Charte des valeurs : ne touchez pas à l’islam !

Au Québec, la charte des valeurs marque un point tournant dans l’histoire de la laïcité dont on n’a jamais véritablement pris la mesure, empêtrés que nous sommes dans la honte et la culpabilité. Encore aujourd’hui, bien que l’on ignore toujours tout des motivations réelles d’Alexandre Bissonnette concernant l’attentat à la mosquée de Québec, cet évènement tragique […]

Au Québec, la charte des valeurs marque un point tournant dans l’histoire de la laïcité dont on n’a jamais véritablement pris la mesure, empêtrés que nous sommes dans la honte et la culpabilité. Encore aujourd’hui, bien que l’on ignore toujours tout des motivations réelles d’Alexandre Bissonnette concernant l’attentat à la mosquée de Québec, cet évènement tragique a ramené la charte dans l’actualité, alors qu’on continue bêtement de répéter que ce projet de loi stigmatisait les musulmans, particulièrement les femmes voilées, qu’il était raciste, xénophobe et islamophobe. 

Mais au-delà de ce bouquet d’insultes habituelles que l’on rencontre partout en Occident à chaque fois qu’un pays veut légiférer en matière de laïcité face à un islam militant, pro-voile et farouchement anti-laïque, le temps est venu de délaisser les invectives pour la réflexion et de préférer l’analyse à l’auto-flagellation.

Avant la Charte : exit le christianisme

Avec la Révolution tranquille, l’État québécois s’est imposé dans des secteurs autrefois occupés par le clergé catholique, tels l’éducation, la culture, la santé et les services sociaux, conduisant ainsi à la laïcisation de nos institutions publiques.

À la fin des années 1960, les collèges classiques ferment pour être remplacés par des cégeps laïques et les universités sont laïcisées. Dans la foulée de Vatican II voulant moderniser l’Église, les enseignants catholiques abandonnent leurs habits religieux sans que le gouvernement ait à légiférer sur cette question. En 1997, les commissions scolaires sont déconfessionnalisées alors qu’en 2005, les écoles publiques mettent fin à l’enseignement religieux.

Ces efforts de laïcisation ont été menés, non sans peine, vis-à-vis les catholiques et les protestants sans que l’on crie à la stigmatisation des chrétiens ou à la christianophobie. À cette époque, les syndicats, la gauche, les féministes et les militants laïques communiaient tous à la même table pour écarter la religion du milieu scolaire et il ne serait venu à l’idée de personne de traiter ces militants de racistes, la religion n’étant pas encore devenue une race…

La charte des valeurs

En 2013, le projet de charte des valeurs provoque une incroyable levée de boucliers chez les politiciens fédéralistes, les intellectuels multiculturalistes, les islamistes, des musulmans, des juifs et des catholiques tout en recevant un fort appui chez les francophones. Une seule proposition de ce projet de loi était contestée ; celle de l’interdiction du port de signes religieux pour les employés de l’État. Imaginez, il a suffi de cette seule proposition pour déclencher un pareil incendie et enflammer toute la classe politique, la classe médiatique et les réseaux sociaux.

Bien que concernant toutes les religions, cette interdiction visait principalement à endiguer la prolifération du voile islamique dans les institutions publiques, particulièrement dans les écoles et les CPE. N’eut été de ce voile, cette interdiction n’aurait jamais été proposée, cela va de soi. Ce qu’il est important de retenir ici, c’est que pour la première fois de son histoire, le gouvernement du Québec voulait légiférer face à une religion qui n’était pas la nôtre, et pas n’importe laquelle ; l’islam, pour qui la laïcité demeure une horrible hérésie. Voilà le crime !

Parce que l’on peut bien exiger des chrétiens le respect de la laïcité, mais face aux musulmans, la tâche est nettement plus malaisée même si plusieurs de ceux-ci sont en faveur de la laïcité. Il en est ainsi au Québec et il en est également ainsi en Europe. Pourquoi croyez-vous qu’aujourd’hui ces questions de laïcité soient devenues si difficiles et si sensibles ? Et par quel miracle, les militants laïques qui défendent les mêmes principes que face aux catholiques, deviennent-ils bizarrement des racistes et des xénophobes ?

Parce qu’en Occident, l’islam incarne « l’Autre », qu’il en est l’essence la plus significative et qu’à ce titre, il jouit d’une protection dont le christianisme sera toujours privé ; celle de pouvoir confortablement s’adosser au multiculturalisme pour s’opposer à la laïcité.

Il est même la seule religion qui soit considérée comme une race. L’islam est devenu une race ! Vous imaginez l’imposture. De propager un tel sophisme est politiquement rentable puisqu’il permet d’accuser les militants laïques de racisme, de transformer les musulmans en victimes, de culpabiliser les Québécois, de moraliser la défense de la laïcité et de rendre évidemment plus difficile toute critique de l’islam.

Voilà pourquoi le manque d’ouverture et la peur de l’Autre sont brandis comme un épouvantail aussitôt que l’on s’oppose à la pénétration de l’islam dans nos institutions publiques. La récente volte-face de Charles Taylor sur l’interdiction des signes religieux pour les personnes en situation d’autorité en est d’ailleurs une illustration manifeste.

Le voile islamique : un problème mondial

Philippe Couillard a récemment déclaré que le voile ne causait aucun problème. C’est faux. Le voile islamique est partout un problème. Dans les pays musulmans, il est à la source de bien des violences à l’égard des femmes. Symbole d’apartheid sexuel, il consacre leur infériorité sociale et juridique et réduit les femmes à n’être que des objets sexuels devant se soustraire au regard des hommes. Que certaines musulmanes disent le porter par choix ne change rien à la signification de ce symbole sexiste. Faut-il s’étonner que pour les islamistes, le port du voile soit une obligation pour les femmes ?

Le voile islamique a été exporté en Occident par le régime iranien de Khomeiny à partir des années 1980. Et l’offensive se poursuit depuis ce temps. Il demeure jusqu’à ce jour la meilleure vitrine de l’islam, celle d’un islam politique, ambitieux, prosélyte et conquérant qui instrumentalise le corps des femmes pour servir ses intérêts politiques.

Propager l’islam dans les moindres recoins de l’espace public, voilà pour les islamistes la principale fonction du voile en Occident. Ne rien laisser sans islam et grâce au voilement des femmes, donner à cette religion le maximum de visibilité tout en ouvrant une brèche dans les institutions publiques pour en contester le caractère laïque.

S’il est une chose que l’épisode de la charte des valeurs nous aura permis de comprendre, c’est que peu importe le parti, peu importe qu’il soit nationaliste ou non, souverainiste ou non, végétarien ou non, l’opposition au port du voile islamique dans les institutions publiques demeure et demeurera toujours un combat rude, coûteux, exigeant et difficile. Ceci est vrai pour le Québec comme pour tous les autres pays occidentaux et même pour les pays musulmans.

Alors bien mal avisés sont ceux voulant nous faire croire que la tempête de 2013 est la faute aux méchants péquistes. Saluons plutôt ici leur audace et leur courage d’avoir osé défendre la laïcité face à l’islam alors que les libéraux tergiversent, laissent pourrir la situation et sont impuissants à légiférer sur cette question depuis plus de dix ans.

S’il est une chose dans ce dossier que l’on peut reprocher aux péquistes, c’est de n’avoir pas bien compris et d’avoir sous-estimé ce à quoi il s’attaquait ; l’islam et le multiculturalisme « canadien ». L’erreur des péquistes n’est pas d’avoir voulu interdire le port de signes religieux qui est une exigence laïque fort légitime, mais plutôt d’être parti en guerre avec un tire-pois.

Après la charte : cap sur l’islamophobie et la censure

Si le projet de Charte des valeurs est mort au feuilleton avec la défaite électorale du Parti québécois en avril 2014, les opposants à celle-ci n’ont toutefois pas baissé les bras pour autant. Pour ces derniers, la bataille se poursuit dans un but bien précis ; prévenir toute récidive d’un quelconque projet de charte des valeurs qui interdirait le port du voile islamique dans les institutions publiques. L’idée est fort simple, on ne veut pas de rechute. D’autant plus que cela risquerait de s’étendre au reste du Canada.

La stratégie développée pour empêcher tout récidive se déclinera donc en deux volets ; le premier étant celui de la propagande idéologique nécessaire pour nous convaincre de l’existence de l’islamophobie et du racisme systémique de la société québécoise. Le second volet sera celui de déplacer le débat sur la laïcité du politique vers le juridique dans le but de limiter la liberté d’expression, de censurer toute critique de l’islam et d’exposer ceux qui s’y risquent à d’éventuelles poursuites devant les tribunaux. Voilà en gros, la réplique structurée et planifiée à laquelle travaillent les opposants à la charte des valeurs.

À partir de 2014, on verra donc se multiplier les symposiums, les colloques, les panels universitaires sur l’islamophobie et le racisme, sans oublier les nombreuses chaires de recherches du Canada dédiées à ces thèmes, les conférences, les dossiers spéciaux dans des revues spécialisées ou destinées à un plus large public. Les intellectuels qui ravalent la nation québécoise à n’être qu’une majorité ethnoculturelle colonialiste et impérialiste sont particulièrement actifs sur ce terrain.

Ils ont pour alliés les féministes pro-voile, les islamo-gauchistes, les catholiques de gauche souvent présentés comme des experts de l’islam et des représentants de groupes musulmans qui, de leur côté, se constituent en lobby auprès du Parti libéral du Québec de même que celui de Justin Trudeau à Ottawa.

Bref, il s’agit pour tous ces gens de fournir un effort soutenu et concerté dans le but d’obtenir de la classe politique une reconnaissance officielle du phénomène de l’islamophobie au Québec et au Canada, d’anéantir définitivement toute volonté de critiquer l’islam et ultimement de légiférer à nouveau sur cette épineuse question du voile.

Ainsi dès l’automne 2014, des recommandations ont été faites au gouvernement libéral par la Commission des droits de la personne et de la jeunesse afin, disait son président, « de poursuivre ceux qui critiquent la religion islamique ». Au même moment, le gouvernement Couillard rencontrera de prétendus représentants de la communauté musulmane.

Suite à cela, la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, déposera conjointement, en juin 2015, le projet de loi 59 qui, sous prétexte de vouloir lutter contre les discours haineux, faisait la promotion de la censure sur l’islam et le projet de loi 62 se résumant à une ouverture maximale aux religions. Ces deux projets de loi constituent, de l’aveu même de la ministre, l’essentiel de la réponse du Parti libéral au projet de charte des valeurs du Parti québécois.

En octobre 2015, une motion condamnant l’islamophobie sera présentée par Françoise David à l’Assemblée nationale et adoptée à l’unanimité. En mai 2016, faisant face à une forte opposition, la ministre Vallée abandonne son projet de loi 59, un projet de loi liberticide auquel était pourtant favorable la majorité des représentants de groupes musulmans qui se sont présentés en commission parlementaire.

En septembre 2016, après l’échec du projet de loi 59, Amir Khadir revient à la charge et dépose à l’Assemblée nationale une pétition demandant la mise sur pied d’une commission de consultation sur le racisme systémique.

Finalement une motion condamnant toute forme d’islamophobie (M-103) a été présentée au Parlement canadien en décembre 2016 par la députée libérale et musulmane Iqra Khalid. Elle a été adoptée par plus des deux tiers des élus présents lors du vote le 23 mars dernier. Cette motion, en plus d’attester de la reconnaissance officielle de la classe politique face à l’islamophobie, est de toute évidence un premier pas indispensable vers une éventuelle législation contre celle-ci, qui ferait barrage à une possible constitutionnalisation de l’interdiction du port de signes religieux dans les institutions publiques au Canada.

Tous ces efforts et ces initiatives ont eu lieu avant l’attentat à la mosquée de Québec et elles ont pour point de départ le projet de charte des valeurs.

L’attentat à la mosquée de Québec pour lequel, je le répète, nous ignorons toujours tout, n’a fait que légitimer, décomplexer et révéler au grand jour le travail acharné du lobby musulman qui s’affaire dans les coulisses du pouvoir depuis le projet de charte des valeurs.

Doit-on s’étonner que dix jours après l’attentat de Québec, une quarantaine de groupes musulmans aient demandé aux trois paliers de gouvernement d’adopter des mesures concrètes pour lutter contre l’islamophobie ? Ne faisons pas l’erreur de penser que le projet de charte est derrière nous et que ce qui se passe aujourd’hui est lié aux récents évènements de Québec.

Ce qui se passe aujourd’hui n’est que la suite de la bataille contre la charte des valeurs du PQ. Une bataille où les planètes libérales sont souverainement bien alignées pour définir des orientations tant sur le plan social, politique, économique et juridique pour contrer l’islamophobie, assortis de moyens musclés visant à judiciariser et empêcher tout débat sur l’islam et la laïcité.

Aujourd’hui, non seulement la laïcité régresse, mais la défense de celle-ci se transforme en combat pour la liberté d’expression.

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