et national de René Lévesque. Ce sont eux aussi qui l’accueilleront en triomphe lorsqu’il apparaîtra au balcon de la Place des Arts, en novembre 1967, alors qu’il venait de quitter les libéraux pour créer le Mouvement Souveraineté-Association, devant cet amphithéâtre remplis des délégués aux premières assises nationales des États généraux du Canada français, présidés par L’Action nationale et les professeurs François-Albert Angers et Jacques-Yvan Morin et animés par un autre Morin, Rosaire celui-là, agissant au nom de la Fédération des Sociétés Saint-Jean-Baptiste, cette dernière étant une des bannières de La Patente au Québec. Ces États généraux lanceront dans l’opinion publique une forme nouvelle de nationalisme, un nationalisme plus offensif revendiquant rien de moins que tous les pouvoirs pour le Québec.

Une force de la nature

Rosaire Morin travaillait sans arrêt, sans jamais tenir compte de l’heure ou du jour ou de la nuit et il pouvait téléphoner à toute heure à ses proches collaborateurs. Il menait plusieurs dossiers à la fois, faisant presque tout lui-même du moment qu’on pouvait lui trouver la documentation qu’il demandait. Il avait des tonnes de répertoires que plusieurs appelaient encore des surveys. Il connaissait les propriétaires de toutes les grandes, petites et moyennes entreprises du Québec et souvent aussi leur bilan et leurs intérêts. C’était le spécialiste des grandes et minutieuses enquêtes. Il possédait l’art de consulter des myriades de colonnes de chiffres dans le rapport annuel des entreprises. Ainsi ses travaux sur l’exportation de l’épargne des Québécois furent prémonitoires. Pendant des années, grâce au concours de Pierre Péladeau, il publiera dans le Journal de Montréal des cahiers spéciaux et des chroniques sur la vie économique du Québec. Sa vue baissant, il fit installer des miroirs partout sur les murs de sa salle de travail chez lui, vraiment partout du plafond jusqu’au plancher. Ses grandes études sur l’exportation de nos épargnes qui le rendirent célèbre vers la fin de sa vie, illustrent à elles seules ses qualités de bourreau de travail et de visionnaire. Son œuvre est titanesque.

Il m’a fallu des années pour que je rencontre Rosaire parce qu’il était quelque peu distant de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal qui l’avait déjà expulsé de ses rangs, avec le Frère André Laurendeau de L’Action nationale, le futur directeur du Devoir, pour avoir influencé indûment les délégués au Congrès annuel qui devait trancher sur le financement, comme le souhaitait l’OJC, ou non du Comité de moralité publique de Pacifique Plante et du Frère Jean Drapeau, par ailleurs, ancien vice-président de la Société. Le Conseil général était opposé à cette subvention, mais les délégués, généralement membres de l’Ordre, lui étaient favorables. Finalement le Conseil d’administration de la SSJB, pourtant constitué de membres de l’OJC, passa outre au vœu du Congrès qui avait suivi la consigne des autorités de La Patente. Un demi-siècle plus tard, tout est encore confus sur les raisons de cette opposition de la SSJB à la directive de la Chancellerie. Ce sont les nationalistes qui ont mis Jean Drapeau au monde sur le plan municipal. Selon Léon Z. Patenaude, ce seraient les intérêts fonciers de la Société dans ce quartier peu recommandable qui auraient déterminé la décision du Conseil général. Rosaire Morin avait été très actif pour mousser l’appui à l’octroi. Le Conseil général d’alors le bannit de ses rangs ainsi que Laurendeau, son comparse ainsi qu’un certain Sénécal dont le fils, Yvan, deviendra, en 1974, 68e président général de la Société. Le plus drôle dans cette histoire, c’est que Rosaire Morin n’était même pas membre de l’organisme qui venait de le sortir de ses rangs…

La SSJB, en 1997, remettra sa plus haute décoration, sa grande médaille d’argent, la fameuse Bene Merenti de Patria à Rosaire Morin dont il me lira le discours de réception qu’il avait rédigé le soir même que le président général Guy Bouthillier (78e), lui a annoncé la nouvelle de sa haute décoration des semaines avant la cérémonie. Rien ne traînait sur son bureau. Seul l’épuisement mettait fin à ses journées d’écriture et de recherche. Le discours de réception de la Bene Mereti de Patria contient l’essentiel de sa pensée sans manquer des quelques assaisonnements qui caractérisent l’esprit audacieux, frondeur, parfois provocateur et surtout l’esprit brillant, méthodique et hautement cultivé du personnage qui connaissait par cœur et dans leur ordre chronologique le nom des tous les gouverneurs de la Nouvelle-France et de tous les intendants, le nom de tous les forts français, etc.

Rosaire Morin a écrit des milliers d’articles, des dizaines de livres sur le Québec, sa nation, sa langue, ses droits et ses institutions. Combien de fois a-t-il répété après Groulx : « Il faut lutter pour la langue, mais il n’y a pas que la langue, il y a aussi tout le reste dont il faut aussi s’occuper ». Il décrira ainsi les premières rencontres, dans sa jeunesse, qu’il eût avec Lionel Groulx, un de ses maîtres « Un grand seigneur dans ses manières avec les jeunes en lesquels il mettait beaucoup d’espoir, un peu condescendant peut-être mais combien admirable dans son œuvre, dans son engagement intellectuel et son rôle d’historien entièrement voué aux intérêts du peuple québécois et sa totale disponibilité au service de la Nation ». Groulx bénira le mariage de Rosaire et il baptisera ses enfants.

Rosaire Morin n’était pas toujours tendre envers les politiciens qui avaient souvent recours à ses lumières et à ses contacts partout au Canada français. Il était cependant familier avec plusieurs dont Bernard Landry. Il a communiqué et échangé avec tous les premiers ministres du Québec de Duplessis à Lucien Bouchard, en passant par les Sauvé, Barrette, Johnson, Bourassa, Lévesque, Parizeau et Bouchard. Toutes les archives de ce bâtisseur du Québec qui souhaitait le maximum de droits pour notre nation, droits qui ne peuvent se réaliser que dans la plénitude de l’indépendance politique, ont été déposées au Centre Lionel-Groulx. L’histoire du nationalisme des années 1940 à l’an 2000 se retrouve dans ces précieux cartons. Plusieurs surprises attendent les chercheurs…

L’Action nationale, en soulignant le dixième anniversaire du décès de celui qui porta, parfois à bout de bras, la Ligue et la revue pendant de très nombreuses années officieusement puis officiellement, salue en Rosaire Morin un de ses grands dirigeants, continuateur de l’action d’éducation nationale souhaitée par les Papin-Archambault, les Groulx, les Laurendeau, les Minville, les Frégault et les Angers. L’ancien président des Jeunes Laurentiens, devenu chancelier de l’OJC et qui consacrera les dernières décennies de son militantisme à ses anciennes amours, L’Action nationale, une des œuvres du chanoine, considérait Esdras Minville comme un précurseur, le jésuite Richard-Arès comme l’esprit le plus brillant de son temps, aussi important voir plus que Fernand Dumont, le chanoine Groulx comme l’éveilleur de conscience et le fondateur de l’histoire nationale et Angers comme un penseur majeur activement engagé dans le combat nationaliste. Il vouait le plus grand respect à Jacques-Yvan Morin, constitutionnaliste et ancien vice-premier ministre du Québec, sous René Lévesque.

Rosaire Morin fut un grand Patriote qui a fait grandir le Québec qu’il souhaitait géant, comme lui était.