Oeuvre du mois – Dominique Sarrazin

dominiquesarrazinDominique Sarrazin
Kipawa, 2014, Technique mixtes, gravure et relief sur bois, 152 cm x 152 cm
en couverture du numéro Octobre-Novembre 2020

Dominique Sarrazin élabore depuis de nombreuses années un langage peint hybridé par le collage et la matière. C’est en quelque sorte une peinture d’accumulations d’expression abstraite qu’elle situe dans de grands espaces. Son processus, qui côtoie les effets du hasard, transige avec l’aspect imprévisible du rendu visuel en lien avec son procédé intuitif de création. En transportant sur bois son travail pictural, elle explore à sa manière les riches avenues du bas-relief contemporain. Les zones de compositions découpées en strates se confondent parfois avec le support en révélant leur aspect de bois naturel d’une même essence. D’autres zones sont investies d’acrylique fluide amenant l’effet du hasard et son mouvement en contraste dans l’organisation sculptée. La présence visuelle du support comme matériau brut accueille la présence de la ligne gravée dans la composition en soulignant l’hybridité du tableau qui s’ouvre sur une multitude de chemins d’illusions.

« L’œuvre de Dominique Sarrazin est animée par la métamorphose lyrique prise au vif dans un éclat solide et lumineux. Son œuvre est abstraite, mais élabore tout un réseau formel et thématique au cœur de la nature morte. L’artiste la recontextualise en acte théâtral où chaque détail incarne un rôle entre la densité matérielle et l’émotion pure. Les pâtes et les textures se livrent au dynamisme et aux visions du peintre en une harmonie que l’on retrouve toujours renouvelée. Entre ciel et terre, ces gigantesques compositions accueillent à la fois l’intimité des chrysalides et la force des grands espaces qui les bordent. Ce sont dès lors les contrastes qui transforment et mettent au monde la matière ainsi enveloppée. L’artiste stimule par ailleurs une certaine conception du monde par laquelle les structures transcendent les compositions et se laissent pénétrer par l’essence des couleurs, en totale maîtrise sous des éclairages par moments spirituels. Il s’agit là d’une œuvre mûrie et riche qui laisse le regard dans un état de spectacle ininterrompu. »
– Annie Lafleur, critique d’art

Dominique Sarrazin détient une maîtrise en arts visuels de l’UQAM et y enseigne depuis vingt ans. Elle compte plus de 30 expositions solos au Canada et ses œuvres font partie de nombreuses collections publiques et privées. Elle est associée depuis 2017 au groupe ATC « Artistes têtes chercheuses » formé de neuf artistes enseignants de l’UQAM (Denis Farley, Patricia Gauvin, Marie-France Giraudon, Jean Marois, Lise Nantel,, Josée Pellerin, Katherine Rochon, et Anne C. Thibault) qui explorent de nouvelles avenues d’expression visuelles sur des sujets philosophiques au cœur de l’art contemporain. Ils ont, entre autres, signé les expositions « Fabulam » et « Parergon ».

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