Décès d’une pionnière du mouvement indépendantiste

Andrée Ferretti est morte jeudi 29 septembre à Montréal, au terme d’une vie de militantisme et d’écriture. Née le 6 février 1935 dans Villeray, à l’époque un quartier montréalais très ouvrier, elle a été l’une des pionnières du mouvement indépendantiste contemporain, en plus d’offrir à la littérature des portraits de femmes, surtout, mais aussi d’hommes libres.

Andrée Ferretti est morte jeudi 29 septembre à Montréal, au terme d’une vie de militantisme et d’écriture. Née le 6 février 1935 dans Villeray, à l’époque un quartier montréalais très ouvrier, elle a été l’une des pionnières du mouvement indépendantiste contemporain, en plus d’offrir à la littérature des portraits de femmes, surtout, mais aussi d’hommes libres.

Très jeune, à travers l’expérience de sa propre famille, elle prend conscience de la domination sociale et nationale subie par le peuple canadien-français. C’est en suivant les cours publics du samedi de l’historien Maurice Séguin à l’Université de Montréal qu’elle devient indépendantiste, en 1956. Parallèlement, elle a un emploi à la librairie Beauchemin. Elle y rencontre Gaston Miron, d’autres poètes et artistes, et celui qui allait devenir son époux, le libraire Febo Ferretti.

Elle a 25 ans au début de la Révolution tranquille. Le mouvement indépendantiste se renforce. Elle rejoint le Rassemblement pour l’indépendance nationale en 1963. Aux élections de 1966, elle est la candidate de ce parti dans Laurier et y affronte le député libéral sortant, René Lévesque. En 1967, elle devient vice-présidente du parti, mais quitte celui-ci l’année suivante au moment de sa fusion avec le Mouvement Souveraineté-Association, tout juste fondé par Lévesque. En 1970, lors de la crise d’Octobre, elle est emprisonnée pendant presque deux mois en vertu de la Loi sur les mesures de guerre.

Militante en action, en parole et en écrits jusqu’au début des années 2000, très connue de plusieurs générations de Québécois au fil des ans, Andrée Ferretti est nommée en 1979 Patriote de l’année par la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Elle reçoit le Prix Rosaire-Morin de L’Action nationale pour l’ensemble de son engagement en 2013. Dans les années 1990 et 2000, elle publie plusieurs recueils de ses écrits politiques, en plus de préparer, avec Gaston Miron, une anthologie des Grands Textes indépendantistes québécois des XIXe et XXe siècles (L’Hexagone, puis Typo). Elle est activement engagée dans les campagnes référendaires de 1980 et 1995, au cours desquelles elle sillonne l’ensemble du Québec pour donner des cours de formation politique aux militants du OUI issus de tous les milieux.

Parallèlement, depuis les années 1980, elle entreprend une œuvre littéraire faite de plusieurs romans, récits et nouvelles, qui lui ont valu notamment d’être finaliste du Grand Prix littéraire de Montréal pour Renaissance en Paganie en 1987, et lauréate du Prix Alfred-Desrochers 2009 pour Bénédicte sous enquête. Les grands thèmes de son œuvre de fiction sont le combat, la liberté et la joie d’exister. Tous les critiques parlent du style « Ferretti », ciselé, court et moderne. Son dernier titre littéraire Pures et dures (XYZ, 2015) a été reçu comme le condensé de l’œuvre de fiction d’une femme qui est toujours restée fidèle à ses convictions.

* Lucia Ferretti est historienne, fille d’Andrée Ferretti.

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