
Louis-Pierre Bougie
Rue St-Maur IX, 2004, pierre noire, acrylique (passage en gravure),
25,5 x 25,5 cm
Collection privée
en couverture du numéro de Septembre 2020
Louis-Pierre Bougie, né à Trois-Rivières en 1946, s’est spécialisé en taille douce et en eau-forte à Paris, chez Lacourière et Frélaut, où il a travaillé pendant plus de quinze ans. Il a fait de nombreux séjours de travail et d’étude en France, au Portugal, en Pologne, en Irlande, en Finlande et à New York. Ses œuvres sont régulièrement exposées dans des galeries canadiennes, américaines et européennes et plusieurs font partie de grandes collections publiques et privées, notamment au Québec et à New York.
Louis-Pierre Bougie produit depuis quelques années une œuvre gravée et peinte considérable qui fait appel aux techniques traditionnelles du burin, de l’aquatinte, du chine encollé, etc. pour les mettre au service d’un travail en taille douce résolument moderne. Il appartient ainsi à la grande lignée des Goya, Blake et Rops, en développant, tout à la fois, une technique originale du monotype qui met à contribution les procédés de la gravure pour intégrer des dessins réalisés à partir de modèles vivants.
On assiste alors à une inversion de la technique : le papier est déjà dessiné à la pierre noire et rehaussé à l’acrylique avant de recevoir l’image de la plaque : une planche de cuivre encrée, qui aura été tout simplement mordue au préalable par des badigeons d’acide (des crachis ou « spit-bites ») et quelques éraflures au grattoir. L’impression sert plutôt à saisir le tout dans une transparence surnaturelle : à donner de la lumière, c’est bien ce que l’on entend par enluminure.
Ainsi, chez Bougie, la gravure devient un procédé qui permet d’ouvrir et de sceller un espace où le désir et l’imagination se déposent autrement dans la matière corporelle, où la lumière (par rehauts et enluminures successives) fait remonter autrement l’apparaître et nous redonne une part de nous-mêmes.