Mémoire à la Commission des États généraux sur la souveraineté
Nation particulière, le Québec est une société démocratique, française, laïque, d’héritage judéo-chrétien, voire de culture chrétienne. Je dis bien « culture chrétienne » et non foi ou croyances. Ce texte porte sur les deux derniers traits (héritage et culture chrétienne) que l’on a souvent de la difficulté à reconnaître et afficher. Ils correspondent pourtant à la vérité historique et sociologique, même s’il y a eu des abus de la part des autorités catholiques et qu’il reste bien des réformes à faire dans l’Église. Ils ne nous distinguent pas complètement de certains pays européens, ils nous différencient clairement de plusieurs autres, asiatiques, moyen-orientaux, africains. Leur affirmation aiderait à définir le type de laïcité dont le Québec a besoin puisqu’ils ne s’opposent aucunement aux droits de la personne, notamment à la liberté de conscience et de religion. Elle aiderait également à l’intégration des immigrants et conforterait l’avenir de la nation.
Il nous faut reconnaître explicitement que l’héritage chrétien, voire de culture chrétienne, fait partie de l’identité du Québec, dans une loi particulière, un article interprétatif de la Charte des droits de la personne ou une éventuelle Constitution du Québec.
Le fond de la question : héritage et culture chrétienne du Québec
La culture et l’identité du Québec ont été forgées et restent largement marquées par la tradition chrétienne[1], comme tout l’Occident d’ailleurs. Le fait est indéniable, en dépit des critiques que l’on peut faire à l’Église catholique et même si l’on s’est détaché de la foi ou de la pratique religieuse. Les valeurs chrétiennes (ou les valeurs développées par le christianisme au cours des âges) sont devenues des valeurs communes dont on a souvent oublié l’origine.
Pendant 350 ans, écrit Pierre Bourret, l’Église catholique a été liée à notre destin, acteur clé de notre colonisation au début, moteur de notre survivance ensuite, et ses valeurs n’auraient pas marqué notre identité ! Demandez aux Irlandais si la religion catholique n’est pas une partie essentielle de leur identité. Demandez aux Maltais. Demandez aux Israéliens pour la religion juive (La Presse, 20 août 2010).
Rappelons un texte de Pauline Marois, alors ministre de l’Éducation, dans sa présentation des intentions du gouvernement à l’Assemblée nationale le 26 mars 1997, lors des discussions sur l’abolition des commissions scolaires confessionnelles :
Il importe de gérer ces attentes [de la population] dans le respect de l’histoire et de la culture québécoises. Même une fois disparues les contraintes de l’article 93 [de la charte fédérale], il n’est pas question de faire table rase de l’histoire et de la culture socioreligieuse du Québec. Si l’égalité de traitement s’impose pour toutes les options, humanistes et religieuses, en ce qui touche le respect de la liberté de conscience, il reste un fait évident : la tradition chrétienne, catholique et protestante, a marqué profondément et continue de marquer distinctement le paysage architectural, toponymique, culturel et social du Québec. De manière aussi distinctive que la neige en hiver et les pointes de clocher des villes et villages.
Nous croyons qu’il est possible de reconnaître à l’école cette donnée historique et patrimoniale, sans pratiquer l’exclusion ou la discrimination, sans oublier les apports des nouvelles cultures et des autres groupes religieux. L’objectif visé sera de favoriser pour tous les jeunes, quelle que soit leur origine, l’insertion dans l’univers symbolique québécois et nord-américain[2].
Le Québec a été influencé par diverses nations et cultures (autochtone, britannique), il a su accueillir diverses vagues d’immigrants (Irlandais, Juifs, etc.) ; il évoluera, c’est sûr, et en partie grâce à l’apport des nouveaux immigrants, mais il est normal et légitime qu’il protège son identité, et qu’une génération désire transmettre ses valeurs à ses enfants et petits-enfants.
Les pays qui réussissent le mieux dans la mondialisation, constate Michel Venne, directeur de l’Institut du Nouveau Monde, sont ceux où les liens sociaux sont les plus forts. Où la société civile est dynamique. Et les nations qui ont le plus de succès sont celles qui ont su exploiter l’héritage qui leur a été légué, en misant sur leurs qualités propres. En outre, les sociétés évoluent rarement par big-bang successifs, contrairement à ce que croient ceux qui appellent une nouvelle révolution tranquille. Les pays qui changent en mieux le font lentement (L’Actualité, 15 mai 2008).
Malgré certaines apparences, même la Révolution tranquille a été préparée et façonnée en grande partie par des chrétiens[3]. Pensons d’abord à la fermentation durant deux ou trois décennies d’un vaste courant intellectuel influencé par la philosophie personnaliste et certaines encycliques sociales. Pensons, plus concrètement, au travail des militants de l’Action catholique appuyés par des clercs et des religieuses progressistes ; à l’action du frère Marie-Victorin en science naturelle ; à l’influence considérable du Père Georges-Henri Lévesque qui a fondé l’École des sciences sociales et politiques et qui a inventé le terme de non-confessionnalité dans le but de permettre aux ouvriers de toutes confessions religieuses de s’unir à l’intérieur des syndicats[4] ; à l’influence de soeur Guylaine Roquet, du frère Jean-Paul Desbiens et de Mgr Joseph-Marie Parent sur la réforme de l’éducation ; au rôle de certains religieux dans le développement des arts de la scène. Pensons encore aux intellectuels regroupés autour du journal Le Devoir, des revues Ensemble et Cité libre.
Au nom du devoir de mémoire, écrit l’éthicien Henri Lamoureux, j’affirme donc que ce soutien clérical a influencé de façon très importante la mise en oeuvre de pratiques d’action communautaire, et de façon plus générale l’entreprise d’émancipation populaire qui s’est développée à partir du milieu du XXe siècle[5].
Après la parution de son film La Neuvaine, Bernard Émond a donné plusieurs entrevues où on l’a questionné sur sa « foi ». Je reproduis quelques affirmations faites à Marie Riopel[6]. Malgré ce que son film laisse à penser, Émond n’est pas croyant, ni athée : il se dit agnostique. Mais il considère comme une tragédie le rejet de tout ce qui est catholicisme.
[Cette religion] fait partie de nous… je veux conserver cet héritage-là. Ce sont les fondements mêmes de notre culture et je revendique cette vérité, j’ai le droit de m’en servir. […] Je me rends compte qu’au Québec on est en train de couper tous les liens qui nous relient au passé.
Or, continue le cinéaste, « il existe une nécessité de la transmission sans laquelle on est mort ! Autrement dit, il faut parler à nos enfants, à nos petits-enfants ». Transmettre ne veut pas dire imposer, précise-t-il, mais il ajoute :
Je pense que notre héritage, paysan, canadien-français, québécois, catholique, ouvrier… il faut qu’ils sachent d’où on vient […] Nous vivons un péril culturel à l’échelle de la planète. Après se nourrir, c’est le travail de transmission qui est le plus important.
Dans une entrevue à la journaliste Chantal Guy, de La Presse, il reprend et amplifie les mêmes convictions.
Une des choses fondamentales dont je veux parler, c’est la perte des valeurs, des repères et du sens moral, du vide qu’a laissé la religion qu’on a balayée. Il ne faut pas retourner en masse à la messe, mais les questions posées par la religion sont essentielles et, dans l’identité québécoise, nous devons beaucoup à cela. La religion nous a aussi faits et je pense que ce n’est pas un hasard qu’on soit la société la plus à gauche en Amérique. C’est peut-être parce qu’on a été des familles qui s’aidaient autour d’un clocher (La Presse, 20 août 2005).
Dans un livre d’entretiens récents avec Simon Galiero, Bernard Émond reprend et prolonge sa réflexion[7]. Confessant de nouveau qu’il est « à la fois non-croyant et profondément attaché au patrimoine culturel chrétien » – parce que l’être humain a besoin de racines, parce qu’une nation a besoin de racines –, il constate et déplore le vide culturel et spirituel qui a suivi l’abandon et le mépris des valeurs chrétiennes. Cela a produit le désarroi et l’anomie qui engendrent le relativisme et le cynisme. Capitalisme et néolibéralisme se rejoignent là-dessus, affirme-t-il. Il y a un conformisme de gauche délétère. Il existe une fausse tolérance qui empêche tout effort de construction de soi et de construction d’une nation. Bernard Émond ne se gêne pas de s’affirmer « conservateur de gauche » : il faut conserver notre héritage, sans nier pour autant ses erreurs. La culture chrétienne recèle des richesses inouïes. Les valeurs chrétiennes sont nécessaires à la vie. Reprises et réinventées. Particulièrement les trois vertus théologales : foi, espérance et charité.
On m’a souvent demandé : pourquoi faire cette trilogie sur la foi, l’espérance et la charité ? Je disais : il y a deux sortes de réponses. La longue réponse, c’est celle que j’ai donnée en parlant de mon séjour à la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré et de ma redécouverte du patrimoine canadien-français. La courte, c’est : « Au fond, de quoi on a besoin aujourd’hui si c’est pas de foi, d’espérance et de charité ? » Je me rends compte à quel point c’est la réponse courte qui est la bonne réponse.
J’y ai repensé en lisant ce que Pierre Vadeboncoeur a écrit sur Contre toute espérance. Il disait une chose magnifique en parlant des vertus théologales : il disait qu’elles renversent l’ordre du monde. L’espérance renverse l’ordre d’un monde sans espoir. La charité renverse l’ordre d’un monde égoïste. La foi renverse l’ordre d’un monde désenchanté et cynique. Pour moi, la redécouverte du patrimoine chrétien n’a pas seulement une importance, disons, culturelle ; il y a quelque chose de plus profond qui se joue là, à tout le moins sur le plan des valeurs (p. 109-110).
La pensée de Bernard Émond est exposée de manière plus complète et explicite dans le recueil de textes qu’il vient de faire paraître. Deux traits tranchent sur tout le reste : l’inspiration chrétienne de la culture québécoise, le vide de valeurs et de spiritualité provoqué par l’abandon de cette inspiration[8].
C’est dire que les divers aspects de la culture québécoise portent la marque du christianisme : institutions, valeurs, architecture, arts, toponymie, rythme du temps. L’ouverture au monde n’amoindrit nullement le besoin d’une identité nationale. Au contraire. Toute civilisation est faite de traits universels (droits fondamentaux de la personne), de traits particuliers (culture et identité nationales) – ce sur quoi j’insiste présentement – et finalement de traits singuliers (convictions et actions personnelles).
Il existe un vague sentiment de culpabilité au Québec et en Occident pour les excès passés du christianisme[9]. Dans certains milieux, constate Timothy Radcliffe, parler positivement du christianisme est perçu comme de la crétinerie ou de l’endoctrinement ; se dire catholique éveille le soupçon ; mais invoquer les doctrines orientales ou du Nouvel Âge fait cultivé et élégant. Dire que Jésus est fils de Dieu est accueilli avec un sourire condescendant, mais si quelqu’un affirme que Dieu est un champignon sacré, on est prêt à conclure que cet enseignement fait partie de la riche tapisserie de la tradition humaine[10] ! Le témoignage récent de l’essayiste Jean Larose est très significatif à cet égard.
Mécréant attaché au catholicisme et qui en pratique les textes (je suis en quelque sorte un non-croyant pratiquant), je m’étonne du sort que fait à l’Église l’opinion des pays de tradition catholique. Les médias peuvent ridiculiser et même insulter le catholicisme et ses représentants, les intégristes et les mafieux de partout assassiner des catholiques sans que cela bouleverse. Une bombe qui éclate dans une mosquée ou une synagogue déchire aussitôt notre conscience anticolonialiste et réveille l’horreur de l’antisémitisme ; mais rien de tel ne se gendarme en nous quand on tue des moines en Algérie ou des prêtres-ouvriers au Brésil. Si Timor n’était pas catholique, son invasion par l’Indonésie et la répression terrible qui s’est abattue sur la population aurait ému davantage les pays riches ; entre les chrétiens et les musulmans du Liban, les médias occidentaux ont désigné comme tout naturellement les seconds comme les victimes des premiers. Il semble que chacun dans nos pays doive un jour en passer par le rejet de la religion de ses pères, et que cela lui fera estimer que les persécutions anticatholiques sont d’une certaine manière […] justes et méritées[11].
Certes, l’héritage chrétien n’est pas parfait – il y a eu des étroitesses, des erreurs, des crimes[12] –, mais il n’est pas pire que d’autres, religieux ou non religieux[13]. L’Occident chrétien a donné naissance aux droits de la personne, à la liberté individuelle, à la valorisation de la femme[14], au souci des démunis, à la démocratie. Malgré ses excès, encore une fois, l’Occident chrétien est une terre de liberté, de tolérance, de paix. Il n’est d’ailleurs pas question ici de foi personnelle ou de croyances, encore moins de pratiques liturgiques, mais de culture et de civilisation.
Comment faire la part des choses, retrouver l’équilibre ? Ou, pour reprendre les mots de Gilles Routhier, comment découvrir et assumer une nouvelle liberté, « celle d’être catholique sans complexe ou de ne pas l’être sereinement[15] » ? La réponse est importante pour l’individu, qui ne peut vivre sans s’inscrire dans une lignée, une tradition et un groupe, comme pour la collectivité elle-même, qui ne peut durer sans l’intégration de ses composantes. Cela est un problème d’ordre anthropologique bien avant d’être une question religieuse.
Refuser l’héritage culturel chrétien – héritage qui a su d’ailleurs depuis des années intégrer l’apport de l’immigration –, refuser ses symboles et ses manifestations, c’est rejeter l’histoire qui a fait ce pays, disons-le encore une fois. C’est aussi refuser le présent en niant les droits de la grande majorité des citoyens, qui se disent encore chrétiens[16]. Pourquoi, pense un large segment de la population, devrions-nous effacer les symboles de notre religion dans les espaces et institutions publiques ? Accueillir les autres implique-t-il de se renier soi-même ? Refuser l’héritage, enfin, c’est hypothéquer l’avenir. Il n’y a pas d’avenir sans passé. Toute communauté a besoin d’être enracinée pour durer. Toute rupture brutale, loin de favoriser la créativité et la liberté, les tue.
Dans nos sociétés occidentales, affirme Jean-Marie Woehrling, ancien président du tribunal administratif de Strasbourg, la culture et les valeurs sont inextricablement liées aux traditions chrétiennes. Par conséquent, vouloir réduire ou marginaliser ces dernières dans un souci de neutralité conduit nos institutions à s’affaiblir elles-mêmes et à miner leurs propres fondements. […]
En disant cela, on rend manifeste le fait que si toutes les croyances sont également respectables, elles ne sont pas égales dans leur rôle et leur fonction sociale. Si les minorités ont le droit de conserver leurs traditions culturelles et religieuses (compatibles avec l’ordre public), la majorité a elle aussi des droits, notamment celui de conserver ses traditions, même si celles-ci ont une connotation religieuse (Le Devoir, 19 août 2006).
Au-delà de la foi, commente Michel Venne à l’occasion de la fête de Noël 2002, la célébration annuelle de la naissance de Jésus continue de marquer notre imaginaire autant que notre calendrier. La pensée chrétienne comprend, pour les athées aussi, des repères, des rites de passage et des valeurs sans lesquels plusieurs d’entre nous seraient démunis.
Qu’on se gausse de ne plus croire en rien ou que l’on soit pieux à l’excès, la naissance de Jésus, le Christ, et sa célébration annuelle continuent de marquer les imaginations autant que notre calendrier. Notre civilisation a cessé de croire en l’au-delà. Mais, comme le dit Thierry Hentscz, quelque chose de la promesse chrétienne survit dans la manière occidentale moderne de comprendre la vie. […]
L’enfant qui naît est une promesse. Il est celui en qui nous plaçons nos espérances que le monde de demain sera meilleur que celui d’aujourd’hui. […]
Les métaphores chrétiennes font partie de notre culture. Elles continuent de nous définir. Elles sont en nous, elles font partie de l’héritage que nous transmettons, parfois involontairement, à nos enfants. Ni le pluralisme, ni la laïcité, ne devraient nous imposer de renier cet héritage, d’y tourner le dos et de bouder ses rituels. […]
Il reste de la religion catholique, y compris pour les athées, un ensemble de repères pour comprendre les liens qui nous unissent et certains rites de passage, sans lesquels plusieurs d’entre nous seraient démunis. Cette religion s’appuie sur une pensée philosophique millénaire dont l’influence s’étend jusqu’au contenu des chartes des droits et libertés. […]
Je ne suis pas croyant. Mais, comme beaucoup d’autres, je trouve dans la pensée chrétienne de quoi me nourrir en toute liberté[17].
Pour être logique, le déni de l’héritage chrétien devrait-il conduire à bannir de la Place des Arts et autres lieux semblables, la représentation du Messie de Haendel, le Requiem de Mozart, les Cantates de Bach, etc. ? Sans parler de la croix du Mont-Royal et des croix de chemin dans les campagnes du Québec ? Soyons sérieux.
Évoquer le faible pourcentage de catholiques pratiquants n’est guère approprié ici. Ce qui compte, c’est de savoir à quoi les gens se rattachent, à quoi ils relient leur identité, quel est leur axe d’intégration, leur imaginaire, quel héritage ils veulent transmettre à leurs enfants[18]. Il y a des chiffres qui parlent d’eux-mêmes : selon Statistique Canada en 2001, 90 % des Québécois se disaient chrétiens[19] ; selon le ministère de l’Éducation, en 2005-2006, 75 % des élèves du primaire et 63 % des élèves du secondaire étaient inscrits à un cours d’enseignement moral et religieux catholique ou protestant au lieu du cours optionnel en enseignement moral[20]. En 2004, les deux tiers des nouveau-nés au Québec ont été baptisés et l’Église catholique a célébré 39 % des mariages[21]. Et puis, de quel droit juger de l’authenticité des convictions religieuses des citoyens ? Encore une fois, ce n’est pas d’ailleurs une question d’orthodoxie religieuse, mais d’anthropologie et de citoyenneté.
Lors d’une table ronde sur « La religion face aux obscurantismes », animée par Frank Olivier Giesbert sur TV5 en décembre 2003, le philosophe André Comte-Sponville, athée selon ses propres dires, affirmait que notre civilisation faisait face à deux dangers : celui du cléricalisme antireligieux du XIXe siècle qui perdure, celui de la tendance actuelle au technicisme et au nihilisme.
Moi qui n’ai aucune foi, déclarait-il, j’essaie d’être un athée fidèle. Ce que j’appelle « la fidélité », ce n’est pas une croyance à une quelconque transcendance, mais un sentiment d’appartenance, de filiation avec les siècles passés qui ont fait de notre civilisation ce qu’elle est. La vraie question qui se pose à nous, c’est « que reste-t-il de l’Occident chrétien quand il a cessé d’être chrétien ? » et là, de deux choses l’une. Si vous répondez il ne reste rien, vous ne pouvez plus opposer quoi que ce soit ni au fanatisme de l’extérieur, ni au nihilisme de l’intérieur ; et, croyez-moi, ce dernier danger est bien plus important que le premier. Si vous répondez il en reste quelque chose, ce ne peut être une foi commune puisque celle-ci n’existe plus ; ce ne peut qu’être une fidélité commune, c’est-à-dire un attachement partagé à ces valeurs fort anciennes que nous avons reçues et que, donc, nous avons la charge de transmettre. La seule façon d’être fidèle est de les transmettre (transcription personnelle).
Et le philosophe allemand Peter Sloterdijk d’ajouter lors de la même discussion : se libérer de l’obsession antireligieuse est un signe de santé mentale, même si le laïcisme acharné est compréhensible, compte tenu du fait que le christianisme a été longtemps instrumentalisé.
Plusieurs observateurs reprennent, en la transformant légèrement, une phrase du poète et essayiste anglais Chesterton : le monde moderne est envahi d’idées chrétiennes devenues folles. Paradoxalement, une lecture attentive de Nietzsche va dans le même sens : tout en combattant le christianisme, Nietzsche prend très au sérieux sa fondamentale « nouveauté ». Il la considère comme une catastrophe, mais il concède – pour s’en lamenter – que le message évangélique a bel et bien changé l’histoire du monde en privilégiant la victime sur l’oppresseur, en ouvrant la voie à ce qu’il appelle dédaigneusement une « morale des faibles ou des esclaves », en favorisant l’idéal démocratique et l’égalité des personnes[22].
Plusieurs livres récents portent explicitement sur les sources et la dimension judéo-chrétienne de la culture occidentale, forgée souvent par les autorités chrétiennes, mais très souvent aussi par les simples fidèles, les clercs, les communautés religieuses[23]. Résultats ? Beaucoup de valeurs communes (personnelles et sociales) sont issues de cette tradition. L’art occidental (musique, opéra, peinture, architecture, sculpture) est rempli d’anecdotes et de symboles tirés de la Bible, de la vie des saints, des prières chrétiennes. Même le langage courant est truffé d’expressions, de symboles et de proverbes judéo-chrétiens[24].
Ce déni suscite une tristesse analogue à celle de voir détruire ailleurs par les talibans, dans une région lointaine de l’Afghanistan, au flanc d’une montagne, deux énormes statues de Bouddha qui faisaient partie du patrimoine du pays et de l’humanité[25].
À ce propos, il y a lieu de rappeler les événements du 22 mai 2008. Quelques minutes à peine après le dépôt du rapport de la commission Bouchard-Taylor, demandant entre autres recommandations de supprimer le crucifix à l’Assemblée nationale, le premier ministre Jean Charest a présenté la motion suivante, aussitôt appuyée par les deux chefs de l’opposition, Pauline Marois et Mario Dumont, et votée à l’unanimité des députés présents (100 sur 125) :
L’Assemblée nationale réitère sa volonté de promouvoir la langue, l’histoire, la culture et les valeurs de la nation québécoise, favorise l’intégration de chacun à notre nation dans un esprit d’ouverture et de réciprocité, et témoigne de son attachement à notre patrimoine religieux et historique représenté notamment par le crucifix de notre Salon bleu et nos armoiries ornant nos institutions.
Même si on peut hésiter théoriquement sur la pertinence du crucifix dans la salle des délibérations[26], l’affirmation portant sur la protection du patrimoine et de la culture du Québec est claire. Elle a été accentuée par les déclarations subséquentes à la presse des trois chefs de partis. Certains commentateurs ont crié à l’opportunisme électoraliste, mais n’est-ce pas surtout un sursaut de vitalité ?
D’autres commentateurs ont ridiculisé la déclaration de l’Assemblée nationale en invoquant la triste mémoire du premier ministre, Maurice Duplessis, qui a installé le crucifix en 1936, et la date prétendue trop récente de cet aménagement. Faudrait-il alors supprimer nos armoiries adoptées le 9 décembre 1939, où les fleurs de lys (or sur fond bleu), symboles des rois de France, sont au nombre de trois en l’honneur de la Sainte-Trinité [27]? D’autant plus que la couronne et le léopard (or sur fond rouge) représentent la monarchie britannique qui dirigeait le pays. Faudrait-il aussi supprimer notre drapeau adopté encore plus récemment, le 21 janvier 1948, sous le même premier ministre Duplessis, qui est composé de quatre fleurs de lys en mémoire des origines françaises du Québec et d’une croix blanche représentant la foi chrétienne.
Dans la même perspective, il y a lieu de se réjouir du projet de loi 391 que le Parti québécois a déposé à l’Assemblée nationale en décembre 2009, à l’effet de modifier l’article 50.1 de la Charte des droits et libertés de la personne, pour y inclure la clause suivante :
La Charte doit être interprétée de manière à tenir compte du patrimoine historique du Québec et des valeurs fondamentales de la nation québécoise.
Encore qu’il eût été mieux de préciser : patrimoine chrétien, ainsi que valeurs fondamentales d’inspiration chrétienne ou judéo-chrétienne.
Le mémoire du Bloc québécois à la commission Bouchard-Taylor était plus explicite sur l’inspiration chrétienne des valeurs qui fondent la nation québécoise et sur l’importance de garder les symboles religieux chrétiens existants :
Ce socle de valeurs et de principes est profondément enraciné dans l’histoire du Québec. Qu’on pense […] aux droits fondamentaux qui s’appuient sur la tradition chrétienne pour affirmer la dignité absolue de la personne humaine. […]
Nous croyons également qu’il faut conserver, sans toutefois en ajouter à l’avenir, les symboles chrétiens ou religieux qui sont déjà présents, par exemple sur les édifices publics.
On a là l’évocation d’un programme ou d’un projet réaliste et progressiste. En plus d’être suicidaire, la réaction contraire, la christianophobie, est la réaction d’une nation qui ne s’aime pas, selon une expression de Louis O’Neil.
Plutôt que de réécrire l’histoire, n’y a-t-il pas lieu d’en prendre bonne note ? Les trois événements historiques mentionnés (crucifix, armoiries, drapeau) couronnent, en effet, l’effort historique des Québécois pour reconnaître leur héritage, affirmer leur identité et proclamer leur volonté de poursuivre le développement de leur nation. À l’heure où le Québec perd de l’importance au sein du Canada et se diversifie – moins cependant qu’on le prétend parfois –, à l’heure où la mondialisation tend à niveler toutes les particularités et supprimer les médiations entre l’individu et le monde, il y a lieu, plutôt que d’abolir les particularités du Québec, de les affirmer et de les compléter, voire de protéger et de promouvoir la culture identitaire du pays.
Justifications annexes
La reconnaissance officielle de l’héritage et de la culture chrétienne du Québec, loin de s’opposer à l’idéal de laïcité, permettrait de choisir le modèle de laïcité adéquat pour le Québec. Elle ne s’oppose pas non plus aux droits de la personne, ni à la responsabilité des pays d’ouvrir leurs frontières. L’argumentaire suivant résume plusieurs de mes recherches.
A) Laïcité (mon livre de base = Émile Poulat, Notre laïcité. La France est une république laïque)
Contrairement à une vision laïciste des choses, deux traits définissent la laïcité : 1) autonomie de l’État et des Églises dans leur sphère propre, plutôt que la neutralité ou l’opposition ; 2) respect de la liberté de conscience et religion.
La laïcité admet des modèles multiples. Le plus adéquat pour chaque pays est celui qui correspond à 1) l’histoire, 2) la volonté de la population, 3) la culture.
Cela est particulièrement bien illustré par la situation en France, en particulier en Alsace-Lorraine. Significatifs aussi certains traits de la Belgique et de l’Allemagne. Soulevée en Italie, la question du crucifix dans les écoles publiques a donné lieu à une décision du plus haut tribunal de la Commission européenne des droits de l’homme qui renverse bien des idées reçues. (Voir l’annexe)
B) Les droits de la personne
Le sens fondamental de l’expression droits de la personne est d’être une instance éthique critique. L’expression désigne les droits liés à la nature et la dignité de la personne humaine. Elle comprend des droits individuels, collectifs, nationaux (notamment à la culture, l’identité et l’autodétermination) comme l’expliquent des textes de Guy Rocher et André Morel.
Une fois inscrits dans des lois ou chartes, ces droits deviennent des droits légaux et juridiques. Il en découle un aspect positif, parce qu’éducatif et coercitif ; mais aussi un aspect négatif parce que 1) limités aux droits reconnus par les instances politiques et 2) judiciarisés, à savoir soumis à l’interprétation des juges.
La charte canadienne s’inscrit exactement dans ce paradigme. Sur le plan historique, elle fut érigée pour combattre l’idée de deux peuples fondateurs. Quant au contenu, la charte est limitée globalement aux droits individuels (sauf langues, autochtones, associations) et elle donne priorité au multiculturalisme (art. 27). Enfin, l’interprétation de la Cour suprême est généralement centrée sur les droits individuels[28], alors que 1) tous les droits comportent des « limites raisonnables » et 2) qu’il existence des droits collectifs, y compris droit des peuples à leur identité, à leur culture et à l’autodétermination.
C) L’immigration
Il existe un devoir des peuples à accepter immigrants et réfugiés, en tenant compte de certains paramètres, comme le nombre et la capacité d’intégration.
Mais, en contrepartie, il existe une obligation éthique des immigrants à s’intégrer, soit à respecter la culture, les valeurs et les traditions du pays d’accueil .
Conclusion
Ces positions n’ont rien à voir avec la foi ou les croyances personnelles ; elles ne signifient pas que la religion chrétienne est meilleure que les autres visions du monde ; elle n’est pas contre le dialogue interreligieux et l’enrichissement réciproque. Il s’agit d’une perspective d’ordre social et politique. Comme le dit justement Michel Venne : « Il faut reconnaître dans notre pays l’existence d’une majorité, de ses valeurs, qui s’enrichissent ou évoluent par métissage, certes, mais qui constituent le corps principal d’intégration à la société d’accueil » (Le Devoir, 12 sept. 2006).
Tous ont à gagner à vivre dans une société où les règles sont claires : les Québécois en place en tireront fierté et les nouveaux arrivants seront heureux de s’associer à un peuple fier et ouvert. q
Annexe Info sur quelques pays… laïcs ?
France
Édifices
– Les édifices religieux construits avant 1905 appartiennent à l’État ou à la municipalité, qui se chargent de leur entretien extérieur.
– La France subventionne aussi, indirectement et moyennant quelques conditions, certains édifices religieux récents, comme le couvent dominicain de l’Arbrèle construit par Le Corbusier, la cathédrale d’Évry pour le musée incorporé, la Grande Mosquée de Lyon.
– De toute façon, on maintient des signes religieux chrétiens sur d’anciennes églises ou couvents qui ont changé de vocation (exemple, le Panthéon).
Institutions
– Les funérailles d’État se déroulent généralement dans la cathédrale Notre-Dame-de-Paris.
– La France admet divers aménagements dans ses institutions publiques, dont la présence d’aumôneries payées dans l’armée, les hôpitaux et les prisons.
– En vertu d’un privilège historique remontant à 1918, en Alsace-Moselle, les ministres du culte (catholiques, protestants et juifs) sont rétribués par l’État, comme les fonctionnaires.
– Les jours fériés (six ou sept) sont fixés autour des fêtes catholiques.
– La France a constitué un Conseil des musulmans pour avoir un interlocuteur, comme elle en a avec les catholiques et les protestants. Réunions régulières.
Écoles
– Les écoles publiques n’offrent pas d’enseignement religieux à l’horaire depuis 1882, mais sont tenues de laisser vacante une demi-journée par semaine pour permettre l’instruction religieuse par les Églises et synagogues.
– De plus, la France admet la présence d’aumôneries dans les lycées où il y a un internat, avec autorisation d’offrir toutes sortes d’activités à l’intérieur de l’établissement, y compris enseignement confessionnel et célébrations.
– Ce pays subventionne largement l’enseignement libre (sous contrat), à savoir l’enseignement privé confessionnel, en payant environ 90 % des coûts du réseau public.
– Enfin, en vertu d’un privilège historique remontant au Concordat napoléonien, en Alsace-Moselle, l’enseignement religieux confessionnel (catholique, luthérien, calviniste et juif) est obligatoire dans les écoles publiques à raison de deux heures par semaine, même si désormais celui-ci peut être remplacé par un cours de morale.
Universités
– Il existe des accords entre universités d’État et universités privées catholiques. L’université publique de Strasbourg inclut une faculté de théologie catholique et une autre de théologie protestante. Depuis 2000, l’université de Nancy-Metz offre un certificat d’aptitude (CAPES) réservé à l’enseignement religieux (35 postes d’enseignement catholique et 8 d’enseignement protestant). Le Conseil d’État a confirmé en avril 2001 que cela n’était pas contraire à la convention européenne garantissant le droit à la liberté de pensée, puisque les cours existaient légalement et que la dispense était autorisée.
Hors territoire
– La France participe enfin au financement de neuf écoles dans des pays de la Communauté européenne où il y a des « professeurs de religion » salariés par l’établissement pour répondre à la demande des élèves des divers cultes.
– Elle subventionne aussi un enseignement confessionnel dans certaines écoles d’outre-mer.
Belgique
– Prêtres, pasteurs, rabbins et imams sont des salariés de l’État.
– Des cours de religions optionnels sont offerts dans les écoles publiques.
– Plusieurs écoles confessionnelles sont financées à 100 % (environ 56 % des élèves en 1984).
Allemagne
– L’État recueille une taxe religieuse et le verse aux Églises catholique et protestante en proportion de l’appartenance religieuse indiquée par les citoyens.
– Les églises gèrent des hôpitaux, des garderies, des écoles, des foyers pour handicapés et pour personnes âgées, des aumôneries, etc.
Italie : Querelle sur le crucifix dans les écoles publiques
En avril 2002, un couple critique la présence du crucifix dans les classes que fréquentent leurs deux enfants. En mai 2002, le conseil d’école décide de maintenir cette pratique. En octobre 2002, le ministre de l’Instruction, de l’Université et de la Recherche émet une directive obligeant les écoles à maintenir cette pratique.
À la suite d’autres procédures de la part des parents, le tribunal administratif italien rejeta la requête des parents en mars 2005. Il estima notamment que, si le crucifix était indéniablement un symbole religieux, il s’agissait d’un symbole du christianisme en général, plutôt que du seul catholicisme, de sorte qu’il renvoyait à d’autres confessions. Il considéra ensuite qu’il s’agissait d’un symbole historico-culturel, pourvu à ce titre d’une « valeur identitaire » pour le peuple italien en ce qu’il « représente d’une certaine manière le parcours historique et culturel caractéristique de [l’Italie] et en général de l’Europe tout entière, et qu’il en constitue une bonne synthèse ». Il retint en outre que le crucifix devait aussi être considéré comme un symbole d’un système de valeurs qui innervent la Charte constitutionnelle italienne.
Saisi de l’affaire, le Conseil d’État italien confirma globalement ce jugement en avril 2006. Il précisa, de plus, que, exposé dans les salles de classe, le crucifix pouvait remplir – même dans une perspective « laïque » distincte de la perspective religieuse qui lui est propre – une fonction symbolique hautement éducative, indépendamment de la religion professée par les élèves. Selon le Conseil d’État, il faut y voir un symbole capable de refléter les sources remarquables des valeurs civiles susmentionnées, valeurs qui définissent la laïcité dans l’ordre juridique actuel de l’État.
Le litige fut porté devant la Commission européenne des droits de l’homme. Celle-ci conclut en sens contraire, en novembre 2009, soit à la violation de la Charte, en donnant raison aux parents.
Mais la Grande Chambre de la Commission européenne des droits de l’homme, la plus haute instance judiciaire du Conseil de l’Europe, rejeta la requête des parents, en mars 2011, en alléguant deux arguments. Un : le choix de perpétuer une tradition jugée importante entre dans les limites de la latitude dont dispose l’Italie ou, plus généralement, entre dans la « marge d’appréciation » des États dans leur obligation de respecter des droits de l’homme. Deux : la réglementation italienne donne à la religion majoritaire du pays une prépondérance dans l’environnement scolaire, mais la simple présence d’un crucifix ne suffit pas à caractériser une démarche d’endoctrinement de la part de l’État qui suffise à constituer une violation de la liberté de conscience. Dans le cadre de cette procédure devant la Grande Chambre, 33 membres du Parlement européen et 10 pays, dont la Russie, sont intervenus pour soutenir l’Italie. Effectivement, le crucifix est présent dans les écoles de plusieurs pays européens.
[1] On dit parfois judéo-chétienne pour évoquer les racines juives du christianisme. Mais il faudrait ajouter judéo-gréco-chrétienne pour signaler ses emprunts à la culture grecque. Et pour être complet, énumérer judéo-gréco-romano-chrétienne pour parler de son organisation calquée sur celle de l’empire romain. Je préfère rester simple.
[2] Texte reproduit dans Groupe de travail sur la place de la religion à l’école, Laïcité et religions. Perspective nouvelle pour l’école québécoise, Gouvernement du Québec, MEQ, 1999 (appelé Rapport Proulx) p. 261-263.
[3] Voir J. Philippe Warren et E. M. Meunier, Sortir de la Grande Noirceur. L’horizon personnaliste de la Révolution tranquille, Septentrion, 2002 ; Éric Bédard, conférence au Centre culturel chrétien, Montréal, 30 janvier 2007 ; Denise Bombardier, Le Devoir, 18 novembre 2006 ; Jacques Grand’Maison, Société laïque et christianisme, Novalis, 2010, p. 25-48 ; Denis Vaugeois, « La grande noirceur inventée » dans La Presse 23 octobre 2010. Quoique à visée laïciste, le livre de Yvan Lamonde donne plusieurs exemples (L’heure de vérité à l’épreuve de l’histoire, Del Busso éditeur, 2010.
[4] Sous l’instigation de Maurice Duplessis, qui ne prisait pas beaucoup la syndicalisation, le père Lévesque fut cité en procès à Rome, mais l’Église reconnu le bien-fondé de son action.
[5] Henri Lamoureux, La pratique de l’action communautaire autonome. Origine, continuité, reconnaissance et ruptures, PUQ, Québec, 2010.
[6] Marie Riopel, Présence Magazine, octobre 2007.
[7] Simon Galiero et Bernard Émond, La perte et le lien. Entretiens sur le cinémas, la culture et la société. Médiaspaul, 2009, notamment p. 110, 111, 112, 117, 121, 130, 154, 157, 167.
[8] Bernard Émond, Il y a trop d’images. Textes épars 1993-2010, Lux Éditeur, 2011, 121 pages
[9] Jean Larose, « Père le Dieu », dans Théologiques 6/1 (mars 1998) 55-62. Voir aussi Hélène Côté, « La société des nations… pour le meilleur et pour le pire », dans Présence Magazine 12/92 (sept. 2002) 11-14.
[10] Timothy Radcliffe, Que votre joie soit parfaite, Cerf/Fides, 2002, p. 32. Voir aussi Raymond Lemieux, Le catholicisme blessé. D’un statut de pouvoir à un statut de quête, dans L’Annuaire du Québec 2004, p. 290.
[11] Jean Larose, op.cit., p. 55. Le reste de l’article analyse pourquoi il en est ainsi. Et comment les valeurs occidentales sont issues du christianisme et liées à lui.
[12] Personne ne cherche à excuser les Croisades, l’Inquisition, les abus de pouvoirs, etc.
[13] Pensons aux régimes récents de Hitler, Staline, Mao Tsé Toung, Pol Pot, sans compter les excès de la Révolution française. Pensons, d’autre part, aux excès de l’Islam et de l’Hindouisme.
[14] Certes, il y a encore des progrès à faire, y compris dans l’Église catholique, mais la situation de la femme en Occident comparée aux autres civilisations du Moyen Orient, de l’Afrique et de l’Asie est révélatrice.
[15] Gilles Routhier, « La relation blessée entre une Église et son peuple », dans Le Devoir, 9 août 2003.
[16] Selon Statistique Canada (2001), 83 % des citoyens du Québec s’identifient à la religion catholique. La proportion s’élève à 90% si l’on tient compte de toutes les religions chrétiennes. Reste 4.4% pour les autres religions et 5.6% qui se disent sans religion. Les mêmes chiffres sont repris par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) en 2008 dans Portrait ethnoreligieux du Québec, signé Paul Eid, 2008.
[17] Michel Venne, Le Devoir, 23 décembre 2002. Perspective analogue exposée par Gil Courtemanche, voir 23 décembre 2006.
[18] Solange Lefebvre, « Origine et actualité de la laïcité. Lecture socio-théologique », dans Théologiques 6/1 (1998) 63-79, notamment p. 72 qui rapporte les études de Forsé et Langlois, 1995.
[19] Voir la note 17.
[20] Statistiques du ministère de l’Éducation.
[21] Selon Jacques Racine, professeur de sociologie religieuse à l’université Laval, dans Le Devoir, 7-8 avril 2007.
[22] Jean-Claude Guillebaud, Comment je suis redevenu chrétien, Albin Michel, 2007, p 114 ; Paul-Émile Roy, L’indéfectible espérance, Humanitas, 2003, p. 51-68.
[23] René Rémond dir., Les grandes inventions du christianisme, Bayard, 1999 ; Denis Tillinac, Le Dieu de nos pères. Défense du christianisme, Bayard, 2004 ; Frédéric Lenoir, Le Christ philosophe, Plon, 2007 ; Paul Veyne, Quand le monde est devenu chrétien, Albin Michel, 2007, Luc Ferry et Lucien Jerphagnon, La tentation du christianisme, Grasset, 2009. Sans compter, à leur manière, Paul-Émile Roy et Jean-Claude Guillebaud, cités à la note précédente. Voir aussi quelques pages de Guy Durand, Une éthique à la jonction de l’humanisme et de la religion, Fides, 2011, chapitre I et VII.
[24] Quelques exemples : le déluge, la colombe, la statue de sel, les années de vaches maigres et grasses, David et Goliath, un jugement à la Salomon, la crèche et les rois mages, le paradis, l’enfer, le péché, le baiser de Judas, le bon Samaritain, agir en pharisien, avoir une face de carême, pleurer comme une Madeleine, la femme forte, l’ivraie et le bon grain.
[25] Gil Courtemanche, Le Devoir, 21 décembre 2002.
[26] S’il s’agissait de l’y mettre, ce serait une autre affaire. Mais il est là. Voir Foglia, La Presse, 27 sept. 2007 ; 2 octobre 2007 ; et 24 mai 2008 ; Jean-François Lisée, « Les malades imaginaires », www.cyberpresse.ca, 27 mai 2007.
[27] Le nombre de lys sur les emblèmes des rois de France vient d’une décision de Charles V, en 1376, de les limiter à trois en l’honneur de la Sainte Trinité. Voir Armoiries du Québec, dans l’encyclopédie Wikipédia.
[28] Sauf exceptions comme : Juifs hassidiques (Val Morin) en 2008 ; Huttérites (Alberta) juillet 2009.
* Professeur émérite de l’Université de Montréal. Théologien et juriste, spécialisé en éthique. Parmi ses publications : Six études d’éthique et de philosophie du droit, Liber, 2006, 154 p. ; La culture religieuse n’est pas la foi. Identité du Québec et laïcité, Montréal, Éd. des Oliviers, 2011, 148 p.
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