États généraux sur les commémorations historiques
Depuis sa fondation en 1947, le Mouvement national des Québécoises et Québécois (ancienne Fédération des Sociétés Saint-Jean-Baptiste) veille aux intérêts culturels et linguistiques du Québec en participant activement à la vie publique et en prenant position des enjeux qui façonnent notre vie collective. Avec constance, nous avons fait de la défense et la promotion de l’identité québécoise notre raison d’être. La défense de la langue française, de notre histoire, culture et patrimoine sont au cœur de notre mission depuis près de soixante-dix ans. D’ailleurs, pour mémoire, rappelons que c’est sous l’impulsion de la Ligue d’Action nationale et de notre Mouvement que se sont tenus États généraux du Canada français (1966-1969), qui ont généré une réflexion et des propositions structurantes pour l’avenir constitutionnel du Québec.
Ainsi, le réseau du MNQ a investi le champ de la commémoration et développé une expertise qui lui est propre puisque nous sommes les maîtres d’œuvre des célébrations de la Fête nationale depuis plus de trente ans dans toutes les régions du Québec. Ce mandat, nous l’assumons avec fierté, comme nous assumons celui d’animer d’autres commémorations nationales telles que le Jour du Drapeau et la Journée nationale des patriotes. Par contre, force est d’admettre que ces dernières arrivent difficilement à s’ancrer dans les consciences car elles ne disposent pas d’un rayonnent suffisant dans l’espace public. De plus, sauf exception, malgré nos représentations en ce sens, le gouvernement ne souligne jamais ces anniversaires. À notre avis, il est plus que temps que l’État donne aux commémorations historiques l’ampleur qu’elles méritent. Voilà pourquoi en 2011, sous l’égide de l’Institut de recherche sur le Québec, affiliée au Mouvement, l’historien Charles-Philippe Courtois a publié une étude intitulée Les commémorations historiques nationales au Québec. Recommandations pour une politique d’envergure.
Je me souviens : la formule est forte. Elle caractérise une nation, qui en elle-même, sait que la mémoire est l’autre nom de l’identité. Au fil des siècles, les Québécois ont poursuivi leur aventure en se racontant leur histoire. On constate d’ailleurs que le goût du passé est bien présent comme en témoigne la popularité des thèmes historiques au cinéma ou à la télévision. Sur le plan institutionnel, aucune politique ne régit les commémorations. Si on trouve ici comme ailleurs des pratiques commémoratives, on ne trouve aucune politique structurée susceptible de revaloriser l’usage public de la mémoire.
À l’aube du 375e anniversaire de Montréal, le MNQ convie les Québécois à des États généraux sur les commémorations historiques. Ce grand rendez-vous aura pour objectif de mener une consultation et une réflexion de fond sur l’avenir des commémorations au Québec. Notamment, sur le type de commémorations que nous souhaitons célébrer, les anniversaires historiques et politiques qui devraient être ajoutés au calendrier des commémorations officielles, l’implication de l’État québécois et des acteurs concernés, etc. Nous souhaiterons également réfléchir à la préservation des lieux de mémoire importants.
Au programme, des conférences, panels et table-ronde où se prononceront des intellectuels, responsables de musées, représentants d’organismes publics et privés, ainsi que des représentants de la société civile, œuvrant dans le domaine de l’histoire, des commémorations et du patrimoine.
Le colloque s’ouvrira jeudi le 7 octobre avec une conférence offerte par madame Martine de Boisdeffre, présidente du conseil d’administration de l’Institution Nationale des Invalides, et ancienne directrice des Archives de France entre 2001 et 2010. Son expertise et ses réflexions sur l’avenir des commémorations, et en particulier sur le calendrier commémoratif qu’elle a implanté en France au tournant des années 2000 seront absolument éclairantes. Par la suite, nous discuterons de la complexité des commémorations dans les sociétés contemporaines où les repères identitaires sont en mutation ; des commémorations et du récit historique, et finalement, du patrimoine et des lieux de mémoire.
La deuxième journée débutera par une conférence sur les grands âges de la commémoration au Québec, qui sera suivie par un panel consacré au tourisme commémoratif. En après-midi, deux tables-rondes réunissant des acteurs publics et privés de la commémoration se succéderont pour réfléchir à la manière de mieux soutenir les commémorations. Cette journée sera clôturée par une projection de courts-métrages inédits provenant des archives de la Cinémathèque québécoise et offrant un panorama social et culturel du Québec de l’après-guerre.
La dernière journée sera consacrée à une réflexion autour de l’importance de se doter d’une politique de commémoration. En avant-midi, le premier conférencier mettra en lumière les liens entre la commémoration et le politique pour montrer que l’absence d’une politique de commémoration au Québec constitue une forme négation de la mémoire collective. Le deuxième conférencier procédera à une analyse comparative entre le Québec et d’autres nations occidentales qui ont une politique de commémorations. Quant à la troisième, elle abordera le cas de la Catalogne par le biais de son musée d’histoire nationale et les célébrations de son tricentenaire (1714-2014). Nos travaux se concluront par une table-ronde où seront explorées des avenues en matière de financement public et privé pour déterminer quel rôle devrait jouer les entreprises, les fondations privées, les acteurs de la société civile pour soutenir les commémorations. À ce vaste programme s’ajouteront de nombreuses activités en partenariat avec notamment Pointe-à-Callière, cité d’archéologie et d’histoire de Montréal, Montréal en histoires et le Gesù.
Les gens qui désirent consulter le programme et s’inscrire aux États généraux sur les commémorations historiques sont invités à consulter le site :