Michael Ignatieff : le vol de l’aigle blanc

Empires don’t come lite…
They come heavy.

Michael Ignatieff, Empire Lite, p. 79

L’homme est revenu au Canada dans l’espoir d’exercer les fonctions de premier ministre dès la prochaine élection. Au mois de mars 2004, il annonçait déjà ses priorités à son parti de toujours, le Parti libéral du Canada : assurer l’unité nationale coûte que coûte; reprendre la consolidation d’un fédéralisme symétrique à l’avantage du gouvernement central; favoriser la mise en place d’un investissement massif de fonds fédéraux en éducation (spécialement en éducation postsecondaire, c’est-à-dire là où ça compte vraiment pour la formation et le recrutement de futurs défenseurs du régime canadien)1.

Rien là de bien nouveau, me dira-t-on, la centralisation canadienne reprenant son petit bonhomme de chemin après la parenthèse conservatrice… Et pourtant, même s’il ne se montre pas (médiatiquement) très explicite à ce sujet, l’objectif politique de Michael Ignatieff repose sur une vision du monde beaucoup plus ambitieuse que celle des premiers ministres centralisateurs que nous avons connus jusqu’ici. C’est l’importance de cette philosophie politique – voilée par le manque d’analyse dans nos médias – que je voudrais suggérer ici en vue de la prochaine élection.

Un ambitieux incompris

Chez les plus ambitieux, les changements de carrière se produisent généralement lorsque le sommet a été atteint. Une fois au sommet, les aigles victorieux se sentent parfois isolés, le capital d’estime qu’ils suscitaient pendant leur ascension spectaculaire se flétrissant lentement. Pour cette vigoureuse race d’hommes distingués, le lent spectacle d’une gloire routinière paraît souvent pire que l’humiliation d’un échec provoqué par un excès d’audace. Aussi, le désir de distinction les appelle rapidement vers de nouveaux cieux.

Peut-être Ignatieff se sentait-il justement bien seul dans sa tour d’ivoire de Harvard, scrutant les horizons nordiques en espérant y voir pointer la patrie qu’il avait délaissée pendant de longues années. Entendait-il, dans un sommeil agité par le patriotisme, les échos inquiets de sa nation en péril étouffés par les bruits de bottes péquistes et bloquistes ?

Une autre interprétation a été suggérée. Car c’est à Boston qu’on lui a octroyé sa prestigieuse chaire sur les droits humains. Mais, l’histoire est moins connue au Québec, c’est aussi à titre de Carr Professor of Human Rights à la Kennedy School of Government qu’il a déçu un bon nombre d’intellectuels opposés aux dérives de la politique étrangère américaine. Ses anciens amis libéraux, parmi les plus engagés dans la défense du droit humanitaire, lui reprochent, encore aujourd’hui, deux bagatelles : son apologie intellectuelle de la guerre en Irak et sa défense d’un usage potentiel – limité et exceptionnel – de la torture. Prolifique et habile scribouilleur, celui qui est né et a grandi à Toronto (mais qui a passé les trente dernières années à l’étranger) a dû faire des pieds et des mains pour se dépatouiller publiquement avec les tensions inévitables d’une pensée aussi profondément paradoxale que la sienne. On ne lui en reproche pas moins d’avoir donné un blanc-seing moral à l’administration Bush en offrant une sorte de rationalisation de ses prétentions hégémoniques2.

Il existe pourtant quantité d’intellectuels et de militants des droits humains qui acceptent l’idée qu’une certaine forme d’impérialisme humanitaire peut, dans des contextes similaires à ceux de la Bosnie, du Kosovo, du Rwanda et de l’Afghanistan, devenir acceptable et même souhaitable. Mais il est probable qu’Ignatieff a heurté de plein fouet leur sens moral lorsqu’il a approuvé l’invasion irakienne en mars 2003, ce qui impliquait d’approuver une action unilatérale sans l’approbation de l’ONU, qui plus est en opposition à la volonté des alliers européens. Dès lors, la pilule de la Realpolitik fut pour eux beaucoup trop difficile à avaler. Car faire l’apologie de cet unilatéralisme impliquait, en quelque sorte, de formuler une justification  d’une guerre coûteuse et brutale contre un État important et « fonctionnel » sous le seul prétexte apparemment valide, mais rapidement démenti, que Saddam possédait des armes de destruction massive. Cela signifiait également d’interpréter l’opération d’envergure comme constituant une étape essentielle, et donc reconductible, dans la lutte globale contre le Terrorisme… Et c’est là que, pour certains, la rhétorique du professeur en droit humanitaire minait l’intégrité morale de sa fonction académique.

Du psycho-moralisme habile au militarisme subtil

En réalité, la lecture d’Ignatieff s’intégrait à un argument beaucoup plus étoffé : une lutte impériale contre le terrorisme – y compris l’invasion militaire illégale d’un État souverain comme l’Irak, y compris les injustices inévitables qui sont commises chaque fois qu’un État possède un tel avantage disproportionné sur son ennemi, y compris, enfin, la prise en compte du fait que la politique étrangère américaine soit entièrement dictée par son intérêt réel (le pétrole) et perçu (la sécurité nationale) – constitue, dans les mots de l’ancien professeur à Harvard, une «politique du moindre mal»3. Bref, l’humanisme militaire subtil d’Ignatieff s’adonnait à une sorte de jeu funambulesque, oscillant au gré de ses humeurs entre des préoccupations morales et une lecture réaliste du monde contemporain. Il devenait dès lors difficile à quiconque voulait exposer une position aussi mouvante de pouvoir «faire confiance» au professeur; pour certains critiques, le bricolage idéologique de l’homme relevait carrément de l’opportunisme…

Ignatieff présente pourtant une doctrine originale pour un défenseur des droits humanitaires : que la manipulation de l’opinion publique, le chantage sur l’irresponsabilité sécuritaire des États récalcitrants et les intrigues des administrations américaine et anglaise sont excusables dans la mesure où les effets escomptables de ce militarisme prétendument humanitaire seront globalement positifs.

Comprenez-moi bien : des calculs d’une telle complexité échapperont assurément au commun des mortels. Il faut, en quelque sorte, la virilité des hommes d’action et d’exception de la trame d’Ignatieff pour en tirer toute la logique – ce que ne peuvent espérer faire tous ces scholars humanistes angoissés, hommes usés comme leurs vêtements « équitables », titubant courbés par le poids d’un monde livré à l’ambition dans le vide obscur des corridors facultaires…

C’est pourquoi on peut légitimement s’étonner de la réaction d’intellectuels libéraux si isolés lorsqu’il s’agit de discuter de questions de politique réelle. En vérité, Ignatieff me semble être la victime d’un procès inéquitable. Car la position qu’il a défendue sur ces sujets est parfaitement cohérente avec la réalité de l’impérialisme libéral du monde anglo-saxon. Certes, sa rationalisation éthique des enjeux peut être considérée comme douteuse lorsqu’elle profite aux grands ambassadeurs du nouvel ordre international. Mais avouons que ce n’est pas rien… pour un canadien!

Qui veut la fin, veut les moyens, et en ce qui concerne Ignatieff, son parcours suit depuis ses premiers écrits une ligne directrice, on pourrait même dire une via romana : celle de la promotion d’un ordre mondial dominé par des nations patriciennes conduites par des familles patriciennes contre la menace permanente des déstabilisations barbares (i.e. les «nouveaux nationalismes» dans les États qui ont «échoué à les contraindre»).

Ignatieff a connu un parcours idéal pour matérialiser son idéal. Déjà, ses ancêtres collaboraient en haut lieu avec l’Empire tsariste en Russie avant d’être chassés par les bolcheviques, une histoire que l’historien de formation a colligé dans un essai dignement récompensé (The Russian Album, 1987). Sa carrière intellectuelle s’est toute déroulée dans les prestigieuses universités anglo-saxonnes qui dominent le monde de la pensée occidentale. Son héros intellectuel, l’historien et philosophe Isaiah Berlin (dont il a écrit la biographie : Isaiah Berlin : A Life, 1998), fut un apologiste influent du libéralisme impérialiste à l’époque de la Guerre froide. Pour obtenir son poste à Harvard, Ignatieff a aussi donné les preuves de son attachement à une «conception ordonnée» du monde par les puissances dominantes du système international. Ainsi, ses analyses psycho-politiques «sur le terrain» de nombreux pays déchirés par la guerre auront jeté la lumière sur le «narcissisme des petites différences» qui n’auraient de cesse, selon lui, de déchirer l’œuvre des patients dictateurs et colonisateurs du passé4. Or, s’ils ne sont pas efficacement contenus par le nation-building d’un Surmoi impérial, ce sont ces petits peuples qui, historiquement soumis à des États étrangers et devant exister aujourd’hui parmi les ruines de structures politiques iniques et injustes, représentent la menace pour la sécurité de l’ordre international.

Puisque, aux confins et à l’intérieur de l’empire, le monde est encore habité par des barbares, la guerre en Irak représente la continuité logique des interventions dans les Balkans et en Afrique : il faut à tout prix protéger le limes qui sépare la barbarie de la civilisation. Et les barbares – lire Tacite n’est pas nécessaire pour le comprendre – ne conçoivent que le langage de la force. Le conflit entre la civilisation et la barbarie – cette opposition de l’impérialisme libéral au nationalisme retord des peuples révoltés – explique finalement la propension d’Ignatieff à conditionner les prohibitions morales dans la sphère internationale, en ajoutant des « mais » et des «sauf» aux chimères impératives onusiennes qui osent prétendre que «les États libéraux ne doivent jamais torturer et conquérir».

Une psychothérapie canadienne pour guérir la névrose québécoise

Le parcours de l’historien-journaliste-biographe-écrivain-député me semble donc parfaitement cohérent avec sa mélancolie pour l’ancien ordre dynastique. Les inhibitions des intellectuels libéraux de l’anglo-saxonnie s’expliquent essentiellement par le confort fragile de leur posture « critique » et peut-être, avouons-le, par l’énorme succès d’un homme qui a su habilement se mettre en valeur dans les médias à la suite de son retentissant succès littéraire et académique. Que l’ego et l’ambition de Michael Ignatieff soient plus enflés que la moyenne des universitaires ne constitue pourtant pas une critique suffisante, ni même intéressante, de sa doctrine.

Au contraire : voilà des atouts considérables dans un pays qui se cherche un nouveau père fondateur. Après le scandale des commandites, l’oligarchie (politique, financière, intellectuelle et médiatique) assurant l’unité canadienne a finalement compris que, pour être en mesure de redynamiser une identité devenue si artificielle qu’elle nécessite depuis plus de deux décennies un financement idéologique permanent (occasionnant des effets collatéraux particulièrement gênants de corruption), il faudra bien se résigner à adopter une nouvelle stratégie. À la lecture de la presse canadienne de la dernière année, l’ancien professeur de Harvard posséderait toutes les qualités pour faire revivre aux matantes ontariennes ce frisson de trudeaumanie.

Une première étape vers la guérison de notre inconscient collectif ?

Illustrons cette idée à partir du langage psychanalytique dont Ignatieff est friand. Certains patients ne «souhaitent» pas vraiment guérir et résistent (inconsciemment) en transposant leurs anciens sentiments vers le thérapeute. Freud appelle ce processus le «transfert»: en projetant les tensions inconscientes sur le thérapeute qui fait figure d’autorité problématique, le patient opère une distorsion de l’image de celui-ci ; et c’est par l’analyse de ces projections qu’il lui sera graduellement possible de «lire» les différentes couches de son «dérangement» sublimé. Ainsi il en va du Québec, qui se refuse à une vie normale en entretenant sa dualité, en étant incapable d’assumer ses pulsions les plus morbides: son immaturité par rapport au Canada tient tout simplement d’une projection, d’une distorsion, bref d’un transfert inconscient de sa névrose vers le Canada.

Ignatieff a tout vu cela depuis longtemps. Dans le Edmonton Journal du 30 septembre 1992, il mettait déjà en pratique ses talents de thérapeute lorsqu’il précisait sa lecture du problème québécois en offrant un diagnostique digne du brave docteur Mailloux sur notre condition mentale: «If anything modernization has made Quebec more nationalistic. Yet it is a schizoid nationalism, brandishing the threat of separation to extract maximum concessions from English Canada.» S’il avait été question de juifs, de noirs ou d’autochtones, ces mots auraient été suspectés de racisme. N’eut été de la belle licence avec le vocable autorisé s’agissant de qualifier le nationalisme québécois, on aurait à tout le moins disqualifié l’affirmation comme un procès d’intention et demandé à son auteur de se rétracter5. Mais rien de tel chez nous : trop gros pour faire pitié, mais trop petit, le Québec, pour mobiliser quelque riposte crédible…

On ne devrait jamais sous-estimer le potentiel du mépris entretenu au Canada par notre faiblesse. Car les hommes détestent d’avantage l’empêcheur de tourner en rond qui échoue que l’adversaire qui réussit. Le premier inspire le mépris, le second, un certain respect. En anglais – qui est une langue, comme chacun le sait, capable dire les choses comme elles le sont – on appelle le second un looser. Pour gagner en crédibilité, il convient donc de cogner un peu du looser : c’est une réalité du pouvoir qu’on apprend dès la cour de récréation (en français comme en anglais).

C’est pourquoi, j’ose entrevoir que si notre aiglon arrive à faire son nid dans la capitale canadienne, il pourra profiter des sentiments anti-Québec pour redorer sa réputation et mener à bien ses desseins. Une tête de turc comme le Québec représente une occasion en or de se mettre en valeur. Même que les points de réconciliation apparaissent déjà évidents, puisque l’ancien professeur partage encore avec ses collègues cette même aisance délicieusement métropolitaine qui consiste à évaluer le monde du haut des certitudes partagées par tout un patriciat cosmopolite ayant fréquenté les plus prestigieuses institutions de l’empire. On peut donc prévoir qu’Ignatieff, s’il est élu,  pourra graduellement rassembler sa coterie au moment où il s’agira d’affronter le mouvement national québécois en mobilisant pleinement la carte idéologique du progressisme libéral hégémonique pour traiter les bas instincts nationalitaires des séparatistes.

Si l’Occident wasp a si bien guérit les Balkans, pourquoi pas nous ?

Affronter la libido québécoise… par la peur de la mort violente

En s’appuyant sur l’opinion dominante au Canada anglais entretenue par des médias aussi complices qu’hystériques, l’expert en barbarie génocidaire ne nous a-t-il pas rappelé récemment qu’il fallait redouter le danger d’une guerre civile provoquée par un référendum gagnant sur la souveraineté du Québec6 ? L’affirmation ne relève pas uniquement d’une pensée, mais d’une stratégie : la réalité du nationalisme minoritaire à l’intérieur offrira le point d’ancrage idéologique inévitable pour engager beaucoup plus fermement les Canadiens dans la lutte extérieure contre le terrorisme, en contribuant de toutes leurs forces à rendre plus solide le limes de la civilisation. Inversement, la nation comprendra d’autant mieux la légitimité globale des objectifs impériaux si elle sait jauger la réalité du péril que représente son nation building inachevé.

Ignatieff, en tout cas, aime à rappeler ces images qui frappent l’imaginaire – si facilement ému – de nos voisins américanisés. Certes, grâce à Chrétien et Dion, la loi C-20 procure une assurance considérable concernant les prérogatives du Léviathan canadien. Mais ce n’est que le début de la thérapie; la partie est loin d’être gagnée d’avance. Les Québécois peuvent bien se comporter, comme à l’habitude, comme des métèques inoffensifs d’Amérique du Nord, mais on ne sait jamais… Que se passerait-il si… ? Pour les esprits inquiets de nos voisins (qui se sentent intimement menacés par tout ce qui est susceptible de diminuer leur prépondérance), les mœurs barbares et la langue exotique qui nous caractérisent, bref, notre penchant incivil pour la traîtrise offrira toujours un capital d’épouvante sur lequel pourront miser les plus ambitieux. De la solidarité spontanée des Québécois envers le peuple libanais au djihadisme, après tout, il n’y a qu’un pas à faire!

En somme, la longue expérience américaine et mondiale d’Ignatieff lui a fait apprivoiser l’aigle impérial : au Canada, l’ère de la méfiance (Chrétien et Martin) et celle de la collaboration opportuniste (Harper) laissera place à une ère d’intégration assumée à une guérison globale par l’ordre transféré du Surmoi impérial. C’est en respirant l’air enivrant des cimes, c’est en frôlant d’aussi près la puissance américaine qu’Ignatieff, devenu surhomme, a pu voir plus loin que notre petit horizon suspicieux. Et c’est en redescendant aujourd’hui sur les basses terres des provinces canadiennes que le patricien-thérapeute, en futur gouverneur impérial, espère demain mettre son épaule à la roue de l’interminable fardeau de l’homme blanc.

Il devra toutefois reconduire encore une fois le domptage de l’animal québécois qui, secoué par ses pulsions de demi civilisé, reniflera à nouveau l’espoir de sa liberté. Ignatieff voudra ensuite nous inculquer, doucement mais fermement, le goût de mourir pour le Canada.

 


1    Cf. M. Ignatieff, « A Generous Helping of Liberal Brains », The Globe and Mail, 4 mars 2004.

2    Sur la polémique, voir C. Melville, « But where’s the context ? », Toronto Star, 9 avril 2006 et L. Taylor, « No more Mr Nice Guy », The New Humanist, 21 septembre 2005. La critique la plus décapante – et à mon avis la plus exacte – des contradictions d’Ignatieff a été faite par Michael Neumann dans « Michael Ignatieff. Apostle of He-manitarianism », Counter-Punch, 8 décembre 2003.

3    Cf. M. Ignatieff, « The American Empire (Get Used to It.) », New York Times Magazine, January 5, 2003; The Lesser Evil: Political Ethics in an Age of Terror, Princeton University Press, 2004; Empire Lite: Nation-Building in Bosnia, Kosovo and Afghanistan, Minerva, 2003.

4    Voir en particulier: Blood and Belonging: Journeys Into the New Nationalism, 1994; Warrior’s Honour: Ethnic War and the Modern Conscience, 1997; et Virtual War: Kosovo and Beyond, 2000.

5    Les Canadiens d’origine ukrainienne n’ont pas non plus digéré ses mots tendres à leur égard  : « I have reasons to take the Ukraine seriously indeed. But, to be honest, I’m having trouble. Ukrainian independence conjures up images of peasant embroidered shirts, the nasal whine of ethnic instruments, phony Cossacks in cloaks and boots… » (Cf. Globe and Mail, 28 novembre 2005.)

6    Ce sont les mots rapportés par les médias : « Il faut avoir des règles dans cette affaire [i.e. un référendum sur la souveraineté du Québec]. Il faut avoir de la clarté [c’est-à-dire : plus de 50% du vote et que la question soit dictée par Ottawa]. Pourquoi ? Parce qu’on veut éviter la guerre civile et j’ai toute la confiance du monde qu’on va éviter cela. » (La Presse, 31 août 2006). La confiance d’Ignatieff, lorsqu’il s’agit de résister aux prétentions du Québec, ne date pas d’hier. Dans le Maclean’s du 26 octobre 1992, il soutenait déjà la thèse classique que le Québec était seul responsable des maux de la fédération et que les Canadiens ne toléreraient plus bien longtemps son comportement hypocrite…