Le camp indépendantiste a connu une importante défaite le 7 avril dernier. Ce serait une erreur pour les indépendantistes de se précipiter à la recherche de solutions toutes faites et commodes pour se relancer dès maintenant ; ce qui constituerait une voie facile pour éviter d’avoir à prendre la pleine mesure de cet échec électoral. L’heure est plutôt au travail d’introspection et d’analyse, et non à la fuite en avant.
Ce n’est pas le projet indépendantiste qui a été battu lors du dernier scrutin (ni même, avant, en mai 2011), mais une certaine idée de ce projet et une certaine stratégie pour y conduire. Entendons-nous, la raison essentielle qui justifie et rend légitime ce projet demeure inchangée : il s’agit pour un peuple, élevé à sa conscience nationale et qui en a les moyens, d’être pleinement maître de lui-même. Comme pour les individus, la liberté se passe de justification pour un peuple. Être libre est pour tout peuple sa condition d’existence normale. Aussi, la raison qui motive la création d’un État indépendant pour le Québec est-elle la même qui était à l’œuvre au moment de la sécession des 13 colonies américaines en 1776, de l’indépendance d’Haïti en 1804, en passant par l’indépendance du Soudan du Sud il y a trois ans. Cette raison est intemporelle et universelle. Seulement, pour que celle-ci puisse se traduire en force politique capable de parvenir à sa fin – il est à l’occasion pertinent de le rappeler : l’indépendance du Québec signifie briser un pays du G7… –, il faut que celle-ci puisse apparaître claire et être capable de susciter parmi une majorité de citoyens une mobilisation solide et soutenue. Or, force est de constater que l’idée d’indépendance ne présente plus dans la population québécoise, à l’extérieur des cercles indépendantistes, la même force de mobilisation qu’auparavant.
Ce serait par trop simple, comme en appellent certains militants, de penser que pour relancer l’option indépendantiste, il suffise d’en parler plus. Même s’il est vrai que les représentants officiels des partis indépendantistes auraient pu en faire davantage en cette matière ces dernières années, notamment lors des campagnes électorales, le problème est en vérité plus profond. Qu’on en parle plus certes, mais pour dire quoi et comment ? L’heure est au renouvellement du sens même de ce projet politique. Renouveler ne doit pas ici signifier rompre avec l’héritage indépendantiste, désavouer les générations de militants qui, depuis la montée du néonationalisme québécois dans la foulée de la Révolution tranquille, se sont faits les porteurs de l’idée de pays pour le Québec. Mais après plus de 40 ans d’échec du projet indépendantiste, et dans le contexte actuel d’affaiblissement de cette option sur la scène politique, notamment auprès des plus jeunes, il est temps de tout revoir. Le sens même du projet d’indépendance doit être renouvelé.
Voilà à quelle tâche sont conviés les militants qui se réuniront les 20 et 21 septembre prochain au Théâtre l’Olympia à Montréal en participant au rassemblement citoyen pour l’indépendance destiNation. Organisé conjointement par le Nouveau Mouvement pour le Québec et le Conseil de la souveraineté du Québec, cet événement non partisan vise de nouveaux départs et l’éclosion de nouvelles idées. À cette fin, le présent dossier spécial réunit sept contributions originales à cette nécessaire et impérieuse réflexion.
Danic Parenteau
Membre du comité d’organisation du rassemblement citoyen pour l’indépendance destiNation.