Oeuvre du mois – Paul-Émile Borduas

Borduas Carte 600En couverture du numéro de Mai 2017 
Paul-Émile Borduas 
Carte du site de Montréal par Champlain en 1611, 1931 
Collection Ville de Montréal 
Crédit photo : David Giral, 2010 

Borduas Carte 600En couverture du numéro de Mai 2017 
Paul-Émile Borduas 
Carte du site de Montréal par Champlain en 1611, 1931 
Collection Ville de Montréal 
Crédit photo : David Giral, 2010 

En 1930, au moment de la conception du projet de construction d’un chalet près de l’Observatoire du parc du Mont-Royal, l’architecte Aristide Beaugrand‑Champagne décide d’intégrer des tableaux historiques afin de décorer l’édifice et de rappeler aux visiteurs le riche passé du lieu où ils se trouvent. Ainsi ce lieu de repos, de fêtes et de loisirs sera également un lieu de mémoire où l’on pourra apprendre et se commémorer les éphémérides de la colonie française.

En vue de réaliser ce projet, l’architecte conçoit un programme iconographique relatant onze épisodes de l’histoire de Montréal et de la montagne, épisodes qui seront enrichis par la reproduction de six cartes montrant l’évolution du site de 1535 à 1760.

Afin de célébrer cette histoire de Montréal sous le Régime français, Beaugrand-Champagne fait appel à treize peintres. Douze d’entre eux se chargeront des tableaux et un autre, Paul-Émile Borduas, réalise les cartes. Les peintres sont, par ordre alphabétique : Octave Bélanger, Lucien Boudot, Fernand Cerceau, Georges Delfosse, Alfred Faniel, Marc-Aurèle Fortin, Adrien Hébert, Edwin H. Holgate, Raymond Pellus, Robert H. Pilot, William H. Taylor et William Thurston Topham.

C’est ainsi que fut réuni, dans ce vaste projet également destiné à aider les artistes au moment où le chômage sévit durant la crise économique, un ensemble représentatif de la communauté artistique montréalaise. En effet, les artistes contractés pour ce chantier représentent un échantillonnage diversifié tant par l’âge, l’origine nationale, la formation et l’esthétique. Au plan visuel, le résultat est forcément éclectique. Cet éclectisme est compensé partiellement par la disposition des œuvres rythmées par les cartes et par le choix des sujets qui portent sur deux explorateurs associés à Montréal, Cartier et Champlain, son fondateur, Maisonneuve et l’un de ses héros : Dollard des Ormeaux.

Grâce à l’intérêt de l’architecte, le chalet conserve un condensé visuel de l’historiographie de Montréal telle que l’on pouvait la connaître en 1930. Le décor du Chalet de la montagne du parc du Mont-Royal offre ainsi un ensemble unique dans un bâtiment municipal québécois et canadien.

Borduas est le seul des muralistes à cerner ses images d’une bordure géométrique décorative, motif qui assure le passage entre la partie peinte et l’architecture et confirme le caractère bidimensionnel de l’œuvre. Quatre bordures reprennent le motif de rectangles alternés en deux couleurs différentes qui rappellent l’échelle graduée des arpenteurs. […] Dans chacune, Borduas répète certaines formes ou motifs et il dédouble certaines lignes de la composition (tracés des rivages, mouvement de l’eau…) de manière à en faciliter la lisibilité.

Laurier Lacroix
Les tableaux historiques du Chalet de la montagne du parc du Mont-Royal, Étude historique et iconographique, Service du développement culturel, Ville de Montréal, juin 2003

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