Défense et illustration de l’indice de vitalité des langues

L’Office québécois de la langue française (OQLF) a fait une découverte étonnante: au dire de son contractuel attitré, Michel Paillé, l’indice de vitalité des langues serait un concept mal fondé qui ne contribue en rien à comprendre la dynamique des langues[1]. Paru en septembre dernier, le rapport de l’OQLF sur la situation linguistique au Québec[2] n’en fait par conséquent nulle part état.

Cet indice a pourtant fait ses preuves depuis plus de trente ans. Vérification faite, c’est plutôt le raisonnement de Paillé – qu’approuve, faut-il croire, le Comité de suivi de la situation linguistique, à l’OQLF – qui laisse à désirer.

Un concept fécond

L’indice de vitalité d’une langue se calcule en divisant le nombre de personnes qui la parlent comme langue d’usage à la maison par le nombre de personnes qui l’ont reçue de leurs parents comme langue maternelle. Le résultat dépend du phénomène d’assimilation linguistique, soit de l’adoption dans l’intimité du foyer d’une langue d’usage différente de la langue maternelle. L’indice de vitalité d’une langue sera supérieur à 1 lorsque, de façon globale, elle tire profit de l’assimilation, et inférieur à 1 quand elle y perd. Dans le premier cas, on peut dire que la langue fait preuve d’une vitalité forte. Dans le second, d’une vitalité faible.

Les démographes Réjean Lachapelle et Jacques Henripin ont été les premiers à se servir de cet indice pour faire un bilan succinct de l’effet de l’assimilation sur les différents groupes linguistiques au Canada[3], en particulier sur les populations anglophones et francophones, c’est-à-dire de langue maternelle anglaise et française[4]. Au moyen des données du recensement de 1971, le premier à poser la question sur la langue d’usage, ils ont établi que parmi les adultes âgés de 25 à 44 ans, l’indice de vitalité de l’anglais s’élevait nettement au-dessus de 1 partout au Canada, y compris au Québec, à l’exception de ses régions où les anglophones ne représentent qu’une fraction infime de la population. À l’opposé, à l’extérieur du Québec la vitalité du français était partout déficiente et s’affaiblissait à mesure qu’on considérait des minorités de plus en plus éloignées. En particulier, son indice était inférieur à 1 dans le nord et l’est du Nouveau-Brunswick, où les francophones formaient 58 % de la population. Au Québec, sa vitalité était faible dans l’Outaouais où les francophones frôlaient 80 %. Ailleurs au Québec, la vitalité du français s’élevait tout juste au-dessus de 1.

Dès ses premiers pas, l’indice de vitalité a ainsi servi à chiffrer de manière concise l’existence en 1971 d’un profond déséquilibre entre la vitalité de l’anglais et du français sur le plan de l’assimilation. Le même indice s’est avéré utile par la suite pour suivre pareillement la détérioration continue de la vitalité des minorités francophones à l’extérieur du Québec depuis 1971[5].

Lachapelle et Henripin en ont aussi tiré d’importantes conséquences pour le remplacement des générations en 1971 au sein des groupes définis selon la langue maternelle, en se fondant sur le fait que les parents transmettent normalement leur langue d’usage comme langue maternelle à leurs enfants[6]. Pour une langue donnée, une vitalité faible en matière d’assimilation nuit donc au remplacement des générations au sein du groupe correspondant, tandis qu’une vitalité forte renforce leur remplacement.

La sous-fécondité qui s’est installée à demeure parmi les populations anglophones et francophones depuis 1971 a rendu lourd de signification l’avantage démographique en matière de remplacement des générations que détient la population anglophone sur le groupe francophone dans chacune des provinces canadiennes, le Québec y compris, en raison de la vitalité supérieure de l’anglais[7]. Une version intergénérationnelle de l’indice de vitalité permet d’apprécier d’encore plus près cette conséquence de l’assimilation dans les différentes régions du Canada[8].

L’indice de vitalité s’est de la sorte avéré fort utile non seulement pour le suivi de l’assimilation parmi les minorités francophones, mais aussi pour celui de son influence sur la démographie des groupes linguistiques au Canada et au Québec.

Évolution de l’indice au Québec

Avant d’apprécier l’indice de vitalité en tant qu’indicateur de la dynamique des langues, il importe de saisir clairement ses tenants et aboutissants en ce qui a trait au jeu de l’assimilation. Le tableau 1 présente à ce sujet l’information de base quant à l’évolution de l’indice au Québec entre 1971 et 2006. Les données sur la langue maternelle et la langue d’usage, ainsi que sur l’assimilation nette des francophones et allophones[9], y sont exprimées en milliers de personnes. Comme d’habitude, les rares déclarations de deux langues maternelles ou d’usage ont été réparties de façon égale entre les langues déclarées.

Tableau 1
Vitalité de l’anglais et du français, Québec, 1971 et 2006

(en milliers)

 

1971

2006

Anglais

Français

Anglais

Français

Langue maternelle

789

4 866

607

5 917

Francophones anglicisés

Allophones anglicisés

Allophones francisés

24

75

-24

28

10

171

-10

178

Langue d’usage

888

4 870

788

6 085

Indice de vitalité

1,13

1,00

1,30

1,03

Sources : Pour 1971, Castonguay 2003a, tableau 6 ; pour 2006, Statistique Canada, tableau thématique 97-555-XCB2006028.

En ce qui concerne l’anglais, la population de 888 000 personnes en 1971 selon la langue d’usage équivalait à la somme de 789 000 anglophones (langue maternelle) et du profit de 99 000 réalisé par voie d’assimilation, composé d’une anglicisation nette de 24 000 francophones et 75 000 allophones. Son indice de vitalité s’élevait à 888/789, ou 1,13. En pourcentage, cela revient à dire qu’en raison de l’assimilation, la population de langue d’usage anglaise dépassait de 13 % celle qui avait reçu l’anglais comme langue maternelle.

En revanche, en 1971 le français ne profitait à peu près pas de l’assimilation. De son gain net de 28 000 allophones francisés, il fallait soustraire une perte nette de 24 000 francophones anglicisés. Le solde représentait un profit infime de 4 000, ce qui donnait un indice de vitalité de 1,0008, soit un tantinet supérieur à 1. La population de langue d’usage française dépassait donc la population francophone de seulement 0,08 %.

En 2006, l’anglais et le français tirent tous deux de l’assimilation un profit plus élevé en chiffres absolus. Leurs indices de vitalité se sont aussi accrus. Le profit de 181 000 réalisé par l’anglais équivaut à 30 % de sa population selon la langue maternelle. Le profit de 168 000 pour le français revient à 3 % de la population de langue maternelle française.

Appréciation de l’évolution depuis 1971

En suivant l’évolution de l’indice de vitalité, il est capital de garder certaines choses à l’esprit.

Premièrement, les modifications apportées au questionnaire de recensement en 1991 et en 2001 expliquent une partie importante des mouvements nets de l’assimilation touchant le français entre 1971 et 2006. Par exemple, celles de 1991 expliquent en totalité la réduction de l’anglicisation nette des francophones qui est passée de 24 000 à 10&thsp;000 (voir le tableau 1). Elles ont aussi entraîné une hausse très considérable de la francisation et de l’anglicisation nettes des allophones. Enfin, les modifications de 2001 ont de nouveau gonflé la francisation nette de la population allophone[10].

Plus précisément, nous avons vu que le profit que tire le français de l’assimilation serait passé de 4 000 en 1971 à 168 000 en 2006, soit une augmentation de 164 000. De cette progression, on peut estimer qu’au moins 50 000 provient de l’effet cumulatif des modifications de 1991 et 2001. Par contre, les effets de questionnaire s’annulent en bonne partie en ce qui concerne le profit de l’anglais, la réduction de l’anglicisation des francophones s’opposant en 1991 à l’augmentation concomitante de celle des allophones. De la progression de 82 000 dans le profit de l’anglais, qui serait passé de 99 000 en 1971 à 181 000 en 2006, seulement quelque 10 000 serait attribuable à l’ensemble des modifications apportées à l’instrument d’observation[11].

Deuxièmement, une forte immigration a fait passer la population allophone du Québec de 373&thsp;000 en 1971 à 912&thsp;000 en 2006. Depuis 1978, le Québec accorde aussi une préférence aux candidats à l’immigration qui maîtrisent le français. Il s’ensuit que parmi les nouveaux arrivants allophones qui auraient déjà adopté une nouvelle langue d’usage avant même d’immigrer au Québec, les francisés sont plus nombreux que les anglicisés.

On peut en effet estimer qu’au moins la moitié des cas de francisation ou d’anglicisation énumérés parmi les immigrants allophones à un recensement donné ont été complétés à l’étranger avant d’immigrer[12]. Il en découle qu’au moins 55 000 des allophones immigrés depuis 1971 au Québec qui se sont déclarés francisés en 2006 auraient fait du français leur langue d’usage à la maison à l’étranger, avant d’arriver au Québec. Par comparaison, seulement quelque 25 000 allophones récemment immigrés et énumérés comme anglicisés en 2006 auraient, en réalité, adopté l’anglais au préalable à l’étranger, avant d’immigrer.

C’est sans doute pour éviter de semblables embûches que les géniteurs de l’indice de vitalité s’en sont tenus pour l’essentiel à comparer la vitalité de l’anglais et du français uniquement parmi la population née au Canada[13]. Nous y reviendrons.

Troisièmement, pour atteindre un profit de 181 000 en 2006, il a fallu que l’anglais recrute de nouveaux anglicisés à hauteur d’environ la moitié de son profit initial de 99 000, afin de combler les décès survenus parmi les francophones et allophones anglicisés énumérés en 1971. Cela ajoute quelque 50 000 personnes à l’estimation du profit réalisé par l’anglais entre 1971 et 2006. Pareille considération ne joue guère dans le cas du français, son profit initial en 1971 étant à peu près nul.

En somme, de l’augmentation apparente de 164 000 dans le profit que tire le français de l’assimilation depuis 1971, il existe une large part – peut-être plus de la moitié – qu’on ne saurait attribuer à une augmentation du pouvoir d’assimilation du français en milieu de vie québécois en conséquence de la loi 101. Idem quant à la progression de son indice de vitalité. Par comparaison, la progression de l’indice de l’anglais témoigne bien davantage d’une authentique évolution du pouvoir d’assimilation de l’anglais en sol québécois.

Comparaison de la vitalité du français et de l’anglais

Dès la diffusion des données du recensement de 1971, Jacques Henripin a imaginé un moyen de comparer la vitalité de l’anglais et du français au Québec en matière d’assimilation. Selon lui, pour que l’immigration ne perturbe pas l’équilibre entre le français et l’anglais, il faudrait que quatre allophones se francisent pour un qui s’anglicise[14].

Son idée se fondait sans doute sur le fait que la majorité francophone (langue maternelle) représentait environ quatre cinquièmes de la population du Québec. Toutefois, la minorité anglophone ne comptait pas pour la totalité du cinquième restant. Selon le tableau 1, le rapport entre francophones et anglophones en 1971 était en fait d’environ 6 à 1. Pour conserver cet « équilibre », il faudrait que six allophones se francisent pour un qui s’anglicise.

La répartition de l’assimilation des allophones n’en était pas là. On comptait en 1971, en chiffres nets, trois anglicisés pour un francisé (75 000 anglicisés pour 24 000 francisés selon le tableau 1), au lieu d’un anglicisé pour six francisés. Le rapport de 3 à 1 est 18 fois celui de 1 à 6. La part de l’anglais dans l’assimilation des allophones était donc 18 fois supérieure à celle qu’aurait commandée le maintien de l’équilibre entre l’anglais et le français.

Ce n’est pas tout. Pour que l’assimilation ne perturbe pas le rapport entre le français et l’anglais, encore faudrait-il que le va-et-vient de l’assimilation entre ces deux langues se solde par un match nul. Or il existait en 1971 une anglicisation nette de l’ordre de 25 000 francophones.

La synthèse de ce que signifient l’assimilation des allophones et l’anglicisation des francophones pour le maintien de l’équilibre entre le français et l’anglais peut se faire en reformulant l’idée d’Henripin en fonction du profit que tirent ces deux langues de l’assimilation. Pour que celle-ci ne perturbe pas le rapport entre les populations anglophone et francophone, l’anglais et le français doivent réaliser par voie d’assimilation des profits proportionnés à ces populations.

Cela revient à dire qu’il faudrait que leurs indices de vitalité soient égaux. Maintenir constant le rapport entre majorité et minorité peut ainsi servir d’étalon pour juger de la vitalité des deux langues : il suffit de comparer de combien leurs indices dépassent la valeur seuil de 1.

Cette manière de voir circule depuis au moins une vingtaine d’années[15]. Encore plus en amont, Lachapelle et Henripin avaient déjà manié de façon analogue le rapport entre les indices de l’anglais et du français en lien avec la fécondité des populations anglophone et francophone, dans la même optique de maintenir constante l’importance relative des deux populations[16].

Vitalité comparée du français et de l’anglais en 1971 et 2006

Dans cette perspective, suivons au fil des recensements de combien l’indice de vitalité de chaque langue excède 1.

En 1971, l’indice de l’anglais dépassait 1 en réalisant par voie d’assimilation un profit, comme nous l’avons vu, de 13 % relativement à la population anglophone. Par comparaison, le profit relatif qu’en tirait le français n’était que de 0,08 %. Le profit relatif de l’anglais s’élevait ainsi à plus de 150 fois celui du français.

En 2006, le profit relatif de l’anglais est de 30 %, et celui du français, de 3 %. L’avantage de l’anglais a donc fondu à 10 à 1.

En 35 ans, le degré de domination relative de l’anglais en matière d’assimilation se trouve donc réduit par un facteur de 15. Le français a cependant eu la partie facile : il partait pratiquement de zéro. Il a également reçu, avec les modifications apportées à l’instrument d’observation et la sélection de nombreux immigrants, de solides coups de pouce.

Évolution de la situation à Montréal

Ce genre de comparaison a déjà amplement servi à mettre en évidence la réduction, entre 1971 et 1996, de l’avantage de l’anglais sur le français sur le plan de l’assimilation des allophones dans la région métropolitaine de recensement (RMR) de Montréal[17]. Mettons à jour le suivi dans cette région clé, en fonction cette fois du profit que réalisent les deux langues par voie d’assimilation.

Tableau 2
Vitalité de l’anglais et du français,
région de Montréal, 1971 et 2006

(en milliers)

 

1971

2006

Anglais

Français

Anglais

Français

Langue maternelle

596

1 817

448

2 357

Francophones anglicisés

Allophones anglicisés

Allophones francisés

20

67

-20

22

20

158

-20

144

Langue d’usage

683

1 819

625

2 481

Indice de vitalité

1,15

1,00

1,40

1,05

Sources : Pour 1971, Castonguay 2003a, tableau 7 ; pour 2006, voir celle du tableau 1

Selon le tableau 2, la situation n’a pas changé à Montréal en ce qui concerne l’anglicisation nette des francophones, qui demeure de 20&thsp;000 personnes. En revanche, le français y a nettement amélioré sa part dans l’assimilation des allophones.

Plus précisément, en 1971 l’anglais y tirait de l’assimilation un profit qui revenait à 15 % de la population anglophone, tandis que celui qu’en tirait le français ne représentait qu’environ 0,1 % de la population francophone. Le profit relatif de l’anglais s’élevait donc à quelque 150 fois celui du français. En 2006, le profit de l’anglais s’élève à 178&thsp;000 personnes et celui du français à 124&thsp;000. En chiffres relatifs, le profit de l’anglais équivaut à 40 % de la population anglophone et celui du français, à 5 % de la population francophone. Le degré de domination relative de l’anglais sur le français se trouve donc réduit à 8 à 1.

Quant à l’authenticité de cette progression des profits du français et de l’anglais, des réserves importantes analogues à celles formulées pour l’ensemble du Québec s’appliquent tout autant pour la région de Montréal. À l’exception près qu’en ce qui a trait à l’anglicisation des francophones, les modifications apportées au questionnaire en 1991 paraissent avoir moins perturbé la comparabilité des données à Montréal que dans le reste de la province[18].

Exemples de domination absolue et d’équilibre

Dans toute région où l’indice de vitalité de chacune des deux langues, l’anglaise et la française, est supérieur à 1, le mode de comparaison utilisé ci-dessus permet de déterminer le degré de domination relative de l’une sur l’autre. Là où l’indice de l’une des langues est supérieur à 1 et celui de l’autre, inférieur à 1, la domination de la première sur la seconde est par contre absolue.

Par exemple, la domination de l’anglais est absolue dans la partie de l’île de Montréal formée du territoire des douze municipalités qui, avant la récente expansion de la ville de Montréal, se situaient à l’ouest des arrondissements actuels de Lachine et de Saint-Laurent[19]. La population de l’Ouest-de-l’Île est en 2006 à 43 % anglophone, 30 % francophone et 27 % allophone. L’anglicisation nette des francophones se chiffre à quelque 8 000 personnes, ce qui revient à 12 % de la population francophone totale. L’indice de vitalité du français est cependant de 0,96, ce qui ne représente qu’une perte de 4 % par rapport à la population francophone du fait qu’une francisation nette de quelque 5 000 allophones compense en partie l’anglicisation des francophones. L’indice de l’anglais s’élève par contre à 1,33, son profit par voie d’assimilation s’élevant à 32 000 personnes (8 000 francophones et 24 000 allophones anglicisés). En raison de la domination absolue de l’anglais en matière de vitalité, l’Ouest-de-l’Île est à 57 % de langue d’usage anglaise et à 28 % de langue d’usage française.

L’anglais domine aussi de façon absolue dans la partie de l’Outaouais à l’ouest de l’actuelle ville de Gatineau, sur le vaste territoire de l’ancien comté de Pontiac qui regroupe une population presque également répartie entre anglophones (53 %) et francophones (46 %). La population francophone accuse en 2006 une anglicisation nette de 16 % que la francisation d’allophones ne peut guère compenser, vu leur très faible nombre dans le Pontiac. L’indice de vitalité du français y est donc de 0,85 et celui de l’anglais, de 1,15. En conséquence, le Pontiac est à 61 % de langue d’usage anglaise et à 39 % de langue d’usage française.

À l’opposé, c’est le français qui domine absolument dans la RMR de Québec, à 96 % francophone et seulement 2 % anglophone. L’indice de l’anglais en 2006 n’y est que de 0,75, alors que celui du français s’élève à 1,02. La région de Québec est par conséquent à 98 % de langue d’usage française et à 1 % de langue d’usage anglaise.

Enfin, la région des Cantons-de-l’Est[20] présente une situation relativement équilibrée. Sa population en 2006 est à 88 % francophone, 9 % anglophone et 3 % allophone. Une légère francisation nette de l’ordre de 3 % de sa population anglophone se trouve plus que compensée par une anglicisation nette appréciable des allophones, qui compte pour 28 % de leur assimilation totale. En conséquence, les indices du français et de l’anglais égalent tous deux 1,02, et la région demeure à 89 % de langue d’usage française et à 9 % de langue d’usage anglaise.

L’indice de vitalité permet ainsi non seulement de dresser un juste bilan du progrès du français vis-à-vis de l’anglais au Québec sur le plan de l’assimilation, mais aussi de caractériser avec concision la dynamique des langues dans ses différentes régions.

Les errements de Paillé

Examinons maintenant la charge de Paillé contre l’indice de vitalité. Selon lui, on ne saurait suivre l’évolution de la situation linguistique au Québec au moyen de cet indice parce que « l’indice de vitalité du français n’aurait jamais pu, mathématiquement parlant, atteindre celui de l’anglais[21] ».

Pour toute démonstration, Paillé avance que même si tous les allophones qui demeurent ni francisés ni anglicisés se francisaient, ils ne seraient pas assez nombreux pour combler l’écart entre l’indice de l’anglais et celui du français. Il pontifie ensuite sur la partie « virtuelle », « irréelle » et « fictive » de cet écart. Il trouve par ailleurs « paradoxal » que malgré la hausse du profit que tire le français de l’assimilation au Québec, l’écart entre l’indice de l’anglais et celui du français se soit creusé, passant de 0,13 en 1971 (1,13 moins 1,00 : voir le tableau 1) à 0,27 en 2006 (1,30 moins 1,03). Il juge enfin « insoutenable, voire ridicule » d’affirmer que l’anglais se porte mieux au Québec que dans le reste du Canada où son indice de vitalité en 2006 est de 1,15[22].

Que du vent.

Faut-il rappeler que la langue d’usage n’est pas un caractère permanent ? L’anglicisation ou la francisation peuvent se produire – ou se renverser – selon l’inclination de chacun. Seconde évidence : l’indice de vitalité de l’anglais ou du français ne repose pas exclusivement sur l’assimilation des allophones. Il dépend aussi du va-et-vient de l’assimilation entre l’anglais et le français.

La gamme des possibilités est donc grande ouverte. « Mathématiquement parlant », la population entière du Québec, anglophones y compris, pourrait parler le français comme langue d’usage. L’indice de l’anglais serait alors de zéro et celui du français atteindrait sa valeur maximale, soit la population totale divisée par celle de langue maternelle française. Ainsi, l’indice du français peut facilement, en théorie, dépasser celui de l’anglais. Voilà pour la façon dont Paillé fait parler les mathématiques.

Pour dégonfler le bluff de Paillé il n’est pas nécessaire d’envisager un scénario aussi extrême. Considérons un scénario intermédiaire entre cette possibilité limite et l’évolution effective de la situation depuis 1971.

Imaginons que la loi 101 serait restée pour l’essentiel intacte, y compris l’affichage en français et la clause Québec obligeant les migrants en provenance du reste du Canada à inscrire leurs enfants à l’école française. Imaginons en effet qu’Ottawa aurait reconnu le bien-fondé, pour l’avenir du Canada, de franciser la société québécoise. Imaginons même qu’Ottawa y aurait contribué avec enthousiasme, en francisant la langue de travail dans ses ministères et sociétés d’État situés au Québec et en exigeant de tout candidat à la citoyenneté canadienne domicilié au Québec une solide maîtrise de la langue française. Imaginons encore que, logique avec lui-même et encouragé par les bonnes dispositions d’Ottawa, le Québec aurait dès les années 1980 étendu la loi 101 aux études collégiales et aux petites et moyennes entreprises.

À la suite de pareils développements, l’assimilation aurait pu aboutir en 2006 aux résultats indiqués au tableau 3, selon lesquels l’anglicisation nette des francophones aurait été réduite à zéro et celle des allophones se serait maintenue à 75 000, soit au même niveau qu’en 1971, tandis que le reste de leur assimilation en 2006, soit 274 000 personnes d’après le tableau 1, aurait profité au français[23].

Tableau 3
Vitalité de l’anglais et du français, Québec (simulation)

(en milliers)

 

1971

2006

Anglais

Français

Anglais

Français

Langue maternelle

789

4 866

607

5 917

Francophones anglicisés

Allophones anglicisés

Allophones francisés

24

75

-24

28

0

75

0

274

Langue d’usage

888

4 870

682

6 191

Indice de vitalité

1,13

1,00

1,12

1,05

Sources : tableau 1 et un soupçon de politique-fiction.

L’indice de vitalité de l’anglais s’en serait trouvé légèrement réduit, passant de 1,13 en 1971 à 1,12 en 2006. Celui du français serait passé de 1,00 à 1,05. Le degré de domination relative de l’anglais en 2006 aurait donc été de 12 % à 5 %, ou de 2,4 à 1. Cette réduction de l’avantage de l’anglais aurait suffi à entraîner un resserrement notable de l’écart entre leurs indices de vitalité qui, de 0,13 en 1971, serait passé à 0,07 en 2006.

Il n’aurait pas du tout paru exclu alors d’envisager qu’avec le temps, l’écart puisse complètement disparaître. Et tant pis pour les grands-prêtres de l’impossible.

Il n’existe pas davantage de « paradoxe » dans l’évolution effective de l’indice depuis 1971. L’augmentation du profit, en chiffres absolus, que tire le français de l’assimilation a, nous l’avons vu, sensiblement réduit le degré de domination relative de l’anglais sur le français, c’est-à-dire le ratio entre la partie de leurs indices de vitalité qui dépasse 1. Si cette réduction n’a pas été suffisamment forte pour que l’écart entre leurs indices se resserre aussi c’est en raison, d’une part, des incessants coups de butoir assénés par Ottawa à la loi 101 et, d’autre part, des incohérences et lâchetés politiciennes québécoises. Et, disons-le, en raison de contractuels qui, pour plaire à leurs commanditaires, disent n’importe quoi pour dissimuler à quel point l’anglais triomphe aujourd’hui au Québec.

Atteindre l’équilibre entre l’anglais et le français dans le domaine de l’assimilation ne se fera pas tout seul. La pente est raide. Elle a été mesurée pour la RMR de Montréal en 2001[24]. Refaisons l’exercice. Le tableau 2 montre que l’indice de vitalité de l’anglais y a atteint 1,40 contre 1,05 pour le français. En répartissant au prorata des populations francophone et allophone le profit total que tirent les deux langues de l’assimilation, on constate qu’en situation d’équilibre elles auraient partagé en 2006 un indice commun de 1,11.

On n’y coupera donc pas. Pour atteindre l’équilibre, il faut réduire radicalement le pouvoir d’assimilation de l’anglais et augmenter celui du français. Raisonner à partir de la version intergénérationnelle de l’indice de vitalité conduit exactement à la même conclusion[25].

Enfin, ce n’est ni « insoutenable » ni « ridicule » de juger qu’en regard de la taille de leur population anglophone respective, l’anglais tire de l’assimilation un profit plus grand au Québec que dans le reste du Canada. C’est ce que signifie la partie de l’indice de vitalité qui dépasse 1. Rien de plus. Mais aussi, rien de moins. Depuis que l’indice de l’anglais au Québec a creusé son avance sur celui de l’anglais dans le reste du Canada, cela vaut à la population anglophone du Québec un avantage qui va croissant sur celle du reste du Canada quant à la version intergénérationnelle de l’indice de vitalité, qui contribue à déterminer le remplacement des générations[26].

Il existe évidemment d’autres points de vue selon lesquels l’anglais se « porte mieux » au Canada anglais. Même en ce qui concerne l’assimilation. Par exemple, l’anglicisation des francophones y est autrement plus élevée qu’au Québec. Mais quant à l’assimilation des allophones, compte tenu de son poids, la minorité anglophone du Québec bat chacune des majorités anglophones du Canada anglais à plate couture. Pour qui voudrait mieux s’en convaincre, une méthode de comparaison des performances sur ce plan, propre à tenir compte de la composition linguistique de chaque province, est parue voilà plus de trente ans dans une revue que tout démographe québécois serait censé connaître[27].

L’OQLF et le savoir

Fort des objections fallacieuses de Paillé concernant l’indice de vitalité, le rapport de l’OQLF ne présente aucun bilan général et concis de l’évolution de l’assimilation au Québec. L’OQLF ne se préoccupe pas davantage de la rupture de comparabilité des données linguistiques durant la brève période 1996-2006 que couvre son rapport, vu que son démographe perpétuel assure commodément que Statistique Canada a modifié son questionnaire non pas en 2001, mais en 1996[28] ! C’est à se demander si Paillé a jamais tenu un questionnaire de recensement entre ses mains.

C’est à se demander aussi ce que fait Jean-Pierre Corbeil au Comité de suivi de la situation linguistique qui, à l’Office, a pour mandat de veiller à la qualité scientifique de ses publications. Premier responsable des données linguistiques à Statistique Canada, Corbeil sait parfaitement que c’est en 2001, en plein milieu de la période en cause, que la priorité a été partout donnée pour la première fois à « français » sur « anglais » dans les questions ainsi que les réponses proposées dans le questionnaire en langue française. Modification qui, nous l’avons vu, a valu au français un coup de pouce tangible du côté de l’assimilation des allophones.

Mais trêve de questionnements faussement naïfs. Si Jean Charest et Christine St-Pierre ont nommé un haut placé d’Ottawa au Comité de suivi à l’OQLF, c’est pour la même raison que l’OQLF retient les services de Paillé. Pour mieux jeter de la poudre aux yeux quant à la situation linguistique et laisser rouler en toute tranquillité l’anglicisation des allophones et francophones qui alimente si bien la base électorale libérale et fédéraliste.

À ce jeu de dissimulation, Corbeil a déjà fait ses preuves[29]. Plus récemment, il a cherché frauduleusement, lui aussi, à banaliser la hausse de l’indice de vitalité de l’anglais au Québec. Selon Corbeil, une forte partie de cette hausse s’explique par l’« exode » des anglophones qui gonfle l’indice de l’anglais en réduisant son dénominateur, c’est-à-dire la population de langue maternelle anglaise[30].

Or, malgré ses pertes migratoires interprovinciales, la population anglophone a augmenté au Québec entre 2001 et 2006. Et son indice de vitalité a joliment augmenté itou, passant de 1,26 à 1,30. Ce qui dégonfle à son tour le bluff de Corbeil.

En fait, il y a fort à parier que la migration interprovinciale a plutôt pour effet de réduire l’indice de l’anglais. Depuis 1971, la population de langue d’usage anglaise (anglophones persistants plus francophones et allophones anglicisés) a constamment essuyé des pertes migratoires interprovinciales nettement plus importantes que celles de la population de langue maternelle anglaise. En particulier, entre 2001 et 2006 le Québec a perdu au profit des autres provinces un nombre net de 15 000 personnes de langue d’usage anglaise, soit presque le double de sa perte nette de seulement 8 000 anglophones. Cela a sans doute ralenti, et non accéléré, la hausse de l’indice de l’anglais au Québec durant la période[31].

Le rapport de l’OQLF avalise une autre façon de minimiser l’importance de l’indice de vitalité. Tous les cinq ans, après chaque mise à jour de ses prévisions touchant la composition linguistique future du Québec, Marc Termote, président actuel du Comité de suivi à l’OQLF, déclare rituellement que l’assimilation a, dans cette perspective, moins d’importance que d’autres facteurs plus lourds comme la fécondité et l’immigration. Paillé ne manque d’ailleurs jamais de nous rappeler la grande nouvelle[32].

À la publication du rapport, Termote en a remis. « Je suis toujours sidéré par l’importance qu’on accorde à [l’assimilation] », a-t-il confié[33]. Posons-nous donc une question. Si la vitalité du français en matière d’assimilation égalait ou dépassait celle de l’anglais, y aurait-il lieu de s’inquiéter de l’avenir du français au Québec ? Non ? Alors, restructurons la société québécoise afin d’y parvenir. Si, aujourd’hui, le français tirait de l’assimilation un profit dix fois supérieur à celui qu’en tire l’anglais, tout ce beau monde pourrait se trouver un autre passe-temps.

À la grande satisfaction des Charest et St-Pierre, cette déclaration rituelle cultive une impression d’impuissance qui démobilise bien raide. Les facteurs démographiques étant si lourds, à quoi bon indisposer encore nos concitoyens anglophones en réduisant de nouveau l’espace de l’anglais dans la cité, comme la loi 101 a réussi à faire dans les écoles ? Cela demeure pourtant l’unique moyen de réduire le pouvoir d’assimilation de l’anglais et d’accroître authentiquement celui du français[34] en vue de réaliser l’équilibre entre les deux langues, meilleur garant à terme de l’avenir.

Offrons-nous un dernier petit tour d’indice. La commission Laurendeau-Dunton avait relevé que c’est parmi les natifs que l’on juge le mieux de l’assimilation[35]. Poursuivant dans cette voie, Lachapelle et Henripin s’en étaient tenus pour l’essentiel à l’indice de vitalité parmi une population repère formée des jeunes adultes âgés de 25 à 44 ans nés au Canada, parmi lesquels « les mobilités linguistiques [euphémisme pour assimilation] sont à peu de chose près définitives et approximativement comparables[36] ». Cette approche a en effet l’avantage d’éliminer efficacement le biais créé par la sélection d’immigrants allophones francisés avant leur arrivée au Québec. Mettons donc à jour leurs observations, tout en gardant à l’esprit le biais qui subsiste en raison des modifications apportées au questionnaire depuis 1971.

À l’échelle du Québec, la vitalité de l’anglais parmi cette population repère de jeunes adultes natifs était en 1971 de 1,11 et celle du français, de 0,996[37]. Les valeurs correspondantes en 2006 sont de 1,31 et 1,003[38]. Le profit relatif de l’anglais écrase celui du français par un ratio de 31 % à 0,3 %, ou de plus de 100 à 1.

Parmi les mêmes dans la RMR de Montréal, l’indice de l’anglais en 1971 égalait 1,13 et celui du français, 0,991. En 2006, ces indices égalent 1,43 et 1,0001. Quant au degré de domination de l’anglais, laissons tomber.

Dans l’île de Montréal, l’indice de l’anglais parmi les jeunes adultes nés au Canada était en 1971 de 1,12 et celui du français, de 0,991. Les indices correspondants en 2006 sont de 1,45 et 0,990. Autrement dit, parmi cette population repère, l’anglais domine de façon encore plus absolue.

La loi 101 n’a donc pas le moindrement réussi à faire décoller dans l’île de Montréal la vitalité du français parmi les jeunes adultes natifs, alors qu’à l’échelle de la région métropolitaine et de l’ensemble du Québec, le profond déséquilibre constaté voilà trente ans par Lachapelle et Henripin demeure.

De tout cela, l’OQLF à Charest ne veut rien savoir. 

 

 

 

Références

Castonguay, Charles (1980). « Sur quelques indices de propension à l’exogamie et au transfert linguistique », Cahiers québécois de démographie, 9(3), p. 53-70.

— (1994). L’assimilation linguistique : mesure et évolution 1971-1986, Conseil de la langue française, Québec.

— (2000). Assurer l’avenir du français au Québec et au Canada, mémoire présenté à la Commission des États généraux sur la situation et l’avenir de la langue française au Québec.

— (2002). « Assimilation linguistique et remplacement des générations francophones et anglophones au Québec et au Canada », Recherches sociographiques XLIII(1), p. 149-182.

— (2003a). « Politiques linguistiques et avenir des populations de langue anglaise et de langue française au Canada », in Michael A. Morris (dir.), Les politiques linguistiques canadiennes. Approches comparatives, L’Harmattan, Paris, p. 174-235.

— (2003b). « La vraie question linguistique : quelle est la force d’attraction réelle du français au Québec ? Analyse critique de l’amélioration de la situation du français observée en 2001 », in Michel Venne (dir.), L’Annuaire du Québec 2004, Fides, Montréal, p. 232-253.

— (2005a). « La cassure linguistique et identitaire du Canada français », Recherches sociographiques XLVI(3), p. 473-494.

— (2005b). Les indices généraux de vitalité des langues au Québec : comparabilité et tendances 1971-2001, Étude 1, collection Suivi de la situation linguistique, Office québécois de la langue française, Montréal.

— (2005c). « Le point sur les substitutions linguistiques. L’anglicisation plus courante que la francisation », in Michel Venne et Antoine Robitaille (dir.), L’Annuaire du Québec 2006, Fides, Montréal, p. 197-204.

— (2005d). « Le regard d’Ottawa sur la situation du français en 2001 », Recherches sociographiques XLVI(2), p. 327-341.

— (2010). Le français dégringole. Relancer notre politique linguistique, Les Éditions du Renouveau québécois, Montréal.

Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme (1970). Rapport, Livre IV, L’apport culturel des autres groupes ethniques, Imprimeur de la Reine, Ottawa.

Corbeil, Jean-Pierre et al. (2010). Portrait des minorités de langue officielle au Canada : les anglophones du Québec, Statistique Canada, Ottawa.

Henripin, Jacques (1974). L’immigration et le déséquilibre linguistique, ministère de la Main-d’œuvre et de l’Immigration, Ottawa.

Lachapelle, Réjean et Jacques Henripin (1980). La situation démolinguistique au Canada : évolution passée et prospective, L’Institut de recherches politiques/The Institute for Research on Public Policy, Montréal.

Lachapelle, Réjean et Jean-François Lepage (2010). Les langues au Canada. Recensement de 2006, Statistique Canada, Ottawa.

OQLF (2011). Rapport sur l’évolution de la situation linguistique au Québec, Office québécois de la langue française, Montréal.

Paillé, Michel (2011a). Les caractéristiques linguistiques de la population du Québec : profil et tendances (1996-2006), Office québécois de la langue française, Montréal.

— (2011b). « Vitalité du français et de l’anglais au Québec. Un examen critique », L’Action nationale, CI(8), p. 36-44.

Paquin, Gérald (2011). « La vitalité de la langue française sur l’île de Montréal », L’Action nationale, CI(3), p. 48-57.

[1] Paillé 2011a.

[2] OQLF 2011.

[3] Lire à ce sujet Lachapelle et Henripin 1980, notamment p. 165-171. À l’origine, Lachapelle et Henripin avaient plutôt baptisé « indice de continuité linguistique » le ratio entre langue d’usage et langue maternelle. La meilleure mesure de la vitalité d’une langue étant son degré d’utilisation, l’expression « indice de vitalité » paraît tout aussi indiquée – et plus parlante.

[4] Dans le présent texte, le suffixe -phone renvoie toujours à la langue maternelle.

[5] Voir Castonguay 2005a, tableau 1.

[6] Lire Lachapelle et Henripin 1980, p. 171-178.

[7] Voir Castonguay 2002.

[8] Lire Lachapelle et Lepage 2010, p. 91-100.

[9] Personnes de langue maternelle autre qu’anglaise ou française.

[10] Pour le dépistage de ces effets de questionnaire, lire Castonguay 2005b.

[11] Pour ces estimations des effets de questionnaire, voir Castonguay 2005b et 2005c.

[12] Pour la démonstration de ce résultat, lire Castonguay 2005b, section 3.4.

[13] Lachapelle et Henripin 1980, p. 166.

[14] Voir Henripin 1974.

[15] Voir, par exemple, Castonguay 2000, p. 23.

[16] Lachapelle et Henripin 1980, p. 171.

[17] Voir, par exemple, Castonguay 2000, p. 22-23 ; 2002, p. 160 et 2003a, p. 225-226.

[18] Voir Castonguay 2003a, p. 224.

[19] Il s’agit des municipalités de Pierrefonds, Roxboro, Ste-Geneviève, St-Raphaël-de-l’Île-Bizard, Senneville, Ste-Anne-de-Bellevue, Baie-d’Urfé, Beaconsfield, Kirkland, Pointe-Claire, Dollard-des-Ormeaux et Dorval. Voir la carte de l’île de Montréal dans Paquin 2011, p. 51.

[20] La région recouvre un territoire correspondant à celui des sept anciens comtés de Brome, Compton, Missisquoi, Richmond, Shefford, Sherbrooke et Stanstead.

[21] Paillé 2011a, p. 11.

[22] Pour ces arguments à l’appui de sa thèse, voir Paillé 2011b, p. 38-42.

[23] Soulignons que maintenir l’anglicisation nette des allophones en 2006 à son niveau de 1971 ne signifie aucunement que toute anglicisation aurait cessé. De nouveaux cas d’anglicisation auraient été nécessaires pour combler le nombre considérable d’allophones qui étaient anglicisés en 1971 mais qui, depuis, seraient décédés.

[24] Voir, par exemple, Castonguay 2003b, p. 239 et 2005b, p. 13.

[25] Voir Lachapelle et Lepage 2010, p. 93.

[26]Ibid., tableau 5.3.

[27] Voir Castonguay 1980.

[28] Voir Paillé 2011a, p. 10.

[29] Lire à ce sujet Castonguay 2005d.

[30] Voir Corbeil et al. 2010, p. 31.

[31] On peut estimer qu’à un recensement donné, parmi les francophones et allophones recensés au Canada anglais comme étant anglicisés et comme ayant quitté le Québec au cours des cinq années précédentes, environ la moitié s’étaient anglicisés au préalable au Québec, avant de partir.

[32] Voir, par exemple, Paillé 2011b, p. 42.

[33] Cité par Robert Dutrisac, « La situation de la langue – Vers une cassure entre Montréal et le reste du Québec », Le Devoir, 17 septembre 2011.

[34] Lire à ce propos Castonguay 1994, section 7.10 et 2010, p. 156-160.

[35] Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme 1970, p. 128.

[36] Lachapelle et Henripin 1980, p. 166.

[37]Ibid., tableau 5.12.

[38] Ces valeurs ainsi que toutes celles qui suivent proviennent de compilations spéciales commandées à Statistique Canada.

L’Office québécois de la langue française (OQLF) a fait une découverte étonnante: au dire de son contractuel attitré, Michel Paillé, l’indice de vitalité des langues serait un concept mal fondé qui ne contribue en rien à comprendre la dynamique des langues[1]. Paru en septembre dernier, le rapport de l’OQLF sur la situation linguistique au Québec[2] n’en fait par conséquent nulle part état.

Cet indice a pourtant fait ses preuves depuis plus de trente ans. Vérification faite, c’est plutôt le raisonnement de Paillé – qu’approuve, faut-il croire, le Comité de suivi de la situation linguistique, à l’OQLF – qui laisse à désirer.

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