Québec 2008 : le double langage canadien en exergue
Le 400e anniversaire d’une ville, ça se fête. À plus forte raison s’il s’agit du « début d’une présence française continue en Amérique du Nord », comme le soulignait récemment l’historien Jacques Lacoursière. Ce n’est donc pas seulement la rigueur exceptionnelle de l’interminable hiver 2007-2008 qui a rendu la population du Québec si impatiente de voir arriver juillet. Les Québécois n’ont nul besoin de publicités ronflantes et de discours solennels pour se sentir spontanément interpellés par le quadricentenaire de leur nation. D’où leurs hautes exigences et leur regard critique à l’égard du travail de la Société du 400e, organisatrice du volet festif des célébrations.
Après tout, comme l’a souligné à juste titre Vincent Léger, organisateur de l’un des seuls événements commémoratifs du 400e anniversaire de Port-Royal en 2005, «la fête [des 400 ans de Québec] ne doit pas être juste un party, car il s’agit de l’histoire fondamentale et identitaire d’un peuple. […] Il faudrait que la présentation du 400e devienne une source de fierté identitaire et unificatrice pour une très grande majorité de personnes», avançant même la nécessité d’un «bénéfice collectif quelconque, soit à court ou à long terme [1] ». Voilà un point de vue qui traduit fort bien le réflexe instinctif dont sont animés nombre de Québécois. Mais qu’est-ce qui devrait être considéré comme un « bénéfice» et à qui référerait le mot «collectif» ?