Emmanuel Todd
La défaite de l’Occident
Éditions Gallimard, 2024, 371 pages
La capacité d’anticipation d’Emmanuel Todd est telle, qu’il exprimait, avec humour, mériter le titre de « prophète certifié1 ». Ceux qui ouvriront son dernier essai, La défaite de l’Occident, remarqueront rapidement un humour noir et décapant, traversant le type d’œuvre qui, empreinte de données statistiques froides, d’analyses d’invariants anthropologiques et de constats sombres et sans appels, est habituellement peu porté vers le ton goguenard dont Todd est devenu maître.
Ceux qui connaissent bien le personnage auront immédiatement en tête sa voix nasillarde et son air pince-sans-rire, lorsqu’il avoue à ses lecteurs l’angle mort qu’a son analyse d’une défaite du camp occidental face à la Russie, analyse qu’il avait pourtant méthodiquement et rigoureusement développée durant plusieurs pages : « J’admets toutefois qu’aux yeux des Occidentaux mon modèle présente une faiblesse : il suppose que Vladimir Poutine est intelligent ». (p. 69) Ou encore, dépité de nager dans un univers médiatique et intellectuel n’arrivant pas à rendre compte de l’état réel de la situation du conflit russo-ukrainien, et nous confinant à la propagande de guerre, Todd ne lui impute aucune malveillance : « […] je pense au fond que l’hypothèse de l’incompétence en matière démographique et militaire est plus vraisemblable que celle de la dissimulation consciente. C’est par courtoisie que j’évoque cette possibilité. » (p. 65, note de bas de page) Todd se permet cette boutade lorsqu’il compare les dérives du libéralisme occidental à celles du communisme russe, en mettant dos à dos l’Holodomor et la famine irlandaise : « […] soyons juste, nous devons une fois de plus admettre la supériorité du libéralisme, qui a tué plus efficacement en Irlande que le collectivisme en Ukraine » (p. 80).
Peut-être est-ce justement ce qui permet à Todd de persévérer. L’humour est l’arme par excellence nous permettant de ne pas nous arracher le cœur lorsque nous sommes confrontés à un désenchantement brutal du monde. En fait, ce que Todd anticipe n’a absolument rien de drôle. La défaite de l’Occident en Eurasie n’y apparaît pas seulement comme la défaite d’un combat duquel l’on pourrait se relever rapidement et se retrousser les manches, mais comme le symptôme d’un effondrement généralisé de l’Occident, une véritable implosion projetée sur le monde et qui se transforme en dangereux nihilisme. De façon globale, ce serait bien plus l’Occident que le modeste État russe qui déstabiliserait le monde. C’est là une thèse audacieuse, radicalement opposée au récit officiel faisant de ce conflit la lutte entre les « démocraties libérales » et l’« autocratie » de type russe, ayant bien conscience « […] que c’est demander au lecteur de faire un effort d’imagination, de secouer son éventuelle soumission à l’évidence de la guerre » (p. 139).
Ici, nous préférerions que Todd se trompe et qu’il perde le titre pompeux de « prophète », tant cette hypothèse suppose des jours sombres. Comme prospectiviste, il cumule toutefois un bon nombre de trophées. Dès 1976, il anticipait la décomposition inéluctable de l’Union soviétique avec son ouvrage La chute finale. Tout le long de sa carrière, il continua dans sa lancée prospectiviste, moins originale que le coup de circuit de 1976, mais tout de même confirmée par les faits, avec des livres comme L’invention de l’Europe, Après l’empire ou Après la démocratie. Pour faire le constat de cette « défaite » occidentale, les prochaines années seront cruciales, tant l’histoire s’accélère. La guerre ukrainienne sert ici de catalyseur ayant un début et une fin, dont le dénouement permettra de mettre à l’épreuve le regard de Todd.
L’Occident : des oligarchies libérales prédatrices
Pour Todd, la crise de l’Occident est celle de sa perte de rapport au réel. Ici, notre anthropologue refuse d’adopter une typologie abstraite qui découperait arbitrairement le monde en « civilisations ». Fidèle à son habitude, il se fie aux invariants anthropologiques dont la culture, les institutions et les idéologies sont des émanations historiques. C’est ainsi qu’il mobilise sa spécialisation de chercheur : l’étude des systèmes familiaux. Selon la typologie qu’il a magistralement mise de l’avant dans son essai de 1983, La troisième planète, son cadre analytique retient quatre variables venant définir la structure familiale : la famille est d’abord libérale ou autoritaire, ensuite, égalitaire ou inégalitaire dans la distribution du patrimoine et des responsabilités. La famille dite « communautaire » (Russie, Chine) joint l’autoritarisme et l’égalité. Historiquement, l’on y associe les régimes de type communiste. La famille « de souche » (Allemagne, Italie) sera autoritaire et inégalitaire. L’on y associe les régimes fascistes du XXe siècle. La famille nucléaire elle, se veut libérale : dans le cas des Anglo-saxons, elle sera inégalitaire, dans celui de nombreux Français, elle sera égalitaire. Le libéralisme correspond à l’idéologie qui a su le mieux s’y faufiler, dans les derniers siècles.
La crise du monde est d’abord là. La modernité constitue une telle force de transformation du monde qu’elle a, en bonne partie, entamé un processus de désintégration de ces invariants familiaux qui donnent sens au monde, de sorte que ce qui était prévisible et fondamental dans le développement des sociétés humaines devient imprévisible et relatif. Le monde qui accouche de ce processus en est un de grands bouleversements et sa forme à venir demeure un mystère. L’Occident constitue l’avant-garde de cette décomposition.
Voilà qui met la table pour une conception rigoureuse de l’Occident qui ne la confine pas au sein d’une représentation abstraitement « libérale ». Lorsque l’on s’intéresse à l’impact historique de systèmes familiaux variés sur la civilisation occidentale, la question de savoir quel Occident affronte présentement la Russie se pose. Todd distingue ici un Occident « libéral », conception étroite qui le réduit aux révolutions anglaise, américaine et française, d’un Occident « autoritaire », dont une définition plus large inclut les expériences des fascismes allemand et italien. Même si l’issue de la Deuxième Guerre mondiale semble avoir sonné le glas de son expression autoritaire, son ethos moderne qu’est l’éthique protestante, devenue dominante en propulsant l’Occident et ayant en quelque sorte embrassé le monde, ne peut en être séparée. Comme l’exprime Todd, « deux révolutions culturelles expliquent ce décollage : la Renaissance italienne et le protestantisme allemand. Notre modernité est éclose en zone autoritaire » (p. 142). Pour définir un juste état des lieux de la représentation que l’Occident se fait de lui-même et du monde dans lequel il se projette, il convient de définir sans trop d’apparats les principes généraux du protestantisme qui peuvent être corrélés à des indices de développement économique. En toute logique, si nous associons le déclin de tels indices à l’affaissement de l’éthique protestante, il devient possible d’envisager l’hypothèse d’un lien de cause à effet.
C’est ce que Todd prétend faire, en faisant le constat du déclin inéluctable du protestantisme, des suites de l’effondrement des familles nucléaires et de souche du monde Occidental. Il reprend à son compte l’analyse wébérienne faisant de l’éthique protestante « l’esprit du capitalisme », en évacuant toutefois certaines subtilités que l’idéal-type de Max Weber offrait, jugeant qu’« […] il s’est probablement égaré en cherchant dans de subtiles nuances théologiques les raisons du décollage » (p. 142). Voulant s’en tenir à des variables que les sciences sociales contemporaines peuvent quantifier, Todd se rabat plutôt sur un « facteur fondamental […] plus simple : le protestantisme alphabétise par principe les populations qu’il contrôle parce que tous les fidèles doivent accéder directement aux Écritures saintes. Or, une population alphabétisée est capable de développement technologique et économique » (p. 142). Et des peuples alphabétisés selon les principes du protestantisme formeront une civilisation favorisant un individualisme fort, une éthique du travail rigoureuse et parfois impitoyable, ainsi qu’une vision du collectif vigoureuse permettant de penser et d’affirmer un modèle d’État-nation organique n’ayant pas besoin des artifices de mythes démiurgiques comme ceux de la Révolution française.
L’originalité de Todd, c’est qu’il ne situe pas son analyse de la vigueur du protestantisme au niveau de nos représentations mentales et de nos superstructures, mais à celui de faits sociaux banals qui sont pourtant structurants, selon une méthode empirique. Il se concentre alors sur les pratiques religieuses du quotidien. Lorsqu’elles demeurent fortes, comme le respect des sacrements et de la messe du dimanche, nous parlons d’un stade « actif » religieux ; lorsqu’elles persistent de façon résiduelle et fantomatique à travers le maintien du mariage et du baptême, il s’agit du stade « zombie » ; nous atteignons le stade « zéro », lorsque les pratiques sont réduites à néant, comme c’est le cas actuellement de l’effondrement du mariage, de la généralisation de l’incinération des morts et de l’avènement du mariage pour tous.
Sans cet ethos, l’alphabétisation historiquement propulsée par le protestantisme se retrouve sans gouvernail, et sert des desseins contraires à l’égalité et au sentiment démocratique qu’elle générait initialement. Dans des sociétés au sein desquelles les études supérieures concernent plus de 30 % de la population, il n’existe alors plus de surmoi permettant de dompter l’élitisme de classes supérieures qui tendent à se détacher du reste des masses alphabétisées. Il en résulte l’établissement d’oligarchies libérales, sonnant le glas de la démocratie et de l’État-nation. Cet univers mental élitaire suppose un nihilisme généralisant le narcissisme, le pouvoir de l’argent et la déconstruction du sens commun.
Sans surprise, le modèle économique qui découle de cette pulsion de mort s’avère destructeur. Pour la première fois depuis l’ère de la société d’abondance, l’Occident, plus particulièrement son centre impérial étasunien, accuse une dégradation marquée des indices associés au seuil « statistique moral » d’une économie : l’espérance de vie, la mortalité infantile, l’obésité, le niveau éducatif, etc. C’est là un modèle qui accuse une perte de contact avec l’économie réelle. La désindustrialisation de l’Occident, l’abandon de pôles stratégiques, la délocalisation de son activité économique et le déclin dans la formation d’ingénieurs constituent des marqueurs évidents. Dans ces conditions, le PIB occidental s’avère être une notion fantomatique, surtout celui des États-Unis. Todd lui préfère celle de Produit intérieur réel (PIR) (p. 274), lequel se concentre sur l’économie « physique » d’un pays et sur les services ayant un impact concret sur ses marqueurs « moraux ». Tout à coup, nous voyons le PIB américain dégonfler, au point de relativiser la domination économique d’un Occident en déclin. Nous comprenons alors mieux comment la Russie, pays dont le PIB ne constitue que 3,3 % de celui de l’OCDE, puisse résister à la machine industrielle de l’OTAN.
Ce nihilisme devient une force de déstabilisation mondiale, du moment qu’il est imposé à d’autres nations et civilisations qui n’ont pas encore atteint ces niveaux de décomposition. La défaite de l’Occident est celle d’un bloc civilisationnel qui, n’ayant plus l’assise morale lui permettant d’assurer un certain ordre international, tire désormais à l’aveuglette. En pleine désoccidentalisation du globe, le reste du monde compte bien résister à cette déferlante.
Russie et Ukraine : « démocratie autoritaire » contre « nihilisme anti-russe »
Lorsque notre regard se porte sur la Russie, nous faisons le constat inverse d’une décomposition. La structure familiale dominante y est relativement stable : la famille communautaire (égalitaire et autoritaire) s’y maintient. Évidemment, aujourd’hui, nous sommes à des années lumières d’une paysannerie proto-communiste. La Russie s’est modernisée. Toutefois, elle préserve « […] suffisamment de valeurs communautaires – autoritaires et égalitaires – pour qu’y survive l’idéal d’une nation compacte et que réapparaisse une forme particulière de patriotisme » (p. 61). Contrairement à l’Occident, les classes moyennes supérieures et la bourgeoisie ne se dissocient pas du reste des masses et participent à la préservation d’un État-nation vigoureux.
Le régime politique qui correspond à cette stratification, que le système poutinien incarne, est celui d’une « démocratie autoritaire ». Si Todd demande à ses lecteurs de faire preuve d’imagination contre la « soumission à l’évidence de la guerre », nous devons ici faire abstraction de nos catégories politiques usuelles. « Démocratie » ne fait pas référence à la conception classique que l’Occident s’en fait, mais bien à l’esprit d’égalité répandu chez une collectivité (alphabétisée), lequel rencontre un pouvoir politique qui le porte et s’aligne sur le point de vue majoritaire du peuple. Les institutions russes ne satisfont toutefois pas les mécanismes juridiques que nous associons au libéralisme. Il n’en demeure pas moins que le régime poutinien ne peut pas être qualifié de dictature de type soviétique du fait de son attachement à l’économie de marché et à la libre circulation des gens. Globalement, il s’agit de l’antithèse d’une « oligarchie libérale » occidentale.
L’économie politique qui en résulte allie libéralisme et étatisme, permettant d’assurer une progression de la fameuse « statistique morale ». Nous assistons au phénomène inverse du déclin étatsunien, donc, d’une Russie stable et dynamique qui s’est enfin relevée des années sombres issues de la chute de l’Union soviétique. Durant les deux dernières décennies, les taux de décès par alcoolisme, de suicide et d’homicide ont chuté. La mortalité infantile y est plus faible qu’aux États-Unis. La base industrielle du pays est solide et son modèle agricole lui assure une quasi-autosuffisance. Sur le plan éducatif, la Russie produit plus d’ingénieurs que les États-Unis. Une classe moyenne forte et une bonne partie des classes populaires se rallient au régime. Les sanctions initiées par l’Occident, dès 2014, ont accéléré cette dynamique. La guerre actuelle la cristallise.
Du point de vue russe, le nihilisme occidental constitue un danger existentiel pouvant freiner cet élan. La guerre en Ukraine en est l’expression. Pour Todd, le choix de l’Ukraine comme acteur sur lequel l’Occident a tant misé va au-delà des raisons morales habituellement évoquées et d’enjeux géostratégiques clairs. Il constitue plutôt la jonction de deux pulsions de mort. Pour lui, l’Ukraine n’est pas une démocratie libérale et constitue un véritable failed State que seul l’effort de guerre maintient en vie. Cette « nation sans État » est ambigüe : à l’ouest du pays, une « Ukraine ultranationaliste » rurale, aux racines gréco-catholiques et à la structure familiale nucléaire forte, mais dépourvue de base industrielle solide et générant peu d’élites économiques ; au centre une « Ukraine anarchique », à la structure familiale (nucléaire et patrilinéaire faible) plus éclatée, matrice du fonctionnariat, mais dépourvue d’esprit national permettant de construire un État unifié ; à l’est et au sud, une « Ukraine anomique » russophone, siège des classes dirigeantes et poumon économique, vidé et anéanti par la guerre (p. 100).
Dans ces conditions, impossible de construire un État-nation en bonne et due forme. Pour le résumer grossièrement, cette guerre consiste en l’alliance des Ukraine « ultranationaliste » et « anarchique » afin de soumettre une Ukraine russophone plus forte, devenue un champ de ruines. L’on essaie de préserver ce qui n’est plus – le contrôle d’une industrie nationale anéantie par la guerre –, afin d’assurer l’existence de ce qui n’existe pas tout à fait – un État-nation cohérent. En assumant la guerre totale, cette entreprise devient un « suicide », et l’aide occidentale une mort assistée. L’absence d’État-nation, et la guerre étant impossible à gagner, il ne reste plus qu’un « nihilisme anti-russe » animant le seul dynamisme intérieur encore possible : la guerre. Todd est intraitable : « […] c’est l’incapacité de l’État-nation ukrainien à naître et à trouver son assiette qui entretient une guerre sans fin. » (p. 112). Ici, l’on s’étonne que l’auteur n’aborde pas la question d’un nihilisme russe animant le Kremlin.
Si l’Occident persiste à faire semblant qu’une victoire ukrainienne ne constitue pas une chimère, c’est bien là le signe qu’il a perdu sa boussole. À moins, bien sûr, d’assumer une guerre à l’échelle européenne. À ce stade, une « victoire » ne signifie plus rien.
Le monde choisit la Russie
Voilà pour la petite défaite de l’Occident, qui, à titre de guerre située, est le symptôme d’une défaite globale, qui est celle d’un Occident n’arrivant plus à maintenir sa poigne sur le reste du monde et dont le modèle de développement ne va plus de soi. Les conditions anthropologiques n’étant plus réunies pour réaffirmer un cadre civilisationnel plus modeste, ce vieux monde n’arrive pas à se désempêtrer du nihilisme qui s’est emparé de lui.
A contrario, le monde non occidental se relève d’une domination passée. Son fond anthropologique demeure robuste. Les structures familiales (pour la plupart patrilinéaires) s’y maintiennent et leur degré de religiosité s’apparente encore à des niveaux « actifs ». Du point de vue du « Reste du monde », la pulsion nihiliste occidentale rappelle une « exploitation » récente et un aveuglement face à la « diversité anthropologique du monde », une « déconnexion du réel » qui, selon un Todd moqueur, « […] rendrait nécessaire l’appel à un psychiatre, peut-être un géo-psychiatre » (p. 309). Par conséquent, ce n’est plus seulement la domination économique et militaire occidentale qui est en perte de vitesse, mais également son soft power, perçu comme l’expression d’une décadence, dont certains marqueurs s’avèrent déterminants, notamment le mariage pour tous et le transgenrisme. Ce sont donc des « antagonismes » économique et anthropologique qui se joignent.
C’est en toute logique que nombre de nations s’alignent sur la Russie qui semble incarner la persistance de cette « diversité du monde ». De surcroit, cette dernière tend à s’auto-suffire et à ne pas avoir besoin de dominer des nations extérieures à son espace géostratégique immédiat. Ainsi donc, « l’Occident des sanctions ne représente que 12 % de la population mondiale » (p. 308). Nous sommes loin d’une « communauté internationale ». Dans ces conditions, la guerre économique livrée contre la Russie était vaine et a internationalisé le conflit. Le « Reste du monde » se tient debout. Son attitude est annonciatrice d’une plus large défaite à venir, si l’Occident persiste et signe.
Cette prédiction de longue haleine de Todd n’est pas facile à confirmer. Son cadre théorique est fécond, mais impose une typologie froide laissant peu de place à l’intentionnalité des acteurs dont elle traite. Tester les hypothèses que ce cadre génère nécessiterait de longs développements en anthropologie, en sociologie, en sciences économiques, en histoire et en étude des relations internationales. Nous avons surtout besoin du temps long. À plus court terme, la prédiction de Todd sur la résolution de la guerre actuelle par une défaite ukrainienne est toutefois facile à mettre à l’épreuve. Si le fond anthropologie de la Russie assure une certaine robustesse au régime poutinien, son modèle repose sur un dynamisme démographique dont les jours sont comptés, étant au seuil d’un déclin de sa natalité. Selon la stratégie russe de « l’homme rare », la fenêtre d’opportunité pour se stabiliser comme puissance est donc relativement courte. À cet égard, Todd est très précis : il reste environ cinq ans.
1 Tel que mentionné dans cette série d’entretiens sur France Culture, avec Sébastien Petitot : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-emmanuel-todd-profession-prophete