Décembre 2015

Décembre 2015

Éditorial - Le malheur de notre condition ajoute au malheur du monde

2015decembre250Le monde est en proie à d’horribles convulsions. Luttes féroces pour la reconfiguration de l’ordre pétrolier mondial, destruction des régimes qui lui font obstacle, réalignements stratégiques conséquents, déchaînement de l’intégrisme islamique, tout cela s’entremêle et s’entrechoque dans un effrayant maelstrom. Il aura fallu les attentats de Paris pour saisir les consciences déjà fortement ébranlées par le spectacle des millions de victimes jetées sur les routes ou prises dans les tirs croisés des multiples factions militaires pour ébranler enfin les colonnes de la bien-pensance. Est-ce la guerre ? Est-ce une forme inédite d’implosion des rapports du monde développé aux nations émergentes ? Il est encore difficile de bien saisir ce qui se joue dans le fracas de l’ordre qui s’effondre.

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Le Québec doit-il remettre en question l’accueil des réfugiés syriens ?

Département des humanités et des sciences sociales, Collège militaire royal de Saint-Jean

Les attentats du 13 novembre à Paris nous ont tous touchés au cœur et les Québécois ont ressenti dans leur chair les attaques odieuses et insensées chez leurs cousins. Elles ont déclenché une vague de solidarité et de consternation à travers le monde, mais aussi de peur, en particulier en Occident. Les prises de position officielles aux États-Unis, de la part de dizaines de gouverneurs et d’autres, pour rejeter le nombre déjà petit de réfugiés que le président Obama avait proposé au pays, sont regrettables. Il faut le déplorer, car des milliers de réfugiés sont dans une situation critique et ont un réel besoin d’asile. C’est un manque de solidarité humaine avec des personnes vulnérables d’autant plus déplorable que les États-Unis ont quand même une responsabilité dans le développement de cette crise en Irak et en Syrie à cause de la guerre de 2003 et de leurs interventions entourant le printemps arabe. Les questions de sécurité sont pourtant légitimes ; c’est pourquoi le Congrès américain a finalement non pas mis un terme à l’accueil des réfugiés syriens, mais imposé un rehaussement des examens de sécurité (reste à savoir si les modalités choisies seront réalistes).

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L’affaire Caron : une occasion à saisir pour le Québec ?

Avocat et doctorant en droit à l’Université de Sherbrooke. Il est l’auteur d’une étude sur l’affaire Caron à paraître en décembre 2015 dans un ouvrage collectif publié aux Éditions Yvon Blais. Il s’exprime ici à titre personnel.

Même si les métis croyaient en 1870 que l’annexion de leurs territoires au Canada était accompagnée d’une promesse de respect du bilinguisme législatif qui y était pratiqué depuis des décennies, l’Alberta, créée en 1905 à partir de ces territoires, n’a pas l’obligation d’adopter ses lois en anglais et en français. La Cour suprême, dans un jugement majoritaire, arrive à cette conclusion en interprétant les documents constitutionnels de l’époque à la lumière du contexte historique entourant leur rédaction et leur adoption. Les termes utilisés par les acteurs politiques de 1870 pour enchâsser dans la Constitution cette promesse alléguée seraient beaucoup trop vagues pour qu’ils puissent exiger de l’Alberta qu’elle adopte ses lois en anglais et en français. Qu’est-ce que ce raisonnement implique pour le Québec, lui qui avait été contraint au bilinguisme législatif dans un jugement rendu par la Cour suprême en 1979 (l’affaire Blaikie)?

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L’audace des commencements

gabouryriel250Discours prononcé à l’occasion de l’inauguration à Maskinongé du mémorial dédié à Marie-Anne Gaboury et Louis Riel le 14 novembre 2015.

Nous sommes ici dans un lieu d’exception. Un lieu de commencement. C’est un privilège qui n’est pas donné à tous les peuples que de pouvoir fouler le sol où la mémoire peut rejoindre les origines.

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Fort Numéro-Trois de Lévis. Patrimoine historique en péril

Président du Groupe d’initiatives et de recherches appliquées au milieu (GIRAM)

Au cours de l’année 2015, le patrimoine mondial aura été victime, comme jamais, des affres de la destruction sauvage et gratuite. Des vestiges de Palmyre, démembrés par les djihadistes, il ne reste que morceaux jonchant le sol. L’année précédente, c’est le patrimoine unique de Tombouctou et de Gao qu’on faisait sauter à la dynamite. On ne saurait, bien sûr, comparer la valeur intrinsèque des vestiges de Palmyre (-2000 ans) avec celle du fort Numéro-Trois de Lévis (1865). Dans les deux cas, cependant, il s’agit de constructions humaines qui auront marqué la naissance d’un lieu dans l’histoire. Quand on décide de raser les bâtiments qui sont à l’origine d’un quartier, d’une ville, d’un pays, c’est leur identité même qu’on veut évacuer et condamner à la banalité, car le patrimoine historique est une ressource non renouvelable. Et le nombre des ans représente finalement un critère tout relatif.

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La politique territoriale du Québec

Deux grands mouvements géoéconomiques contemporains transforment les divers territoires du Québec. D’abord, l’étalement urbain en faible densité bât son plein en générant des coûts en équipements publics de plus en plus lourds à supporter. Ensuite, les périphéries subissent la croissante érosion de leur richesse créée dans des lieux où des équipements publics deviennent de moins en moins utilisés pour des raisons démographiques. Ces deux problèmes de fond souffrent d’un troisième que voici. Les collectivités territoriales ont beaucoup de mal à se doter chacune d’un projet global pour relever de manière innovatrice les enjeux de l’aménagement, de la gestion et du développement. Le Québec est en conséquence confronté à la lancinante question de la politique publique capable de résoudre ces problèmes et mieux maitriser ses territoires. Ce texte vise à apporter un certain éclairage par une analyse des différentes stratégies territoriales disponibles, avant d’aborder les enjeux très actuels à la lumière des résultats passés.

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Le besoin d’une constitution québécoise

Politologue. Président de la Ligue d’action nationale.

Une constitution définit les valeurs et les règles qui organisent la vie en société. C’est en quelque sorte le contrat qui unit les membres d’une communauté. L’idée même d’assurer le fonctionnement d’un groupe humain par l’adoption d’une constitution, admise quasi universellement de nos jours, n’a pas toujours été acceptée. Réclamer une constitution était en soi un projet politique révolutionnaire au XVIIIe siècle où on cherchait à restreindre l’arbitraire monarchique et à faire reconnaître et surtout garantir des droits et des libertés pour les individus. Il s’agissait de faire primer un texte écrit que tous pouvaient connaître sur la volonté des autorités politiques afin d’encadrer et de limiter l’exercice du pouvoir.

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Dialectique autour de l’idée d’une constitution québécoise

Professeur de droit, Université de Sherbrooke

J’ai intitulé mon texte « Dialectique autour de l’idée d’une constitution québécoise », car, après une brève présentation, j’ai l’intention de vous présenter, dans un premier temps, des avantages de cette idée, dans un deuxième temps, des inconvénients et, en troisième lieu, des solutions de remplacement. Pour ce qui est des avantages, je serai bref, car je compte me référer à d’autres auteurs. Pour les inconvénients, je me baserai essentiellement sur mon analyse juridique du projet de constitution no 196 déposé par le PQ en 2007. Cette deuxième partie sera donc plus élaborée et plus technique. Quant à la troisième partie, elle sera pour ainsi dire une pure création, ou presque, puisqu’elle tiendra compte des éléments soulevés dans les deux premières parties… et dans la partie préliminaire.

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La constitution pendant la réalisation de l’indépendance de l’État

Willie Gagnon est linguiste et juriste, Maxime Laporte est avocat constitutionnaliste
Les référendums, c’est bien. Ça a été mon approche politique jusqu’à maintenant. J’ai moi-même été surpris par le taux de participation de 85 % et le niveau d’implication de la population. Or, bien sûr, depuis plusieurs années, nous avons progressé graduellement vers l’indépendance. C’est-à-dire que nous avons instauré un Parlement. Nous avons exercé de plus en plus de pouvoir(s). Jusqu’à ce qu’il ne manque plus à notre indépendance que le nom. Et puis, ensuite, l’on déclarera possiblement l’indépendance. Plusieurs États ont procédé de la sorte. C’est la voie parlementaire, à travers laquelle le peuple peut très bien se faire entendre, aussi. Alors, le référendum, ça n’est jamais rien qu’un moyen parmi tant d’autres 1
— Alex Salmond

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La pratique indépendantiste et la question constitutionnelle

Président de Génération nationale

Nous sommes invités, dans le cadre de cette université d’été, à nous prononcer quant au moment optimal de l’adoption d’une constitution québécoise dans le processus d’indépendance. La constitution doit-elle précéder ou suivre la réalisation de l’indépendance ? Nous répondrons d’emblée que, pour nous, l’indépendance doit quitter le registre de l’idéal et de l’événementiel pour s’ancrer dans le réel et être vue pour ce qu’elle est véritablement : un processus. Par conséquent, l’adoption d’une constitution a lieu pendant la réalisation concrète de l’indépendance, dont elle est un jalon majeur, et ne saurait être à positionner par rapport à un hypothétique « grand soir ».

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L’indépendance par la voie républicaine

Professeur agrégé au département des Humanités et des sciences sociales au Collège militaire royal de Saint-Jean.

L’un des plus grands dangers qui guettent aujourd’hui le projet de l’indépendance du Québec est celui d’une perte de « sens ». Ce danger se laisse notamment observer chez les plus jeunes générations de Québécois, lesquels ne se reconnaissent plus aussi facilement en lui que les générations précédentes. Les Québécois qui sont nés, ou qui sont arrivés au pays, après le dernier référendum, ne sont pas pour autant tous devenus fédéralistes – en dépit des efforts considérables déployés par la machine fédérale pour leur faire embrasser l’identité canadienne 1 –, puisque l’identité québécoise semble assez largement revendiquée par eux. Leur manque d’adhésion au projet indépendantiste tient plutôt en grande partie au fait qu’ils ne savent plus très bien à quoi tout cela rime. Pour le dire simplement, pourquoi l’indépendance du Québec en 2015 ?

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Martine Tremblay. La rébellion tranquille

Martine Tremblay
La rébellion tranquille. Une histoire du Bloc québécois, Éditions Québec Amérique, 2015, 628 pages

Plus de vingt-cinq ans après sa fondation comme parti politique sur la scène fédérale, le Bloc québécois s’est vu consacré, l’automne dernier, un ouvrage fouillé et documenté sur sa propre histoire. Ce livre d’une grande richesse, elle le fruit des recherches de l’auteure Martine Tremblay, ancienne directrice de cabinet de René Lévesque et historienne de formation. Portant bien son titre : La rébellion tranquille, une histoire du bloc québécois 1990-2011 relate avec moult de détails comment le Bloc québécois est né et s’est ancré sur la scène fédérale canadienne, sans faire de révolution.

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Makek Chebel. L’inconscient de l’islam

 Makek Chebel
L’inconscient de l’islam, CNRS Éditions, Paris, 2015, 128 pages

Maleck Chebel est anthropologue des religions, philosophe, historien et il a exercé la psychanalyse. C’est un spécialiste du monde arabe et de l’islam. Il est d’origine algérienne et a enseigné dans diverses universités. En 2009, il a publié chez Fayard une traduction du Coran. C’est un des penseurs musulmans favorables à un islam libéral et moderne qui prône une séparation radicale entre le pouvoir religieux et le pouvoir politique. L’inconscient de l’islam, son court essai de 128 pages, emprunte à l’anthropologie, à la sociologie, à l’histoire, à la psychanalyse et à la science des religions. Il en résulte une inévitable densité, doublée d’une certaine complexité, surtout dans les parties qui font référence à la psychanalyse. On ne saurait cependant le lui reprocher compte tenu de la grande pertinence et de l’actualité de la thématique.

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action couv 1933Bibliothèque et Archives nationales du Québec a numérisé tous les numéros de L'Action française et de L'Action nationale depuis 1917.

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