REM de l’Est – Présentation du dossier

2022marsavril250Les besoins en transport collectifs dans l’Est de Montréal sont indéniables. La ligne verte du métro, inaugurée en 1976, n’en dessert que partiellement le versant sud tandis que la ligne bleue, mise en service en 1986, n’a toujours pas été prolongée au-delà de la station Saint-Michel, malgré les annonces de relance du chantier maintes fois réitérées. On comprend facilement l’accueil enthousiaste fait à l’annonce de la construction du REM de l’Est.

2022marsavril250Les besoins en transport collectifs dans l’Est de Montréal sont indéniables. La ligne verte du métro, inaugurée en 1976, n’en dessert que partiellement le versant sud tandis que la ligne bleue, mise en service en 1986, n’a toujours pas été prolongée au-delà de la station Saint-Michel, malgré les annonces de relance du chantier maintes fois réitérées. On comprend facilement l’accueil enthousiaste fait à l’annonce de la construction du REM de l’Est.

Il n’en reste pas moins que, tant la manière de piloter le dossier que le choix des tracés et du mode ainsi que leurs impacts urbains et financiers, ont suscité chez plusieurs experts en transport, professionnels de l’urbanisme et observateurs, des réserves et des inquiétudes. Réserves et inquiétudes d’autant plus grandes que les promoteurs et certains défenseurs du projet semblent confondre célérité et précipitation. La formulation d’appréhensions de divers ordres ne suffit toutefois pas à alimenter et fonder un débat ouvert. Aussi avons-nous souhaité tirer parti de la diversité de nos champs d’expertise respectifs et de nos expériences professionnelles variées pour développer une réflexion critique qui dépasse le simple rejet du projet du REM de l’Est. Le présent dossier est un des fruits des rencontres que nous avons tenues depuis quelques mois.

Nous affirmons d’emblée que si le transport collectif vise à fournir un service à des usagers qui doivent se déplacer, encore faut-il qu’il réponde de manière optimale à des besoins réels, qu’ils soient déjà exprimés ou latents. Mais, ce qu’on nomme, à compter des années 1990, le virage de la mobilité remet en question la manière usuelle de répondre aux besoins et de penser l’articulation de l’offre et de la demande.

La mobilité concerne le déplacement, mais aussi les conditions de ce déplacement, qu’elles soient sociales, économiques, technologiques ou physico-spatiales. C’est pourquoi le déplacement est considéré comme une expérience globale qui concerne aussi bien l’accès aux stations que l’accessibilité économique, la qualité du service offert – fréquence et étendue des plages horaires – que le confort des usagers, les modalités d’insertion des infrastructures dans les milieux urbains, leur impact sur les dynamiques socioéconomiques et les environnements bâtis. C’est pourquoi urbanisme et transport doivent retrouver une complémentarité qui s’est érodée tout au long du siècle dernier, et particulièrement après la Seconde Guerre mondiale.

Or, de ce point de vue, le projet du REM de l’Est ne répond pas aux impératifs du virage de la mobilité. Non seulement ne satisfait-il pas de manière optimale les besoins de l’ensemble de la population et des travailleurs de l’Est montréalais, mais il le fait dans l’indifférence aux milieux d’accueil des infrastructures, en optant d’entrée de jeu pour un mode, au détriment des autres solutions et en privilégiant une mise en concurrence des composantes du réseau du TC contraire à l’essence même d’un service public.

Le présent dossier s’intéresse à différentes facettes de ce projet. Il vise, au vu de ses tenants et des aboutissants, à éclairer un indispensable débat, que la gouvernance opaque mise en œuvre par ses porteurs, tant à la Caisse de dépôt et placement qu’au gouvernement du Québec, a inhibé. Nous croyons fermement qu’on peut faire autrement, pour le plus grand bénéfice des citoyens de l’Est montréalais, mais aussi de l’ensemble des citoyens de la région métropolitaine. Mais pour faire autrement il faut que la démarche du projet repose d’entrée de jeu sur une réelle collaboration entre le gouvernement, la Ville de Montréal et les instances compétentes en matière de transport. C’est là la seule avenue pour donner à ce projet majeur toute sa pertinence et en assurer tant l’acceptabilité actuelle que sa valeur d’avenir.

Gérard Beaudet
Urbaniste émérite
Professeur titulaire, École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal

Michel Beaulé
Retraité du ministère des Transports du Québec où il a travaillé sur la gouvernance et le financement du transport collectif ainsi que sur les dossiers métropolitains

Dinu Bumbaru
Directeur des programmes, Héritage Montréal

Daniel Chartier
Architecte paysagiste
Vice-président du Collectif en environnement Mercier-Est et responsable du dossier transport collectif

Florence Junca Adenot, C.Q.
Professeure associée en études urbaines, directrice du FORUM URBA 2015 UQAM,Ex-PDG de l’AMT (1996-2003)

François Pepin
Diplômé de Polytechnique et spécialiste en planification des transports collectifs depuis plus de 40 ans au sein d’organismes publics et de la société civile

Louise Roy, O.C.;O.Q; C.O.M
Administratrice de sociétés
Ex-PDG de la Société de transport de Montréal (1985-1992)

Nous remercions Bertrand Schepper et Minh Nguyen d’avoir accepté d’apporter leur contribution. Celle-ci, comme toutes les autres, n’engage que la responsabilité des auteurs.

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