Professeur associé, Université du Québec à Montréal.
Cette année de célébration de la fondation de Québec par Champlain, un Français parti de Brouage en 1608, force la réflexion sur ce que nous sommes et sur ce que nous voulons être. Je ne pense pas ici exclusivement en termes de projet politique. En parlant de ce que nous voulons être, je pense à ces représentations plus ou moins conscientes de notre rapport à l’autre qui sont constitutives de ce que nous sommes. L’imaginaire qui accompagne notre appartenance à la Francophonie nous inscrit de facto dans un rapport à l’autre.
Le rapport d’altérité qui nous constitue en tant que Québécois comprend déjà plusieurs « autres ». Il y a en nous, dans notre mémoire et dans nos rapports imaginaires, la présence du Français, du Nord-américain, de l’Anglais, de l’Autochtone1. Puis, un nouvel imaginaire québécois en voie de formation se complexifie par référence latente aux origines étrangères d’autant de nouveaux Québécois. Mais ce qui nous intéresse ici est le rapport des Québécois à l’imaginaire de sa fondation, socle sur lequel s’érige une société qui se diversifie. Car le Français est non seulement l’ancêtre de ce que nous sommes en tant que « parlant français », il est aussi à l’origine de l’existence de « francophones » à l’échelle de plusieurs continents. Des francophones qui ont voulu ensuite accompagner les représentations de leurs liens à la langue française d’un principe d’affirmation de la diversité linguistique en valorisant la coexistence de plusieurs langues. Le mot francophonie a été associé à l’affirmation de la diversité linguistique, au multilinguisme. La présence de francophones vivant sur plusieurs continents et parlant d’autres langues a donc introduit au sein des organisations francophones le principe de défense et de promotion de cette diversité linguistique. Par la promotion de la diversité des langues, on a voulu affirmer un principe qui est au fondement de la diversité, c’est-à-dire la reconnaissance de la pluralité des identités. Une enquête menée par Guy Lachapelle révèle qu’en 2007, « l’idée selon laquelle la mondialisation de l’économie représente une menace à la diversité culturelle est passée en dix ans (auprès des Québécois) de 26 % à 46 % »2. La protection de la diversité culturelle est ainsi devenue une préoccupation des Québécois.
De multiples raisons expliquent la nécessité présente de réfléchir à la préférence francophone. Je devrai faire un choix pour ne retenir ici qu’une question : pourquoi les objectifs proclamés Sommet après Sommet ne résonnent-ils pas dans l’opinion des citoyens en faisant écho à leurs préoccupations sur l’avenir du monde actuel ? Je commencerai par faire un bref diagnostic de ce malaise. Ensuite, j’exposerai six des conditions propres à l’état latent de crise au sein de la domination de l’Occident, conditions qui me semblent expliquer l’attentisme des francophones et plaider en faveur de la formation d’une symbolique plus forte et plus engagée et qui soit propre au monde francophone. J’élaborerai cette symbolique autour du thème de « dissidence constructive ». Ces six conditions ou fondements éclairent la nécessité de reconnaître que la Francophonie a besoin d’associer la promotion linguistique à des positions qui dépassent les routines des discours étatiques habituels. C’est pourquoi la Francophonie doit être projetée sur les sociétés civiles afin que le mot francophonie fasse vibrer les espoirs d’un monde meilleur. À cette fin, je conclurai en évoquant le rôle premier de l’imaginaire dans l’institutionnalisation de nouvelles politiques et de nouveaux rapports de force.
1. Tout d’abord, un simple état des lieux
Indépendamment des querelles qui existent autour de la pertinence ou non d’avoir élargi la principale institution de défense de la langue française, l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), à des pays dont cette langue n’est pas la principale, le simple fait d’associer la langue française à un principe de diversité des langues est un enjeu philosophique de première importance. Le Québécois s’y retrouve, lui qui se définit dans un rapport à l’autre établi d’abord avec le Français puis, ensuite, avec l’Anglais. Cette seconde altérité, confrontation à l’Anglais, sera la matrice d’un rapport à la fois de conflit et de coexistence plus ou moins pacifique selon les moments. Ainsi, le rapport à l’autre deviendra aussi bien défensif ou affirmatif que conquérant. Chaque peuple fabrique ainsi sa propre histoire à travers sa langue première et l’interface de celle-ci avec d’autres langues.
L’histoire du peuple québécois a d’abord été marquée par une relation fondatrice à la langue française. Aussi loin qu’on puisse remonter dans l’imaginaire linguistique qui nous a précédé, la langue française a été nôtre, c’est-à-dire celle de la grande majorité des résidents en sol québécois. Peu avant les Rébellions de 1837, soit en 1824, le Haut-Canada réunissait 157,000 habitants d’origine anglaise et 430,000 d’origine française. En 1841, le Haut-Canada comptait 470,000 habitants et le Bas-Canada en comptait 630 000 3. Ce rapport à la langue française a donc été nôtre de façon trouble pour deux raisons. La première veut que ceux qui l’ont apportée ici avec eux sont ensuite repartis vers la terre d’ origine, la France 4, nous laissant avec une langue héritée, reçue, mais une langue qu’il fallait aussi construire, renforcer par nous-mêmes car elle était confrontée à la langue de l’autre, l’anglais. La langue de l’occupant qui allait devenir conquérant, puis qui allait être tenté, pendant quelque temps, d’être assimilateur, pour finir par se contenter d’être un voisin récalcitrant, marquera notre rapport à la langue de manière divisée. Car le français est à la fois notre langue et une langue qui s’affirme contre celle de l’autre. C’est sans doute ce qui a rendu nécessaire son appropriation sans concession par la volonté intransigeante de ses locuteurs de résister à tout emprunt facile à l’anglais et à inventer ses propres néologismes.
L’essayiste québécois Edmond de Nevers avait déjà anticipé cet état de fait quand il écrivit, en 1896, dans L’avenir du peuple canadien-français, « Toute langue qui se détache, dans ces circonstances, de l’un des grands idiomes littéraires du monde peut difficilement réussir à être autre chose qu’un patois. Non seulement nous devons proscrire l’anglicisme, mais nous sommes tenus d’être plus puristes que les Français de France eux-mêmes ». De plus, écrit-il, « si encore cette introduction de termes barbares pouvait avoir pour effet d’établir, entre nos compatriotes anglais et nous, une concorde, une harmonie plus parfaites ; si elle pouvait être considérée comme une gracieuseté à leur adresse, l’anglicisme aurait une excuse. Mais il n’en est rien, et les Anglais ne nous savent aucun gré de ces concessions 5 »… De Nevers a vu avec clarté et lucidité le double processus qui était en cours : une résistance combative, saine et vive associée à l’anglais en même temps que la conscience des dangers de perte identitaire qu’il représente. Mais en revanche, au-delà des balises institutionnelles que nous avons su nous donner, les rapports de force réels entre ces deux langues ont partiellement érodé la langue première, envers et contre tous les efforts de résistance tentés par les Québécois francophones. On le sait, l’affirmation du français est une lutte de tous les instants.
Le français, outre le fait d’être la langue fondatrice du peuple québécois, est aussi une langue qui l’insère dans le conflit permanent avec le conquérant, l’Anglais, puis l’Américain. Dans toutes les régions du Québec s’est trouvée autrefois une couche sociale anglophone, la plupart du temps en position de pouvoir et de domination. Il ne faudrait pas oublier que la lutte entre deux empires, la France et l’Angleterre, accentuée au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, soit peu après la fondation de Québec, a marqué jusqu’à aujourd’hui la mémoire historique des Français et des Anglais, leur laissant le goût amer de l’opposant. Il aura fallu la présente conjoncture de fragilisation de la domination de l’Occident déclenchée par le 11 septembre 2001 et accentuée par la guerre contre l’Irak pour favoriser un rapprochement encore plus manifeste entre la Grande-Bretagne et les États-Unis, puis entre le Canada et les États-Unis, et enfin, en mars 2008, par la volonté du nouveau président, Nicolas Sarkozy, entre la France et l’Angleterre. Tous ces rapprochements se donnent comme symboles dans les processus d’alignement au sein de l’Occident sous la gouverne, bien entendu, de l’anglais. Le Québec n’est pas une île. Comme les langues sont l’expression du pouvoir des peuples et, à partir d’eux, des États, les rapports entre les langues traversent les espaces identitaires de façon interne en même temps que pèse sur ce cadre, dit national, le poids externe de la concurrence entre les langues à l’échelle du monde.
Les Québécois ont donc plusieurs raisons de s’intéresser au monde francophone. Premier foyer originaire, rayonnement d’une langue que se sont appropriés de nombreux peuples afin d’acquérir une autonomie post coloniale, symbole affirmé de la diversité, la promotion de la langue française s’inscrit au cœur même des relations de pouvoir qui divisent le monde. Le français est pour le Québec une langue d’affirmation identitaire et le rempart imaginaire d’un espace assiégé par l’anglais qui a depuis longtemps pénétré l’enceinte qu’on tente de protéger. À cause de sa situation géographique emblématique à côté de « la cité sur la colline », selon l’expression utilisée par un des premiers fondateurs des États-Unis, John Winthrop, gouverneur du Massachusetts, pour désigner l’Amérique, la langue française, pour les Québécois, est le symbole d’une identité fabriquée dans des rapports d’altérité doublement divisés.
On pourrait dire, sans trop exagérer, que le Québec condense ce qui caractérise de multiples manières, ailleurs dans le monde, sauf en France, le statut du français et, par conséquent, le combat des francophones. La France ne connaît pas la cohabitation des langues sinon pour avoir exclu ou réprimé sur son territoire les langues régionales (le breton, l’alsacien, l’occitan, la langue d’oïl, etc.). C’est sans doute ce qui explique l’assurance sans borne des Français face à la présence de l’anglais qui s’immisce dans leur quotidien par tous les biais. Rappelons qu’Edmond de Nevers avait anticipé cette situation : « nous ne pouvons nous permettre d’emprunter aux Anglais, comme pourraient le faire nos frères de France 6 » écrivait-il, ce qui ne devrait pas être interprété ici comme une approbation de l’attitude des Français. Pour cette raison, on doit reconnaître le statut exceptionnel de la France vis-à-vis des autres peuples francophones : la France contemporaine n’a pas connu la dualité des langues et pas encore la nécessité du combat linguistique. Mais si elle veut consolider sa spécificité et sa puissance, elle a besoin de la Francophonie. La seule façon de faire comprendre aux citoyens français leur dépendance linguistique à l’endroit d’autres peuples francophones sera d’associer les objectifs de la Francophonie à leur vision de la place de la France dans le monde.
Si les peuples ayant en commun l’usage du français ont besoin de partager avec la France leur volonté d’affirmer l’usage du français, il leur faudra franchir ensemble, Français, parlant français et francophiles (ces trois catégories sont séparées ici afin de faire ressortir avec un peu de dérision la démarcation entre ces groupes imposée par les Français eux-mêmes !), la nouvelle étape que sanctionnera le Sommet de la Francophonie qui se tiendra à Québec en octobre 2008 en l’engageant à jouer un rôle plus audacieux. Pour y parvenir, il importe d’effectuer un diagnostic clair de l’état présent de ce mouvement et surtout de le mettre en lien avec le contexte mondial dans lequel il s’inscrit. Parce que la Francophonie, comme ensemble et pôle d’appartenance, n’a pas suscité d’ancrage dans l’imaginaire des peuples qui s’y rattachent, il importe de faire des choix et de cerner les bases d’une vision plus mobilisatrice d’un monde commun.
2. Un diagnostic préalable
Il est vrai que la Francophonie, comme ensemble d’institutions, a traversé des étapes plus ou moins émancipatrices depuis sa création. Les historiens sauront en faire le récit. On notera trois périodes depuis les origines : la première est celle du premier empire français liquidé en 1760 et dont la Nouvelle-France a été le dernier avatar ; la seconde est liée à l’expansion coloniale du début du XIXe siècle et correspond à l’émergence d’une Francophonie plus large ; la troisième, découlant de la précédente, est marquée par la volonté d’affranchissement de la tutelle de la métropole et par le souci d’affirmation de cultures nouvelles réunissant les cultures premières et les héritages de la culture française. Une nouvelle étape pourra être franchie à partir de 2008 à partir de ce douzième sommet, qui devrait être marquée par une réelle synthèse d’intérêts communs. Les difficultés rencontrées au cours de la construction de l’ensemble institutionnel francophone n’ont rien d’inhérent aux acteurs ni aux objectifs poursuivis. Ces difficultés traduisent surtout les conditions normales d’implantation d’une formation interétatique. Je me bornerai à identifier d’abord quelques-unes des lacunes observées.
1) La principale difficulté de la Francophonie est sa résistance à créer un imaginaire francophone commun. Certes la place centrale occupée par la France explique partiellement ce malaise facilement identifiable : rayonnement culturel exponentiel de la France, monopole du marché des biens culturels en français, rivalité avec l’espace européen qui dicte à la France ses priorités, etc. Les inégalités éprouvées, tant sur le plan culturel (diffusion du livre francophone, reconnaissance, etc.) qu’économique, mais aussi sur les plans du financement et du rayonnement, ont institué la Francophonie dans un relatif éclatement. Les peuples membres de la Francophonie ont besoin d’un imaginaire de rattachement. Quoique de cultures, de religions et même de langues diverses, il leur faut éprouver une appartenance commune à des enjeux dont ils imaginent partager avec les autres peuples et avec la France les progrès et le dénouement.
2) Comme conséquence de ce premier obstacle à leur reconnaissance mutuelle dans un projet commun, on note donc un déficit de visibilité de ces enjeux partagés dans un espace public mondialisé. Il ne fait pas de doute que les dirigeants des États des pays ayant en commun l’usage de la langue française devront faire face à d’importantes pressions de l’opinion avant de se rallier à des missions politiques d’ensemble. Cependant, l’adoption de la Convention pour la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles est un bel exemple de réussite de ce genre d’action, c’est pourquoi il importe d’en dégager le sens. Le potentiel d’influence de la Francophonie à l’échelle internationale est le premier levier sur lequel s’appuyer dans la construction progressive d’un imaginaire commun afin de se représenter sa place au sein d’un ensemble ou d’un groupe d’appartenance. Alors, se rassembler autour de quoi ? La mise en place d’une symbolique propre doit être pensée sans tarder. Les outils concrets nécessaires à la création d’une telle symbolique, création de médias critiques adressés à la communauté des élites francophones et diffusés sur une vaste échelle, formation d’un forum des sociétés civiles de la Francophonie, etc., seraient autant de moyens à mettre en place pour servir un tel objectif. Il appartient aux acteurs de choisir ces moyens ; mais il faut d’abord en cerner les fondements.
3) Enfin, la Francophonie devrait cristalliser ses positions en suscitant la formation d’une opinion publique francophone. Une organisation de cette ampleur qui veut se tailler une place sur une scène internationale marquée par la domination d’une langue principale associée à l’hégémonie de l’Angleterre au XIXe siècle puis des États-Unis au XXe siècle, doit, sans briser ses liens d’alliance dans la défense des valeurs et des institutions de liberté et d’égalité, être unie par des enjeux qui frappent l’imaginaire des peuples et des citoyens qui la composent et les mobilisent. Car si ce sont les États qui décident, les citoyens sont au fondement de toute véritable politique de changement. Jusqu’à encore tout récemment, l’espace public est déserté par toute opinion publique francophone qui s’élèverait sur l’un ou l’autre des sujets d’urgence mondiale. Pas d’opinion publique francophone, donc pas d’indice de l’existence d’une communauté francophone de ralliement, sauf celle qui réunit les représentants des États et des organisations francophones et celle qui est supposée exister parce qu’elle est comptabilisée par les statistiques en tant que population francophone.
Pourtant, les opinions publiques européennes, elles, ont fait preuve de nettes convergences partageant, par exemple, une inquiétude manifeste à l’endroit de la gouverne mondiale des États-Unis depuis 2001. Plusieurs experts ont observé et analysé les différences entre les propositions américaines et européennes à l’égard de nombreux enjeux internationaux tels le rôle des instances multilatérales, les politiques de sécurité, la défense antimissile, le nucléaire iranien, etc. Ces études ont permis de dégager d’étonnantes sensibilités communes entre l’opinion publique québécoise et l’opinion publique européenne, révélées tout particulièrement à l’occasion de la guerre contre l’Irak. Mais où se situe l’opinion publique des francophones entre celles de l’Europe et des États-Unis ?
3. Aux fondements d’un mouvement de dissidence internationale
La conjoncture internationale a permis d’identifier, au cours des dernières années, quelques indices d’émergence d’une crise de légitimité de la domination d’une seule langue, l’anglais, en même temps que les signes d’une crise de la culture anglo-américaine. Qu’on le veuille ou non, qu’on l’approuve ou non, un processus de fissuration du consentement à la domination d’une seule langue et d’une seule culture semble difficilement réversible, d’autant plus qu’on observe en même temps ce que Marcel Gauchet a qualifié de « crise de la démocratie7 ». Ces tensions internes au sein des sociétés libérales suivent des logiques différentes, mais elles pénètrent en même temps l’imaginaire qui relie les citoyens à l’espace public. Ces relents de crise affectent la confiance à l’endroit des institutions et des représentants politiques et affaiblissent l’autorité qu’ils devraient incarner.
Celui qui est un des meilleurs penseurs actuels de la démocratie libérale évoque ainsi cette crise. « Comment parler de « crise » aujourd’hui, où semblables forces adverses (à la démocratie) n’existent plus, où la démocratie n’a plus d’ennemis du dedans, où, même, le ralliement général à son principe est la marque distinctive de l’esprit du temps ? ». Et Gauchet de répondre : « le fait que la démocratie n’ait plus d’ennemis déclarés ne l’empêche pas d’être travaillée par une adversité intime, qui s’ignore pour telle, mais qui n’en est pas moins tout aussi redoutable dans ses effets… Davantage, si son existence est à l’abri de la contestation, la façon dont ses acteurs la comprennent tend à dissoudre les bases sur lesquelles repose son fonctionnement ». Mais ne soyons pas trop pessimistes. Gauchet nous met en garde : « Nous ne sommes pas au bout de la décomposition des anciens équilibres et de l’élan des facteurs nouveaux… mais il existe des signes, nombreux, de ce que le travail de recomposition est d’ores et déjà en route, même si c’est encore de façon embryonnaire 8 ».
Mon propos n’est pas de m’aventurer sur le terrain de la prospective, mais plutôt de souligner quelques-unes des conditions nouvelles dans lesquelles se produit le débat public dans la mesure où elles font le lit de l’action en faveur de la Francophonie. C’est pourquoi le volontarisme seul ne peut suffire. Ou ces conditions nouvelles sont ignorées et l’intérêt autour de la Francophonie ne lève pas, ou ces conditions sont prises en considération et contribuent à réunir l’appartenance à la Francophonie autour des assises philosophiques nécessaires. Le travail de recomposition dont parle Gauchet pourrait être, dans ce cas, celui qui prend forme à travers des allégeances transnationales. L’expression de volontés partagées autour d’enjeux internationaux pourrait représenter une de ces nouvelles forces en recomposition.
La conjoncture de transition dans laquelle se trouve actuellement le monde occidental pourrait offrir autant de leviers pour l’expression d’une opinion publique francophone commune, nouvelle force dans un monde démocratique en recomposition. L’opinion des citoyens appartenant à la Francophonie pourrait être amenée à prendre forme en s’appuyant sur les enjeux suivants :
1) La crise des valeurs en Occident qui se traduit, par exemple, par la promotion de la diversité des peuples, des langues et des cultures d’un côté, face à la transformation du monde en un vaste marché d’un autre côté. En comparant l’Europe et les États-Unis, les experts observent des conceptions opposées du rôle de l’État, de la responsabilité collective et de la place de l’homme par rapport à la marchandise. Les positions des États sur les questions relatives à l’environnement en sont un exemple. Un politicologue français a parlé « d’une pluralité de prétentions au sens » qui séparent les principales régions du monde occidental, l’Europe, dans laquelle la France pèse d’un poids politique spécifique, et les États-Unis.
2) La tension relative au sein de l’Alliance atlantique qui traduit deux conceptions du politique, l’une, américaine et l’autre, européenne. Cette fracture a même amené le député européen et ancien ministre des Affaires étrangères de la Pologne, Bronislaw Geremek, à parler de deux « Occidents ».
3) L’adoption par l’Assemblée générale des États membres de l’UNESCO, en octobre 2005, de la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles a fourni à la communauté internationale un exemple de la capacité des États de représenter la société civile dans l’expression de sa dissidence. Ces 148 États se sont unis face à l’opposition des États-Unis et d’Israël (quatre États s’étant abstenus, l’Australie, le Nicaragua, le Honduras et le Liberia) en rejetant la primauté exclusive du marché sur les biens culturels, qui signifie en fait la primauté de l’anglais (par la littérature, le cinéma, la musique, etc.) au profit du soutien à la diversité culturelle et à la création. À ce jour, 80 États ont déjà ratifié la Convention et l’objectif de 100 devrait être atteint avant la fin de 2008. Cette position sans précédent mérite une brève analyse, car elle illustre les prémisses nécessaires à la formation d’une symbolique mobilisatrice pour la Francophonie. Le rôle primordial de l’Organisation internationale de la francophonie dans l’obtention d’un consensus autour de cette priorité doit être mentionné et ce type d’action exemplaire doit, dans un futur rapproché, soutenir une convention dédiée à la promotion de la diversité des langues.
En effet, « les premiers articles (de la Convention) affirment le droit de chaque pays de formuler et de mettre en oeuvre des politiques culturelles, et de créer un environnement propice à leur diffusion. D’autres articles proclament que la Convention n’est pas subordonnée aux autres traités internationaux, notamment les traités de libre-échange9 ». Les États signataires, parlant au nom des créateurs et des citoyens, ont préféré, en adoptant cette convention, la diversité, expression de la créativité, et l’autonomie à l’uniformisation et à l’industrialisation des biens culturels. La ratification de cette Convention réalise de façon concrète la primauté du culturel sur l’économique. Sans nier l’importance de l’économie comme condition des progrès de la liberté et de l’égalité, l’affirmation du primat de la culture représente un postulat fondateur de la nouvelle ère dans laquelle se sont inscrites les relations internationales en ce début de XXIe siècle.
4) La politique étrangère de la France qui, jusqu’en 2007, avait fourni des conditions favorables à la langue française comme valeur positive de construction d’une dissidence démocratique. « Une certaine idée de l’autonomie de la France face aux États-Unis », selon l’expression du premier ministre de Villepin, a permis à la France d’incarner ce pôle nécessaire. L’intervention de l’ancien premier ministre français à l’Assemblée générale des Nations unies a représenté un geste symbolique fort susceptible de cristalliser l’adhésion francophone à travers le monde. Dans le « Rapport pour le président de la République sur la France et la mondialisation » que l’ancien ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine, a remis à sa demande au président Nicolas Sarkozy, l’ancien ministre rappelle la tentation de la France actuelle de ne plus « avoir sa propre politique » au profit d’une « modernisation » de sa politique étrangère et de défense (à cause des nouvelles menaces, des nouveaux acteurs, etc.) ». En se penchant sur les risques de changement de cette politique, Védrine y précise que « ceux qui visent cette dite modernisation voudraient obtenir plus encore sa réorientation en profondeur, voire sa normalisation »… « Il s’agit du courant…atlantiste/occidentaliste… » précise-t-il10. À son propos, Védrine ajoute que ce courant « se justifie si la France se pense avant tout comme un pays occidental avant d’être européen ou original, et que tout doit en découler11 ». Et il voit comme conséquence de ce changement éventuel que si elle « abandonne le fil conducteur de la Vè République en politique étrangère », « à peu près partout ailleurs (qu’en Grande-Bretagne), la France serait considérée comme réalignée sur les États-Unis, et traitée comme telle… Dans tous les autres pays qui ne sont pas des puissances, soit au moins 150, cela serait perçu comme la perte d’un point d’appui12 ». En effet, la France a été le seul État, appuyé par quelques alliés, à user d’une diplomatie d’influence dans la recherche d’une autonomie relative face à l’hyperpuissance des États-Unis. L’association entre la langue française et l’exercice de cette autonomie dans certains dossiers (« apaiser et régulariser une relation amicale, mais non dépendante avec les États-Unis » comme le dit Védrine13) pourrait être le moteur d’une union renforcée des membres de la Francophonie autour de la France.
5) L’état d’inachèvement de l’Union européenne représente lui aussi un atout susceptible d’être avantageux pour la Francophonie. Les débats nationaux sur l’avenir de l’Union européenne ont conduit l’Europe comme culture et comme projet institutionnel à respecter la diversité des identités qui la constituent tout en appuyant les valeurs communes qui fondent son unité et sa spécificité historique. Dans ce sens, la Francophonie, principe de diversité qui traverse l’Europe à travers ses États membres, lui permet de rester européenne, c’est-à-dire d’approfondir et d’afficher sa diversité.
6) Enfin, la promotion du français et de la diversité des langues rejoint aussi les objectifs du mouvement altermondialiste en quête d’une mondialisation sous contrôle des peuples et des citoyens. Alors que l’anglais est associé au déterminisme économique et à la marchandisation du monde, la promotion de la diversité culturelle et linguistique à l’échelle du monde, tout comme le développement durable et les préoccupations écologiques, est au coeur du développement démocratique des sociétés civiles. En ce sens, la Francophonie pourrait trouver intérêt à être davantage associée aux mouvements sociaux qui sont à la recherche d’une autre mondialisation.
La Francophonie pourrait donc, si elle en avait la volonté, appuyer sa démarche sur une opinion publique sensible, exigeante et critique, en faisant en sorte que cette dissidence soit une valeur positive fondée sur une demande de paix, de tolérance, de justice et de solidarité internationales. Les conditions actuelles sont propices à ce que les citoyens des États appartenant à la communauté des pays entièrement ou partiellement de langue française instituent un forum des sociétés civiles francophones afin d’associer de façon positive le terme de dissidence au fait de parler français et de faire la promotion de la diversité linguistique et culturelle. Le contexte international favorise plus que jamais depuis les trente dernières années l’usage du français comme expression positive d’une dissidence.
4. La dissidence, acte démocratique par excellence et nouveau paradigme pour l’action francophone
Dans les démocraties libérales, la suprématie de l’anglais, l’institutionnalisation d’une langue unique, les représentations de cette langue comme étant la seule véritablement légitime dans les échanges internationaux sont autant de tendances fortes qui s’imposent par le pouvoir économique des États-Unis, certes, mais aussi par le consentement tacite ou explicite des locuteurs, avant de faire l’objet de la règle par les institutions et par les lois.
L’action de la Francophonie, communauté de citoyens puis communauté d’États, a pour socle l’une des assises de la dissidence : elle s’exprime en toute légalité. La dissidence est un acte d’opposition interne à la loi. Mais la dissidence respecte la loi tout en contestant ses fondements, sa valeur, ses justifications ou sa légitimité. La promotion de la langue française et de la diversité linguistique agit à cet égard de façon emblématique, car elle s’inscrit, le cas échéant, à l’intérieur des règles et des lois qui prescrivent l’usage de l’anglais tout en contestant son universalisation et son exclusivité.
Car dissidence ou consentement sont les deux faces des processus démocratiques. Les mots « dissidence » et « consentement », quoiqu’ils s’opposent sur le plan conceptuel, prennent sens dans le même espace étymologique. Dissidence ou « dissentiment » sont l’envers du consentement, de l’assentiment. Le consentement exprime un accord, un assentiment, une adhésion à une opinion ou à une proposition qui implique de ne pas y faire obstacle ; consentir, c’est « accepter que quelque chose se fasse » ; être « dissident » c’est au contraire assumer un désaccord avec quelque chose qui se fait et agir de façon contraire à ce qui prévaut ou se projette. La notion de dissidence dispose d’une valeur heuristique légitime pour décrire des forces d’affirmation démocratique traversant les sociétés libérales, tout comme elle a pu servir, dans les États socialistes, pour décrire l’ opposition à des gouvernements autoritaires ou répressifs.
Ces formes de dissidence ont aussi leurs assises au plan des représentations imaginaires. À titre d’exemples, la Conférence de l’ONU sur les changements climatiques, tenue à Montréal en décembre 2005, et la Convention pour la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, adoptée en octobre de la même année, ne font pas qu’instituer de nouvelles règles du jeu dans leurs champs respectifs : ces accords bousculent les rapports entre l’économique et le culturel. La Convention sur la diversité des expressions culturelles adoptée par une quasi-unanimité d’États réunis par l’UNESCO crée les conditions d’un nouvel ordre, d’ un nouveau type de société dans lequel c’est le culturel qui domine l’économique et qui lui impose des contraintes au lieu que ce soit l’inverse.
L’insistance à affirmer le français, dans tout contexte civil ou public, national et international, exprime donc une dissidence dans un monde où une seule langue tend à dominer ; cette dissidence peut trouver un prolongement dans les institutions inter et supra étatiques que sont, par exemple, la Francophonie et l’Union européenne, à condition d’être portée par les sociétés civiles concernées. La transgression de situations généralisées d’usage de l’anglais, la valorisation de la langue française et du multilinguisme, la légalisation de l’usage du français dans les institutions nationales et supranationales, au lieu de l’usage exclusif de l’anglais, ces actions volontaires sont l’expression de la liberté et de l’autonomie des sociétés civiles pouvant entraîner des positions de dissidence officielle de la part des États qui deviennent à leur tour représentation et création de dissidence. Les États des pays ayant en partage la langue française pourraient cristalliser les attentes des sociétés civiles à l’endroit de l’expression de la diversité, de la liberté et de la justice par l’institutionnalisation d’une symbolique de la dissidence. Une politique de communication guidée par ces facteurs, outil indispensable à la formation de cet imaginaire, pourrait réussir à renforcer la conscience positive de cet atout qu’est la langue française.
Répondre à cette exigence est une condition indispensable pour assurer que la langue française soit plus qu’un véhicule d’échange et de communication, mais devienne le symbole d’une dissidence au sein d’une communauté internationale en quête de repères. La langue française pourrait être comprise comme le symbole de la conscience des Lumières, cette conscience moderne qui a institué la critique comme essence même de la pensée. La langue française est une langue de délibération, de débat, et n’appartenant plus à l’ère révolue de la colonisation, elle pourrait devenir un emblème de liberté démocratique face à l’anglais, symbole surtout d’échange et de commerce, d’hégémonie et d’impérialisme. Car la langue française, cultivée par des citoyens volontaires, par les élites, par les savants, les intellectuels, les artistes, les diplomates gagnerait en pouvoir de devenir un signe de liberté dans un monde d’uniformisation.
5. La Francophonie, un mouvement social et un pôle géoculturel stratégique
Les conditions semblent plus que jamais réunies pour que les organisations de la Francophonie offrent aux citoyens des représentations leur permettant de comprendre et de partager ce qui pourrait les unir et les distinguer de la pensée unique. Les Francophones du monde ont besoin de se reconnaître dans une même communauté d’appartenance contribuant au progrès de l’humanité, sans quoi elle restera une vaine supplication. La Francophonie devrait faire siennes les attentes des peuples et des citoyens des pays des pays occidentaux en quête d’un leadership mondial plus sensible à l’injustice, et à la recherche d’égalité et de paix. Prendre parti, au nom de la Francophonie, de façon plus forte et plus manifeste, face aux questions qui affaiblissent la démocratie serait susceptible de conduire à la formation d’une véritable opinion publique francophone. Le renforcement d’un imaginaire commun, l’appartenance à un mouvement transnational de promotion de valeurs démocratiques affirmées autour du français sont autant de dimensions reliées à la formation d’un pôle géoculturel. Le directeur de la Chaire Senghor de la Francophonie à l’Université Jean Moulin de Lyon, Michel Guillou, exprime très bien comment se dessine cet axe stratégique :
La culture devient aux côtés du politique et de l’économique, un pilier de la mondialisation et s’assoit comme acteur incontournable à la table des relations internationales. Les espaces voués au troisième dialogue -celui des cultures-, prennent de ce fait une importance géopolitique toute particulière. Ils sont les antidotes pacifiques à la guerre des civilisations qui s’amorce et qu’attestent le terrorisme et la montée des fondamentalismes. Les grandes aires linguistiques font naturellement partie de ces espaces. Elles constituent lorsqu’elles s’organisent, des unions géoculturelles. La Francophonie appartient à cette typologie. Elle est l’union géoculturelle de langue française… Il faut l’envisager comme une réalité géopolitique à part entière 14.
Notre souci commun, Francophones et Québécois, ne devrait-il pas être de faire de l’acte individuel de parler français une affirmation de pluralisme et l’expression d’un imaginaire de changement dans les équilibres d’un monde unipolaire ? Le fait de parler français consisterait ainsi à s’élever au niveau d’une valeur démocratique plutôt que de se contenter d’en constituer seulement une référence ethno culturelle. Pour toutes les raisons évoquées au début de ce texte, parce que le tissu social et culturel du Québec est fabriqué principalement d’une fibre francophone au contact d’une fibre anglophone, le Québec est légitimement bien placé pour projeter ce paradigme de la dissidence linguistique sur le monde en général, sur la Francophonie et aussi sur l’espace européen.
6. En guise de conclusion…
Pour toutes ces raisons, n’est-il pas permis d’envisager l’avenir de façon optimiste ? Quelques éléments objectifs devraient en effet nous servir à construire une symbolique de la dissidence ici et maintenant. Michel Guillou va jusqu’à dire : « la pérennité de la France et du Québec dans les prochaines décennies me semble liée à l’existence ou non d’une Francophonie forte, influente et attractive 15». Pour cette raison, au moins cinq conditions me paraissent indissociables dans cette construction :
1) La puissance de l’imaginaire doit inverser le poids quantitatif d’une majorité actuellement encore favorable à l’anglais : au profit de la conscience, de la force corrosive de ce nouvel imaginaire de la langue et de la dissidence. Comme le disait Havel en s’adressant au Congrès américain : c’est « écrasé sous un rocher » que s’est élaboré en Europe de l’Est l’esprit de dissidence où puiser la force nécessaire qui a permis de renverser la puissance implacable du communisme.
2) L’affirmation du français doit donc acquérir la force d’une conviction morale en faveur d’une démocratie véritablement pluraliste.
3) Choisir le français, c’est aussi un choix stratégique. Les analogies de valeurs et de parcours entre la Francophonie et l’Union européenne pourraient accompagner l’idée d’une autre langue qui a été représentée dans des textes issus des organisations francophones par la notion d’alterlangue…, susceptible, dans un monde multipolaire, d’instaurer de nouveaux rapports de forces dans lesquels les deux ensembles pourraient s’allier.
4) Ces combats ne pourront être menés sans l’appui orchestré des intellectuels et des citoyens assumant les risques de la diversité et rejetant toute pensée unique.
5) Enfin, le monde a besoin d’une symbolique de la dissidence. Je plaide pour que la Francophonie crée cette communauté de dissidence et pour que le Québec en soit une référence. J’invite la Francophonie et ses sociétés civiles à faire acte d’audace et de volonté pour que cette communauté de dissidents soit celle qui nous rassemble tous. Le Québec pourrait saisir cette occasion pour tirer parti de son expérience d’altérité intérieure et la transformer, avec les autres peuples de la Francophonie, en une réelle conquête internationale. q
BIBLIOGRAPHIE
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Védrine H., (2007), Rapport pour le président de la République sur la France et la mondialisation, Paris : Fayard.
1 On comprendra qu’il y a ici quelques généralisations qu’exige l’exposé. Par exemple, je n’ai pas fait mention des références identitaires aux Irlandais, aux Écossais, aux Bretons, par exemple, qui sont aussi implicitement présentes dans l’imaginaire lointain des Québécois.
2 Le Devoir, 23 avril 2008, p. A9.
3 Roz, F., Vue générale de l’Histoire du Canada, 1543-1934, Paris, Paul Hartmann, éd., 1934, p. 205.
4 « Officiers, magistrats, fonctionnaires de tout ordre sont rentrés en France avec les troupes vaincues…Ces 65,000 Français se résignent – il le faut bien – à leur nouvelle condition de sujets britanniques… Ils continuent à parler leur langue et à pratiquer leur culte… », Roz, F., op. cit., p. IX
5 De Nevers, E., 1964, L’avenir du peuple canadien-français, Montréal, Fides, coll. du Nénuphar, p. 135-136.
6 De Nevers, op.cit., p.135.
7 Gauchet, M., 2007, La démocratie d’une crise à l’autre, Nantes, Éd., Cécile Default, p. 11-12.
8 Gauchet, op. cit., p. 54.
9 Presse canadienne, Le Devoir, Montréal, le 30 décembre 2005.
10 Védrine, H., 2007, Rapport pour le président de la République sur la France et la mondialiation, Paris, Fayard, p. 77-78.
11 Védrine, H., op.cit., p. 91.
12 Ibid., p. 93.
13 Id., p. 144.
14 Guillou, M., 2008, « Construire la troisième francophonie pour pérenniser les identités du Québec et de la France », conférence prononcée au Cerium le 30 janvier 2008, www.cerium.ca, p. 3-4 et 5.
15 Guillou, op. cit., p. 9.