Un monde qui se défait, un monde à reconstruire
Professeur émérite, UQAM.
Les raisons d’être déprimé aujourd’hui sont nombreuses et sérieuses. Sans être exhaustif, mentionnons le fossé qui s’élargit entre les plus riches et les plus pauvres, y compris dans les pays de l’OCDE[1], le réchauffement climatique et la dégradation de l’environnement combinée à l’épuisement des ressources naturelles, les politiques aveugles qui conduisent au désastre, sans oublier des pratiques politiques relevant d’une intégrité trop souvent douteuse, les réductions dans les services publics alors que la redistribution a été amendée en faveur des plus riches depuis trois décennies : réductions d’impôt, progressivité réduite, exemptions avantages fiscaux et autres cadeaux fiscaux qui expliquent en partie la croissance de l’endettement public. À ces facteurs plus structurels, il faut ajouter la cupidité et l’arrogance d’une grande partie de l’élite financière, l’impuissance et souvent le silence des dirigeants politiques à l’égard des dérives financières, l’absence de vision des partis politiques dont les programmes ne suscitent guère d’enthousiasme, une société civile de plus en plus active et même imaginative, mais de plus en plus fragmentée et faiblement organisée.