En couverture du numéro Octobre-Novembre 2022
Claire Aubin
Andrée face à la mer
Dessin, Ligurie 2014
Démarche artistique
Je suis à l’écoute, j’observe les expressions, les mimiques, les émotions qui se cachent, ma main s’active avec le stylo, qu’il soit à l’encre ou numérique. Je veux le réel, le spontané, l’indiscutable, le vrai. Le stylo lui se moque de la rectitude, il impose sa liberté, fait taire d’autorité le jugement. Ce qui est dit est dit.
Je prends beaucoup de photos rapides, imparfaites. Il m’arrive de revoir ces images et une mémoire revient de la pensée et de l’émotion captées à ce moment.
Je les utilise comme point de départ pour élaborer des formes nouvelles, faire jaillir une autre pensée, une autre dimension. J’ai l’impression d’aboutir à une meilleure compréhension des êtres et des situations en dessinant. C’est peut-être pour cela que la recherche de la perfection devient un obstacle. Je cherche à comprendre ce que je perçois au-delà de ce qui apparait comme réel. Ce qui se révèle à moi.
Quand je ne travaille pas le numérique, je préfère travailler sur du papier assez épais, car il m’arrive d’incorporer d’autres matériaux comme l’argile ou du tissu. Une sorte de besoin de sentir l’autre dimension qui cherche à sortir du tableau.
En sculpture, le buste et le corps humain, principalement féminins, ont été mes sujets majeurs. En dessin, le portrait continue d’être un sujet d’étude qui ne se tarit pas. Même dans l’œuvre abstraite, il apparait souvent quelque part. Je le forme, le déforme et le reforme sans cesse.
Depuis quelque temps le dessin est devenu une part importante de mon activité. Mes dessins suivent le même processus de recherche que mes sculptures antérieurement. Je ne me soucie pas de la tradition historique esthétique du dessin, je me situe dans une perspective qui n’est pas esthétique. Le dessin est pour moi une manière de découvrir, un processus de découverte. Le dessin m’intéresse pour la recherche, la découverte et non pour son résultat. La découverte est le monde tel qu’il existe et non tel qu’il apparait. Ma perception intuitive guide mes dessins qui sont en réalité des métaphores d’une visualisation de l’invisible.