Hydro-Québec doit repenser sa stratégie, le premier ministre aussi

La récente démission de Sophie Brochu à la direction d’Hydro-Québec semble témoigner de divergences de vues importantes sur la vision stratégique de l’entreprise. De toute évidence, Hydro-Québec et le premier ministre, M. Legault, sont en désaccord sur la nécessité de construire de nouveaux barrages. Ce dernier se verrait bien construire la Baie James du XXIe siècle alors que madame Brochu affirmait publiquement ne pas avoir de projet de barrage dans ses cartons. Le premier ministre affirme en outre que la consommation d’énergie au Québec augmentera de 100 TWh d’ici 2050 (il est même parfois question de 150 TWh), une croissance supérieure à 60 %. Le récent plan stratégique d’Hydro-Québec, qui prévoit une augmentation de la demande de 25 TWh d’ici 2032, n’est clairement pas aussi optimiste. Quant au nouveau comité de l’économie et de la transition énergétique, où madame Brochu fait face à quatre ministres, dont le premier ministre, on comprendra qu’il n’a pas été créé aux seules fins de mieux comprendre les positions d’Hydro-Québec !

Pour mieux comprendre les termes de ce débat, il convient de passer en revue les principaux enjeux stratégiques auxquels Hydro-Québec doit faire face.

La demande

Une augmentation de la demande de 100 TWh d’ici 2050 est-elle réaliste ? Essayons d’y voir un peu plus clair.

Bien sûr, si on veut se débarrasser des énergies fossiles, il faudra bien produire davantage d’électricité. On peut donc comprendre qu’Hydro-Québec compte sur une accélération de la demande d’électricité au cours des prochaines années. La société d’État affirme également avoir reçu des demandes d’alimentation de 23 000 MW de la part d’entreprises désirant s’installer au Québec. Cependant, faute de détails, il est impossible de se prononcer sur le sérieux de ces projets ni sur leur pertinence pour développer l’économie du Québec.

Faut-il croire pour autant que cette avalanche de projets se traduira effectivement par une croissance aussi forte que celle évoquée par le premier ministre ? Il y a pourtant bien des raisons d’en douter.

On peut comparer tout d’abord ces prévisions à celle des autres pays occidentaux. Or les prévisions de croissance de la demande en électricité, que ce soit aux États-Unis, en Europe ou en France, évoquent une croissance globale de la demande de 30 à 40 % d’ici 2050, donc beaucoup moins que les 60 % prévus au Québec.

Pourquoi le Québec, qui est déjà davantage électrifié que les autres pays occidentaux (notamment à cause du chauffage) et dont la consommation d’électricité par personne représente près de trois fois celle d’un Français ou d’un Allemand et presque deux fois celle d’un Américain, devrait-il connaitre une croissance de sa consommation beaucoup plus importante que celle des autres pays occidentaux ?

On peut aussi se demander si les prévisions par secteur provenant d’Hydro-Québec sont bien crédibles et, là encore, le bât blesse.

Premier hic : Hydro-Québec prévoit une forte demande d’électricité pour produire de l’hydrogène. Même s’il est clair que l’hydrogène fait partie des solutions à long terme pour décarboner l’économie, les coûts de production sont encore trop élevés et les technologies pour le produire sont encore en développement. L’industrie de l’hydrogène vert1 est une industrie en devenir qui, aujourd’hui, n’a pas de client.

L’hydrogène se transporte mal. Il est donc avantageux de le produire à côté des entreprises qui l’utiliseront. Or quand le Québec se prépare à produire des quantités importantes d’hydrogène sans se préoccuper de savoir s’il y aura un client à côté ; il fait une grossière erreur.

Mais il y a plus : il est loin d’être évident que le Québec sera aussi compétitif qu’il le pense sur cette filière. Aux États-Unis, il faut comprendre que plus la part des renouvelables sera importante, plus il y aura des périodes où l’électricité sera très chère, lorsque le vent ne souffle pas, mais plus il y aura également des périodes où l’énergie se vendra très bon marché, car il y aura des surplus. Avec un mix raisonnable de solaire et d’éolien ainsi qu’un peu de stockage, on pourrait arriver, par exemple, à une situation où le prix de gros de l’électricité s’établira à moins de 2 cents US le kWh 80 % du temps et à plus de 10 cents US le 20 % restant.

Dans ce contexte, on a intérêt à construire des usines de production d’hydrogène qui utiliseront cette énergie pas chère tout en acceptant de ne produire que 80 % du temps.

Le Québec, en raison de sa capacité à stocker l’énergie dans ses réservoirs, n’est pas du tout dans la même position que les États-Unis. Lorsque le prix de l’électricité est trop bas, il peut simplement laisser l’eau s’accumuler dans ses réservoirs pour produire quand les prix seront plus attractifs. À cela s’ajoute le fait que l’hydrogène est difficile et coûteux à transporter et que le Québec est loin des marchés.

L’avantage du Québec se situe donc au niveau d’industries qui doivent consommer de l’électricité 24 heures sur 24, comme des centres de données (ce qui ne veut pas dire que ce choix est nécessairement judicieux pour le Québec, mais c’est une autre discussion).

Hydro-Québec et le gouvernement doivent refaire leur devoir : cela implique de trouver des filières où l’énergie du Québec est vraiment compétitive, non en fonction des prix d’aujourd’hui comme on a tendance à le faire, mais en fonction de ce que sera la situation dans 10-20 ans, malgré les difficultés que ce type de prévision peut représenter.

Le plan d’approvisionnement prévoit également de vendre 1,6 TWh d’électricité à la filière des batteries en 2032. Là encore, il s’agit d’une prévision très optimiste. Le prix de l’électricité n’est pas un critère de localisation très important pour cette filière comme le démontre clairement la décision de Wolkswagen de s’implanter en Ontario.

On peut aussi se poser beaucoup de questions sur le caractère peu ambitieux des économies d’énergie prévues dans les plans d’Hydro-Québec et nous reviendrons sur cette question un peu plus loin.

On retiendra pour l’instant que tout porte à croire que la consommation d’électricité prévue pour le Québec, que ce soit pour 2032 ou 2050, ne sera pas aussi importante que celle prévue par Hydro-Québec. C’est d’ailleurs un peu dans l’ADN d’Hydro-Québec de surestimer la demande. Ainsi, si on examine les derniers plans d’approvisionnement d’Hydro-Québec, les prévisions sur 5 ans ont toujours été surestimées. Examinons maintenant les options disponibles pour augmenter la production d’énergie au Québec.

Les nouveaux barrages

Doit-on, comme l’affirme haut et fort M. Legault, construire de nouveaux barrages ?

Commençons par évoquer l’exemple de la Romaine dont les coûts de construction se sont élevés à 8,5 milliards en $ de 20151. Compte tenu de l’inflation depuis cette date, particulièrement élevée sur le prix des matériaux, on peut estimer que le même projet coûterait aujourd’hui environ 11 milliards $. Par ailleurs, la production totale des 4 barrages construits sur la Romaine par Hydro-Québec est estimée à 8 TWh par an. Construire de nouveaux barrages sur la rivière Petit Mécatina, un site beaucoup plus éloigné que celui de la Romaine, devrait donc coûter encore plus cher.

Or, pour ce même montant de 11 milliards de $, on peut construire aujourd’hui des éoliennes terrestres qui produiront trois fois plus d’énergie, soit 24 TWh par an environ. Pas étonnant, dans ce contexte, qu’Hydro-Québec affirme ne pas avoir de projets de barrages hydroélectriques dans ses cartons.

D’une certaine façon, M. Legault ne dit pas autre chose quand il affirme que le Québec devrait discuter avec Terre-Neuve pour réaliser le projet de Gull Island. Pourquoi vouloir négocier avec Terre-Neuve un projet hydroélectrique s’il existe de meilleures options à l’intérieur de la province ?

On rappellera toutefois que le projet de Muskrat Falls, en cours de construction au Labrador, lorsqu’il sera terminé, aura coûté deux fois plus que la Romaine pour une production moitié moindre. Dans ce contexte, ce projet de Gull Island apparait vraiment comme la poursuite d’une chimère.

N’oublions pas que, dans tous ces calculs, on ne tient pas compte de l’impact environnemental de ces investissements et, plus le temps passe, mieux on mesure les impacts délétères de ces grands projets. Il faut également compter sur l’opposition des autochtones qui, c’est le moins qu’on puisse dire, ne sont pas favorables à ces projets.

On voit donc bien qu’il faut se faire à l’idée que le Québec ne construira plus de nouveaux barrages. Il faut passer à autre chose.

Les conséquences stratégiques de cette conclusion sont absolument fondamentales : grâce à l’hydroélectricité, le Québec a pu, pendant plus de 50 ans, s’approvisionner à un coût bien moindre que celui de ses voisins, voire même par rapport à tous les autres pays occidentaux. Cette période est terminée : les options qui s’offrent au Québec sont désormais les mêmes que celles qui s’offrent à tous les autres pays : le solaire et l’éolien.

Est-ce que le Québec peut tirer son épingle du jeu dans ce nouvel environnement concurrentiel ?

L’éolien terrestre

La construction d’éolienne constitue une deuxième option pour produire davantage d’énergie au Québec. À cet égard, le Québec se positionne très avantageusement par rapport au reste de l’Amérique du Nord, car le vent y souffle de façon plus importante et de façon plus régulière que plus au sud (voir plus bas carte du National Renewable Energy Laboratory). La Côte-Nord et, surtout, le nord du Québec disposent du meilleur potentiel éolien terrestre de la province, voire de l’Amérique du Nord. Les facteurs d’utilisation des nouveaux projets d’éoliennes au Québec sont parmi les meilleurs au monde2.

Il faut aussi insister sur le fait que l’éolien se marie parfaitement avec les barrages existants d’Hydro-Québec. Ces derniers agissent comme une immense batterie de sorte que lorsque le vent souffle, les barrages se remplissent, tandis que l’inverse se produit lorsque le vent ne souffle pas. C’est un avantage stratégique important pour Hydro-Québec, car, presque partout en Amérique du Nord, on doit prévoir des sources alternatives ou du stockage lorsque les éoliennes ne produisent pas suffisamment. Les éoliennes produisent également davantage l’hiver que l’été et sont donc mieux adaptées au profil de consommation des Québécois.

Un autre avantage important des éoliennes par rapport aux barrages vient de la durée bien moindre de la mise en œuvre d’un nouveau projet. Compte tenu de l’incertitude inhérente à la prévision de la consommation, il est beaucoup plus facile d’arrimer à moyen terme la production à la consommation. L’expérience passée montre bien d’ailleurs que des périodes de surplus importants ont souvent été associées à la mise en service de nouveaux barrages, y compris celui, le plus récent, de la Romaine.

Quelle stratégie pour les éoliennes terrestres3

Jusqu’à maintenant, la stratégie d’Hydro-Québec relativement aux éoliennes a consisté à demander au secteur privé de construire et de les opérer en échange d’une rémunération des producteurs choisis par appel d’offres sur la base de l’énergie produite.

C’est tout le contraire de la stratégie qu’Hydro-Québec a adoptée pour les barrages, car ces derniers ont été entièrement financés à l’interne. C’est aussi Hydro-Québec qui agissait comme maître d’œuvre et qui assumait les risques de dépassement de coûts.

La position de M. Legault à ce sujet consiste à dire qu’Hydro-Québec devrait continuer à s’occuper des barrages et laisser le privé continuer de s’occuper de l’éolien. Le ministre de l’Économie, M. Fitzgibbon, tenait récemment le même discours4.

On peut bien sûr se demander ce qu’Hydro-Québec va continuer de faire si elle ne construit plus de barrages. Mais ce n’est pas l’enjeu le plus important : il faut plutôt s’interroger sur les conséquences à court et à long terme de ce choix pour la collectivité québécoise.

À court terme, il faut mentionner les exigences de rentabilité des projets privés. On estime en effet à 12 % environ le rendement annuel sur les fonds propres d’un investisseur privé dans le secteur de l’éolien. Si on finançait le même projet avec le Fonds des générations, qui rapporte environ 6 % par an, on diminuerait le coût de revient de l’énergie, grosso modo, de 6 à 5 cents le kWh5, une réduction de coûts de plus de 15 %. On pourrait aussi, bien sûr, conserver le même taux de rendement de 12 %, mais ce serait le Fonds des générations (donc l’ensemble des Québécois) qui bénéficierait d’un meilleur rendement.

Mais le principal enjeu n’est pas là. Il concerne le devenir des éoliennes à la fin des contrats entre les producteurs privés et Hydro-Québec. En effet, si Hydro-Québec finance elle-même les projets d’éoliennes, cela signifie qu’après 20 ou 25 ans, ces projets sont entièrement payés. Il ne reste qu’à assumer les frais d’entretien qui sont peu élevés et on obtient une énergie bon marché.

En effet, comme pour les barrages desquels on remplace les turbines à la fin de leur vie utile, on peut remplacer certains composants d’une éolienne pour prolonger leur vie utile d’un autre 25 ou 30 ans6.

Si l’électricité d’Hydro-Québec est si peu chère aujourd’hui c’est justement en raison du fait qu’Hydro-Québec a toujours été propriétaire de ses barrages et qu’une fois payés, ils ne coûtent pas cher à opérer.

Pourquoi ne pas adopter la même stratégie avec les éoliennes qui elles aussi pourraient produire une énergie bon marché une fois payée, ce qui profiterait à l’ensemble de la société québécoise. C’est donc une erreur stratégique importante que de confier au secteur privé la propriété et le financement des éoliennes.

Les barrages n’ayant pas d’avenir, Hydro-Québec devra donc compter sur les éoliennes pour accroître sa capacité au cours des prochaines années. Les éoliennes sont le futur d’Hydro-Québec. On peut à la limite comprendre la position de M. Legault de laisser ce développement au secteur privé si on compte sur les barrages pour assurer l’essentiel des investissements futurs. Mais ce n’est pas le cas. Laisser les éoliennes au secteur privé c’est donc privatiser le futur d’Hydro-Québec. C’est aussi payer plus beaucoup plus cher pour notre approvisionnement à long terme. Messieurs Lesage et Lévesque doivent se retourner dans leur tombe en entendant M. Legault.

Les éoliennes en mer

L’industrie des éoliennes en mer est une toute jeune industrie qui se développe rapidement. Comparativement aux éoliennes terrestres, elle offre deux avantages : premièrement, les coefficients d’utilisation sont plus élevés que pour les éoliennes terrestres, car les vents en mer sont plus forts et plus constants que sur terre et, deuxièmement, elles ne posent pas les mêmes problèmes d’occupation des sols.

Comme pour les éoliennes terrestres, les coûts de revient par kWh de premières éoliennes en mer étaient exorbitants, mais aujourd’hui des contrats sont signés en Europe pour environ 5 cents US le kWh. C’est encore davantage que pour l’éolien terrestre, mais d’ici quelques années il ne serait pas surprenant que l’éolien en mer devienne plus compétitif, car la technologie évolue rapidement. À titre d’exemple, la puissance des premières éoliennes en mer tournait autour de 3 à 5 MW. Les nouveaux modèles affichent aujourd’hui 15 voire 18 MW. Demain ce sera sans doute au-delà de 20 MW par éolienne.

Les Européens ont été les premiers à développer cette industrie, mais les Américains viennent de décider de mettre les bouchées doubles : un projet de 800 MW au large de Martha Vineyard est en construction. D’ici 5 ans la puissance installée au large de la côte Est pourrait atteindre 9 100 MW. Certains (surtout des Américains !) voient déjà la côte Est américaine comme la nouvelle Arabie Saoudite de la production d’énergie.

La bonne nouvelle c’est que le Québec dispose du meilleur gisement éolien en mer d’Amérique du Nord, notamment dans le golfe du Saint-Laurent, le long de la Côte-Nord autour de l’île d’Anticosti, le long des côtes de la Gaspésie ainsi qu’à la Baie-James. En réalité, c’est plutôt au Québec que devrait revenir la palme de la nouvelle Arabie saoudite de l’énergie. La ville de Sept-Îles avec son port en eau profonde libre de glace toute l’année serait l’endroit idéal pour servir de plate-forme pour la construction et le transport au site final des éoliennes. Malheureusement, le Québec n’a que très peu exploré son potentiel dans ce secteur. Nulle part dans ses communications Hydro-Québec n’évoque ce potentiel. Il est urgent de l’étudier.

Le solaire

Outre l’éolien en mer et l’éolien terrestre, le solaire peut faire partie des options pour augmenter la production d’énergie au Québec. Cependant, le solaire ne fait clairement pas partie des options considérées sérieusement par Hydro-Québec. On peut le comprendre : le gisement solaire au Québec est bien inférieur à celui de notre voisin du Sud. En outre aujourd’hui, le solaire est encore plus cher que l’éolien et, dans ce dernier cas, nous avons vu que le Québec dispose d’un excellent gisement.

La contribution de l’énergie solaire au bilan énergétique du Québec aujourd’hui est négligeable. La capacité totale est de l’ordre de 20 MW, soit moins de 0,1 % de la puissance totale installée dans la province. La Norvège, qui produit une électricité principalement d’origine hydroélectrique comme au Québec, dispose d’une puissance solaire installée d’environ 250 MW, soit douze fois plus !. Et pourtant leur potentiel solaire est beaucoup moins bon que celui du Québec et la population de la Norvège ne correspond qu’à 60 % de celle du Québec.

En Allemagne, la puissance solaire installée atteint désormais 60 000 MW ! Les Allemands ont donc installé trente mille fois plus de panneaux solaires que les Québécois ! Et là encore, le gisement solaire est beaucoup moins intéressant que celui du Québec, puisque l’Allemagne est beaucoup plus au nord que le sud du Québec.

Certes, pour la même quantité d’énergie produite, une centrale solaire coûte plus cher qu’une éolienne, et ce notamment en Amérique du Nord qui dispose d’un gisement éolien particulièrement intéressant. Mais le coût de production ne raconte pas toute l’histoire. Les éoliennes sont construites beaucoup plus loin des marchés que les centrales solaires et si on tient compte de cet élément, les coûts au Québec d’une centrale solaire et de l’éolien terrestre incluant le transport et la distribution sont aujourd’hui à peu près équivalents.

Il faut aussi savoir que les coûts du photovoltaïque baissent beaucoup plus rapidement que ceux de l’éolien : depuis dix ans, la baisse des coûts du photovoltaïque est deux fois plus rapide que celle de l’éolien. Et cette tendance se poursuivra au cours des prochaines années. Sans compter que la montée récente du prix des matériaux est beaucoup plus préjudiciable à l’éolien qu’au solaire.

Il est clair qu’Hydro-Québec freine des quatre fers dans le dossier du solaire. La page web d’Hydro-Québec fait tout pour décourager les propriétaires de maison de s’installer des panneaux solaires sur leur toit. Ce n’est pas rentable pour le consommateur (ce qui est vrai) ; l’empreinte environnementale des barrages est plus faible que celles des panneaux solaires (vrai si on considère seulement le CO2, mais depuis quand mesure-t-on l’empreinte environnementale seulement en fonction de la génération de CO2 ?)

Pour les petits consommateurs, Hydro-Québec accepte de racheter l’énergie excédentaire au prix auquel elle vend l’électricité, ce que les spécialistes appellent le mesurage net. Mais elle refuse de le faire pour les plus gros consommateurs de plus de 50KW. Pour simplifier, si vous êtes un particulier, un petit commerce ou, de façon générale, un petit consommateur d’énergie, vous pouvez revendre votre électricité excédentaire à Hydro-Québec, mais, dans le cas contraire, vous ne pouvez pas. Dans ce dernier cas, on comprendra facilement que l’installation de panneaux solaires devient encore moins rentable.

Hydro-Québec prévoit que la puissance solaire installée devrait atteindre environ 650 MW en 2032, pour une production totale de 0,7 TWh par an, soit un maigre 0,3 % de la production totale d’énergie du Québec. Autant dire qu’elle ne croit absolument pas au futur du solaire dans la province.

À titre d’exemple, la Suède qui dispose, comme le Québec, d’un important parc hydroélectrique, possède déjà une capacité solaire installée de 2 700 MW et prévoit multiplier cette capacité par quatre à plus de 10 000 MW d’ici 20267. Pourtant le gisement solaire est là aussi beaucoup moins bon qu’au Québec. Il faut aussi comprendre que chaque installation de solaire représente une perte de revenu pour Hydro-Québec. Il faut donc croire que tout ce qu’Hydro-Québec ne contrôle pas ne l’intéresse pas. Mais la société d’État n’est pas la seule à réfléchir ainsi : la plupart des grandes compagnies productrices d’électricité pensent de la même façon.

En Europe, comme aux États-Unis, on assiste à une explosion des installations de panneaux solaires, non seulement sur les toits de maison, mais aussi sur les toits des immeubles commerciaux, les stationnements, les granges, les écoles, etc. partout où on peut trouver une surface convenablement orientée. Les problèmes d’accès au gaz russe en Europe et la nouvelle loi américaine sur l’inflation (IRA), vont accélérer fortement la pénétration du solaire dans ces deux régions. Cela n’est pas sans poser des problèmes dont on peine aujourd’hui à entrevoir les solutions : le réseau devra absorber des surplus importants en pleine journée et quelques heures plus tard fournir la pointe alors que les panneaux solaires ne produiront plus.

Le Québec ne sera pas épargné par cette vague. Bientôt, le solaire sera la source d’électricité la moins chère disponible au Québec, devant l’éolien terrestre. Davantage de solaire construit par les clients c’est aussi davantage d’électricité patrimoniale qu’on peut réserver à d’autres usages, comme l’automobile électrique.

Hydro-Québec devra donc se doter d’une stratégie sur le solaire, qu’elle le veuille ou non. La construction de petites centrales solaires comme à Varenne constitue un premier pas (tout petit) dans la bonne direction, mais on notera qu’il s’agit encore de projets qui s’intègrent totalement au réseau d’Hydro-Québec. Il faut aller beaucoup plus loin dans la réflexion stratégique.

La compétitivité de l’électricité québécoise

Hydro-Québec martèle sur toutes les tribunes qui lui sont offertes que l’hydroélectricité de la province est la moins chère en Amérique du Nord. Elle a bien raison.

L’électricité résidentielle au Québec se vend environ pour la moitié de son prix dans les autres grandes villes nord-américaines (un peu plus que la moitié pour la majorité des grandes villes canadiennes, un peu moins que la moitié pour les grandes villes américaines avec quelques exceptions dont notamment Boston et New York où les prix sont près de cinq fois plus élevés qu’au Québec). Mais l’écart s’amenuise pour la clientèle commerciale de petite et de moyenne puissance, car Hydro-Québec a adopté une politique qui fait en sorte de favoriser la clientèle résidentielle aux dépens des autres catégories.

Historiquement la stratégie du gouvernement du Québec a consisté à profiter de cette électricité pas chère pour attirer des industries grandes consommatrices d’énergie, comme les alumineries dans les années 80 et 90 ainsi que des centres de données, plus récemment. Mais le fait qu’il ne se construit plus d’alumineries au Québec depuis 25 ans et que Wolkswagen a récemment choisi l’Ontario pour installer son usine de batteries devrait nous inciter à une certaine prudence.

Si on veut continuer à attirer des industries énergivores, il faut que l’énergie produite par Hydro-Québec reste compétitive sur le marché et c’est là que le bât blesse.

Commençons par examiner les conséquences de ce que nous présente Hydro-Québec. Selon le dernier plan d’approvisionnement de la société d’État, le coût marginal des nouveaux investissements post patrimoniaux est de 11 cents le KWh. Si on combine les 170 TWh patrimoniaux à 3 cents et les 100 TWh postpatrimoniaux à 11 cents, on obtient un prix moyen de 6 cents en 2050. On voit donc qu’Hydro-Québec prévoit que les prix de l’électricité vont doubler en termes réels8 d’ici 2050. Peut-on penser que même si les tarifs d’électricité doublent d’ici 2050 le Québec restera compétitif ? Pour répondre à cette question, voyons ce qui se passe ailleurs.

Depuis le début des années 2010, les prix de l’éolien et du solaire ont diminué de façon spectaculaire. L’IRA (inflation Reduction Act) adopté récemment aux États-Unis permettra de réduire encore ces coûts de revient par un facteur de presque deux. L’éolien est encore un peu moins cher que le solaire, mais ce sera sans doute l’inverse bientôt en conséquence de quoi on prévoit que le solaire prendra une place de plus en plus importante au cours des prochaines années.

Ailleurs dans le monde il y a désormais de plus en plus d’exemples de projets dont le coût de revient est inférieur à 2 cents le kWh. Dans les endroits désertiques comme au Chili ou au Moyen-Orient par exemple. Ainsi la dernière centrale solaire construite à Abu Dhabi aura un coût de production de 1,35 cents par kWh. C’est 30 % de moins que le coût de l’électricité patrimoniale au Québec !

On doit donc se préparer à une nouvelle révolution dans le domaine de la production d’électricité au cours des prochaines dix années, notamment aux États-Unis. Grâce aux économies d’impôt rendues possibles par l’IRA, notre voisin du sud va se doter d’installations de production dont le coût de revient devrait se situer aux environs de 2 cents US le kWh soit l’équivalent du coût de notre électricité patrimoniale. Puisque les renouvelables deviennent beaucoup moins chers que le gaz et le charbon, on prévoit que les prix de l’énergie vont baisser fortement d’ici 2050.

On voit donc que la situation privilégiée que connait le Québec aujourd’hui ne garantit absolument pas qu’elle sera dans la même position en 2050. Et la vision que nous propose Hydro-Québec nous garantit plutôt le contraire : en 2050 si on accepte les calculs de la société d’État, le Québec ne sera plus compétitif sur le marché de l’énergie, et ce particulièrement en regard de notre voisin américain.

Mais comment faire pour rester compétitif ?

Si on revient sur le calcul précédent sur le coût moyen de l’énergie en 2050, il est clair qu’une façon de diminuer le coût moyen de l’électricité au Québec consiste à diminuer la quantité d’électricité nécessaire pour les besoins postpatrimoniaux. Si la quantité supplémentaire d’énergie requise à l’horizon 2050 n’est que de 50 TWh, le coût moyen de l’électricité d’Hydro-Québec devient beaucoup inférieur à celui du scénario de 100 TWh. Diminuer la quantité d’électricité postpatrimoniale revient à être beaucoup plus exigeant sur la qualité et la pertinence des projets qui seront retenus pour s’installer au Québec. Il faut donc être beaucoup plus sélectif. Dans ce contexte, offrir un rabais sur les tarifs pour attirer des industries énergivores constitue une grave erreur.

Le second moyen consiste pour Hydro-Québec à financer elle-même et à conserver la propriété des éoliennes construites au Québec. Comme on l’a observé précédemment, les gains pour Hydro-Québec de produire elle-même son énergie éolienne sont loin d’être négligeable, en particulier sur le long terme. Restent deux autres voies à explorer pour que le Québec demeure compétitif : gérer les problèmes de puissance et maximiser les économies d’énergie.

Gérer les problèmes de puissance

Hydro-Québec doit fournir suffisamment d’électricité pour fournir la demande en tout temps. En moyenne, la demande de puissance au Québec se situe autour de 19 000 MW, mais lors des périodes de grand froid en hiver, la demande explose à plus de 40 000 MW, soit plus du double. Nous avons vu plus haut qu’Hydro-Québec se préparait à une augmentation de la consommation d’énergie de 15 % d’ici 2032, mais elle prévoit également devoir augmenter sa puissance installée d’environ 10 % au cours de la même période, soit environ 4 000 MW. Ce besoin de puissance coûte cher, car il faut construire des installations qui ne seront utilisées que quelques heures par an. Il faut aussi comprendre que si on peut arriver à diminuer les pics de puissance, cela limite également les besoins de construire de nouvelles lignes de transmission, car elles aussi sont calibrées en fonction du maximum d’énergie qu’elles doivent acheminer.

L’arrivée des véhicules électriques va compliquer davantage l’équation. Hydro-Québec estime en effet que le quart de l’électricité qui sera utilisée pour charger les voitures électriques le sera pendant les heures de pointe. Cette estimation fait suite à une enquête sur les habitudes de branchement des consommateurs qui disposent déjà d’une voiture électrique.

M. Legault explique que les barrages constituent la seule solution pour augmenter la puissance, car les éoliennes ne produisent pas nécessairement lors des périodes de grand froid au contraire des barrages qui peuvent produire de l’électricité précisément au moment où on en a besoin. Mais il y a une autre solution que celle avancée par M. Legault : utiliser la tarification pour encourager les consommateurs à économiser l’électricité lors des périodes de pointe. Sans aller trop dans le détail, car il existe une myriade de systèmes de tarification, il serait possible pour le Québec de diminuer les pics de puissance simplement en faisant payer davantage pour la consommation en heure de pointe. Hydro-Québec le propose déjà à travers son tarif Flex D, mais ce choix est optionnel pour le consommateur et le nombre de ceux qui ont opté pour ce tarif est encore très limité.

Sans aller aussi loin que le tarif Flex D (le prix applicable aux périodes de pointe est plus de 10 fois celui des 40 premiers kWh par jour), on pourrait penser à un tarif qui, par exemple, doublerait le prix du tarif en pointe par rapport à celui hors pointe. Les tarifs seraient ajustés pour que l’impact global sur les revenus d’Hydro-Québec soit nul. Dans une maison bien isolée, on peut très bien diminuer le chauffage, voire même l’arrêter, pendant quatre heures sans que cela ait un impact significatif sur le confort de ceux qui l’habitent. En passant cette solution coûte beaucoup moins cher qu’un accumulateur de 20 000 $. On peut aussi programmer son chauffe-eau pour qu’il ne consomme pas d’électricité aux heures de pointe.

De toute façon, il faudra bien faire en sorte que les propriétaires de voiture électrique évitent de charger leur voiture lors des périodes de pointe. Encourager les consommateurs à recharger leurs véhicules la nuit c’est bien, mais leur donner le signal que ce sera beaucoup plus cher aux heures de pointe c’est beaucoup mieux. M. Fitzgibbon a déjà proposé une solution similaire, mais celle-ci semble avoir été rejetée par le premier ministre.

Le coût de nouvelles unités de production permettant d’augmenter la puissance du réseau est très élevé. Une nouvelle politique de tarification constitue la seule alternative qui ne coûte pratiquement rien pour gérer ce problème. Mais il existe également une autre possibilité de régler à la fois les problèmes de production d’énergie et de besoin de puissance : ce sont les économies d’énergie.

Les économies d’énergie

Beaucoup a été écrit sur ce sujet, et M. Pineault, de l’école des HEC9 vient justement de publier un livre sur ce sujet. On se contentera donc ici de quelques remarques.

Les Québécois sont les deuxièmes plus gros consommateurs par personne d’électricité au monde. Près de deux fois celle d’un Américain et trois fois celle d’un Européen. Certes les besoins en chauffage sont plus importants, mais même en faisant abstraction des besoins en chauffage et en climatisation nous consommons beaucoup plus que les autres occidentaux. On pourrait parler de gaspillage, contentons-nous de dire qu’il y a place pour amélioration.

La quasi-totalité des estimations d’économies d’énergie potentielles au Québec partent du principe que celles-ci doivent être financées par des réductions de la consommation d’électricité. Comme les prix de l’électricité au Québec sont très bas, la plupart des interventions ne sont pas rentables. C’est en gros la position d’Hydro-Québec qui reste résolument pessimiste sur le potentiel des économies d’énergie.

Par ailleurs, il convient de distinguer ici sobriété et efficacité énergétique, car la question de la sobriété est peu évoquée au Québec.

L’efficacité énergétique consiste, par exemple, à équiper les maisons de thermopompes au lieu des radiateurs traditionnels pour économiser environ 50 % de l’énergie requise par le chauffage. Cette stratégie a un coût, l’achat et l’installation de la thermopompe, qu’il faut comparer au prix de l’énergie économisée.

La sobriété consiste, par exemple, à diminuer la température intérieure à 19 degrés l’hiver au lieu de 22 degrés, voire davantage. Trois degrés de moins c’est 15 % à 20 % de diminution de consommation, c’est environ 3 000 MW de puissance requise en moins à l’échelle du Québec, l’équivalent de deux fois la Romaine et donc plus de 20 milliards $ d’investissements.

L’efficacité énergétique n’est pas toujours rentable et peut se traduire par des coûts élevés, la sobriété ne coûte rien. Tous les Européens vous diront qu’ils vivent très bien l’hiver simplement en s’habillant plus chaudement et qu’on dort mieux quand il fait un peu plus froid. Compte tenu du faible prix de l’énergie au Québec, il est illusoire de penser que les économies d’énergie ne se feront que sur une base volontaire avec des projets qui se rentabilisent rapidement. Il faut donc réfléchir à la façon dont les Québécois pourraient devenir plus sobres dans leur consommation.

La stratégie d’Hydro-Québec qui consiste uniquement à proposer des travaux qui soient rentables pour le consommateur est donc vouée à l’échec. Même si Hydro-Québec finance une partie des travaux en fonction de ses coûts évités, cela ne suffira pas, et ce d’autant plus que la baisse du prix des renouvelables diminue graduellement ce coût évité. Le fait que la filiale d’Hydro-Québec, Hilo, ne soit pas rentable est le parfait exemple d’une stratégie qui, au départ, ne pouvait absolument pas fonctionner.

Mais revenons à la sobriété. Malheureusement, il est difficile de légiférer la sobriété. On ne peut pas obliger les gens à diminuer la température intérieure à 19 degrés l’hiver. Il faut donc bien expliquer aux Québécois les raisons pour lesquelles ils devraient baisser le thermostat et, de ce point vue, il faut que le message vienne d’en haut, du premier ministre lui-même par exemple, et que ce message soit répété ad nauseam.

On peut aussi s’inspirer de l’expérience européenne où on a dû faire des efforts importants de sobriété pour passer l’hiver sans avoir à acheter du gaz russe. Quelques exemples : il fait désormais plus sombre dans les supermarchés ce qui permet à la fois de réduire le coût de l’éclairage, mais aussi de la climatisation ; la compagnie Accor a décidé de supprimer tous ses minibars dans les chambres d’hôtel et a ainsi pu réduire la consommation d’électricité de 50 %.

De tels exemples sont légion. Ils montrent bien que si les Européens ont pu réduire leur consommation d’électricité de 10 % cet hiver tout en étant déjà plus économes que les Québécois, on peut aussi réduire notre consommation au Québec.

La sobriété est bien sûr complètement absente du vocabulaire d’Hydro-Québec, sauf lors des pics de consommation. On comprend qu’il est préférable de faire acheter un accumulateur de chaleur par le consommateur et de continuer à lui vendre encore un peu plus d’électricité, que de l’inciter à baisser la température intérieure.

La mission d’Hydro-Québec consiste à vendre de l’électricité et non pas de l’économiser. Ce n’est donc pas à Hydro-Québec qu’il faut confier le mandat de promouvoir les économies d’énergie et la sobriété. Il faut donc créer une autre structure.

Il faut également expliquer aux Québécois que si on ne fait pas d’efforts sur la sobriété, il faudra augmenter les tarifs d’électricité. Pour ce faire on devrait créer des indicateurs qui mesurent les progrès accomplis et intégrer les résultats de ces indicateurs aux critères retenus par la Régie de l’énergie pour calculer les augmentations de tarifs.

En conclusion

Hydro-Québec s’est reposée sur ses lauriers depuis plus de 50 ans. On construisait des barrages et avec le temps on obtenait une énergie pas chère et cela suffisait. Au cours des prochaines années, il faudra réfléchir aux moyens d’augmenter la production sans générer des coûts exorbitants pour le consommateur, intégrer l’autoproduction de solaire par les particuliers et les entreprises, réfléchir à une politique de tarification différente et mieux cibler les industries qu’on veut attirer au Québec.

Cela fait beaucoup et justifie également de retirer à Hydro-Québec son mandat sur l’efficacité énergétique et la sobriété pour confier ce mandat à une autre structure. Déjà que la tâche ne sera pas facile, car comme on le dit souvent, ce n’est pas facile de faire dévier le Titanic de sa route. Mais le fait que M. Legault se soit entiché de nouveaux barrages conduit déjà la Société d’État à partir dans la mauvaise direction. u


1 Ce montant ne comprend que les coûts de construction et exclut donc, notamment, les coûts des lignes de transmission, les montants versés aux communautés autochtones et les frais de financement.

2 Le facteur d’utilisation exprime le ratio entre la quantité d’énergie produite par une éolienne et celle qui serait produite si l’éolienne fonctionnait en tout temps en pleine capacité. Au Canada ce ratio est de 45 % en moyenne pour des éoliennes récemment construites. Pour une comparaison internationale, voir notamment IRENA : Power generation costs 2021

3 Voir notamment l’article de Alexis Riopel dans le Devoir intitulé : « Plaidoyer pour un partage de la rente éolienne au Québec »

4 Voir l’article du Devoir : « Fitzgibbon veut laisser l’éolien au privé » publié le 23 janvier 2023.

5 Le prix de l’électricité lors du récent appel d’offre d’Hydro-Québec pour de l’énergie éolienne s’est établi à 6,1 cents par kWh.

6 Dans le langage de l’industrie, on parle de repowering. Dans le cas des premières éoliennes, qui étaient 5 à 10 fois plus petites que celles qu’on construit aujourd’hui il fallait reconstruire à neuf de nouvelles éoliennes. Aujourd’hui les éoliennes sont beaucoup plus grosses et il ne sera pas nécessaire de tout reconstruire à neuf.

7 Voir : Solar Power Europe, EU market outlook for solar power 2022–2026 https://www.solarpowereurope.org/insights/market-outlooks/eu-market-outlook-for-solar-power-2022-2026-2

8 Si on prévoit une inflation de 2 % par an d’ici 2050, cela veut dire que les prix de l’électricité augmenteront deux fois plus vite, soit 4 % par an

9 Pierre-Olivier Pineault, L’équilibre énergétique, Éditions Robert Laffont, 2023.

* Économiste.

La récente démission de Sophie Brochu à la direction d’Hydro-Québec semble témoigner de divergences de vues importantes sur la vision stratégique de l’entreprise. De toute évidence, Hydro-Québec et le premier ministre, M. Legault, sont en désaccord sur la nécessité de construire de nouveaux barrages. Ce dernier se verrait bien construire la Baie James du XXIe siècle alors que madame Brochu affirmait publiquement ne pas avoir de projet de barrage dans ses cartons. Le premier ministre affirme en outre que la consommation d’énergie au Québec augmentera de 100 TWh d’ici 2050 (il est même parfois question de 150 TWh), une croissance supérieure à 60 %. Le récent plan stratégique d’Hydro-Québec, qui prévoit une augmentation de la demande de 25 TWh d’ici 2032, n’est clairement pas aussi optimiste. Quant au nouveau comité de l’économie et de la transition énergétique, où madame Brochu fait face à quatre ministres, dont le premier ministre, on comprendra qu’il n’a pas été

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