Jean-Pierre Fabien
Reflets laurentiens. Chronique sur la faune et la flore
Éditions Charlevoix, 2023, 186 pages
Dans son plus récent livre, Reflets laurentiens. Chroniques sur la faune et la flore, Jean-Pierre Fabien, auteur, poète et journaliste, nous offre plus de 99 des 300 chroniques parues dans le journal communautaire Le Sentier de Saint-Hippolyte depuis 1989. Une description du même territoire arpentée, il y a plus d’un siècle, par le frère Marie-Victorin pour écrire la Flore laurentienne et élaborer son herbier.
Jean-Pierre est, dans le sens du XVIIIe siècle, un naturaliste. Il décrit passionnément la nature qui nous entoure et reproduit ses observations qu’il a glanées dans plusieurs régions du Québec et du Canada et au cours de voyages en Floride, au Portugal et en Argentine. Ce recueil est son troisième, il a publié À fleur de terre en 2021 et Je pars découvrir en 2022. La préface est écrite par Monique Pariseau, chroniqueuse comme lui au journal Le Sentier et autrice du roman Jeanne Barret sur la première femme ayant accompli, au XVIIIe siècle, le tour du monde, déguisée en homme, en tant que botaniste et accompagnant le naturaliste de l’expédition Philibert Commerson.
Dans Reflets laurentiens, Fabien nous offre ses chroniques en utilisant les noms latins appropriés de ses sujets. Pour plusieurs d’entre nous, le dictionnaire devient un compagnon très utile. D’améliorer son vocabulaire « naturel » demande parfois un effort supplémentaire. Les sujets ne sont pas en manque : plantes, arbres, champignons, oiseaux, insectes, reptiles, amphibiens et animaux. Plusieurs sont représentés par les aquarelles de l’artiste Diane Couët. Outre les noms latins, l’auteur se réfère également à une autre grande civilisation, celle des Grecs : Mnémosyne, déesse grecque de la mémoire, fille d’Ouranos (le Ciel) et de Gaïa (la Terre). Elle nous rappelle que nous devons agir avant qu’il soit trop tard.
Influencé par une lignée de scientifiques québécois, tel le frère Marie-Victorin, et par des écologistes tels Henry David Thoreau et Rachel Carson, Fabien nous offre ce livre très enrichissant qui décrit le terrain qui nous entoure. Il nous parle aussi de conservation, d’écologie et de protection du territoire – sur terre, dans l’air ou dans l’eau – et des habitants qui y vivent. Nous pourrions lui faire remarquer qu’il n’effleure que trop rapidement les énormes problèmes qui affectent les sujets de ses observations : la pollution lumineuse, la surutilisation des engrais chimiques, l’introduction d’espèces envahissantes comme la carpe asiatique, la perte des habitats causée par le développement immobilier, la perte des milieux humides, les cyanobactéries, la pollution par les « fausses sceptiques » non conformes sur les bords des lacs, etc.
Notre vision ne doit pas être à court terme :
[…] car la planète fonctionne différemment. Les cycles biologiques et géologiques qui régissent la planète ne se mesurent pas en semaines ni en années. Notre vie humaine n’étant que poussière temporelle, ne serait-ce pas tout indiqué de prévoir à long terme, d’agir en fonction de ceux et celles qui nous suivront ?
Bref, Fabien nomme bien la nature pour mieux la protéger. Il suit le conseil de Camus pour qui il importe de bien nommer les choses.
Loyola Leroux
Professeur de philosophie, Cégep de Saint-Jérôme
Mars 2024
Une victoire à la canadienne