Œuvre du mois – Anne-Marie Thouin

Anne-Marie Thouin, Émerger, acrylique sur papier toilé non acide, 2012

En couverture du numéro de novembre-décembre 2013

Anne-Marie Thouin
Émerger
Acrylique sur papier toilé non acide, 2012 
30,5 cm x 15,2 cm
Collection privée

Géographe de formation, c’est à partir de 1995 que j’aborde la peinture avec comme bagage une vision augmentée d’une sensibilité portée sur notre monde terrestre, la peau du monde. Toute cette matière qui résiste (ou non) au passage du temps dont j’observe les textures fléchies, triturées, rouillées, se manifestant par d’infinies formes rongées, crevassées, érodées, brulées. Influences qui confirment le choix de mes couleurs terreuses, vieilles, chaudes et profondes déposées sur les toiles. Des œuvres qui traduisent une volonté de me laisser guider auprès d’une représentation abstraite, soustraite en somme des sources concrètes d’inspirations, pour n’en traduire que l’effet minimaliste.

Stéphane Mallarmé a écrit : « Peindre non la chose, mais l’effet qu’elle produit ». Il ne m’en faut pas plus pour me voir confirmer dans cette voie que je n’ai pas délaissée depuis. J’expose mon travail au public depuis 1998, toujours lors d’expositions solos, et mes œuvres sont réparties dans des collections privées à Montréal, à travers le Canada, aux États-Unis et en Europe. Les toiles, majoritairement de grands formats, sont très souvent bordées ou confinées par des pans monochromes.

Je me retrouve aujourd’hui, après un temps d’arrêt, devant l’exploration d’immenses possibilités que procurent les nouvelles technologies numériques qui nourrissent, influencent et accompagnent forcément ma vision artistique. Au quotidien, la photographie, la vidéo et la littérature accompagnent cette démarche artistique. Parallèlement et inextricablement, je ne peux concevoir ma démarche sans le recours et le soutien de la musique. Du baroque au jazz, du classique au néoclassique, du folk rock progressif à l’ambiant, là où minimalisme contemporain (bien sûr) s’allie aux tendances actuelles électroacoustiques. Je suis une réelle admiratrice du pianiste et compositeur berlinois Nils Frahm. Ses musiques, parfois intégrées à mes billets, font office de résonances et de stimuli dans mes explorations quotidiennes. Je crois que si mon existence n’avait nullement été supportée par les arts visuels, je serais certainement devenue musicienne… fort probablement « géomusicienne ». J’habite Montréal… mais je rêve de grands espaces… libres.

Anne-Marie Thouin

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