Le sociologue du Québec – Extrait en primeur : Être intellectuel en octobre 1970

Extrait de la biographie de Guy Rocher tome II, Le sociologue du Québec, par Pierre Duchesne chez Québec Amérique

L’ouvrage sur Guy Rocher compte deux tomes. C’est une biographie non autorisée, c’est-à-dire que le sujet d’étude a accepté de collaborer en donnant des entrevues – une cinquantaine – et en me permettant de consulter ses archives librement. Le manuscrit ne lui a toutefois pas été présenté avant son impression. Il n’a donc exercé aucune censure sur le contenu final. Le biographe a également interviewé cinquante et une personnes en plus de consulter de nombreux fonds d’archives. La recherche, pour cet ouvrage, s’est étendue sur cinq années. Le tome 1 a été publié en février 2019.

Pour cet extrait, les références et notes de bas de page qui se retrouvent dans le texte original ont toutes été supprimées, à l’exception de deux d’entre elles.

Mise en contexte: La crise d’Octobre débute le lundi 5 octobre 1970 avec l’enlèvement, par le Front de libération du Québec (FLQ), du diplomate britannique James Richard Cross. Cinq jours plus tard, c’est au tour du vice-premier ministre du Québec et ministre de l’Immigration, du Travail et de la Main-d’oeuvre, Pierre Laporte, d’être kidnappé par une autre cellule du FLQ. Guy Rocher, l’intellectuel, s’active et décide de poser plusieurs gestes afin de protéger les droits collectifs des Québécois malgré cette crise. L’un de ceux-là est de signer, avec quinze autres personnalités, une déclaration demandant au gouvernement de Bourassa de négocier avec le FLQ et de ne pas laisser le gouvernement fédéral mettre en tutelle le Québec. Le 14 octobre, vers 21 heures, la presse est convoquée dans un hôtel de Montréal pour prendre connaissance de la déclaration des seize personnalités.

Être intellectuel en octobre 1970

Pour les Seize1, c’est « au Québec que réside et doit résider la responsabilité de trouver la solution » à cette crise. Plus tôt dans la journée, le premier ministre de l’Ontario, John Robarts, a déclaré que « le terrorisme au Québec a tourné à la “guerre générale” et le temps est venu de “se lever pour combattre” ». Craignant que le gouvernement de Robert Bourassa adopte la ligne dure et que cela entraîne « une dégradation politique et sociale », les Seize donnent leur « appui le plus pressant à la négociation d’un échange des deux otages contre les prisonniers politiques, et ce, envers et contre toute obstruction de l’extérieur du Québec ».

Guy Rocher n’est pas le seul universitaire à prôner cette avenue. Les sociologues Marcel Rioux et Fernand Dumont, et le politologue Paul Bélanger apposent également leur signature au bas de cette déclaration. Claude Ryan écrira, l’année suivante: « À un gouvernement québécois qui menaçait de se désagréger et qui cherchait péniblement sa voie entre deux pouvoirs (celui de M. Drapeau [maire de Montréal] et celui de M. Trudeau) qui tendaient à se l’annexer, nous avons voulu rappeler le devoir qui lui incombait de surmonter la peur, de donner aux citoyens un leadership politique moral élevé. »

Deux décennies plus tard, Pierre Trudeau affirme dans ses mémoires que cette initiative témoignait d’un « désordre extrême » de la part d’une intelligentsia québécoise déboussolée, « en train de perdre les pédales ».

Un esprit de répression

L’appel des 16 personnalités à négocier n’est pas entendu. Dans la nuit du 15 au 16 octobre 1970, après que le gouvernement de Robert Bourassa et le maire de Montréal en eurent fait la demande, Pierre Elliott Trudeau invoque une invraisemblable insurrection appréhendée pour pouvoir proclamer la Loi sur les mesures de guerre2. Ces mesures d’exception ont pour conséquence de donner des pouvoirs illimités aux forces policières. Les droits et libertés civiles sont abolis. La police peut mener des perquisitions où elle le veut, selon son bon vouloir; il n’est plus nécessaire de détenir un mandat signé par un juge. Tous ceux qui sont associés de près ou de loin au FLQ peuvent faire l’objet d’une arrestation et d’un emprisonnement. Pas d’enquêtes ni de preuves formelles ne sont requises avant de procéder aux arrestations. Dans cette nuit noire pour la démocratie, la Sûreté du Québec et plusieurs services de police, dont celui de Montréal, procèdent à environ cinq cents arrestations, et remplissent les prisons de Parthenais, pour hommes, et de Tanguay, pour femmes.

Le samedi 17 octobre 1970, la cellule Chénier communique par téléphone avec la station radiophonique CKAC pour lui indiquer où est déposé leur communiqué annonçant que « Pierre Laporte, ministre du Chômage et de l’Assimilation, a été exécuté à 6 h 18 ce soir ». Un croquis indique aussi comment retrouver le corps de Laporte. Celui-ci est découvert, peu après minuit, dans le coffre arrière d’une Chevrolet, le même véhicule qui avait été utilisé pour son enlèvement. La voiture est dans le stationnement de l’aéroport civil de Saint-Hubert, à quelque pas de l’aéroport militaire.

L’assassinat de Pierre Laporte est reçu comme un choc pour Guy Rocher. Tous deux s’étaient connus au Collège de L’Assomption, où ils avaient fait leur cours classique. Rocher était du 103e cours alors que Laporte appartenait au 100e. Et bien que le futur politicien était de trois ans son aîné, ils avaient participé à plusieurs activités ensemble, faisant partie du même petit groupe d’étudiants liés au père Blaise-Émile Pleau, un nationaliste qui savait les inspirer. « Je l’ai très bien connu, raconte Guy Rocher. Au collège, c’était un orateur passionné. » Pierre Laporte faisait partie des rares collégiens plus âgés que lui avec qui il pouvait néanmoins engager la conversation, à l’occasion. Personnage attrayant, le jeune homme, en constante ébullition, était infatigable et partagé entre de multiples causes. « C’est quelqu’un que j’aimais beaucoup. Il était nationaliste et affirmait ses convictions avec passion. » En 1944, après ses études, Rocher était allé voir Laporte, au Devoir, afin d’offrir ses services au journal, mais sans succès. Apprenant son enlèvement et connaissant son impétuosité, Rocher s’était imaginé à quel point cette détention avait pu être « terrible pour lui ».

Pendant toute cette période, « la dignité de la vie humaine a été perdue de vue », estime Guy Rocher. Le FLQ a tragiquement joué avec la vie », allant jusqu’à l’enlever à Pierre Laporte, semant la terreur avec « une efficacité dévastatrice » au sein de la population du Québec et du Canada. « C’est un moyen d’action tellement puissant qu’on ne peut l’utiliser. On devrait bannir le terrorisme comme la bombe atomique! », écrit-il. D’autre part, l’intransigeance des gouvernements et leur refus de négocier avec les cellules felquistes démontre, selon Guy Rocher, le peu de respect qu’ils accordent à la vie humaine. La proclamation de la Loi sur les mesures de guerre place les Québécois « devant deux violences », celle du gouvernement Trudeau et celle du FLQ. « Nous les rejetons toutes les deux », écrit-il. « Nous refusons d’être encadrés dans la seule voie que permet encore le gouvernement Trudeau, celle des fusils d’où qu’ils soient pointés. » Comme on peut le constater par la fermeté de ces propos, le sentiment d’horreur causé par la mort de Pierre Laporte n’a aucunement pour effet de neutraliser Guy Rocher. « Pas du tout!, s’exclame-t-il. La Loi sur les mesures de guerre a été pour moi un moment de combat. »

Le sociologue critique avec une grande énergie les dirigeants politiques en place, que ce soit le premier ministre du Québec, Robert Bourassa, le maire de Montréal, Jean Drapeau, ou le premier ministre du Canada, Pierre Trudeau. En proclamant la Loi sur les mesures de guerre, explique-t-il, ils démontrent qu’ils sont dominés par « un esprit de répression » qui fausse leur jugement. « Dans un moment de panique […], on a mis des gens inutilement en prison sans que j’entende aucun homme public s’excuser des torts causés par ces arrestations arbitraires. »

L’estime déjà fragile que Guy Rocher avait pour Robert Bourassa est sérieusement ébranlée. Pendant cette crise, « Ottawa a tout pris en charge, dénonce-t-il. Le gouvernement dit “démocratique” de Bourassa est un gouvernement de caporal. Le général est à Ottawa. Ses soldats sont au Québec. Pourtant, les Québécois ne doivent pas céder. Ni au chantage de la mitraille ni au désespoir. » Le gouvernement fédéral a-t-il profité de la crise pour écraser le mouvement nationaliste en pleine effervescence au Québec? En 1970, il n’ose l’affirmer: « Je suis porté à lui donner le bénéfice du doute et à croire qu’il a agi par panique. » Des années plus tard, le sociologue n’hésitera pas à reprocher au gouvernement fédéral, « avec la pleine complicité du gouvernement provincial de l’époque », d’avoir agi « non pas pour écraser le FLQ, mais pour écraser le nationalisme et la gauche québécoise ». Des ministres du gouvernement Bourassa l’affirment aussi, tels Claude Castonguay et Jean-Paul L’Allier.

Bien que la Loi sur les mesures de guerre et ses cinq cents arrestations constituent selon Guy Rocher « la pire répression dont ce pays ait jamais été témoin », la mort du ministre Laporte vient anéantir un certain capital de sympathie qu’une partie de l’opinion publique québécoise avait développé à la suite de la diffusion du manifeste du FLQ. Au cours des heures et des jours qui suivent cet assassinat, Guy Rocher sent la critique sociale monter à l’égard de sa posture. « Les gens avaient peur », et cela paralyse l’opposition politique.

On ne pensait pas que vous étiez communiste, monsieur Rocher?

Au domicile de la rue Champagneur, à Outremont, l’épouse de Guy Rocher aperçoit plus souvent que d’habitude des voitures de police. Un agent vient même cogner à la porte de la résidence pour demander à Suzanne Cloutier si elle a remarqué des choses inhabituelles dans sa rue. Isabelle Rocher, l’adolescente, n’apprécie pas la présence de militaires, outrageusement armés, patrouillant dans son quartier. « Je me promenais dans les rues d’Outremont “en haut”, se rappelle Isabelle Rocher, et on voyait des soldats postés devant des maisons, c’était impressionnant. » Lorsqu’elle parle au téléphone à ses amies, Isabelle a une étrange impression. Elle entend la ligne grésiller: « Je m’imaginais être écoutée. » Anne-Marie, qui fréquente le cégep, ressent également cette tension: « C’était une période mouvementée et angoissante. » Geneviève, l’aînée, se souvient: « Tout le monde avait peur. Ils arrêtaient tellement n’importe qui, n’importe comment. Même papa avait peur d’être arrêté. » Un soir, Geneviève aperçoit son père « ressortir sa Bible ». Il cherche des passages capables de lui indiquer comment se comporter comme croyant en de telles circonstances. « Avec l’emprisonnement de tout le monde autour de nous, je me suis demandé si j’allais être touché! », raconte Guy Rocher. « C’était une menace que l’on sentait bien forte. Nous étions nettement identifiés. »

À l’université, les prises de position du professeur de sociologie suscitent l’intérêt de ses étudiants. À certains qui veulent l’entendre sur les raisons de son engagement, il répond qu’il ne commentera pas les gestes qu’il a posés. « Je donne un cours. Je suis un professeur. Il n’est pas question que je vous donne une conférence sur ce qui se passe. » Il se souvient de l’insistance de quelques-uns: « Mais monsieur Rocher, vous êtes impliqué là-dedans, on voudrait comprendre! » Dans l’esprit de Guy Rocher, l’enseignant doit s’en tenir à la matière qu’il enseigne. Il n’a pas à devenir un acteur social dans la classe, même s’il en est un dans la société. « Dans la salle de cours, je m’interdis de parler [de mes opinions] », précise-t-il. La tension est telle qu’il sait aussi qu’il pourrait être sanctionné par l’université s’il étale ses opinions politiques.

Ses filles prennent conscience des actions posées par leur père et du discours qu’il porte en faveur des droits de la personne. Elles en sont fières, malgré l’environnement inquiétant dans lequel cela se déroule. « Un ami, se souvient Isabelle Rocher, m’a fait remarquer que ce devait être excitant d’avoir un père impliqué dans l’action, et c’est vrai que ça l’était. » Anne-Marie considère « que c’était courageux parce plus personne n’osait parler et élever la voix». Si son épouse est totalement solidaire de Guy Rocher, dans la famille du sociologue, plusieurs ne partagent pas son analyse. Son frère, Bernard, n’apprécie pas. « Guy, tu es du côté des criminels! Ce n’est pas ta place. » Les deux frères, totalement opposés sur cette question, abordent très peu le sujet. « Bernard a toujours été fédéraliste, explique Guy Rocher. C’est un libéral inconditionnel. Alors, quand on se rencontrait, on ne s’entendait pas. » Face à ce trudeauiste, les sujets politiques sont donc à éviter. Bernard Rocher, plutôt terre à terre, est peu séduit par les approches théoriques de son frère sociologue. Malgré tout, « nous avions un grand respect l’un pour l’autre, tient à dire Guy Rocher. Nous connaissions nos différences». Sa mère lui reproche également son implication dans cette crise. Elle considère que, par ses propos, il donne l’impression de s’associer aux felquistes. Dans le public, les opinions sont partagées, mais la peur domine. Il reçoit à la maison quelques appels plutôt désagréables de citoyens anonymes, lui disant sur le ton de la défiance: « On ne pensait pas que vous étiez communiste, monsieur Rocher?! Pourquoi êtes-vous communiste?! »

La colère de Guy Rocher

Les arrestations sommaires effectuées par la police frappent des gens qui appartiennent aux mêmes cercles sociaux que Guy Rocher. Outre le poète Gaston Miron, le journaliste et poète Gérald Godin et la chanteuse Pauline Julien, c’est l’incarcération de Michel Chartrand, leader syndical, qui ébranle le plus la famille Rocher. C’est que Simonne Monet-Chartrand et Suzanne Cloutier se connaissent depuis leur jeunesse. Avant d’être mariée à Guy Rocher, Suzanne Cloutier a été recrutée par Simonne Monet pour adhérer à la Jeunesse étudiante catholique (JEC). Elle assiste même au mariage de Simonne avec Michel Chartrand, union bénie par le chanoine Lionel Groulx en 1942. « Je n’ai pas eu grand mérite à manifester ma sympathie à Simonne, écrit Suzanne Cloutier. J’étais contre les mesures de guerre et l’incarcération sans procès de cinq cents personnes arrêtées. J’étais contre toute violence: celle des felquistes et celle des gouvernements. » Geneviève se souvient de l’indignation de ses parents lorsqu’ils sont informés du nombre d’emprisonnements en une seule nuit.

La tension est élevée dans la demeure même des Rocher. Les filles assistent à l’une des très rares colères du père, habituellement serein et calme. « Je suis entré à la maison. J’arrivais du cégep », raconte Anne-Marie. Elle se rend compte que son père est dans la pièce centrale et qu’il est au téléphone. « Il criait! Je n’avais jamais vu mon père fâché comme cela. » Geneviève, déjà dans la demeure familiale, est également témoin de la conversation: « Il faisait une colère monstre parce qu’on avait laissé entrer l’armée au Québec. Pour lui, c’était complètement… ce n’était pas nécessaire. Il rejetait complètement cette décision, il la dénonçait dans une grande colère. » Lorsqu’il sort de la pièce, elle l’entend lui dire: « Ils ne veulent pas bouger. Ils ne veulent rien entendre! »

Ses filles captent des bribes de conversation que leur père tient avec un homme très proche du premier ministre du Canada. Il s’agit de Marc Lalonde, le chef de cabinet de Pierre Elliott Trudeau. Les deux se sont connus dans la JEC, dans les années quarante. La discussion porte sur l’une des demandes du FLQ, qui exige la libération de vingt-trois prisonniers qualifiés de « politiques ». Lalonde refuse de les définir de cette façon, alors que Guy Rocher n’hésite pas à reprendre le qualificatif:

– Bien sûr, ce sont des criminels, explique Rocher, mais il faut tenir compte de leurs motivations. C’est très particulier, le climat actuel est très particulier. Ce sont des prisonniers qui ont une motivation politique.

– Nous ne voulons pas instituer des prisonniers politiques, répond Marc Lalonde. Cela voudrait dire qu’on installe une police politique. Et on n’en veut pas.

Puis, Guy Rocher se met à parler des arrestations sommaires.

– Donc, tous nos amis qui sont là, ils sont considérés comment? Des prisonniers de droit commun?

– Oui! répond Lalonde.

– Ça n’a pas de sens. S’ils sont considérés comme des criminels, ça veut dire qu’ils vont avoir un dossier éternellement. Ils ne pourront pas aller aux États-Unis!?

– Oui! C’est exact.

– Tu te rends compte!… Les cinq cents Québécois à qui vous avez fait ça, là?!

Puis, Rocher revient sur les motifs des arrestations.

– Comment pouvez-vous garder tous ces gens durant une si longue période? Quelles preuves avez-vous contre eux?

– Tu verras, s’exclame Lalonde, qui monte également le ton. Je ne comprends pas, Guy, que tu en viennes à prendre le parti des felquistes! Ce sont des criminels. Ils ont tué des femmes, ils ont tué des hommes. Et tu acceptes ça?!

Lalonde laisse entendre qu’il tombe dans le piège tendu par le FLQ. Rocher réfute ce genre de raccourci.

– Marc, je ne prends pas le parti des felquistes. Je ne prends pas le parti de la violence. Je n’ai jamais accepté la violence. Je ne l’accepte pas de la part du FLQ. Sauf que le manifeste qu’ils ont fait lire, c’est un remarquable document. Sauf que les causes qu’ils défendent, ce sont des causes auxquelles j’adhère. Je n’accepte pas leurs moyens, je n’aurais pas posé de bombes, je n’aurais pas kidnappé des personnes. Non! Mais ils ont une cause du peuple, une cause de la justice que vous devez reconnaître.

La conversation téléphonique se termine par de sèches salutations. La crise d’Octobre continue. Elle brise des amitiés et des vies.

 


1 Les seize premiers signataires sont: René Lévesque, président du PQ, Alfred Rouleau, président de l’Assurance-vie Desjardins, Marcel Pépin, président de la CSN, Louis Laberge, président de la FTQ, Jean-Marc Kirouac, président de l’UCC, Claude Ryan, directeur du Devoir, Jacques Parizeau, président de l’exécutif du PQ, Fernand Daoust, secrétaire général de la FTQ, Yvon Charbonneau, président de la CEQ, Matthias Rioux, président de l’Alliance des professeurs de Montréal, Camille Laurin, leader parlementaire du PQ, Guy Rocher, professeur de sociologie, Fernand Dumont, directeur de l’Institut supérieur des sciences humaines à l’Université Laval, Paul Bélanger, professeur de science politique à l’Université Laval, Raymond Laliberté, ex-président de la CEQ, et Marcel Rioux, professeur d’anthropologie et de sociologie à l’Université de Montréal.

2 Le rapport de Jean-François Duchaîne (Rapport sur les événements d’octobre 1970, Gouvernement du Québec, Ministère de la Justice, 1981, 253 pages) conclut que « l’un des buts avoués de la proclamation de l’insurrection appréhendée et des opérations répressives qui la suivirent était en effet de créer un choc psychologique dans l’opinion publique québécoise » (p. 213). Duchaîne met en lumière la faiblesse des méthodes d’enquête de la police et rappelle que l’affirmation du directeur de la police de Montréal, Marcel Saint-Aubin, selon qui une insurrection se prépare « n’est soutenue par aucun document d’analyse » (p. 113). Len Higitt, commissaire de la GRC, confirme auprès du juge McDonald qu’il n’avait aucune preuve d’insurrection et que cela ne fut jamais recommandé au gouvernement Trudeau (Commission d’enquête sur certaines activités de la Gendarmerie royale du Canada, deuxième rapport – volume 2, La liberté et la sécurité devant la loi, Gouvernement du Canada, août 1981, p. 700 à 1333).

Récemment publié