Avril 2016

Avril 2016

Éditorial - Délivré de soi-même

2016avril250Préposé à la bien-pensance dans les émissions d’infodivertissement, auteur célébré d’essais sentencieux et grand semeur de lieux communs, Paul St-Pierre Plamondon a l’intention de foncer dans l’avenir qu’il voit dans un rétroviseur. C’est du moins ce dont nous menace un article paru dans Le Devoir du 25 mars dernier (Marco Fortier, « Bouillonnement politique à Québec »). Le jeune avocat n’en peut plus d’affronter notre dilemme national. Entre l’impuissance consentie et la liberté à conquérir, le phare de la jeunesse éclairée propose de retourner dans les limbes du ni-ni.

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L’entrée en politique

Extrait de Denis Monière, Grandir pour servir : mémoires d’un enfant de la révolution tranquille, Montréal, Éditions Monière-Wollank, 2016, 145 p.

La politisation de la jeunesse fut l’un des traits caractéristiques de la Révolution tranquille. Ce phénomène n’était pas propre au Québec puisqu’il s’est manifesté dans la plupart des pays développés durant les années soixante, aussi bien en Amérique qu’en Europe. Cette irruption de la jeunesse, comme force politique, était unique à l’échelle historique. Il y a certes eu beaucoup de jeunes dans les mouvements révolutionnaires, mais ils étaient minoritaires dans la société et ces mouvements ne répondaient pas à des objectifs fixés par la jeune génération. À notre époque, ce phénomène résultait d’un effet démographique, l’arrivée massive à l’âge adulte des enfants nés après la Seconde Guerre mondiale. Cet effet a été baptisé le baby-boom.

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L’enjeu du nationalisme identitaire

Secrétaire-trésorier de Génération nationale, candidat à la maîtrise en service social.

Le Parti québécois est souvent associé à un enjeu politique informellement interdit : la défense de l’identité québécoise. Cet enjeu est appelé avec dégoût nationalisme identitaire par de nombreux politiciens, blogueurs et chroniqueurs. Depuis sa défaite d’avril 2014, le PQ semble tenté d’éviter ce thème. Une frange du parti tente même de s’en dissocier complètement. Pensons notamment à Alexandre Cloutier, lors de la course à la chefferie péquiste de 2014-2015. Il qualifia péjorativement le projet de charte des valeurs de son parti de projet radical. Pensons aussi à un des principaux militants de Cloutier, qui codirigea un recueil1 qui cachait mal son mépris pour les nationalistes identitaires. Ceci, ainsi que les récentes déclarations du parti, semble dire que la formation politique tente de se distancer de l’étiquette identitaire.

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L’université franco-ontarienne : Des vœux pieux

Ancien journaliste et éditorialiste au journal Le Droit

La ville d’Ottawa avait connu un janvier chaud en 1916. Quatre ans plus tôt, le gouvernement conservateur provincial de Sir James Whitney avait adopté le « Règlement 17 », ayant pour effet d’interdire l’enseignement en français après la deuxième année du primaire dans les écoles franco-ontariennes, et la lutte entreprise par les collectivités canadiennes-françaises pour protéger leur langue et leur culture touchait à son paroxysme.

Dans la basse-ville largement francophone, un quartier ouvrier pris en étau entre la rivière Rideau et la colline parlementaire, l’école Guigues était devenue un foyer de résistance où les « demoiselles Desloges » (deux sœurs) persistaient à instruire leurs élèves en français. Menacées par les autorités scolaires, elles étaient protégées par des femmes qui tenaient la police à distance avec des épingles à chapeaux…

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L’anglais, langue nationale du Québec et de la… France

Professeur de science politique, UQAM. Texte paru dans L’Encyclopédie de l’Agora, 23 mars 2016

Il arrive parfois que le très estimable représentant de Sa Majesté la Reine du Canada, le gouverneur général, fasse des déclarations qui plongent la classe politique dans l’embarras. Ainsi en est-il de David Johnston qui, lors du discours du Trône du 16 octobre 2013, a avancé que le Canada est « une fédération où nos deux langues nationales nous confèrent un avantage inégalable dans le monde1. » Peu de temps après, devant un comité de la Chambre des communes, le parti conservateur s’est enquis auprès du Commissaire aux langues officielles de la portée de l’expression « langue nationale », peu usitée au Canada, à laquelle on a préféré depuis la fin des années 1960 l’expression « langue officielle ». En mars 2014, la même question était posée devant divers comités du parlement. Bref, une curieuse créature refaisait surface.

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Le voyageur sans bagage

L’étrange exclusion du patrimoine historique dans la construction du projet identitaire québécois

Vice-président du Groupe d’initiatives et de recherches appliquées au milieu (GIRAM), ex-gestionnaire et conseiller socio-économique, gouvernement du Québec.

Le mouvement souverainiste québécois est dans une impasse manifeste. L’idée même de nation ne rythme plus les cœurs. Et ce qu’on appelle le « vouloir-vivre collectif », élément constitutif de la nation au même titre que le territoire, la langue et la culture, ne semble plus comme avant habiter le Québec. Le chemin qui est devant nous s’annonce périlleux. Saura-t-on y trouver un avenir ?

La mémoire est à la base du sentiment d’identité individuel et collectif. Dans sa célèbre pièce Le voyageur sans bagage (1937), Jean Anouilh nous raconte l’histoire de ce soldat devenu amnésique après son retour du front. L’individu est littéralement sans passé. Privé du soutien que procure un bagage de souvenirs, il peine à construire un destin autre que celui qui le confine à des tâches sans avenir. Dépourvu d’ancrage familial et social, il se verra finalement contraint d’accepter que son destin personnel soit pris en charge par des personnes qui se donneront pour mission de lui construire une identité. Pour rester dans une situation minimale d’équilibre personnel, il ira même jusqu’à se fabriquer un faux sentiment de liberté, histoire de traverser plus facilement la renonciation permanente qui caractérise sa personne.

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Lève la tête, mon frère. Hommage à Pierre Falardeau

Pierre-Luc Bégin et Manon Leriche (dir.)
Lève la tête, mon frère. Hommage à Pierre Falardeau,Drummondville, Les éditions du Québécois, 2016, 204 pages

Les funérailles de Pierre Falardeau ont fait d’éclatante façon la démonstration d’une réalité connue de plusieurs mais qui, en cette journée d’octobre 2009, s’est révélée au grand jour : le peuple québécois reconnaissait en lui un défenseur indéfectible, un homme qui avait été de son bord toute sa vie. On assistera à la même reconnaissance quelques mois plus tard lors du décès de Michel Chartrand. Le monde politique souverainiste était bien sûr présent avec Jacques Parizeau, Barnard Landry et Pierre-Karl Péladeau. Des intellectuels aussi étaient venus témoigner, comme Pierre Vadeboncoeur, Yvon Rivard et Bernard Émond, de même qu’un grand nombre de comédiennes et de comédiens qui faisaient leurs adieux au cinéaste. Mais il y avait surtout, dans cette foule de plus de deux mille personnes massées dans l’église Saint-Jean-Baptiste, du monde ordinaire, de petites gens qui savaient depuis toujours pour qui Falardeau menait le combat.

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Cécile Alduy et Stéphane Wahnich. Marine Le Pen prise aux mots

Cécile Alduy et Stéphane Wahnich.
Marine Le Pen prise aux mots : décryptage du nouveau discours frontiste, Paris, Seuil, 2015, 310 pages

La visite de Marine Le Pen au Québec a suscité la controverse et de nombreuses déclarations intempestives cherchant à diaboliser ce parti. Ces attaques étaient bien souvent ad hominem et s’appuyaient sur des connaissances bien approximatives des positions du Front national. Les contempteurs québécois répétaient les dénonciations propagées par les médias français. En France, le Front national et ses dirigeants sont constamment la cible de la classe politique et médiatique. Ces dénonciations sont aussi véhiculées par des universitaires qui au nom d’un progressisme de bon aloi se servent d’approches scientifiques pour valider leurs partis pris idéologiques.

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Marc Cassivi. Mauvaise langue

Marc Cassivi
Mauvaise langue, Montréal, Éditions Somme toute, 2016, 101 pages

Marc Cassivi s’invite dans le débat sur la langue. Il en a gros sur le cœur. Dans Mauvaise langue, le livre où tout se bouscule, Cassivi dénonce. Il dénonce quoi ? Il dénonce qui ? Le sait-il lui-même ? Puis il invite les Québécois à revoir leur rapport à la langue anglaise, qui est selon lui « malsain ».

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Claude Corbo. Honoré Mercier – Discours 1873-1893

Claude Corbo
Honoré Mercier – Discours 1873-1893, Del Busso, 2016, 434 pages

Je rêvais que l’anthologie des discours d’Honoré Mercier, publiée par J. O. Pelland en 1890, fasse l’objet d’une réédition ; je rêvais que les discours prononcés après 1890 y soient ajoutés ; je rêvais que Claude Corbo, passé maître dans l’art de l’anthologie, soit l’artisan de cet exercice monacal. Ces trois rêves se sont réalisés, d’un coup. En prenant l’ouvrage sur les tablettes, j’avais impression de gagner le gros lot.

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Andrée Ferretti. Mon désir de révolution

Andrée Ferretti
Mon désir de révolution, Montréal, XYZ éditeur, 2015, 146 pages

Comment en vient-on à désirer la révolution ? C’est ce parcours intellectuel et militant que relate une Andrée Ferretti dont le verbe garde son mordant. Si elle ne laissait pas indifférents René Lévesque et même Pierre Bourgault par son caractère obstiné, on retrouve, des décennies plus tard dans son œuvre écrite, « la pasionaria » décrite par Jacques Lanctôt.

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Carl Bergeron. Voir le monde avec un chapeau

Carl Bergeron
Voir le monde avec un chapeau,Montréal, Boréal 2016, 357 pages

>Voir le monde avec un chapeau est un ouvrage émouvant. Il est un de ces livres qu’on peine à déposer. L’auteur Carl Bergeron (Un cynique chez les lyriques, 2012), dans ce livre qui se présente sous la forme d’un journal chronologique, dresse le portrait d’un lieu et d’une époque. À travers ses lunettes se dessine le Québec des années 2010, pour le meilleur et souvent pour le pire. Car il faut le souligner, on ne sort pas spontanément enchanté de la lecture du livre de Bergeron. Certes, son style, tout comme sa prose, captivent. Il en est de même du propos, varié et intelligemment abordé. C’est sans doute le diagnostic qu’il pose, ou du moins le portrait de notre société qu’il dresse, qui sans nous surprendre, n’en est pas moins bouleversant.

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Martin Lemay. À la défense de Maurice Duplessis

Martin Lemay
À la défense de Maurice Duplessis, préface de Mathieu Bock-Côté, Montréal, Québec-Amérique, 2016, 165 pages

Voici un petit essai qui n’est à proprement parler ni une étude d’histoire ni un pamphlet, mais tient un peu des deux. Comme le titre l’indique, l’auteur s’y porte à la défense de Maurice Duplessis, premier ministre aimé et haï s’il en fut un.

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Alain Deneault. La médiocratie

Alain Deneault
La médiocratie, Montréal, Lux, 2015, 218 pages

Alain Deneault a sorti l’artillerie lourde pour en finir avec les médiocres qui domineraient notre monde. Dans un petit essai consacré à ce qu’il nomme la « médiocratie », il s’intéresse à une structure de pensée qui pousserait notre monde à prescrire une certaine manière d’être proscrivant tout à la fois l’intelligence et l’originalité. La société contemporaine serait fondamentalement médiocre : elle ferait de la médiocrité son logiciel. D’ailleurs, les médiocres, qui se reconnaissent entre eux et qui savent s’appuyer les uns les autres, s’emparent de tout : ils imposent leur règne. En fait, ils imposent même un nouveau régime idéologique et politique qui ne dit pas son nom, mais qu’il faut dévoiler : n’est-ce pas au sens propre la signification de la médiocratie ?

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