
En couverture du numéro de septembre 2025
Isabelle Guimond
Cette lueur dans laquelle je m’épanche (L’attention)
Acrylique et huile sur toile, 152,4 x 114,3 cm, 2022
Isabelle Guimond vit et travaille à Montréal. Ses œuvres ont été présentées au Québec, aux États-Unis et au Mexique. Lauréate en 2014 du prix Sylvie et Simon Blais pour la relève en arts visuels, elle a également été finaliste à la Bourse Claudine et Stephen Bronfman en art contemporain. Au cours des dernières années, on a pu voir son travail dans plusieurs galeries, ainsi que dans le cadre du Conseil des arts de Montréal en tournée.
Elle a effectué plusieurs résidences, notamment à L’Écart, un centre d’artistes autogéré de Rouyn-Noranda où elle a exposé avec le collectif Filles Debouttes ! En 2017, elle a présenté Autre que moi à la Galerie d’art d’Outremont et participé aux expositions collectives Geist : la présence représentée, à la galerie Laroche/Joncas, et Insulaire, à la galerie Trois Points.
Du 1er mars au 15 avril 2023, Cette lueur dans laquelle je m’épanche, une exposition marquée par sa toute récente expérience de la maternité, a été diffusé à Galerie Simon Blais, un galeriste qui la représente depuis 2018.
Devenir mère a considérablement bouleversé son rapport au temps, à la création, à son identité. Les sujets de ses œuvres et les problématiques qui l’animent ont muté de la sphère sociale à la sphère intime, domestique.
Sans toutefois perdre de leur force critique ou réflective, ses œuvres s’enrichissent d’une puissance poétique. Elles témoignent d’une nouvelle disponibilité d’écoute et d’éveil au monde propice à la contemplation. Dans l’immobilité prolongée qu’exige l’allaitement et les soins du nourrisson, l’artiste s’est mise à scruter finement son environnement immédiat. Le regard s’attardant toujours sur les mêmes détails. Les variations les plus subtiles devenant un spectacle contemplatif capable d’émouvoir. Attentive à ce qui l’entoure, à ce qui se meut, à ce qui passe, à ce qui est fragile.
Ces longues périodes de fixité du corps sont également propices à l’égarement de l’esprit, autorisant un certain dédoublement de présence, une superposition, une coexistence de réalités temporelles. Ces réflexions et cette nouvelle vie l’ont conduite dans la création d’un corpus dans lequel les images se doublent, se répètent dans des fluctuations laissant présumer le temps qui passe. Elles sont captées derrière des voiles, évanescentes, décolorées. Elles se chevauchent, prennent corps sur des surfaces bâties qui se détachent légèrement les unes des autres. Elles témoignent de la complexité et de la force de ce qui semble vulnérable.