Les indépendantistes et la propagande canadienne à Québec en 2008 et 2009
En 1908, le futur roi d’une puissance mondiale traverse l’Atlantique pour présider aux fêtes du tricentenaire de Québec1. Le 23 juillet de cette année-là, le prince de Galles proclame l’ouverture des festivités au pied du monument en hommage à Champlain, fondateur de la ville et père de la Nouvelle-France. Le maître d’œuvre des célébrations ? Lord Grey, gouverneur général du Canada, au nom de la Grande-Bretagne. Il a prévu une suite qui laisse sans voix les résidents intimidés de ce pays conquis.
Le 24 juillet, le prince se rend sur les plaines d’Abraham pour présider à une seconde cérémonie, cette fois en souvenir de la victoire britannique de 1759 sur les troupes de la Nouvelle-France. Après être allé déposer une couronne de fleurs au pied du monument en hommage à Wolfe, le général vainqueur, le célébrant prend place au milieu de la foule d’admirateurs réunie dans les gradins érigés face aux plaines et au fleuve Saint-Laurent. Les Britanniques et les collaborationnistes locaux assistent alors à un spectacle ahurissant vu d’aujourd’hui. Ils voient huit tableaux sur l’histoire de la colonie française en Amérique, plus de 5 000 figurants, 11 navires de guerre stationnés au milieu du fleuve. Au dernier tableau, les navires de guerre font tonner leurs canons pour rappeler le bombardement dévastateur de la ville de Québec durant l’été de 1759. Puis les figurants répartis en deux groupes entament une espèce de ballet d’un bout à l’autre des plaines et finissent par se réunir, pacifiés, devant le prince. Les jours qui suivent, banquets et réjouissances s’enchaînent pour le plus grand plaisir des Britanniques et de leurs partisans locaux.
Un siècle plus tard, en 2008 et en 2009, quelques grains de sable viennent gripper le mécanisme des nouvelles festivités prévues à Québec par le pouvoir canadien, héritier du conquérant britannique. La présente étude de cas a pour objectif de décrire la campagne de propagande canadienne à Québec et l’action des indépendantistes à cette occasion afin de tirer quelques leçons des événements. Elle se divise en cinq parties :
1) définitions et propositions préalables ;
2) méthode de recherche ;
3) contexte historique et géographique ;
4) campagne de propagande canadienne et résistance des indépendantistes à Québec en 2008 et en 2009 ;
Une personne est un sujet individuel. Pour satisfaire ses besoins fondamentaux, ce sujet a intérêt à s’associer avec d’autres personnes pour former un sujet collectif. Un sujet individuel ou collectif peut agir de façon autonome ou sous l’autorité d’un autre. Cette autorité est légitime si elle est accordée librement ; elle est illégitime si elle est accordée sous la menace d’une agression. Les nations reconnues ou non comme États par l’Organisation des Nations unies (ONU) sont des sujets collectifs. Les organismes comme les partis politiques, les associations patriotiques, les corporations municipales, les entreprises industrielles, agricoles ou commerciales sont des sujets collectifs de soutien des sujets collectifs politiques reconnus ou non comme États par l’ONU.
Objet
Un objet est ce qui est perçu par un sujet. Ce peut être une personne, une chose quelconque ou un message. Chaque objet perçu a l’une des quatre valeurs possibles pour un sujet. Par exemple, une personne qui collabore avec le sujet a une valeur positive pour celui-ci ; si elle lui résiste, elle a une valeur négative ; si elle refuse de collaborer, elle a une valeur non positive ; enfin, si elle ne lui résiste pas, elle a une valeur non négative. En d’autres termes, la personne peut lui être utile, nuisible, inutile ou non nuisible.
Besoins
Un sujet individuel doit satisfaire quatre besoins fondamentaux : 1) conserver les organes de son corps en bon état de fonctionnement ; 2) se protéger contre une agression ou des éléments nuisibles ; 3) croître jusqu’à maturité ; 4) se reproduire. Le corps d’un sujet collectif politique indépendant est constitué de l’ensemble des sujets individuels qui se sont réparti les diverses tâches à exécuter pour satisfaire à la fois leurs besoins individuels et leurs besoins collectifs.
Les sujets collectifs politiques indépendants satisfont leur besoin de protection contre les autres États en se dotant d’une force de défense militaire, c’est-à-dire un corps de citoyens armés. En général, les États ne se soucient guère de créer une force de défense civile, c’est-à-dire un corps de citoyens non armés, mais qui exploitent à fond toutes les méthodes d’actions non violentes.
Processus de satisfaction des besoins
Le processus de satisfaction d’un besoin comporte six étapes, les étapes de la commande, de l’exécution et de la sanction étant chacune accompagnée d’une étape d’information. L’information sert au sujet à corriger son action, le cas échéant, afin d’aboutir à une réussite. Après avoir porté un jugement sur la réalité de l’objet perçu, le sujet porte un jugement sur la valeur que cet objet représente pour lui. Le jugement peut être exact, comme il peut être erroné. Signalons que, dans le présent texte et en conformité avec un usage répandu3, le terme « propagande » désigne la diffusion d’une information erronée par un sujet collectif politique mal intentionné.
Parmi toutes les solutions possibles du problème perçu – si problème il y a –, le sujet choisit celle qui lui permet d’espérer la sanction la plus favorable pour lui, soit un gain maximal, soit une perte minimale. Une fois qu’il a établi son plan d’action, c’est-à-dire la description sommaire ou détaillée de la solution idéale, il passe à l’étape de la commande, moment où il manifeste sa volonté.
Avoir et opérations
L’avoir du sujet individuel est constitué des organes de son corps, de sources d’énergie (air, eau, nourriture), d’instruments (outils, argent, savoir accumulé) et, enfin, de sujets auxiliaires. Un sujet individuel peut vouloir exécuter l’une ou l’autre des quatre opérations suivantes sur son avoir : introduire un nouvel élément, ou non, retirer un élément, ou non4. Les sujets auxiliaires peuvent aussi bien lui apporter une aide temporaire que former avec lui un sujet collectif permanent.
Outre l’ensemble des sujets individuels, l’avoir du sujet collectif politique reconnu ou non comme État par l’ONU comprend le territoire habité et les ressources exploitées, des instruments comme les voies de communication, la monnaie, la langue et le savoir collectif accumulé. Un sujet collectif auxiliaire ou agresseur peut aussi être à l’origine d’opérations de transformation ou de maintien de l’avoir du sujet collectif.
2. Méthode de recherche
Les documents utilisés pour la présente étude de cas proviennent d’acteurs clés des événements, de journalistes, d’historiens et de politologues. Les témoignages des acteurs clés et des journalistes ont été confrontés, ce qui a permis d’établir les faits de façon sûre et de ne rien omettre d’important. L’exposé du contexte historique et géographique repose sur les écrits d’historiens de différentes époques et reconnus encore aujourd’hui. Enfin, les quelques leçons tirées des événements s’inspirent de celles tirées par deux politologues qui ont étudié des mouvements de résistance en Iran (1977-1979), en Palestine (1987-1992), aux Philippines (1983-1986) et en Birmanie (1988-1990)5.
Une citation est accompagnée, comme il se doit, d’une référence précise, avec mention de la page. Pour la description du contexte historique et géographique de la campagne de propagande canadienne, les références complètes des livres consultés sont indiquées, mais sans mention de pages précises. Font exception à la règle précédente, certains renseignements précis relatifs à la répression du mouvement patriote et à l’Acte d’Union qui a suivi (période 1837-1840).
L’établissement de la première colonie française permanente par Samuel de Champlain à Québec en 1608 a été précédé de fructueuses tractations diplomatiques menées avec des chefs de nations autochtones réunis à Tadoussac en 1603. Après Québec, les établissements de Trois-Rivières et de Montréal prolongent la colonie française le long du fleuve Saint-Laurent. Une guerre épisodique oppose les Français et leurs alliés en Amérique du Nord à des nations autochtones rivales habitant un territoire inclus dans l’actuelle région de New York. Elle prend fin à la suite d’heureuses tractations diplomatiques menées à Montréal en 1701 entre toutes les parties en conflit.
Tout au long du XVIIe siècle et de la première moitié du XVIIIe, la colonie française du Saint-Laurent a aussi eu maille à partir avec les colonies anglaises établies dans le voisinage, sur la côte atlantique de l’Amérique du Nord. Le conflit atteint son point culminant lors de la guerre déclarée par l’Angleterre à la France en 1756 et qui prend fin en 1763, à la signature du traité de Paris.
Dans la vallée du Saint-Laurent, le sort de la colonie française se joue à Québec à la suite d’une bataille célèbre, qu’il est convenu d’appeler « bataille des plaines d’Abraham ». Le 13 septembre 1759, l’armée britannique du général Wolfe remporte la victoire sur Montcalm, le général à la tête d’une troupe formée de soldats français, de miliciens nés dans la colonie ou ayant échappé à l’agression britannique dans l’Acadie, colonie française voisine, et, enfin, de guerriers autochtones alliés. Quelques jours plus tard, les troupes britanniques entrent dans la ville bombardée et exsangue de Québec, puis s’y retranchent. Les défaites navales de la France empêcheront tout secours de venir d’outre-mer.
La victoire britannique sur les plaines d’Abraham est l’événement fondateur de l’assujettissement des colons français du Saint-Laurent et de leurs descendants et alliés par mariage, par amitié ou par intérêt7. La domination directe de la Grande-Bretagne dure de 1760 à 1867. Cette période est marquée d’abord par les morts, incendies, pendaisons et exils survenus lors de la répression d’un mouvement patriote entre 1837 et 18398, puis par l’extorsion de fonds publics consécutive à l’Acte d’Union de 18409.
Une seconde période d’assujettissement commence avec la dévolution d’un pouvoir de gestion intérieure au groupe de colons britanniques qui viennent s’établir de plus en plus nombreux sur le territoire compris entre les rives de l’océan Atlantique et celles de l’océan Pacifique, au nord des États-Unis. Le Canada, héritier du conquérant britannique depuis 1867, doit lui aussi réprimer une nouvelle rébellion de patriotes, celle du Front de libération du Québec (1963-1970). Le gardien de l’héritage britannique a toutefois fort à faire lors de la mise en branle du premier référendum sur l’indépendance par le Parti québécois en 1980, puis du second en 1995. Le second, perdu de peu, est suivi d’une longue éclipse du mouvement indépendantiste québécois, miné par des querelles internes à propos du plan général de libération à adopter.
4. Campagne de propagande canadienne et résistance des indépendantistes à Québec en 2008 et en 2009
Zone d’opérations
Les opérations de la campagne de propagande canadienne en 2008 et en 2009 et celles du mouvement de résistance des indépendantistes se déroulent pour la plupart à Québec même. Sur la figure 1, sont indiqués six lieux de la ville où se sont produites la presque totalité des opérations lancées par l’un ou l’autre des acteurs de cette histoire.
Acteurs de la propagande canadienne
Stephen Harper devient premier ministre du Canada le 23 janvier 2006. Chef d’un gouvernement minoritaire, il sait qu’il doit aller chercher des appuis au Québec pour consolider sa position. Pour renverser le gouvernement précédent, n’a-t-il pas reçu l’aide des députés du Bloc québécois, branche du mouvement indépendantiste québécois présente à la Chambre des communes à Ottawa ?
Régis Labeaume est élu maire de Québec le 2 décembre 2007. Il remplace Andrée P. Boucher. Celle-ci a demandé l’aide financière du gouvernement canadien pour l’organisation des fêtes du 400e anniversaire de Québec qui doivent avoir lieu en 2008. Le nouveau maire confie à Daniel Gélinas le soin de mener à bonne fin l’opération du 400e, en collaboration avec l’entourage du premier ministre du Canada.
André Juneau est président de la Commission des champs de bataille nationaux (CCBN). La CCBN existe depuis 1908 et gère les plaines d’Abraham au nom du gouvernement canadien, détenteur du titre de propriété. Elle accepte de temps à autre de louer le site à des organismes non gouvernementaux à des fins d’activités culturelles.
Acteurs de la résistance à la propagande canadienne
Gérald Larose est président du Conseil de la souveraineté du Québec (CSQ). Le CSQ réunit des délégués d’organismes militant pour l’indépendance du Québec comme la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB), le Mouvement national des Québécoises et des Québécois (MNQ) et les Intellectuels pour la souveraineté (IPSO).
Jacques Beaumier est président du collectif Commémoration Québec 1608-2008. Il est assisté de Francine Lavoie et de Pierre-Paul Sénéchal. Jacques Beaumier et Francine Lavoie dirigent la section de la Capitale nationale du CSQ. Pierre-Paul Sénéchal est membre d’une section voisine.
Patrick R. Bourgeois est nommé responsable du Réseau de résistance du Québécois (RRQ) par Jacques Beaumier à la mi-décembre 2007. Le chef du RRQ élabore le plan de ce qu’il appellera « l’opération 1759 ». Pierre Falardeau l’assiste comme porte-parole du RRQ auprès des médias.
Sébastien Ricard reçoit en mai 2009 de Jacques Beaumier la mission de trouver une idée pour le 250e anniversaire de la bataille des plaines d’Abraham le 13 septembre de la même année. En juin et juillet, il crée le Regroupement citoyen Le Moulin à paroles, entreprise dûment constituée en association à but non lucratif. Outre Sébastien Ricard, le conseil d’administration comprend Brigitte Haentjens, Sébastien Fréchette (mieux connu sous son nom de plume « Biz ») et Yannick Saint-Germain.
Opérations de propagande et de résistance
Les concepteurs de la campagne de propagande canadienne ont prévu trois phases : 1) les manœuvres diplomatiques ; 2) l’opération du 400e anniversaire de Québec ; 3) l’opération du 250e anniversaire de la bataille des plaines d’Abraham.
1) Les manœuvres diplomatiques
La première phase commence par la reconnaissance de la nation québécoise par la Chambre des communes à Ottawa à la fin de l’année 2006. Voici un extrait de la déclaration du premier ministre Harper à l’amorce du débat : « […] les Québécois savent qui ils sont. Ils savent qu’ils ont participé à la fondation du Canada, à son développement et à sa grandeur10. » Cette vision de l’histoire du Canada veut faire croire à un développement lisse du pays, sans discontinuité. Or elle omet l’agression britannique et l’assujettissement de la colonie française de la vallée du Saint-Laurent à compter de 1760. Dans cette histoire tronquée, Champlain n’est plus le père de la Nouvelle-France, mais le premier gouverneur du Canada. Comme on le verra, le mensonge sera difficile à maintenir lors de la célébration du 250e anniversaire de la bataille des plaines d’Abraham.
En juin 2007, six mois après l’opération de séduction des Québécois (reconnaître qu’ils forment une nation), le premier ministre Harper traverse l’Atlantique et demande au président Nicolas Sarkozy de l’autoriser à ouvrir les fêtes du 400e anniversaire de Québec sur le sol même de la France. Mais où ? On sait qu’en 1608, les navires de Champlain sont partis de Honfleur, en Normandie. Les deux dirigeants conviennent toutefois d’un autre lieu : La Rochelle, grand port d’émigration des Français d’Amérique et, de plus, près de Brouage, ville de naissance de Champlain.
2) L’opération du 400e anniversaire de Québec
Le 8 mai 2008, à La Rochelle, commence la deuxième phase de la campagne de propagande canadienne. Michaëlle Jean, gouverneure générale du Canada, salue les équipages de plus d’une trentaine de voiliers qui traverseront l’Atlantique en souvenir de la traversée de Champlain. Le 24 juin, elle les accueille au port de Québec (no 1 sur la carte).
La présence massive du Canada à l’ouverture officielle des fêtes du 400e anniversaire de Québec se fait encore sentir le 3 juillet suivant. Près du Château Frontenac, les dignitaires s’entassent dans les gradins pour le salut à Champlain, dont la statue est installée tout près (no 2 sur la carte). Michaëlle Jean est là, de même que Pauline Marois, chef du Parti québécois à l’Assemblée nationale du Québec, et Gilles Duceppe, chef du Bloc québécois à la Chambre des communes du Canada. Pourtant, les partisans indépendantistes de Jacques Beaumier11 tiennent une cérémonie parallèle au Parc de l’Amérique française (no 4 sur la carte). Les deux chefs indépendantistes n’y font qu’une brève apparition avant d’aller se joindre aux autres invités du gouvernement canadien12. Des F-18 de l’armée de l’air canadienne passent dans le ciel13. Le manège se répète au cours du spectacle de variétés offert l’après-midi sur le parterre de l’Hôtel du Parlement (no 3 sur la carte). Démonstration de puissance. Cela ne rappelle-t-il pas la canonnade des navires de guerre durant les fêtes du tricentenaire ? Quel en sera l’effet sur les spectateurs ? Y compris sur les dirigeants indépendantistes assis parmi eux ?
Le dernier événement marquant des fêtes du 400e se produit sur les plaines d’Abraham (no 5 sur la carte). Paul McCartney, l’un des principaux chanteurs du célèbre groupe « The Beatles », doit y donner un spectacle le 20 juillet 2008, selon l’annonce qui en est faite seulement trois semaines avant, le 30 juin14. L’invitation crée des remous parmi les Québécois : « Il y a une certaine ironie à inviter un Anglais à venir chanter les louanges du 400e anniversaire du “berceau de la langue française en Amérique” (marque déposée) sur les plaines d’Abraham15. »
Les indépendantistes de Jacques Beaumier auraient-ils mieux préparé leur riposte s’ils avaient été informés plus tôt ? Le militant Luc Archambault rédige en catastrophe une très longue lettre à l’intention du chanteur Paul McCartney. Il le prie en particulier de s’associer à l’un des porte-étendards de la chanson québécoise : « J’ai fait un rêve… J’ai rêvé que vous invitiez sur la tribune Gilles Vigneault pour qu’il nous chante en français l’une de vos chansons traduite par ce grand poète. Vous répliquiez en chantant en français l’une des siennes16. »
Trois députés du Parti québécois font partie des cosignataires. Des déclarations publiques inopportunes de certains indépendantistes font déraper la manœuvre de Luc Archambault17. Trompée par ces tiraillements, une journaliste interprète le geste comme une opposition (a-t-elle bien lu la lettre ?) : « Pierre Curzi, tout comme les députés Martin Lemay et Daniel Turp, avait endossé une pétition de l’artiste peintre et sculpteur Luc Archambault, qui trouvait que la présence d’une vedette britannique équivalait à un détournement de la fête. La chef péquiste Pauline Marois s’était alors dissociée de ces trois députés18. »
Le chanteur britannique Paul McCartney a-t-il eu en main cette missive ? Quelle a été l’influence du message sur le comportement ultérieur de l’artiste ? En tout cas, le 20 juillet 2008, sur les plaines d’Abraham, il crée une complicité immédiate avec les spectateurs en lançant avec un accent québécois et un ton enjoué un « bonsoir toute la gang » (la fin du dernier mot prononcée comme dans « bagne »). Au milieu du spectacle, pendant six minutes, comme on peut le voir sur YouTube, un drapeau québécois occupe toute la surface de l’écran géant au fond de la scène. Sa prestation terminée, le chanteur revient devant son public en brandissant un drapeau québécois, comme le montre la photo de la page de couverture du livre de Jean-François Vallée et Jacques Beaumier. L’opération conjointe du gouvernement canadien et des dirigeants de la Ville de Québec finit en queue de poisson au milieu de cette année 2008.
3) L’opération du 250e anniversaire de la bataille des plaines d’Abraham
La troisième et dernière phase de la campagne de propagande canadienne commence en janvier 2009 et se termine de façon abrupte au bout de quelques semaines.
Une affiche de la Commission des champs de bataille nationaux (CCBN) a le don d’horripiler les indépendantistes québécois19. On peut en voir une reproduction au-dessus d’un article archivé sur Internet20. Deux personnages sourient et se serrent la main. Ils portent chacun un tricorne. L’un est vêtu d’habits rouges ; l’autre, d’habits bleus. L’affiche accompagne l’annonce d’une activité qui doit avoir lieu le 13 septembre 2009 : la reconstitution de la bataille des plaines d’Abraham entre les troupes de Wolfe et de Montcalm. Les ennemis se seraient-ils réconciliés ? Le vainqueur aurait-il laissé le vaincu aller vers son destin en toute liberté ?
Les membres du Réseau de résistance du Québécois (RRQ) veulent empêcher la reconstitution de la défaite et cette pseudoréconciliation. Ils promettent un sit-in massif qui bloquera tout mouvement sur les plaines. La CCBN doit annoncer qu’elle renonce à son projet avant le 15 février. Sinon, la mobilisation commencera. Des « comités 1759 » des quatre coins du Québec sonneront le ralliement des indépendantistes21.
L’ultimatum est clair. Toutefois, le porte-parole du RRQ auprès des médias est un pamphlétaire au langage coloré. Il n’évitera pas de tenir certains propos ambigus. Peu après le lancement de l’opération de résistance des indépendantistes, un journaliste provocateur de LCN tend un piège à Pierre Falardeau, selon ce que rapporte le journaliste d’un média écrit : « M. Falardeau a également précisé ses plans après que Richard Martineau lui ait demandé s’il tirerait des “tartes à la crème aux participants”. “On va leur pitcher de la marde, du fumier, de la roche. Tout est bon”, a-t-il dit22. » Ces propos pouvaient-ils être interprétés comme une incitation à la violence ? Ont-ils joué dans la décision de la CCBN de ne pas permettre la reconstitution de la bataille des plaines d’Abraham ? Un journaliste le croit : « [Les indépendantistes] ont lancé des appels à la violence et à des perturbations de la paix sociale. La Commission des champs de bataille nationaux a choisi de battre en retraite pour des raisons de sécurité23. » Jugement faux motivé par la malveillance du journaliste ?
Les membres du RRQ ne doivent pas leur victoire à de supposés appels à la violence : « M. Juneau [de la CCBN] a soutenu hier qu’il voulait éviter une confrontation qui aurait pu rapidement dégénérer en tempête de “poivre de cayenne », lorsque, par exemple, des policiers auraient voulu déloger les sit-in annoncés24. » Ils ne doivent pas non plus leur victoire à un soutien quelconque du Parti québécois, qui a préféré un simple boycottage de l’activité. Les membres du RRQ la doivent plutôt à leur pleine conscience d’un mensonge – la réconciliation entre une nation assujettie et celle qui la maintient dans cet état –, ainsi qu’à leur ferme volonté de faire obstacle à la diffusion de ce mensonge.
L’offensive de propagande canadienne s’est terminée sur un échec retentissant pour ses promoteurs. Les dirigeants de la section de la Capitale nationale du CSQ en profitent pour occuper le terrain laissé libre. L’opération confiée à un groupe de militants indépendantistes comporte trois phases : 1) la conception ; 2) l’organisation ; 3) l’exécution. Les principaux responsables en ont fourni eux-mêmes un compte rendu détaillé25.
La conception
La première phase se déroule en mai 2009. Sébastien Ricard reçoit de Jacques Beaumier la mission d’élaborer un projet qui tirerait profit du 250e anniversaire de la bataille des plaines d’Abraham le 13 septembre 2009. Le militant et Pierre-Laval Pineault, son premier associé, se souviennent du « Moulin à images26 » de Robert Lepage, activité appréciée des fêtes du 400e l’année précédente. L’opération qu’ils veulent lancer s’appellera « le Moulin à paroles ». Le 23 mai, les cinq premiers membres se réunissent et établissent l’essentiel de leur plan. Il faudra brosser un tableau de cinq siècles d’histoire du Québec à l’aide d’extraits de textes lus sur une scène au beau milieu des plaines d’Abraham.
Endroit : le kiosque Edwin-Bélanger (no 6 sur la carte).
Durée : de 15 heures le 12 septembre à 15 heures le lendemain ; lecture répétée trois ou quatre fois au cours de la période.
Lecteurs : une centaine ; de plus, des représentants de nations autochtones y feront une allocution.
L’organisation
La deuxième phase se déroule en juin, juillet et août. Assistés des dirigeants de la section de la Capitale nationale du CSQ, les membres de l’opération sélectionnent les textes et les extraits à lire (de 50 à 300 mots environ) et recrutent des lecteurs. Sur les 60 militants de l’organisation, une quinzaine veillent en particulier à régler le problème complexe de la logistique. Le coût de l’opération est évalué à 100 000 $. Il sera réévalué à 140 000 $ au cours de l’été. L’obtention du statut d’association à but non lucratif (ABNL) facilite la gestion des fonds versés par des commanditaires, notamment la Confédération des syndicats nationaux, la Fédération des travailleurs du Québec, la Fédération des Caisses populaires du Québec, le Parti québécois, le Bloc québécois, Vidéotron (Canal Vox) et Marc Bellemare, ancien ministre de la Justice. Le statut d’ABNL facilite aussi la conclusion d’un accord de location avec la CCBN pour la tenue de l’activité sur le site des plaines d’Abraham.
L’exécution
La troisième et dernière phase commence avec une première conférence de presse tenue à Québec le 4 août, avant la fin de la phase d’organisation. Une seconde conférence de presse a lieu à Montréal le 1er septembre. Une opposition virulente se manifeste dès cet instant. Des radios de Québec dénoncent la présence d’« extrémistes » parmi les lecteurs, en réalité des militants du RRQ qui ont fait échouer le projet de reconstitution de la bataille des plaines d’Abraham. Le 2 septembre, un ministre du gouvernement provincial de Jean Charest s’oppose au financement public de l’activité sous prétexte qu’on y lira un extrait du manifeste du Front de libération du Québec. La grogne enfle et atteint les médias canadiens de langue anglaise. Intimidés, beaucoup de lecteurs se désistent. Les organisateurs vivent dans la crainte de l’échec. Le calme revient grâce à diverses déclarations apaisantes, dont celle de Benoît Bouchard, ancien ministre vedette d’un gouvernement canadien. L’opération sera un succès !
5. Quelques leçons à tirer
« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur27. » Les éloges sont toujours accueillis avec joie. Pour les blâmes, il faut y aller avec ménagement afin de ne pas démoraliser ceux qu’on veut aider à progresser.
Désunion des forces
Commençons par quelques propositions générales. L’exécution et la réussite d’une opération exigent une concentration appropriée des forces. Dans un pays agressé, puis occupé, l’unité du sujet collectif éclate28. Une force de défense a pour objectif de réunifier le pays dans la plus grande mesure possible afin de mettre fin à l’occupation et à l’assujettissement. Le graphe joint à la présente partie du texte montre les quatre forces en présence au sein de la nation éclatée (figure 2). Deux forces sont latentes (c et d). Les partisans de la non-résistance (d) sont résignés à leur sort. Ils ont perdu tout espoir. Ceux de la non-collaboration (c) refusent d’accroître la force d’agression ou d’occupation du pays. Les deux autres forces (a et b) sont actives. Les partisans de la collaboration avec l’ennemi (a) ne se soucient pas de la liberté collective. Ils se joignent aux vainqueurs soit par goût de la richesse ou des honneurs, soit par crainte de la ruine ou de la mort. Quant à la seconde force active, formée des partisans de la résistance (b), il lui incombe d’attirer vers elle les autres forces afin d’accroître ses chances de réussite.
Le premier problème qu’a dû affronter la résistance à Québec en 2008 et en 2009 a été la désunion des forces indépendantistes. Le 3 juillet 2008, les dirigeants du Parti québécois et du Bloc québécois n’ont fait qu’une brève apparition à la cérémonie d’hommage à Champlain organisée par la section de la Capitale nationale du CSQ. Ils sont ensuite allés participer à celle des dirigeants canadiens. Pourquoi n’ont-ils pas plutôt boycotté l’activité officielle, comme l’ont fait les indépendantistes, et participé pleinement à la cérémonie parallèle ? Les dirigeants du Parti québécois ont de nouveau déçu les indépendantistes en janvier 2009 lorsqu’ils ont choisi de boycotter la reconstitution de la bataille des plaines d’Abraham plutôt que de soutenir le sit-in qui visait à y faire obstacle29. Cependant, cette désunion n’a pas empêché le succès final des partisans de la résistance. Mais la prochaine fois ?
Mauvaise information
Une mauvaise gestion de l’information a été le second problème des résistants. La lettre envoyée à Paul McCartney était-elle en français seulement ? En ce cas, manque de courtoisie envers un allié potentiel de langue anglaise. La lettre était de toute façon trop longue – environ 1 800 mots –, ce qui nuisait à une traduction et à une compréhension rapides. Un communiqué de presse de 100 mots – vite traduit en anglais – aurait mieux fait l’affaire, à la fois pour les médias et pour le chanteur.
À la décharge des responsables indépendantistes, il faut noter que la lettre a été rédigée dans l’urgence et rendue publique le 15 juillet, cinq jours avant le spectacle de Paul McCartney. Pourquoi a-t-on réagi si tard ? Parce que l’habile responsable du spectacle sur les plaines n’a révélé le nom du chanteur que le 30 juin, seulement trois semaines avant l’activité. Un « honorable correspondant30 » au sein du conseil d’administration des fêtes du 400e aurait fourni l’information le 18 juin, deux semaines plus tôt31. L’information obtenue en temps opportun permet d’éviter les mauvaises surprises. Plus l’on dispose de temps pour la réflexion, plus le plan concocté a des chances de réussir. Ce n’est pas tout. Aucun indice ne permet de croire à l’existence d’un plan de rechange en cas d’insuccès auprès du chanteur. Heureusement, c’était un allié ! Peut-on toujours compter sur un hasard qui fait bien les choses ?
Par ailleurs, la bourde du porte-parole du Réseau de résistance du Québécois lors de l’entrevue avec un journaliste provocateur32 nous montre que toute relation avec les médias locaux ou étrangers doit être préparée au moyen de simulations d’entrevues coriaces.
Les indépendantistes peuvent enfin tirer une belle leçon de la piètre performance de l’adversaire. Les dirigeants canadiens ont mal jugé la force de résistance à la reconstitution de la bataille des plaines d’Abraham. Il ne faut pas sous-estimer la force de l’adversaire, ni la surestimer d’ailleurs, d’où l’importance de disposer d’une information adéquate.
Points forts
La désunion des forces et la mauvaise gestion de l’information n’ont pas trop nui aux indépendantistes. Des facteurs particuliers expliquent les succès obtenus : la grande autonomie des groupes d’intervention, des dirigeants inventifs, une bonne discipline, le courage sans faille des exécutants, ainsi que des bilans réalisés au moment opportun. En ce qui a trait à la contre-offensive des indépendantistes de mai à septembre 2009, il faut souligner en particulier la maîtrise de l’art de la logistique qu’a démontrée le groupe du Moulin à paroles. Enfin, il faut louer le choix de méthodes d’action non violentes. La sympathie du public, sur place ou à l’étranger, ne se gagne pas avec des menaces de mort ou de destruction.
Interrogations et propositions
Avec le Moulin à paroles, les indépendantistes ont montré qu’ils peuvent prendre l’initiative d’une opération, et non seulement réagir à celles de leur adversaire. À l’avenir, sauront-ils prendre encore d’autres initiatives et exercer une pression de plus en plus forte sur les dirigeants canadiens et leurs collaborateurs locaux ?
Les partisans de la résistance peuvent-ils accepter de se réunir au sein d’une force de défense civile bien structurée et disciplinée ? Les partis politiques indépendantistes peuvent-ils coordonner leur action avec celle de cette force de défense civile ?
Les dirigeants canadiens ont porté un grand intérêt à des commémorations en 2008 et en 2009. Pourquoi les indépendantistes ne feraient-ils pas de même pour promouvoir leurs idéaux ? Les occasions ne manquent pas33.
Champlain est reconnu comme le père de la Nouvelle-France34 et, par conséquent, de la nation québécoise. Pourquoi ne remplace-t-il pas le Jean-Baptiste que beaucoup s’entêtent à fêter chaque année le 24 juin ? Voici l’énoncé actuel de l’article 1 de la Loi sur la fête nationale : « Le 24 juin, jour de la Saint-Jean-Baptiste, est le jour de la fête nationale35. »Il serait si simple de biffer la mention « jour de la Saint-Jean-Baptiste » et de profiter de cette fête pour célébrer Champlain. Ainsi la nation québécoise reconnaîtrait-elle un père historique plutôt qu’un père mythique, reliquat d’une époque révolue36.
Au lendemain des événements de 2008 et de 2009 à Québec, les membres de l’opération Moulin à paroles se sont dispersés et ont repris leurs occupations habituelles. Ceux du Réseau de résistance du Québécois en ont fait autant, selon toute apparence. Quant au Conseil de la souveraineté du Québec (CSQ), il a remplacé son nom par celui d’« Organisations unies pour l’indépendance du Québec » (abrégé en OUI-Québec). Les dirigeants de OUI-Québec songent-ils à pérenniser ce genre de groupes d’intervention qui a si bien montré son efficacité par le passé ? Il existe un moyen de recruter et de former les futurs membres qualifiés d’une force de défense civile au service de la nation : créer une école de défense civile dans chaque localité du Québec. Le texte qui suit la présente étude de cas propose un canevas pour une telle école. Toutefois, il n’aborde pas la question du rôle exact de la future force de défense civile dans le plan général de libération et de défense du Québec, question à laquelle seuls peuvent répondre les dirigeants des partis indépendantistes en accord avec ceux de l’union des organismes partisans de la défense civile.
1Henri Vivian, L’histoire spectacle : le cas du tricentenaire de Québec, traduit de l’anglais (The Art of Nation-Building : Pageantry and Spectacle at Quebec’s Tercentenary, 1999) par Hélène Paré, Montréal, Boréal, 2003, 428 p.
2 Cadre théorique élaboré avec soin sur une longue période. Romain Gaudreault, Jalons pour une sémiotique fondamentale, thèse de doctorat, Université Laval, 1991, 177 p. Exposé le plus récent : Romain Gaudreault, « Étude sémiotique du sujet qui joue le rôle principal dans le Pentateuque, fondement de la religion juive », p. 445-462, dans : Louis Hébert, Étienne Pouliot, Éric Trudel, George Vasilakis (dir.), Sens de la transcendance. Études sur la spiritualité, Paris, Classiques Garnier (coll. « Rencontres », 552), 488 p.
3L’édition de 2024 du Petit Robert mentionne cet usage particulier du terme « propagande » : « C’est de la propagande !,des nouvelles fausses, faites pour influencer l’opinion. »
4Le terme « opération » employé ici diffère, quoique très peu, du même terme employé dans d’autres contextes (médecine, armée, etc.).
5Erica Chenoweth et Maria J. Stephan, Pouvoir de la non-violence, préface de Jacques Semelin, Paris, Calman-Lévy, 2021, 482p.
6Sources consultées : Jacques Lacoursière, Jean Provencher et Denis Vaugeois, Canada-Québec, synthèse historique, 1534-2010, nouvelle édition mise à jour, Québec, Septentrion, 2011, 607 p. ; David Hackett Fischer, Le rêve de Champlain, traduit de l’anglais [Champlain’s Dream, 2008] par Daniel Poliquin, Montréal, Boréal, 2012, 999 p. ; Guy Frégault, La guerre de la Conquête, 1754-1760, nouvelle édition [1re éd. 1955], préface de Jacques Lacoursière, Montréal, Fides, 2009, 517 p., 8cartes ; Edmond Dziembowski, La guerre de Sept Ans, 1756-1763, Paris/Québec, Perrin et Ministère de la Défense/Septentrion, 2015, viii + 670 p., 3cartes ; Louis Fournier, FLQ, histoire d’un mouvement clandestin, nouvelle édition revue et augmentée [1re éd. ١٩٨٢], Montréal, Lanctôt éditeur, 1998, 533 p. ; Robin Philpot, Le référendum volé, Montréal, Intouchables, 2005, 207 p.
7Cette plaie non refermée, l’anthropologue Éric Schwimmer la rappelle dans son livre Le Syndrome des Plaines d’Abraham (avec la collaboration de Michel Chartier), Montréal, Boréal, 1995, 207 p.
8Elinor Kyte Senior, Les Habits rouges et les Patriotes, traduit de l’anglais [Redcoats and Patriots, 1985], Montréal, VLB, 1997, p.204 et 297.
9Extorsion à laquelle fait allusion l’historien Marcel Trudel dans Mythes et réalités dans l’histoire du Québec, tome 4, Montréal, Hurtubise, 2009, p. 95.
10Stephen Harper, « Une nation du Québec dans un Canada uni », Le Devoir, 24novembre 2006, p. A11.
11Président du Collectif Commémoration Québec 1608-2008, comme il est dit dans la section précédente.
12Jean-François Cliche, « Spectacle Off 400e – Détournement de fêtes », Le Soleil, 4 juillet 2008, p.18. À la page9 du même journal, les photos de Pauline Marois et de Gilles Duceppe prouvent leur participation à la cérémonie officielle.
13François Bourque, « La journée de tous les dangers », Le Soleil, 3 juillet 2009, p.4-5 (article écrit une année après l’événement).
15Marc Cassivi, « En mission spéciale chez les Papous », La Presse, 11 juillet 2008, p.8.
16Jean-François Vallée et Jacques Beaumier, Québec 2008 : des célébrations 400 fois détournées de leur sens ! Anthologie de textes du Collectif Commémoration Québec 1608-2008 et condensé des réactions médiatiques, Québec, Éditions du Québécois, 2009, p. 268.
17Jean-François Vallée et Jacques Beaumier, Québec 2008, p. 277.
18Isabelle Porter, « Fêtes du ٤٠٠e. McCartney plongé malgré lui dans le débat linguistique », Le Devoir, 18juillet 2008, p.A2,).
19Patrick R. Bourgeois, Résister, 10 ans d’actions et de textes en faveur de la libération du Québec, Boisbriand, Éditions du Québécois, 2011, p.252-253.
20La Presse canadienne, « La commémoration de la bataille des plaines d’Abraham sème la zizanie », La Presse, 23 janvier 2009.
22Jean Laroche, « Pierre Falardeau en rajoute », Le Journal de Québec, 3 février 2009.
23J.-Jacques Samson, « La botte de terroristes »,Le Journal de Québec, 17 février 2009.
24Antoine Robitaille, Le Devoir, 18février 2009, p. A1.
25 Brigitte Haentjens, Sébastien Ricard, Biz, Pierre-Laval Pineault, Yannick Saint-Germain, Sous haute surveillance, le Moulin à paroles, avec des textes de Gilles Pellerin et d’une centaine d’auteurs des origines du Québec à aujourd’hui, Québec, L’instant même, 2010, 191 p.
26 L’activité consistait en une projection d’images de très grand format sur des silos à grains du port de Québec. On y rappelait divers moments de l’histoire du Québec.
27Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, monologue de Figaro dans Le Mariage de Figaro, acte 5, scène 3.
28L’unité du sujet collectif peut éclater même lors d’une simple menace d’agression.
29Le sit-in est une méthode de résistance ; le boycottage, une méthode de non-collaboration.
30Jean-Pierre Alem, L’espionnage et le contre-espionnage, Paris, Presses Universitaires de France, 1980, p. 27-28.Pour voir jusqu’où l’ennemi peut aller dans le domaine de la quête d’information, voir Normand Lester, Enquête sur les services secrets, Éditions de l’Homme, 1998 et 2002, 382 p.
31François Bourque, « La petite histoire de la venue de McCartney à Québec en 2008 », Le Soleil, 20 juillet 2018, republié par le journal Le Droit le 21 juillet 2018.
32Pour bien distinguer les provocations de journalistes peu soucieux d’éthique professionnelle et celles des authentiques agents provocateurs rémunérés par l’État, consulter l’article de Tony Spears intitulé « Sûreté du Québec – Le Sommet de Montebello : un sergent réprimandé », Le Journal de Montréal, 2juin 2011, https://www.journaldemontreal.com/2011/06/02/sommet-de-montebello-un-sergent–reprimande (consulté le 18octobre 2023). Dans La police de l’ombre. Indicateurs et provocateurs dans la France contemporaine, Paris, Seuil, 1990, p. 249-252, Jean-Paul Brunet présente une typologie des provocateurs : ١) les militants exaltés de mouvements maximalistes, ardents partisans de la politique du pire ; 2) les marginaux, les aigris, les violents qui en veulent à la société et à la richesse ; 3) enfin, les policiers infiltrés. Ces trois catégories de provocateurs représentent autant de défis différents pour les membres d’une force de défense civile.
33Romain Gaudreault, « Jalons pour la lutte idéologique au Québec » dans L’Action nationale, vol.civ, no10, déc. 2014, p. 81-104).
34Dans Le rêve de Champlain, David Hackett Fischer cite à ce propos l’historien français Pierre-François-Xavier de Charlevoix (p.623) et l’historien américain Samuel E. Morison (p. 793).
36Une décapitation symbolique de l’effigie du saint a eu lieu lors d’un défilé patriotique le 24 juin 1969, selon ce que rapporte Geneviève Zubrzycki dans Jean-Baptiste décapité. Nationalisme, religion et sécularisme au Québec, traduit de l’anglais [Beheading the Saint : Nationalism, Religion, Secularism in Quebec, 2016] par Nicolas Calvé, Montréal, Boréal, 2020, p.9. Remarque : La décapitation de statues, le jet de peinture sur des monuments et autres agressions symboliques sont des actions violentes et ne font donc pas partie des méthodes de la force de défense civile.
* Ph. D., chercheur indépendant
** Cet article sert d’introduction à « Canevas pour une école de défense civile » qui sera publié dans le prochain numéro.