Rarement la justice aura-t-elle occupé autant d’espace dans l’actualité politique québécoise qu’au cours des deux dernières années. De la commission Bastarache au projet de loi C-10 en passant par l’affaire Éric c. Lola et la grève des procureurs et juristes de l’État, pour ne prendre que ces exemples, une constante se dégage malgré la variété des enjeux : de plus en plus de problématiques juridiques touchent directement la population québécoise. Dans ce contexte, c’est tout naturellement que L’Action nationale consacre un dossier à la justice.
Fidèle à la tradition de la revue, le présent dossier réuni des praticiens et des universitaires, une politique et des gens de la société civile, des auteurs chevronnés et des jeunes issus d’une relève prometteuse. Sur le fond, il traduit autant un souci pour la défense des intérêts nationaux qu’un souci de justice sociale. Sur la forme, il rend accessible à tous des questions complexes.
Le premier texte, signé par Me Guy Lefrançois, est parfaitement réussi à cet égard. Malgré leur relative complexité, les questions juridiques soulevées par l’affaire Éric c. Lola sont présentées de manière claire et concise, en plus d’être à juste titre associées à des principes et des valeurs. L’auteur en profite d’ailleurs pour exprimer son opinion, quoiqu’il laisse parler le droit davantage qu’il ne s’exprime lui-même… Contrairement aux juges ayant rendu la dernière décision dans cette affaire, serait-on tentés d’ajouter.
Parlant d’opinion, le deuxième texte, signé par la députée du Bloc québécois Maria Mourani, en contient une très forte : le Québec devrait avoir juridiction en matière de droit criminel, et donc se doter de son propre Code criminel. Certes, elle critique le projet de loi C-10 et diverses conséquences du partage des compétences entre le fédéral et le provincial. Mais elle ne s’arrête pas là. En se basant sur des arguments solides, tirés notamment du droit comparé, elle propose de passer de la critique défensive à l’offensive politique et constitutionnelle.
De manière comparable, quoique dans un contexte très différent, l’équipe de la Clinique juridique Juripop propose elle aussi de passer à l’offensive dans un texte qui conclut ce dossier. En effet, ce texte présente habilement une foule de solutions concrètes pour accroître l’accès à la justice au Québec, et ce alors que cet enjeu passe trop souvent sous le radar médiatique.
Bref, ce dossier permet un retour réfléchi sur des événements qui ont marqué l’actualité juridique ou politique, et il permet surtout d’envisager avec confiance l’avenir de la justice québécoise.