- Robert Laplante
- Numéros publiés en 2015
- Novembre 2015
Éditorial - Le retour du Quécan
On est capables d’avoir un projet pour un pays québécois canadien […] Tu peux être très québécois et voir une capacité et un désir de développer aussi une appartenance canadienne. On n’est pas obligés d’avoir une vision passéiste où l’identité est unique.
– Jean- Marc Fournier
Ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes et de la Francophonie canadienne
Il n’avait jamais vraiment disparu. Il se contentait d’une existence furtive, d’une présence médiocre au monde et tout entière placée sous le signe de la procuration. L’élection d’une majorité de balayeurs libéraux va propulser à l’avant-scène le Quécan. Le Québécois oblitéré, refoulé dans l’existence autorisée du multiculturalisme et de la vie en sursis du minoritaire toléré dans son propre pays va redevenir une référence forte. Il sera chouchouté encore davantage par Radio-Canada, par les inconditionnels du fédéralisme et les liquidateurs du parti de Philipe Couillard. Il redeviendra la figure de proue du discours de la double légitimité, le parangon du consentement à l’effacement de soi sous les fanfaronnades des impuissants qui se sentent vivre lorsqu’ils se conforment. Ce Québécois dédoublé, c’est le Quécan satisfait de lui-même, imbu de la satisfaction de se savoir utile à la politique des autres. Un Elvis Gratton des identités plurielles, un aspirant à l’Ordre du Canada, de la pâte à savants théoriciens du renoncement inavouable.