Aux âmes bien nées, la valeur d’attend point le nombre des années
Pierre Corneille – Le Cid
De ce que nous savions de l’histoire de la carrière de notre père, elle commençait par ses fonctions de rédacteur en chef et directeur du journal Le Clairon Maskoutain en 1953. Je me suis souvent demandé ce qui l’avait mené à la profession de journaliste, n’ayant fait des études dans ce domaine à l’Université de Strasbourg en 1959-1960 qu’après avoir reçu plusieurs prix1 grâce auxquels il obtint une bourse d’études du Conseil des arts du Canada en 1959.
Dans son autobiographie2 publiée en 2006, notre mère Monique Morissette, raconte d’ailleurs que le premier « emploi » de son mari consistait à faire appliquer les principes du taylorisme à la Acton Rubber Ltd d’Acton Vale (1949-1951), puis à St-Hyacinthe, à la suite d’un certificat obtenu à l’Université McGill en 1948. Ce n’est qu’en découvrant les archives personnelles de l’auteur de mes jours, comme il se plaisait à dire, que j’ai pu reconstituer le fil des événements fondateurs de sa vocation de journaliste et d’éloquent tribun.
Dès 1947, année de l’obtention de son diplôme d’études supérieures (DES) de l’école supérieure Girouard à St-Hyacinthe, il confectionne un cahier de « glanures » composé de nombreuses coupures des journaux qui témoignent des débuts de son parcours marqué par l’engagement social et témoignent déjà de la reconnaissance par ses pairs de la qualité de la plume, des talents d’organisateur, d’orateur et de collaborateur du jeune Michaud qui signera ses premiers articles sous le pseudonyme de Micho.
À 19 ans, il est décoré de la médaille du Service Émérite, à titre de fondateur de la première troupe scoute d’Acton Vale et occupe par la suite plusieurs postes à la chambre de commerce de cette municipalité, dont éditorialiste à l’organe officiel Le Val d’Acton. Il se qualifie à plusieurs concours de joutes oratoires, à Acton Vale, Granby et Drummondville. En décembre 1951, la Chambre de commerce des jeunes de Montréal annonce la nomination du nouveau chef de secrétariat en spécifiant « On pourra constater qu’en dépit de son âge peu avancé, notre ami Yves a déjà une carrière bien remplie et qu’il est pleinement qualifié pour occuper son nouveau poste. “Aux âmes bien nées…” ».
À cette tâche s’ajoute bientôt celle de rédacteur du nouvel Hebdo jeune commerce. Il est aussi à cette époque nommé publiciste pour la Fédération des scouts catholiques de la Province de Québec. En 1953, il agit comme secrétaire exécutif de la Fédération des mouvements de jeunesse du Québec et amorce une collaboration au journal Le Maskoutain qui fusionne peu après avec Le Clairon dont il deviendra le directeur jusqu’en 1961.
C’est donc l’engagement citoyen du jeune mousquetaire Michaud, porté par les valeurs libérales s’opposant à l’obscurantisme de l’époque qui lui auront fait affuter sa plume. Sa plume en guise de fleuret, elle était l’arme de ses convictions. Bien affutée, elle titillait l’argumentaire de ses adversaires en ciselant les mots et les phrases, tel un travail d’orfèvre, dans l’unique but de rallier à ses causes, qui furent nombreuses et restent encore aujourd’hui d’une brûlante actualité.
1 Meilleur journal (1954) ; meilleur reportage (1956 et 1957) ; meilleur éditorial (1956) de l’Association des hebdomadaires de langue française du Canada.
2 Monique Morissette Michaud, Tant qu’il y aura des étoiles… Voyage autour d’une vie, éditions Carte Blanche, 2006.
Fille d’Yves Michaud.



