Vote stratégique ou vote authentique?

À quoi sert une élection : battre le gouvernement sortant ou exprimer de façon authentique ses convictions? À chaque élection, quelle soit québécoise ou canadienne, le dilemme du vote stratégique se pose. Les partis d’opposition invitent les électeurs des autres partis  à renoncer à leurs préférences politiques et à se mobiliser contre le parti au pouvoir.

À des fins électoralistes, on incite les électeurs à mettre leur cohérence au placard et à adopter une attitude dite stratégique en votant non pas en fonction de leurs idées mais pour le parti le mieux placé pour gagner l’élection. Cette logique  amène l’électeur à se trahir lui-même en votant pour un parti qui ne reflète pas son idéal. Il sera ensuite déçu par l’action de ce parti  élu grâce aux votes inconséquents, dits stratégiques. Voilà le destin qui guette les électeurs qui donnent leur vote pour battre le gouvernement sortant. Ils choisissent de museler leur conscience et leurs convictions  pour supposément favoriser le moindre mal. Ils  dévaluent eux-mêmes leur conscience politique et ne pourront ensuite que se désoler  des politiques d’un gouvernement qui ne correspond pas vraiment à leur ambition politique. Ces incohérences paveront la voie du désenchantement, du cynisme et de l’apolitisme. Ce calcul stratégique est bon pour les partis opportunistes mais  il s’agit d’un très mauvais calcul pour ceux qui veulent promouvoir d’autres visions de l’avenir et aspirent à des changements fondamentaux.

Cette logique n’a toutefois pas la même signification pour tous les partis. Qu’un électeur fédéraliste vote pour un autre parti fédéraliste en faisant abstraction de ses préférences est un moindre mal dans la mesure où il partage la détestation du parti au pouvoir qui représente l’antithèse de sa vision du monde. Qu’un électeur libéral vote NPD ou inversement, il n’y aura pas de conséquences déterminantes sur les choix de société. Que   l’un ou l’autre de ces partis soit élu reste anodin puisque ceux-ci partagent une relative proximité idéologique. Leur élection ne met pas en jeu le statut politique ou l’avenir de la nation.  Quoiqu’il en soit, dans la présente conjoncture, on peut penser que cette logique sera contre productive, que l’utile s’avérera inutile puisque les libéraux et les néo-démocrates se concurrençant dans l’appel au vote stratégique, celui-ci sera neutralisé et favorisera l’élection des conservateurs.

Il n’en va pas de même pour les électeurs québécois souverainistes. Un souverainiste qui vote pour un parti fédéraliste se met en contradiction avec lui-même. Il accroît le pouvoir de ceux qu’il doit combattre pour réaliser son objectif. Son vote contribuera à faire élire un député qui se servira de sa fonction  pour faire la promotion de l’unité nationale et pour bloquer l’accession à l’indépendance. Si nous votons pour  des partis censés nous représenter, il faut s’assurer qu’ils respecteront notre conception de l’avenir et que notre vote ne sera pas utilisé par la suite contre notre volonté politique.

À ceux dont la motivation est de battre Harper, il faut rappeler que c’est le Canada sans le Québec qui a élu une majorité conservatrice et que le vote des Québécois ne peut plus servir à faire et à défaire les majorités gouvernementales au Canada. Il faut aussi rappeler à ceux qui seraient tentés de jouer le jeu des partis canadiens  que ceux-ci privilégieront toujours les intérêts du Canada. Ils ont tous voté le rapatriement de la constitution. Ils sont tous d’accord avec la politique nationale de l’énergie, ils ont tous soutenu la réforme de l’assurance emploi qui pénalise les chômeurs. Rappelons-nous aussi qu’ils ont contesté la vision québécoise de la laïcité et que les libéraux fédéraux et le NPD ont accepté que la citoyenneté soit accordée à des femmes voilées. Ils sont tous adeptes du communautarisme.

Il faut que les élus du Québec à Ottawa représentent la nation québécoise et qu’ils défendent les intérêts du Québec et non pas ceux du Canada comme l’ont toujours fait les libéraux, les conservateurs et les néo-démocrates.  Chaque Québécois qui vote pour un parti fédéraliste renforce l’emprise politique du Canada sur le Québec. Chaque fois qu’un député fédéraliste intervient dans le débat public, il devient un agent actif de l’État canadien au service de la domination canadienne. Les Québécois qui votent pour ces partis légitiment leur propre dépendance.

Par contre, choisir le Bloc c’est affirmer la spécificité québécoise et renforcer la voix de la nation québécoise. C’est refuser de se soumettre à la volonté du Canada. La mission du Bloc est de combattre la supercherie canadienne qui consiste à utiliser le vote des Québécois pour cadenasser la nation québécoise.  Le rôle du Bloc est d’empêcher les partis fédéralistes de parler en notre nom. Il nous permet d’exprimer notre cohérence politique.

C’est en menant le combat pour nos idées que tout devient possible. Notre vote est trop précieux pour le gaspiller en le donnant à un parti fédéraliste qui ne représente pas notre vision de l’avenir du Québec. Suivre cette logique du vote dit « utile »  en faveur des partis canadiens, c’est s’enfermer dans la déception et l’impuissance chronique, c’est s’affaiblir collectivement. Seul un vote pour le Bloc québécois est un vote utile pour la suite du combat national.

À quoi sert une élection : battre le gouvernement sortant ou exprimer de façon authentique ses convictions? À chaque élection, quelle soit québécoise ou canadienne, le dilemme du vote stratégique se pose. Les partis d'opposition invitent les électeurs des autres partis  à renoncer à leurs préférences politiques et à se mobiliser contre le parti au pouvoir.

À des fins électoralistes, on incite les électeurs à mettre leur cohérence au placard et à adopter une attitude dite stratégique en votant non pas en fonction de leurs idées mais pour le parti le mieux placé pour gagner l’élection. Cette logique  amène l’électeur à se trahir lui-même en votant pour un parti qui ne reflète pas son idéal. Il sera ensuite déçu par l’action de ce parti  élu grâce aux votes inconséquents, dits stratégiques. Voilà le destin qui guette les électeurs qui donnent leur vote pour battre le gouvernement sortant. Ils choisissent de museler leur conscience et leurs convictions  pour supposément favoriser le moindre mal. Ils  dévaluent eux-mêmes leur conscience politique et ne pourront ensuite que se désoler  des politiques d'un gouvernement qui ne correspond pas vraiment à leur ambition politique. Ces incohérences paveront la voie du désenchantement, du cynisme et de l'apolitisme. Ce calcul stratégique est bon pour les partis opportunistes mais  il s'agit d'un très mauvais calcul pour ceux qui veulent promouvoir d’autres visions de l’avenir et aspirent à des changements fondamentaux.

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