Marc Chevrier
L’empire en marche. Des peuples sans qualités, de Vienne à Ottawa
Québec, PUL, 2019, 635 pages
Ce livre arrive à point nommé. Écrit sous le patronage de l’écrivain autrichien Robert Musil (1880-1942), il s’inscrit d’emblée dans la foulée des recherches les plus pointues de théories politiques et de droit constitutionnel portant sur les concepts d’empire et d’impérialisme. Ce genre de recherches reste en vogue depuis une vingtaine d’années, comme en témoigne entre autres le colloque The Invention of Federalism in the Age of Democratic Revolution, qui s’est tenu à Yale en 2019. En France, le livre apportera sûrement des arguments au mouvement de résistance anti-fédéral qui s’organise autour de Front populaire, la nouvelle revue dirigée par Michel Onfray, dont le premier numéro (été 2020) mise sur la reviviscence de la notion de souverainisme. La bonne nouvelle, si l’on peut dire, c’est qu’en dépit des assauts répétés de ses adversaires et bien qu’il soit loin d’avoir la cote dans les départements universitaires, le concept de « nation » (ou « communauté nationale » si on préfère), à l’instar d’autres tels que « cité », « monarchie », « État-nation », « empire », demeure insubmersible.