Suite pour l’amie Andrée

1. Cette oratrice-la De grande tenue Au beau visage À la voix stable et unie Impressionnante Peu impressionnable De joie portée Avec des éclats de modernité Langue française châtiée Sons clairs sons distincts Sa parole de certitude conséquente 2. Une femme qui est une Tout le temps Je le percevais Elle n’était pas obsédée Par […]

1.

Cette oratrice-la

De grande tenue

Au beau visage

À la voix stable et unie

Impressionnante

Peu impressionnable

De joie portée

Avec des éclats de modernité

Langue française châtiée

Sons clairs sons distincts

Sa parole de certitude conséquente

2.

Une femme qui est une

Tout le temps

Je le percevais

Elle n’était pas obsédée

Par l’identité

L’avait délibérément

Élaborée – on entend

Construite comment –

(sommes-nous venus

à ce vocable domestique)

3.

Elle l’a écrit, un discours

Le même ouvrage

Qu’un roman, une nouvelle, un essai

Autant d’art

D’écriture, de versions,

De recommencements

De temps à sa table

Ces mots qui jaillissent

Phrases par phrases

La parole éloquente

Née de l’écrit pleine grandeur

Mise en forme de sa langue parlée

Pour mémoire

Il n’y a pas si longtemps

L’éloquence le sommet de la virilité

4.

Elle a tant parlé de liberté

Libre une qualité savoureuse

Était-elle une féministe

Une indépendantiste, oui

Une pure et dure en référence

Son recueil de nouvelles

Le titre « Pures et dures »

« On m’aime ou on me déteste »

Ce qu’elle disait.

Des autoportraits, ses personnages

Des femmes sérieuses.

5.

Militante pour apprendre

Elle dit avoir milité pour palier

Son insuffisance intellectuelle

Le militantisme a fait d’elle

Une intellectuelle

Elle dit avoir plongé

Dans des situations

Qui faisaient d’elle

Plus qu’elle n’était

Le vrai désir – un désir qui perdure

* Écrivaine.

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